Rapport n° 422 - Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les communautés européennes et la République de Slovénie
M. Michel ALLONCLE, Sénateur
Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées - Rapport n° 422 - 1996/1997
Table des matières
-
INTRODUCTION
- I. LA SLOVÉNIE : UN JEUNE ÉTAT STABLE ET PROSPÈRE
- II. L'ACCORD D'ASSOCIATION : UN PAS IMPORTANT DANS LA MARCHE VERS L'UNION EUROPÉENNE
- CONCLUSION
- EXAMEN COMMISSION
- PROJET DE LOI
-
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT22 Texte transmis par le Gouvernement pour l'information des parlementaires.
N° 422
SÉNAT
SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1996-1997
Annexe au procès-verbal de la séance du 17 septembre 1997
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères,
de la défense et des forces armées (1)
sur le projet de
loi
autorisant la ratification de l'accord européen
établissant une association entre les Communautés
européennes et leurs Etats membres, agissant dans le cadre de l'Union
européenne, d'une part, et la
République de
Slovénie
, d'autre part,
Par M. Michel ALLONCLE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Xavier
de Villepin,
président
; Yvon Bourges, Guy Penne, Jean Clouet,
François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton,
vice-présidents
; Michel Alloncle, Jean-Luc
Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë,
secrétaires
; Nicolas About, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc
Bécart, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès,
Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre,
MM.
Michel Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga,
MM. Charles-Henri de Cossé-Brissac,
Pierre Croze, Marcel Debarge, Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin,
André Dulait, Hubert Durand-Chastel, Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Philippe de Gaulle, Daniel Goulet
,
Jacques Habert, Marcel
Henry, Roger Husson, Christian de La Malène, Edouard
Le Jeune, Maurice Lombard, Philippe Madrelle, Pierre Mauroy, Mme Lucette
Michaux-Chevry, MM. Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Alain Peyrefitte, Bernard
Plasait, Régis Ploton, Michel Rocard, André Rouvière,
André Vallet.
Voir le numéro
:
Sénat
:
388
(1996-1997).
Traités et conventions.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi a pour objet d'autoriser la ratification de
l'accord européen d'association entre les communautés
européennes et la République de Slovénie, signé
à Bruxelles le 10 juin 1996.
Cet accord s'inscrit dans la politique définie par l'Union
européenne à l'égard des pays d'Europe centrale et
orientale, qui s'est déjà manifestée par l'entrée
en vigueur de six accords d'association similaires avec la Hongrie, la Pologne,
la Bulgarie, la République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie,
et par la conclusion avec les trois Etats baltes d'accords dont notre Haute
Assemblée est également saisie.
Née de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, la Slovénie a
accédé sans heurts à l'indépendance en 1991 et a su
depuis lors préserver sa stabilité politique, dans le cadre
d'institutions démocratiques et parlementaires, tout en se tenant
à l'écart du conflit yougoslave et en évitant les tensions
avec les pays voisins. Ce petit pays de 2 millions d'habitants manifeste une
ferme volonté de rapprochement avec les structures européennes.
Son niveau de développement et ses performances économiques
flatteuses en font aujourd'hui un candidat sérieux à
l'élargissement de l'Union européenne, comme en témoigne
l'avis favorable à l'ouverture des négociations d'adhésion
émis par la commission européenne.
L'accord d'association se réfère explicitement à la
perspective de l'adhésion de la Slovénie à l'Union
européenne et il a pour but de la préparer à cette
échéance en réalisant une zone de libre échange, en
facilitant la libre circulation des travailleurs et des capitaux et en
instituant un cadre général pour le dialogue politique et la
coopération économique, technique et culturelle.
Avant de rappeler les conditions qui ont présidé à la
conclusion de l'accord d'association et d'en détailler les principales
dispositions, votre rapporteur souhaite fournir un bref aperçu de la
situation politique et économique de la Slovénie.
I. LA SLOVÉNIE : UN JEUNE ÉTAT STABLE ET PROSPÈRE
Le jeune Etat slovène, indépendant depuis 1991, a rapidement effacé son passé yougoslave. La stabilité politique, l'absence de contentieux grave avec les pays voisins et surtout l'image prospère que présente son économie ont favorisé son rapprochement avec les pays occidentaux et lui permettent d'occuper aujourd'hui une place singulière parmi les pays d'Europe centrale et orientale.
A. UNE DÉMOCRATIE SEREINE
Les conditions pacifiques de l'accession à l'indépendance ont largement favorisé la mise en place puis le bon fonctionnement des institutions démocratiques slovènes.
1. Une indépendance acquise sans heurts
Depuis 1991, la Slovénie constitue, pour la
première fois de son histoire, un Etat indépendant. Elle avait
jusqu'alors toujours été rattachée à des ensembles
plus vastes, à savoir les Empires germaniques, l'Empire austro-hongrois
puis, en 1918, le Royaume de Yougoslavie et, en 1945, la
fédération yougoslave.
L'absence de référence à un Etat slovène qui aurait
existé par le passé explique certainement la relative faiblesse
des revendications indépendantistes slovènes, que ce soit
à l'époque des Habsbourg ou plus récemment au sein de la
Yougoslavie.
Pour autant, les Slovènes ont toujours été attachés
à l'usage de leur langue propre et ont progressivement cherché
à obtenir un certain degré d'autonomie politique, d'autant qu'ils
se sentaient peu de points communs avec d'autres républiques
yougoslaves. Ces
aspirations autonomistes
, déjà latentes
dans les années 1960, se sont accentuées à la fin des
années 1980 pour gagner l'ensemble des forces politiques et de l'opinion
publique slovène : alors que le " DEMOS ", vaste coalition
regroupant les opposants au système collectiviste, se constituait en
1989, la Ligue des communistes slovènes rompait pour sa part en janvier
1990 avec la Ligue des communistes de Yougoslavie et réclamait une plus
grande autonomie administrative et économique.
