B. UNE POLITIQUE ÉQUILIBRÉE
1. Répondre simultanément aux exigences du court et du long termes
a) Tenir compte des contingences du marché et de l'évolution des coûts relatifs des énergies
La
politique énergétique française ne peut pas ignorer
- au prétexte qu'elle aurait choisi la filière
nucléaire comme instrument principal de ses buts -, les conditions
économiques de rentabilité des équipements.
Il
convient
en particulier
de tenir compte des coûts relatifs des
énergies avant de prendre toute décision nous engageant pour
l'avenir.
A cet égard, l'étude réalisée par la Direction du
gaz, de l'électricité et du charbon (DIGEC) du ministère
de l'industrie, tous les trois ans, sur les coûts de
référence de la production électrique donne des
indications précieuses sur les coûts comparés de production
de l'électricité.
La dernière étude réalisée en 1997
25(
*
)
révèle ainsi
que,
si la plupart des filières de production
d'électricité ont vu leurs coûts de production diminuer,
le nucléaire reste aujourd'hui un choix solide pour la production
d'électricité de base
26(
*
)
, même si cette filière
peut être concurrencée par les cycles combinés au gaz si
les prix se maintiennent à un niveau durablement bas. Le
nucléaire présente ainsi l'avantage d'être moins
dépendant des fluctuations du marché.
Néanmoins, l'étude fait valoir que le maintien de la
compétitivité de la filière du nucléaire sur le
long terme dépendra non seulement des améliorations que pourront
apporter les réacteurs du futur, mais aussi de la capacité de
l'opérateur à mettre en oeuvre un programme comportant un nombre
suffisant de tranches avec une cadence d'engagement régulière.
L'étude indique, par ailleurs, que
le cycle combiné au gaz
ressort clairement comme le moyen de production le plus compétitif pour
la " semi-base
", c'est-à-dire pour des durées
d'utilisation annuelle moyennes. Elle souligne cependant que si cette
filière devait acquérir une place non négligeable dans le
cycle de production, ce qui est probable, cela risquerait d'engendrer des
contraintes de stockage du gaz.
En tout état de cause, le renforcement de la position des cycles
combinés sur la semi-base se ferait
au détriment du
charbon
, bien que la filière du " lit fluidisé
circulant "
27(
*
)
puisse
conserver un intérêt en termes de diversification du parc de
production et pour se prémunir contre une hausse du prix du gaz. En
dessous des durées de fonctionnement justifiant l'appel aux cycles
combinés au gaz, l'étude précise que les moyens de
production les plus compétitifs sont les turbines à combustion au
gaz ou bien, pour la pointe proprement dite, au fioul domestique.
Enfin, l'étude considère que
la production
décentralisée d'électricité constitue une
diversification intéressante du parc de production
. Elle approuve la
cogénération, pourvu qu'existent des besoins de chaleur à
proximité, mais relève que le développement des turbines
à vapeur à contre-pression fonctionnant au charbon - qui
présentent une excellente compétitivité pour un
fonctionnement en base - est limité par le nombre de sites capables
d'absorber de la vapeur en quantité. En outre, les turbines à gaz
fonctionnant en cogénération sont compétitives en base et
en semi-base à partir d'une certaine taille, alors que les installations
plus petites ne conservent un intérêt que par l'économie du
coût de transport et de distribution de l'électricité
qu'elles permettent de réaliser. Il apparaît enfin que les
aérogénérateurs peuvent devenir compétitifs
à l'horizon 2005 sur des sites très bien ventés.
Il convient toutefois de nuancer les résultats de
cette
étude
en précisant
qu'elle ne prend pas en compte
l'ensemble des coûts sociaux et environnementaux
(" externalités
"), qui, bien que difficilement
quantifiables, sont particulièrement importants. Ainsi, outre qu'il
contribue à la sécurité des approvisionnements, le
nucléaire présente un intérêt majeur en termes de
réduction des émissions de polluants atmosphériques et de
lutte contre l'effet de serre et constitue un facteur de stabilité des
coûts. A l'inverse, il convient de prendre en compte l'impact
environnemental en termes d'économies de pylônes induit par la
mise en oeuvre de moyens de production décentralisés.
Il est essentiel que cette étude constitue le document de base
à partir duquel pourront être effectués les choix de
l'avenir en matière d'équipements
énergétiques
.
b) Donner la priorité à la recherche
Pour
pouvoir mettre à profit les observations de l'étude de la DIGEC,
il convient de poursuivre les efforts de recherche afin de préserver la
compétitivité de la filière nucléaire dans le futur
et les compétences de nos chercheurs.
Plus généralement, afin de maintenir toutes les options ouvertes
et de diversifier nos modes de production, il nous faut poursuivre les
recherches parallèlement dans les autres secteurs, en particulier pour
développer les technologies respectueuses de l'environnement.