N° 382
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 8 avril 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1)
sur
les propositions de résolution, présentées en application
de l'article 73
bis
du Règlement :
- par M. Claude ESTIER et les membres du groupe socialiste et apparentés,
- par M. Xavier de VILLEPIN,
- par Mmes Hélène LUC, Marie-Claude BEAUDEAU, M. Jean-Luc
BÉCART, Mmes Danielle BIDARD-REYDET, Nicole BORVO, MM. Jean DERIAN,
Michel DUFFOUR, Guy FISCHER, Pierre LEFEBVRE, Paul LORIDANT, Louis MINETTI,
Robert PAGÈS, Jack RALITE, Ivan RENAR et Mme Odette TERRADE,
sur
EURO 1999
- 25 mars 1998 -
Rapport sur l'état de la
convergence et recommandation associée en vue du passage à la
troisième phase de l'Union économique et monétaire (Partie
1 : Recommandation - Partie 2 : Rapport) (E 1045)
,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Jacques Baudot, Claude Belot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Guy
Cabanel, Jean-Pierre Camoin, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques
Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert
Haenel, Claude Haut, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc
Massion, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Sénat
:
362
,
370
et
378
(1997-1998).
|
Union européenne. |
AVANT-PROPOS
La commission des finances du Sénat a été
saisie de trois propositions de résolution relatives à la
recommandation de la Commission européenne préconisant l'adoption
par onze Etats de l'euro. Ce rapport est consacré à l'ensemble de
ces textes.
La recommandation de la Commission au Conseil s'inscrit dans le cadre de la
procédure organisée par l'article 109 J du
traité sur l'Union européenne -article 121 du traité
d'Amsterdam- pour passer à la troisième phase de l'Union
économique et monétaire.
Cette troisième phase qui, faut-il le rappeler, est celle de l'adoption
de la monnaie unique, de l'euro, contribue à atteindre l'un des
objectifs majeurs de la Communauté européenne,
l'établissement d'une Union économique et monétaire.
Le chemin vers une union monétaire en Europe a été long et
semé d'embûches. L'aboutissement du projet est le résultat
d'un engagement politique très fort de plusieurs
générations de chefs d'Etat et de gouvernement que, moyennant
débat, les opinions publiques ont soutenu majoritairement. L'adoption de
l'euro est avant tout un acte politique. Chaque Etat participant abandonne une
part de sa souveraineté au profit de la construction européenne.
L'adoption de l'euro est une étape historique de cette construction.
Elle resserre les liens entre les Etats et les peuples d'Europe. Elle s'inscrit
dans le mouvement vers une Europe unie et puissante.
Ce dernier ne peut lui-même se comprendre sans référence au
processus de mondialisation. Face à des puissances économiques
extérieures considérables, les Etats européens doivent
relever le défi et, par conséquent, s'unir. Cette union est
d'autant plus nécessaire qu'existe entre eux une forte
interdépendance économique et d'autant plus justifiée que
de profondes racines culturelles communes unissent les peuples d'Europe.
L'adoption d'une monnaie unique les renforcera sans doute mais elle doit
surtout permettre de retrouver une vraie souveraineté monétaire
fondée sur la disposition d'une monnaie appelée à devenir
à tout le moins l'égale des autres devises internationales. Cette
souveraineté monétaire retrouvée s'inscrit en outre dans
un contexte de solidarité monétaire renforcée entre les
Etats européens. L'euro, c'est bien aussi le partage d'une même
monnaie et l'abandon de "l'arme monétaire" entre les pays
européens.
Le désarmement monétaire n'est cependant pas le
désarmement général. La fin de l'illusion monétaire
signe sans doute une intensification supplémentaire des concurrences.
Les performances économiques compteront plus encore demain qu'hier.
L'adoption de l'euro, qui ne constitue pas de ce point de vue une
révolution, mais plutôt un stade supplémentaire et ultime
dans une évolution vers un système monétaire
européen de changes fixes, appelle donc un approfondissement de la
construction européenne.
Il reste en effet à poser les règles d'une concurrence loyale. Il
reste sans doute aussi à progresser vers la conciliation des points de
vue, des objectifs et des moyens.
Mais, s'agissant de l'Union monétaire, le passage à la
troisième phase de sa réalisation en constitue, pour les pays qui
y participeront, l'aboutissement
au terme duquel se trouvent
instaurées une monnaie unique ainsi que la définition et la
conduite d'une politique monétaire et d'une politique de change uniques.
L'article 4 du traité détermine l'objectif principal de
cette union qui est de maintenir la stabilité des prix "
et, sans
préjudice de cet objectif, de soutenir les politiques économiques
générales dans la Communauté
".
Cet aboutissement doit réussir car l'adoption de l'euro est bien une
étape majeure, historique, de la construction européenne. Mais
elle ne deviendra un succès que pour autant que sa contribution à
la réalisation des objectifs éminents qu'elle est censée
servir soit effective.
C'est à cette condition qu'elle recueillera le plein soutien des peuples.
L'union monétaire n'est en effet pas une fin suprême. Elle n'est
d'ailleurs pas considérée par les traités autrement que
comme un moyen parmi d'autres, l'établissement d'un marché
commun, la mise en oeuvre de politiques économiques communes, au service
d'un projet plus ambitieux.
Celle-ci, telle que précisée à Amsterdam, est
définie à l'article 2 du traité et consiste à
"promouvoir
dans l'ensemble de la Communauté
un
développement harmonieux
équilibré et durable
des
activités économiques, un niveau d'emploi et de protection
sociale élevé,
l'égalité entre les hommes et les
femmes
, une croissance durable et non inflationniste, un haut degré
de
compétitivité et de
convergence des performances
économiques, un niveau
élevé de protection et
d'amélioration de la qualité de l'environnement
, le
relèvement du niveau et de la qualité de vie, la cohésion
économique et sociale et la solidarité entre les Etats
membres
1(
*
)
".
Quant à l'Union économique et monétaire, elle suppose
à côté de l'Union monétaire, la mise en oeuvre
d'actions diverses dont l'énoncé se trouve aux articles 3 et 4 du
traité. Parmi celles-ci, il faut citer, car il s'agit d'une sorte de
pendant de l'unification monétaire "l'instauration d'une politique
économique fondée sur l'étroite coordination des
politiques économiques des Etats membres...".