Ce n'est toutefois qu'après le refus de Belgrade de pousser plus avant
le projet soutenu par les Slovènes et les Croates de transformer la
Yougoslavie en confédération que l'indépendance s'est
imposée comme seule solution de nature à répondre aux
aspirations de la population et des forces politiques. Après avoir
été massivement approuvée par référendum le
23 décembre 1990, l'
indépendance était proclamée
le 25 juin 1991.
La riposte des autorités de Belgrade, qui firent
occuper les principaux points névralgiques du pays par les troupes
fédérales, allait entraîner une période de tension
armée d'une dizaine de jours qui prendra fin sous la pression de la
communauté internationale.
Mis à part ces événements de portée limitée,
on peut considérer que l'
indépendance de la Slovénie
s'est réalisée sans heurts.
L'
homogénéité du peuplement
y est sans doute
pour beaucoup : sur une population totale de 2 millions d'habitants, les deux
minorités ethniques les plus importantes, les Croates et les Serbes,
représentent l'une comme l'autre environ 50 000 habitants, soit moins de
3 % d'un peuplement constitué à plus de 90 % de Slovènes.
Par ailleurs, parmi les six républiques yougoslaves, la Slovénie
n'a de frontière commune qu'avec la Croatie, et si certains
différends persistent avec ce pays, ils n'ont jamais été
susceptibles de dégénérer en conflit entre les deux Etats.
Enfin, l'indépendance a été proclamée dans un
climat de cohésion nationale doublé d'un fort consensus autour de
l'instauration d'un régime parlementaire démocratique.
2. Le bon fonctionnement des institutions démocratiques
La Constitution adoptée en décembre 1991 dote la
Slovénie d'un régime parlementaire.
Le pouvoir législatif relève de deux chambres :
l'Assemblée nationale, élue pour 4 ans au suffrage universel et
au scrutin proportionnel, et le Conseil d'Etat, élu pour 5 ans par
collèges représentatifs des collectivités locales et des
intérêts économiques et sociaux. Les minorités
italienne et hongroise disposent chacune d'un siège en propre à
l'Assemblée nationale.
Le Président de la République, chef de l'Etat et des
armées, est élu pour 5 ans. Le titulaire de la fonction, M. Milan
Kucan, est en place depuis 1990 et a été réélu en
décembre 1992. De nouvelles élections présidentielles
doivent avoir lieu cette année.
Le Gouvernement est responsable devant l'Assemblée nationale selon des
mécanismes inspirés du système allemand.
Le Premier ministre libéral-démocrate, Janez Drnovsek, est en
fonction depuis 1992 mais la base électorale de son gouvernement s'est
peu à peu rétrécie.
En effet, la coalition qui réunissait, autour du parti libéral
démocrate et des démocrates chrétiens, les
sociaux-démocrates et les ex-communistes de la " Liste
unie "
et qui pouvait se prévaloir d'une très large majorité dans
l'Assemblée élue en 1992, s'est peu à peu effritée
sous l'effet du retrait du parti social-démocrate en 1994 puis de la
" Liste unie " au début de l'année 1996.
Les élections de novembre 1996 ont été marquées par
le maintien du parti libéral-démocrate, qui devenait le premier
groupe de l'Assemblée nationale et par un recul de la Liste unie et des
chrétiens-démocrates. En revanche, le parti
social-démocrate et le parti populaire, qui avaient fait campagne sur le
thème de la protection des intérêts nationaux et de
l'opposition aux anciens communistes, sortent très renforcés du
scrutin. Le parti libéral démocratique reste le pivot de la
coalition gouvernementale qu'il a désormais constituée avec le
parti populaire, le parti social-démocrate devenant pour sa part la
principale force d'opposition.
Jusqu'à présent, le pragmatisme et la volonté de
réforme des dirigeants politiques avaient permis d'éviter que la
dispersion des forces politiques, liée au mode de scrutin proportionnel,
ne nuise à la stabilité gouvernementale et à
l'efficacité des institutions.
La reconduction du Premier ministre après les élections de
novembre 1996 à la suite d'un changement d'alliance entre partis
constitue un facteur de continuité mais force est néanmoins de
constater que la mise en oeuvre du programme gouvernemental ne s'effectue pas
sans mal, comme en témoignent les difficultés liées
à l'adoption du budget pour 1997.
B. UNE POSITION ORIGINALE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE
Dès l'indépendance obtenue, la Slovénie a cherché à gommer ce qui la rattachait à l'ex-Yougoslavie pour se rapprocher de l'ensemble européen.
1. La rupture avec le passé yougoslave et la recherche d'une normalisation avec les anciennes républiques
Préservée des conflits qui troublent
l'ex-Yougoslavie, la Slovénie a été constamment
animée du souci d'apurer en quelque sorte son passé yougoslave.
Ses relations avec la Croatie, seule ex-république yougoslave avec
laquelle elle dispose d'une frontière commune, sont entachées par
certains contentieux tels que le problème de l'accès
slovène aux eaux internationales dans le Golfe de Piran, le blocage de
certains avoirs slovènes à Zagreb, ou encore les
difficultés liées à la propriété conjointe
de la centrale nucléaire de Krsko. Mais ces difficultés
réelles ne sont pas de nature à provoquer de crise entre les deux
pays, la volonté commune des dirigeants des deux Etats étant de
ne pas attiser les tensions.
Le principal obstacle rencontré par la Slovénie pour
régler les séquelles de son appartenance à la Yougoslavie
se concentrent sur la question de la " succession ", qui
l'oppose
vivement à Belgrade. En effet, la Slovénie n'a pas accepté
les prétentions de Belgrade d'incarner la continuité de
l'ancienne fédération yougoslave et elle revendique fermement sa
qualité d'Etat successeur, qui lui permettrait de
récupérer une part des avoirs yougoslaves bloqués à
l'étranger. Au cours de l'année 1996, la Slovénie a
tenté de négocier séparément avec ses
créanciers un accord pour le remboursement de sa part de dettes
héritées de l'ex-Yougoslavie mais cet arrangement a vivement
été contesté par Belgrade.
