B. L'EMBALLAGE ET L'ALUMINIUM
L'année 1995 a été marquée par la flambée du prix des matières premières et par le différentiel des devises.
Une reprise était attendue en 1996, notamment à partir des États-Unis, mais également de l'Europe. Des efforts sont nécessaires pour maîtriser les coûts dans un environnement qui reste morose, à l'exception de la boîte-boisson.
• Péchiney : une privatisation
amère et un nouveau départ.
Nationalisée en 1982, Péchiney a connu un retour jugé « difficile » au secteur privé en décembre 1995, à la faveur d'une offre publique de vente (OPV).
Avant même la privatisation, le pré-placement des actions indiquait les réticences des professionnels. 24,8 millions d'actions ont été mis en vente, dont 11,5 millions d'actions réservées aux particuliers au prix -qualifié « d'ami »- de 187 francs. Une augmentation du capital était simultanément réalisée, à hauteur de 1,8 milliard de francs.
L'État conserve 11,5% du capital. La cession lui a rapporté quatre milliards de francs.
20 % des actions devaient être détenus par des actionnaires de référence (Caisse des Dépôts, AGF, BNP, EDF ainsi que par le Crédit suisse holding.
La première cotation en bourse du titre privatisé a marqué un repli net.
En revanche, les opérations publiques d'échange (OPE), réalisées dès janvier 1996, sur les certificats d'investissement privilégiés (CIP) et sur les actions de la filiale Péchiney international ont été des succès, ce qui devrait permettre au groupe de simplifier ses structures.
Les observateurs, tirant les enseignements de l'offre publique d'échange, ne peuvent qu'en déplorer les défauts :
- choix discutable du moment, en considération du cours de l'aluminium et du marché boursier ;
- technicité un peu excessive du montage financier qui combinait l'OPE à une augmentation de capital, et dont le calendrier a contraint à d'onéreuses inscriptions temporaires au comptant.
Le chiffre d'affaires de Péchiney (aluminium et emballage) a, cependant, progressé de 8,8 % en 1995. Par secteurs d'activités, l'aluminium a progressé de 23,4 % à 22,60 milliards de francs, tandis que le secteur emballage restait quasiment stable, à 22,73 milliards de francs. Péchiney International, filiale emballage de Péchiney, a réalisé un chiffre d'affaires de 31,72 milliards de francs en recul de 10 % (-0,3 % à périmètre comparable).
En dépit du programme de cessions de 10 milliards de francs d'actifs mené en 1995 dans quatre grandes activités, la situation demeure fragile.
Un plan de réduction des coûts de 4 milliards de francs a été élaboré à l'horizon 1999.
Péchiney a, en outre, décidé de regrouper l'ensemble de ses activités d'emballage en plastique souple.
Parmi les dossiers qui demeurent en suspens, figure notamment celui de la filiale TeckPack International (TPI), spécialisée dans l'emballage de luxe pour les cosmétiques dont le groupe Péchiney détient 39 %.
Les analystes observent que, si l'exercice 1995 peut faire illusion, il n'en révèle pas moins l'étroite marge de manoeuvre dont continue de souffrir l'entreprise. Péchiney demeure dépendant de l'évolution cyclique du marché de l'aluminium, tout en supportant un endettement (14,3 milliards de francs) qui limite ses ambitions à l'international.
Les résultats de 1996 seront amputés par une provision exceptionnelle de 1,5 milliard destinée à financer la mise en place de la nouvelle restructuration. Baptisé « Challenge », ce programme de réduction des coûts vise à augmenter la marge opérationnelle.
Péchiney évalue à 2 milliards de francs le niveau minimum des « investissements de maintien » nécessaires chaque année au bon fonctionnement de son outil industriel. A cette somme incompressible s'ajoutent entre 700 millions et 1 milliard « pour financer les opportunités de développement ».