E. INTÉGRER LE FACTEUR ÉNERGÉTIQUE DANS LA DÉCISION PUBLIQUE
Le
rapport d'évaluation précité montre que les actions de
maîtrise de l'énergie ont été conçues par des
ingénieurs qui se sont attachés quasi exclusivement à
modifier les techniques de mise en oeuvre de l'énergie, sans
s'intéresser à des facteurs relatifs à notre organisation
sociale qui pèsent de plus en plus lourdement dans nos consommations
d'énergie.
Rien n'a été fait
,
par exemple,
pour freiner la
dilution de l'urbanisation
, ni même pour infléchir toutes les
actions publiques qui, involontairement, poussent à un urbanisme de
moins en moins dense (modalités d'aides à l'accession à la
propriété, subvention aux transports collectifs urbains, non
imputation à l'automobile des coûts d'usage de la voirie, taxation
des mutations immobilières, poids des prélèvements
obligatoires assis sur les salaires...). Or,
la consommation de carburant
est 5 à 7 fois plus élevée dans les villes peu
denses
(20 hab/ha), comme le sont les villes américaines ou nos
" villes nouvelles ", que dans les villes denses traditionnelles (100
hab/ha).
Ainsi, l'augmentation de moitié des consommations de carburants entre
1973 et 1993 montre que les politiques publiques suivies en matière
d'urbanisme, d'infrastructures de transport et de fiscalité sur les
usagers ont plus que compensé la réduction des consommations
unitaires de certains véhicules.
Par ailleurs, le souci d'abaisser le plus possible le prix des
logements
neufs
pour relancer l'activité des bâtiments l'a
emporté sur celui d'optimiser les dépenses globales
d'investissement et d'exploitation. Une telle politique ne prend pas en compte
les économies engendrées sur le long terme par l'instauration de
normes rigoureuses en matière d'isolation. Ainsi, les deux-tiers des
ménages accédant aujourd'hui à la propriété
ne respectent pas les règles d'isolation lorsqu'ils construisent une
maison dont ils sont les maîtres d'ouvrage, au risque d'être
gravement mis en difficulté par la facture ultérieure
d'électricité.