Enfin, la Slovénie prend soin de rester à l'écart du
conflit bosniaque même si elle reste très préoccupée
par tout ce qui pourrait affecter la stabilité de la région.
Aussi a-t-elle rapidement cherché à se rapprocher des
organisations euro-atlantiques de sécurité, l'OTAN et l'UEO.
2. Le rapprochement avec l'Europe occidentale
La Slovénie a clairement manifesté son souhait
de ne plus être assimilée à un pays balkanique et de
rejoindre au plus vite les structures européennes.
En ce qui concerne les organisations européennes, les relations avec
l'Union européenne se sont rapidement concrétisées puisque
dès avril 1992 la Slovénie devenait éligible au programme
Phare et qu'un accord de coopération économique et commerciale
entrait en vigueur en septembre. Seul le différend qui l'oppose à
l'Italie a retardé la conclusion de l'accord d'association qui n'a
été signé qu'en juin 1996.
La Slovénie a par ailleurs été admise au sein de la CSCE
en mai 1992 puis au Conseil de l'Europe en mai 1993.
En ce qui concerne les organisations de sécurité, la
Slovénie participe depuis mai 1994 au partenariat pour la paix de
l'OTAN. La décision prise à Madrid en juillet dernier de limiter
à trois pays le prochain élargissement de l'OTAN a toutefois
entraîné une certaine déception en Slovénie tant les
dirigeants du pays, se prévalant du respect des principaux
critères d'adhésion, envisageaient une adhésion rapide
à l'organisation. La Slovénie est également, depuis
l'été 1996, partenaire associé de l'UEO dont elle souhaite
évidemment devenir membre à part entière.
En ce qui concerne les relations bilatérales avec les pays occidentaux,
les plus intenses sont établies avec l'Autriche, pays frontalier, et
l'Allemagne.
Les
relations avec l'Italie
, autre pays frontalier, sont plus
délicates en raison des problèmes consécutifs à la
nouvelle délimitation de la frontière opérée
après la seconde guerre mondiale, une portion de territoire italien en
Istrie étant passée sous souveraineté yougoslave. La
question n'est pas tant celle du statut de la minorité italienne en
Slovénie, dont les droits sont reconnus et qui dispose, de par la
Constitution, d'un siège à l'Assemblée nationale, que
celle des biens ayant appartenu aux Italiens qui ont refusé la
nationalité yougoslave et qui ont dû quitter le territoire. Cette
population représente 37 000 personnes mais le nombre de
propriétés concernées est évalué entre 300
et 400. Le traité italo-yougoslave d'Osimo, en 1975, avait retenu le
principe d'une indemnisation globale et forfaitaire des personnes
spoliées et l'accord de Rome, en février 1983, avait fixé
le montant de l'indemnité à verser sur 13 annuités. Alors
que l'indemnisation avait commencé en 1990 et 1991, la Slovénie
et la Croatie se sont entendues pour reprendre la dette yougoslave mais de
nouvelles difficultés sont alors apparues entre l'Italie et la
Slovénie au sujet de la possibilité, pour les Italiens d'Istrie,
de racheter leurs biens. Après avoir bloqué la signature de
l'accord d'association à l'Union européenne, l'Italie a obtenu du
gouvernement slovène des engagements lui permettant de lever son veto,
le contentieux entre les deux pays étant donc pour l'heure
considéré comme réglé.
Les
relations franco-slovènes
sont pour leur part confiantes
même si elles restent modestes. Sur le plan économique, la France
est le troisième partenaire de la Slovénie, derrière
l'Allemagne et l'Italie, et le cinquième investisseur étranger,
les investissements se concentrant dans l'automobile. Par la relative
étroitesse de son marché, la Slovénie se prête peu
à la pratique des grands contrats, mais elle offre en revanche pour des
entreprises moyennes des perspectives de débouchés
intéressantes. La coopération culturelle avec la Slovénie
est également limitée, l'enseignement du français
souffrant de la concurrence de l'allemand et de l'italien, pour des raisons de
proximité géographique.
Enfin, il faut préciser que si la Slovénie privilégie les
contacts avec ses voisins occidentaux, elle entend également maintenir
des liens avec l'Europe centrale.
Elle appartient à l'Association de libre échange centre
européen (CEFTA) où elle a rejoint la Hongrie, la Pologne, la
République tchèque et la Slovaquie le 1er janvier 1996.
La Slovénie a également mis en place une coopération
trilatérale avec la Hongrie et l'Italie, destinée à
traiter des sujets d'intérêt commun tels que la défense, la
police, l'environnement ou les infrastructures routières et ferroviaires.
C. UNE ÉCONOMIE AUX RÉSULTATS FLATTEURS
Par la solidité de ses structures économiques et la bonne tenue des principaux indicateurs, la Slovénie se situe nettement dans le peloton de tête des pays d'Europe centrale et orientale.
1. Des structures économiques solides
Parfois qualifiée de "Suisse des Balkans", la
Slovénie avait atteint dès avant l'indépendance un niveau
de vie très supérieur à celui des autres
républiques yougoslaves et apparaissait comme
l'une des
régions les plus développée de l'ensemble des pays de
l'est
.
Avec seulement 8 % de la population de l'ex-Yougoslavie, elle contribuait
à plus de 20 % du PIB du pays et à plus de 30 % des exportations.
Depuis l'indépendance, la Slovénie a maintenu sa position et les
indicateurs de niveau de vie la placent en tête de tous les pays d'Europe
centrale et orientale, devant la République tchèque, et non loin
de certains pays de l'Union européenne tels que la Grèce ou, dans
une moindre mesure, le Portugal.
L'économie slovène est dominée par le secteur tertiaire,
qui emploie plus de la moitié de la population active et contribue
à plus de 62 % au PIB. Les activités financières et de
service sont fortement développées ainsi que le tourisme qui
constitue une source de rentrées financières importance.
