C. LA DIVERSIFICATION DES PRODUCTIONS AGRICOLES, UN VÉRITABLE ENJEU POUR LES DOM
La prédominance de ces cultures traditionnelles fragilise aujourd'hui le secteur agricole ultramarin .
Lorsqu'une de ces filières traverse des difficultés conjoncturelles, l'ensemble du secteur agricole, voire l'ensemble de l'économie du territoire concerné, est touché. Les DOM étant particulièrement exposés à certains aléas climatiques, ces situations sont relativement fréquentes. Votre rapporteur garde ainsi en mémoire l'impact du cyclone Dean qui a touché les Antilles en 2007.
Afin de répondre à ces difficultés mais également avec l'objectif d'atteindre à terme l'autosuffisance alimentaire, les DOM ont engagé un effort de diversification de leurs productions agricoles . Les résultats en restent cependant pour l'heure limités et différenciés d'un DOM à l'autre.
L'ODEADOM estime ainsi que « des productions de niche offrent un potentiel commercial à développer pour l'export ou la transformation (...) [comme] l'ananas Victoria de La Réunion et le melon des Antilles » 15 ( * ) . Les productions fruitières et maraîchères se sont ainsi développées dans les Antilles, où elles disposent d'un fort potentiel de développement : le melon constitue, par exemple, le troisième produit d'exportation en Guadeloupe.
La principale réussite en matière de diversification concerne les filières animales réunionnaises . La mission commune d'information sur la situation des départements d'outre-mer avait souligné que ces filières constituaient « l'exemple d'une structuration réussie » 16 ( * ) . L'évolution exponentielle de la production laitière dans ce département l'illustre : cette production est en effet passée de 38 100 hectolitres en 1984 à 252 250 hectolitres en 2006. Elle permet aujourd'hui de couvrir significativement les besoins locaux. Le développement de ces filières est néanmoins resté très limité aux Antilles.
La diversification des productions agricoles reste donc un enjeu majeur pour les DOM .
Lors de son audition par votre rapporteur, M. Paul Luu, directeur de l'ODEADOM a ainsi cité la production de volaille en Guadeloupe. La production locale n'y représente que 10 % de la consommation de volaille fraîche. Le potentiel de développement de cette production est donc très important : en conséquence, la décision a été prise par l'Office de financer un abattoir.
Le Conseil interministériel de l'outre-mer (CIOM) du 6 novembre 2009 comportait d'ailleurs une mesure spécifique en la matière, à savoir « permettre la diversification et le développement de filières agricoles puissantes » 17 ( * ) . Suite au CIOM, 40 millions d'euros ont été mobilisés, dans le cadre de la loi de finances pour 2010 18 ( * ) , au bénéfice des filières de diversification végétales et animales.
Votre rapporteur partage le point de vue exprimé par le Président de la République lors de son déplacement aux Antilles au début du mois de janvier 2011 : la diversification est un enjeu essentiel pour l'avenir de l'agriculture ultramarine. Pour autant, l'effort de diversification n'a pas pour corollaire la remise en cause des productions traditionnelles.
* 15 ODEADOM, « 25 ans au service de l'agriculture d'outre-mer », Ibid., p. 98.
* 16 « Les DOM : défi pour la République, chance pour la France », Ibid., p. 157.
* 17 Mesure n° 13.
* 18 Loi n° 2009-1673 du 30 décembre 2009 de finances pour 2010.