EXPOSÉ GÉNÉRAL
I. LE CENTRE NATIONAL DE LA MUSIQUE : UNE DOUBLE NÉCESSITÉ
Si le cinéma dispose depuis 1947 d'un établissement dédié, le CNC, doté de moyens significatifs et en mesure de faire dialoguer et coordonner les différentes composantes du secteur, tel n'est pas le cas de la musique. Pourtant, la musique enregistrée comme les spectacles de musique et de variétés représentent une part essentielle de la production culturelle française. Avec respectivement 583 millions d'euros de chiffre d'affaires et 930 millions d'euros de recettes de billetterie en 2017, soit 1,5 milliard d'euros , le poids du secteur dans son ensemble est légèrement supérieur à celui du cinéma, qui s'est établi en 2017 à 1,3 milliard d'euros.
L'idée de constituer une « maison commune » de la musique s'impose à la lumière de deux constats formulés de longue date par votre rapporteur.
A. PREMIER CONSTAT : UNE RÉVOLUTION NUMÉRIQUE QUI A BOULEVERSÉ LE SECTEUR
1. Le secteur musical a connu précocement le choc du numérique...
La musique est le premier secteur parmi les industries culturelles à avoir été frappé par la crise due à l'arrivée d'innovations numériques révolutionnant la consommation de produits culturels.
Dès la fin des années 1990, le piratage de morceaux, via Napsters et ses dérivés, a considérablement fragilisé l'économie de la filière. L'édition musicale a été particulièrement touchée, le chiffre d'affaires de la musique enregistrée ayant été divisé par trois entre 2002 et 2015 . Un secteur autrefois florissant a ainsi été très brutalement confronté à une perte massive et rapide de revenus.
2. .. mais semble le premier à avoir repensé son modèle économique
L'édition phonographique est parvenue à renouveler son modèle économique et ses modes de production pour renouer avec la croissance. Faute de pouvoir réellement juguler le piratage de grande ampleur, continuellement renforcé par l'amélioration de la qualité des réseaux, un travail important a été réalisé pour promouvoir des offres légales et plus ergonomiques notamment portées par l'IPod d'Apple, puis des offres légales illimitées.
En 2018, 41 % du chiffre d'affaires de la musique enregistrée provient du marché numérique . Cette croissance nouvelle de l'industrie est en grande partie due au développement d'offres de streaming payantes ou gratuites. Notre collègue Françoise Laborde, dans son rapport pour avis sur la mission « Médias, Livres et industries culturelles » sur le projet de loi de finances pour 2019, soulignait que, depuis 2013, le chiffre d'affaires du streaming a été multiplié par près de trois , le nombre d'écoutes par cinq et le nombre d'abonnés payants par trois. 4,4 millions de foyers ont aujourd'hui souscrits en France à une offre de streaming .
3. Le dynamisme du spectacle vivant
À la différence du marché du phonogramme qui a peiné à s'adapter aux évolutions numériques, le spectacle vivant connaît depuis plusieurs années un dynamisme particulièrement fort . Les concerts sont devenus un nouvel eldorado pour une industrie de la musique en crise. Même si les attentats de 2015 ont sévèrement affecté le spectacle vivant, le public est de nouveau en hausse, comme en témoigne l'augmentation de la fréquentation des festivals ces dernières années.
En 2017, le CNV a recensé 65 420 représentations payantes (en augmentation de 4 %), une moyenne de 404 entrées par représentation payante (+ 5 %), 26,4 millions d'entrées payantes (+ 9 %) et 930 millions d'euros de recettes de billetterie (+ 15 %).
À l'image de l'édition musicale , le spectacle vivant connaît aussi un bouleversement de son modèle économique . La généralisation des « contrats à 360° » ou contrats à droits multiples , qui suppriment les intermédiaires entre le producteur et l'artiste pour la gestion de l'ensemble de ses activités, et notamment les concerts, en est un exemple. Les producteurs essayent désormais de diversifier au maximum leurs activités pour multiplier leurs sources de revenus.