La Slovénie dispose également d'une tradition industrielle dans
les secteurs de l'énergie (hydroélectricité et lignite),
de la sidérurgie et de l'aluminium, de la chimie et de la pharmacie, des
industrie mécaniques et des télécommunications.
Enfin, la part de l'agriculture est relativement modeste puisqu'elle ne
représente que 8 % de la population active et environ 5 % du PIB.
Les entreprises slovènes disposaient déjà sous le
régime précédent d'une autonomie de gestion. Un
processus de privatisation
a été amorcé en 1992
mais il n'entre que très lentement dans les faits. En effet, les
privatisations slovènes sont caractérisées à la
fois par la préférence marquée pour le
développement de l'actionnariat salarié, héritage des
méthodes d'autogestion en vigueur à l'époque yougoslave,
et une forte réticence à l'investissement étranger. Aussi
les privatisations ont-elles essentiellement concerné des petites
entreprises, dont le rachat était à la portée des
salariés, alors que les grandes entreprises et les principaux services
publics restent propriété d'Etat et n'ont pas été
réellement proposés à des capitaux étrangers.
La place du secteur public reste donc encore prépondérante dans
l'économie slovène, l'adaptation et la modernisation des
entreprises s'en étant trouvées sans doute moins rapides et moins
profondes que dans d'autres pays d'Europe centrale et orientale.
2. Une économie en croissance et des équilibres financiers maintenus
La rupture avec l'ex-Yougoslavie a fait perdre à la
Slovénie près du tiers de ses débouchés,
entraînant jusqu'à la mi 1993 une forte récession. Depuis
lors, la Slovénie est parvenue à réorienter son commerce
extérieur vers l'Union européenne, qui absorbe les deux tiers des
exportations. La croissance du PIB, supérieure à 5 % en 1994, se
maintient entre 3 et 4,5 % par an depuis 1995.
L'inflation, encore à deux chiffres en 1993 et 1994, a été
ramenée à 8 % en 1995. Les finances publiques sont
traditionnellement proches de l'équilibre, le budget ayant même
enregistré un excédent en 1992 et 1993. La dette publique
représente une charge modérée. Enfin, malgré un
déficit commercial persistant, traduisant sans doute une
atténuation de la compétitivité de l'économie
slovène, le solde des paiements courants a été positif en
1996 grâce à l'apport du tourisme.
Le taux de chômage reste relativement important -autour de 14 %-
quoiqu'en légère diminution, mais ce chiffre résulte d'une
définition nationale, l'application des normes du BIT conduisant pour sa
part à retenir un taux beaucoup plus faible, évalué
à 7,5 % de la population active.
II. L'ACCORD D'ASSOCIATION : UN PAS IMPORTANT DANS LA MARCHE VERS L'UNION EUROPÉENNE
Malgré les relations actives nouées dès l'indépendance avec l'Union européenne et en dépit des atouts nombreux que la Slovénie a su faire valoir, la signature de l'accord d'association n'a pu intervenir que tardivement en raison des préalables posés par l'Italie. Alors que cet accord doit préparer la Slovénie à son entrée dans l'Union européenne, les difficultés apparues au cours de sa négociation illustrent les adaptations auxquelles elle devra encore se livrer pour réussir pleinement cet ancrage à l'Europe tant souhaité.
A. DES RELATIONS DÉJÀ SOLIDES AVEC L'UNION EUROPÉENNE
Les relations entre la Slovénie et l'Union européenne se sont concrétisées par un accord de coopération et par une assistance économique et financière, notamment dans le cadre du programme Phare.
1. Des relations politiques marquées par un accord de coopération
Animée d'un souhait très vif de rejoindre les
structures européennes, la Slovénie, se tenant à
l'écart de la problématique du conflit yougoslave, est rapidement
parvenue à s'agréger au groupe des pays d'Europe centrale et
orientale les plus avancés dans leur dialogue avec l'Europe
communautaire.
La communauté européenne a reconnu la Slovénie le 15
janvier 1992 et le 5 avril suivant était signé un accord de
commerce et de coopération, ainsi qu'un accord avec les Etats membres de
la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Cet accord de
" coopération élargie " et préférentiel
reprend les principales dispositions de l'accord avec l'ancienne Yougoslavie,
suspendu depuis novembre 1991, notamment ses dispositions commerciales. Il
comporte des exemptions de droits de douane pour environ 90 % des produits
industriels alors que dans le domaine agricole, les concessions ne portent que
sur un nombre limité de produits.
C'est à cet accord de commerce et de coopération que se
substituera l'accord européen d'association.
2. L'assistance économique et financière de l'Union européenne
A compter de mai 1992, la Slovénie est devenue
éligible au programme européen " Phare ". Compte tenu
de la population du pays, la part de la Slovénie dans ce programme est
modeste : au 30 septembre 1996, le niveau des engagements se montait à
91 millions d'écus, mais 64 millions d'écus seulement avaient
fait l'objet d'une contractualisation, les paiements effectués se
limitant pour leur part à 34,9 millions d'écus. La
répartition sectorielle de la dotation, en ce qui concerne les
engagements, pour les années 1992 à 1996, a été la
suivante :
. secteur privé, restructurations, privatisations : 18,6 millions
d'écus
. infrastructure (énergie, transports,
télécommunications...) : 17,3 millions d'écus
. éducation, formation, recherche : 15,2 millions d'écus
. administration et institutions publiques : 8,3 millions d'écus
. développement social et emploi : 6,4 millions d'écus
. secteur financier : 3,5 millions d'écus
. autres : 21,8 millions d'écus.
Au titre de l'année 1996, la Slovénie s'est vu allouer une
dotation de 25 millions d'écus, dont 6 millions d'écus
destinés à un programme de coopération
transfrontalière avec l'Italie et l'Autriche.
La commission européenne a proposé que dans le cadre de la
stratégie de préadhésion une part plus importante des
crédits, pouvant aller jusqu'à 70 %, soit consacrée aux
investissements.
Parallèlement au programme Phare, la Banque européenne
d'investissement a conclu avec la Slovénie un protocole financier
couvrant la période 1993-1997 et prévoyant, sous forme de
prêts, une assistance de 150 millions d'écus.
Ces prêts de la BEI sont destinés au financement d'infrastructures
routières et ferroviaires dont l'intérêt a
été reconnu par accord entre l'Union européenne et la
Slovénie.
B. UN ACCORD D'ASSOCIATION DESTINÉ À PRÉPARER L'INTÉGRATION DE LA SLOVÉNIE DANS L'UNION EUROPÉENNE
L'accord d'association, signé à l'issue d'une négociation particulièrement longue marquée par le différend italo-slovène, comporte aux côtés de dispositions politiques et institutionnelles, un volet commercial prévoyant l'instauration, après une période transitoire de 6 ans, d'une zone de libre-échange, des dispositions transposant les principes communautaires en matière de libre circulation des travailleurs et des capitaux et de concurrence et enfin, des mesures relatives à la coopération entre l'Union européenne et la Slovénie.
1. Une négociation difficile marquée par les différend italo-slovène
Les négociations entre la Slovénie et l'Union
européenne ont été l'occasion pour l'Italie de reposer la
question des propriétés foncières et immobilières
perdues par certains ressortissants italiens d'Istrie après la seconde
guerre mondiale. Jugeant insuffisantes les dispositions du traité
d'Osimo et de l'accord de Rome, conclus avec l'Etat yougoslave, les
autorités italiennes ont tenté sans succès d'obtenir
satisfaction avec le nouvel Etat slovène avant d'utiliser les
négociations européennes comme moyen de pression. Les italiens
souhaitaient que l'accord d'association comporte une clause permettant aux
ressortissants de l'Union d'acquérir des biens en Slovénie, ce
qui aurait ouvert aux personnes spoliées la possibilité de
retrouver leurs possessions, alors que les slovènes se retranchaient
derrière leur constitution qui réserve le droit de
propriété aux seuls nationaux.
Après avoir longtemps bloqué l'adoption du mandat de
négociation pour l'accord d'association, qui n'est intervenue qu'en mars
1995 après que le gouvernement slovène se soit engagé
à harmoniser la législation slovène avec les règles
en vigueur dans l'Union européenne concernant la possibilité
d'achat de biens immobiliers, l'Italie s'est opposée à la
signature de l'accord, considérant que le gouvernement slovène ne
tenait pas ses engagements. Ce n'est qu'après l'acceptation, en avril
1996, par le Parlement slovène, du "compromis espagnol", formule de
conciliation proposée par la Présidence de l'Union
européenne, que l'accord a pu être signé en juin 1996. Par
échange de lettres annexées à l'accord (annexes XIII) le
Gouvernement slovène s'engage à rendre possible l'acquisition de
biens immobiliers par les ressortissants européens, à l'issue
d'une période transitoire de 4 ans.
2. Le cadre politique et institutionnel
Comme les autres accords conclus avec les pays d'Europe
centrale et orientale, l'accord d'association comporte un certain nombre de
dispositions de nature politique et institutionnelle.
Le Préambule, tout d'abord, souligne plusieurs principes
généraux qui fondent la conclusion de cet accord. Il se
réfère ainsi à "l'établissement en Slovénie
d'un nouvel ordre politique qui respecte l'Etat de droit et les droit de
l'homme, y compris les droits des personnes appartenant à des
minorités et qui applique la règle du multipartisme avec des
élections libres et démocratiques" et prend acte de "l'intention
de la Communauté de contribuer au renforcement de ce nouvel ordre
démocratique et de soutenir la création en Slovénie d'un
nouvel ordre économique fondé sur les principes d'une
économie de marché libre". Le respect des principes
démocratiques et des droits de l'homme et des principes de
l'économie de marché constituent les éléments
essentiels de l'accord, comme le rappelle l'article 2, une clause suspensive
similaire apparaissant depuis 1992 dans tous les accords conclus entre la
Communauté et ses partenaires de l'OSCE.
Le Préambule souligne également l'attachement des parties au
libre-échange.
Sur un plan plus particulier, il mentionne les objectifs des accords d'Osimo,
signés en 1975 par l'Italie et la Slovénie, témoignant
ainsi l'importance qui s'attache au règlement définitif du
contentieux entre les deux pays.
Enfin, le Préambule reconnaît la volonté slovène de
devenir membre de l'Union européenne et précise que l'accord
d'association devra l'aider à atteindre cet objectif.
Le titre II de l'accord d'association (articles 4 à 7) traite du
dialogue politique qui doit permettre "la totale intégration de la
Slovénie dans la communauté des nations démocratiques et
son rapprochement progressif de l'Union européenne" et qui doit
promouvoir une meilleure coopération en matière de politique
étrangère et de sécurité et un rapprochement des
positions sur les questions internationales, notamment celles qui concernent la
sécurité et la stabilité de l'Europe.
L'article 5 précise que le dialogue politique se déroule dans le
cadre multilatéral et selon les formes et les pratiques établies
avec les pays associés d'Europe centrale. La Slovénie se trouve
ainsi intégrée au "dialogue renforcé" établi en
marge du Conseil européen entre l'Union européenne et les pays
associés.
L'accord évoque, d'autre part, les structures institutionnelles au sein
desquelles se déroule le dialogue entre autorités slovènes
d'une part et l'Union européenne d'autre part.
Il s'agit tout d'abord du Conseil d'association (articles 110 à 115) qui
supervise la mise en oeuvre de l'accord d'association et qui se réunit
au niveau ministériel au moins une fois par an. Il se compose de
représentants du Conseil et de la Commission, d'une part, et de membres
du gouvernement slovène, d'autre part.
Une commission parlementaire d'association (articles 116 à 118)
composée de parlementaires slovènes et de membres du Parlement
européen est par ailleurs instituée. Elle peut formuler des
recommandations au conseil d'association qui doit lui fournir les informations
qu'elle demande.
3. Le volet commercial
Le principe retenu par l'accord (article 8) est celui de
l'établissement d'une zone de libre échange au terme d'une
période transitoire de 6 ans maximum.
Il faut préciser que le volet commercial de l'accord a été
repris dans un accord intérimaire signé le 11 novembre 1996 afin
de pouvoir être appliqué dès le ler janvier 1997 en
attendant la ratification de l'accord d'association.
Le principe retenu par l'accord est celui de la suppression des droits de
douane et des restrictions quantitatives à l'importation applicables
dans la communauté aux produits originaires de Slovénie et, en
Slovénie, aux produits originaires de la communauté.
Toutefois, l'acier, les produits textiles, les produits agricoles et produits
agricoles transformés font l'objet de régimes spécifiques,
certains produits industriels pouvant par ailleurs obéir à un
calendrier particulier de démantèlement tarifaire.
S'agissant des produits industriels, le démantèlement tarifaire
déjà opéré par l'accord de coopération est
confirmé et pour les produits non couverts par cet accord, il
interviendra de manière progressive pour être totalement
réalisé au plus tard le ler janvier 2000 pour les produits
slovènes importés dans la communauté et au plus tard le
ler janvier 2001 pour les produits communautaires importés en
Slovénie.
Les produits textiles et d'habillement sont régis par le protocole
n° 1 qui fait partie intégrante de l'accord. Les exportations
slovènes ne sont soumises à aucune restriction quantitative ni
barrière tarifaire, les exportations communautaires
bénéficiant pour leur part d'une absence de contingentement et
d'un calendrier de démantèlement des droits s'étalant
jusqu'en 2001.
Le protocole n° 2 concerne les produits "acier et charbon"
relevant
du traité sur la CECA. Il prévoit la suppression, dès
l'entrée en vigueur de l'accord, des droits à l'importation et
des restrictions quantitatives, sauf en ce qui concerne certains produits
communautaires "acier", qui restent soumis à des droits de douane en
Slovénie, ceux-ci étant progressivement réduits pour
disparaître définitivement le ler janvier 2000.
En matière agricole et pour les produits de la pêche, les deux
parties s'accordent réciproquement des concessions spécifiques de
nature tarifaire qui, contrairement au régime applicable aux pays
baltes, tiennent déjà compte de l'élargissement et de la
conclusion de l'accord consécutif à l'Uruguay Round.
4. Un début d'application de certains principes communautaires
L'accord doit permettre à certains principes
communautaires tels que la libre circulation des travailleurs et des capitaux,
le libre établissement ou les règles relatives à la
concurrence, de connaître, dans les relations avec la Slovénie, un
début d'application.
En ce qui concerne la libre circulation des travailleurs (articles 38 à
44), l'accord pose le principe de non discrimination des travailleurs
slovènes employés légalement dans un Etat de l'Union en
matière de conditions de travail, de rémunération ou de
licenciement. Le conjoint et les enfants résidant légalement dans
l'Etat concerné bénéficient d'un libre accès au
marché du travail. La Slovénie accorde un traitement
équivalent aux ressortissants communautaires.
L'accord pose également le principe de la coordination des
régimes sociaux afin de permettre la prise en compte de toutes les
périodes de travail pour la constitution des droits aux assurances
sociales et de garantir le libre transfert des pensions de vieillesse ou
d'invalidité.
S'agissant de l'accès des slovènes au marché du travail
dans les Etats-membres, l'accord se limite à en envisager
l'amélioration pour autant que la situation de l'emploi le permette. Le
conseil d'association pourra émettre des propositions en ce sens au
cours de la seconde période de la phase transitoire.
Concernant la liberté d'établissement des sociétés
ainsi que de leurs succursales et filiales (articles 45 à 52), les
parties s'accordent mutuellement dès l'entrée en vigueur de
l'accord le traitement national ou celui de la nation la plus favorisée
si ce dernier est plus avantageux. Les personnes physiques, par contre, ne
bénéficieront de ce traitement qu'à la fin de la
période transitoire, à l'exception du personnel "de base" (cadres
supérieurs ou personnels possédant des compétences
essentielles de l'entreprises) des sociétés
bénéficiant de la liberté d'établissement. L'accord
ne couvre pas davantage les services du transport aérien, de navigation
intérieure et de cabotage maritime. Il prévoit également,
au profit de la Slovénie, la possibilité de déroger
temporairement au principe général du traitement national pour
certaines industries en difficulté, en restructuration ou au contraire
en voie d'émergence.
Les dispositions relatives à la prestation de services (articles 53
à 55) sont proches de celles des accords européens d'association
précédents mais tiennent également compte de la conclusion
de l'Accord général sur le commerce des services (GATS).
L'accord doit faciliter, dès son entrée en vigueur, la libre
circulation des capitaux (articles 62 à 64) pour les investissements
directs et de portefeuille, ainsi que le rapatriement du produit de ces
investissements, la Slovénie bénéficiant toutefois d'une
période transitoire de 4 ans pour les investissements
réalisés par des travailleurs indépendants communautaires
qui s'y installeraient.
La question de l'acquisition de biens immobiliers par les ressortissants
communautaires est réglée par un échange de lettres
constituant l'annexe XIII de l'accord. Le gouvernement slovène s'engage
à "prendre les mesures nécessaires pour donner aux citoyens des
Etats membres de l'Union européenne, sur une base de
réciprocité, le droit d'acquérir des biens immeubles en
Slovénie selon un régime non discriminatoire à la fin de
la quatrième année à compter de l'entrée en vigueur
de l'accord d'association". Cette possibilité est toutefois d'effet
immédiat pour les ressortissants communautaires ayant
résidé de manière permanente pendant trois ans sur le
territoire actuel de la Slovénie.
Cette formule reprend le "compromis espagnol" destiné à
régler le différend italo-slovène. Elle nécessite
une modification de la constitution slovène préalablement
à la ratification de l'accord d'association.
L'accord comporte également un volet relatif au droit de la concurrence
(articles 65 à 69) prévoyant l'application par la Slovénie
des règles communautaires concernant les aides d'Etat, les positions
dominantes et les monopoles. La Slovénie s'engage également
à poursuivre l'amélioration de la protection des droits de la
propriété intellectuelle, industrielle et commerciale. Le
principe de l'accès au marchés public est posé, son
entrée en vigueur étant immédiate au profit des
sociétés slovènes et reportée au terme de la
période transitoire pour les sociétés communautaires non
encore établies en Slovénie.
L'accord évoque également la nécessité de
rapprocher la législation slovène avec celle de la
communauté (articles 70 à 72), notamment en matière
douanière, de droit bancaire, de droit des sociétés, de
droit des assurances, de règles comptables et de services financiers, de
protection de la santé.
5. La coopération et l'assistance financière
Une large part de l'accord (articles 73 à 109) est
consacrée à l'énumération des domaines dans
lesquels s'exerce la coopération entre la Slovénie et l'Union
européenne. Ces domaines couvrent notamment l'industrie, la promotion et
la protection des investissements, la coopération culturelle,
scientifique et technique, l'agriculture, l'énergie, la
sûreté nucléaire, l'environnement, les transports, les
postes et télécommunications, les services financiers, la lutte
contre le blanchiment d'argent et contre la drogue, le tourisme, les petites et
moyennes entreprises, l'information et la communication, la protection des
consommateurs, les douanes, la prévention des activités
illégales.
En matière financière, le bénéfice pour la
Slovénie des prêts de la Banque européenne
d'investissements et des subventions du programme PHARE est confirmé. La
Slovénie est également susceptible de bénéficier
d'une assistance financière temporaire en complément de
programmes approuvés par le Fonds monétaire international.
C. LES PERSPECTIVES D'ADHÉSION DE LA SLOVÉNIE À L'UNION EUROPÉENNE
Les difficultés rencontrées à l'occasion de la ratification par le Parlement slovène de l'accord d'association illustrent les nuances que l'on peut apporter au tableau très favorable à l'adhésion à l'Union européenne le plus souvent dressé par les observateurs.
1. La ratification de l'accord d'association par le Parlement slovène
Le débat de ratification de l'accord d'association au
Parlement slovène s'est focalisé sur la question du régime
de la propriété foncière et immobilière,
qu'à la demande de l'Italie la Slovénie s'est engagée
à assouplir pour permettre à des ressortissants communautaires
d'acquérir des biens.
Bon nombre de parlementaires, issus des différentes forces politiques,
ont relayé les préoccupations de l'opinion slovène, qui
considère avec méfiance et inquiétude l'achat de
propriétés par des étrangers. Tenu d'accorder des
concessions dans la négociation de l'accord d'association, le
gouvernement slovène s'est retrouvé dans une inconfortable
position défensive face au Parlement et à l'opinion publique,
surtout depuis la formation d'une nouvelle coalition après les
élections de 1996, le parti populaire, nouvel allié du parti
libéral-démocrate au gouvernement, étant très
vigilant sur la sauvegarde de la souveraineté nationale.
Ces difficultés ont conduit le gouvernement à repousser
l'échéance du débat de ratification qui n'est intervenu
qu'au cours d'une session extraordinaire ouverte à la fin du printemps
dernier.
Le gouvernement a du obtenir du Parlement une modification de l'article 68 de
la constitution qui réservait le droit de propriété aux
seuls nationaux. Une nouvelle rédaction de la constitution a
été adoptée le 14 juillet dernier. Elle permet aux
étrangers d'acquérir des biens immobiliers en Slovénie si
ce droit leur est reconnu par la loi ou par un accord international, sur une
base de réciprocité. Le vote d'une telle loi ou la ratification
d'un tel accord international requièrent une majorité des deux
tiers au Parlement.
Cette réforme constitutionnelle a ouvert la voie à la
ratification de l'accord d'association qui est intervenue le 15 juillet
par 70 voix contre 3 sur 85 députés votants.
La relative "crispation" manifestée autour de la question de la
propriété illustre combien la Slovénie, malgré son
vif désir d'intégrer l'Union européenne, reste encore peu
sensibilisée à certains aspects essentiels de l'acquis
communautaire.
2. L'adhésion à l'Union européenne : des atouts mais aussi des obstacles restant à surmonter
Dans l'avis favorable à l'ouverture des
négociations d'adhésion qu'elle a rendu en juillet dernier, la
Commission européenne souligne que la Slovénie satisfait aux
principaux critères définis par le Conseil européen de
Copenhague en juin 1992.
Elle reconnaît la stabilité des institutions démocratique
et le respect de l'Etat de droit, en soulevant toutefois la question de la
restitution des biens aux anciens propriétaires spoliés par le
régime communiste.
Elle voit dans la Slovénie une économie de marché viable,
apte à faire face aux pressions concurrentielles et aux forces du
marché à l'intérieur de l'Union mais évoque le
risque d'une atténuation de la compétitivité en raison de
la lenteur de la restructuration des entreprises et du faible recours aux
investissements étrangers.
C'est essentiellement la reprise de l'acquis communautaire qui constitue la
principale source de difficulté sur la voie de l'adhésion.
Même si elle est largement engagée, la libéralisation du
marché se heurte encore à de fortes réticences
liées tout autant à un certain attachement au rôle de
l'Etat, hérité du régime précédent,
qu'à une crainte de l'ouverture à l'extérieur. Les
tentations protectionnistes demeurent fortes, que ce soit en matière de
circulation de capitaux ou d'accès aux marchés publics. Les
modalités de privatisation laissent peu de place aux participations
étrangères et, d'une manière générale, les
freins qui entravent encore les investissements étrangers peuvent
constituer un handicap pour la modernisation des entreprises slovènes.
Par ailleurs, certaines réformes qui seraient nécessaires pour
préparer l'intégration de la Slovénie dans l'Union
européenne restent à mettre en oeuvre. Il en est ainsi, dans le
domaine fiscal, de l'introduction de la TVA.
Enfin, l'application de l'acquis communautaire exigera un sérieux
renforcement de l'appareil administratif et judiciaire slovène et un
effort particulier devra être accompli pour le contrôle des
frontières.
CONCLUSION
L'accueil favorable reçu par la candidature
slovène à l'Union européenne démontre que ce jeune
Etat, préservé des conflits qui ont suivi l'éclatement de
la Yougoslavie, a très rapidement su faire valoir ses atouts sur la
scène internationale.
Pays stable et pacifique aux portes d'une région troublée, la
Slovénie possède l'un des niveaux de développement
économique les plus élevé des pays d'Europe centrale et
orientale. L'accord d'association devrait favoriser l'insertion de
l'économie slovène dans l'ensemble européen et surtout la
préparer aux exigences nécessaires à une future
adhésion. De ce point de vue, la Slovénie doit encore accentuer
ses efforts pour ouvrir son économie aux échanges et aux
investissements provenant de l'Union européenne.
On peut souhaiter que cette association à l'Union européenne soit
l'occasion pour la France de renforcer ses relations encore modestes avec la
Slovénie, notamment sur le plan économique, car malgré sa
faible population, ce petit pays recèle des potentialités de
développement certaines. Dans cette perspective, mais aussi en raison de
l'intérêt politique que représente l'ancrage à
l'Europe de ce pays jusqu'alors tourné vers les Balkans, votre
rapporteur vous recommande d'adopter le projet de loi autorisant la
ratification de l'accord européen établissant une association
entre les Communautés européennes et la Slovénie.
EXAMEN COMMISSION
La commission des affaires étrangères, de la
défense et des forces armées, a procédé à
l'examen du présent rapport au cours de sa réunion du
17 septembre 1997.
A l'issue de l'exposé du rapporteur , M. Xavier de Villepin,
président, a souligné combien la situation intérieure
slovène se distinguait de celle d'autres pays balkaniques, ce qui avait
conduit la Commission européenne à émettre un avis
favorable pour l'ouverture de négociations en vue de l'adhésion
de la Slovénie à l'Union européenne.
La commission a alors, suivant l'avis de son rapporteur, approuvé le
projet de loi qui lui était soumis.
PROJET DE LOI
(Texte présenté par le Gouvernement)
Article unique
Est autorisée la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, agissant dans le cadre de l'Union européenne, d'une part, et la République de Slovénie, d'autre part, fait à Luxembourg le 10 juin 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. 1( * )
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT2(
*
)
1. Etat de droit et situation de fait existants ainsi que
leurs insuffisances
L'accord d'association se substituera à un accord de commerce et de
coopération, signé le 5 avril 1993. Un accord intérimaire
pour le commerce et les mesures d'accompagnement, signé le 11 novembre
1996, devrait entrer en vigueur au 1er janvier 1997. Il permettra l'application
du volet commercial de l'accord d'association, en attendant la ratification de
ce dernier.
L'entrée en vigueur de cet accord européen d'association
concrétisera un engagement de l'Union européenne figurant
dès le Conseil européen de Copenhague, qui reconnaissait la
vocation à l'adhésion des pays d'Europe centrale et orientale.
L'état de droit existant ne correspond plus au niveau des relations
entre l'Union européenne et la Slovénie, pays candidat à
l'adhésion depuis le 10 juin 1996. L'entrée en vigueur de
l'accord d'association permettra une mise en oeuvre complète de la
stratégie de préadhésion, dans la ligne des conclusions du
Conseil européen d'Essen. La Slovénie bénéficiera
ainsi d'une égalité de traitement par rapport aux autres pays
candidats. La signature de l'accord d'association, négocié et
ratifié sous la présidence française, n'est intervenue,
après un long retard, que le 10 juin 1996, une fois les
difficultés relatives à la possibilité pour les
ressortissants de l'Union d'acquérir des biens, levées.
2. Bénéfices escomptés
- sur l'emploi
L'accord comprend des dispositions visant à faciliter la circulation des
travailleurs, ainsi que la liberté d'établissement en
matière de prestations de services. Ceci est de nature à avoir un
effet positif sur l'emploi. Cette incidence positive qu'il n'est, à ce
stade, pas possible de chiffrer, devrait être renforcée par
d'autres dispositions relatives à la libre circulation des capitaux
concernant les investissements directs et le rapatriement du produit de ces
investissements, ainsi qu'au respect des règles de concurrence, à
l'ouverture des marchés publics, et à la protection des droits de
la propriété intellectuelle.
- sur l'intérêt général
L'objectif général de cet accord d'association est de
préparer la future adhésion de ce pays à l'Union. Le
renforcement de la stabilité, de la sécurité ainsi que la
réunification du continent européen constituent une
priorité politique pour l'Union européenne. Le renforcement des
relations publiques s'accompagnera d'un nouveau développement des
relations économiques. Il n'est pas possible d'évaluer
l'incidence de ce dernier aspect sur l'ensemble de l'Union européenne,
ni sur la France. Notre pays pourrait tirer parti de certaines dispositions
figurant dans cet accord pour renforce son implantation économique et
financière. Le solde des investissements (en flux) vers la
Slovénie a été de 13 millions de francs en 1995, les
exportations s'élevant à 4 612 millions de francs pour la
même année.
- incidences financières
L'accord n'a pas d'incidence directe sur le budget de l'Etat, des
collectivités locales ou sur le niveau des prix à la
consommation. Les engagements financiers de la part de l'Union
européenne entrent dans le cadre général de la
stratégie de préadhésion.
- simplification des formalités administratives
Sans objet.
- complexité d'ordonnancement juridique
L'entrée en vigueur de cet accord introduira une plus grande
sécurité juridique pour les opérateurs.
1
Voir le texte annexé au document
Sénat n° 388 (1996-1997).
2
Texte transmis par le Gouvernement pour l'information des
parlementaires.