2. Les formes de la concurrence : internationalisation des offres et concentration des acteurs
L'internationalisation des opérateurs est la première
caractéristique de la nouvelle donne électrique
.
S'appuyant sur une réussite industrielle et commerciale et un
savoir-faire développés sur leur territoire national, dans un
cadre régulé,
les électriciens des pays
industrialisés tentent de valoriser leurs compétences dans
d'autres pays. Pour ce faire, ils recourent à une grande
variété de moyens juridiques, ceci tant au niveau de la
production que du transport et de la distribution
.
C'est ainsi, par exemple, que nombreux sont ceux -dont EDF d'ailleurs- qui
cherchent à construire et/ou exploiter des centrales (en Chine, dans les
pays de l'Est ou en Amérique latine...) ou à reprendre des
compagnies de transport ou de distribution pour en améliorer la gestion
(les exemples sont nombreux qu'il s'agisse des régies italiennes de
Turin, de Milan, des " Stadtwerke " de Berlin ou de la distribution
de l'électricité de Rio ou de Buenos Aires...).
La mise en concurrence des opérateurs internationaux par de nombreux
pays en développement prend des formes juridiques et financières
très variées : de la privatisation de compagnies existantes
(comme au Brésil, par exemple) aux joint ventures, avec de nombreuses
variantes contractuelles (à la production, par exemple : centrales
clés en main ou transfert partiel de technologie, ce qui est de plus en
plus le cas, l'exemple de la Chine le prouve).
Par ailleurs, en aval, le client final commence à pouvoir exercer
directement la mise en concurrence du fait de l'assouplissement de la
réglementation. Ceci laisse présager une forte évolution
des offres dans plusieurs directions : prix adaptés aux
spécificités du client ; fourniture multi-sites pour un
même client à une échelle nationale ou multinationale ;
fourniture multi-fluides voire multi-services ; ventes à terme et
couverture de risques... C'est ainsi que le métallurgiste Arbed demande
une offre groupée pour ses six sites européens et que le
distributeur britannique Northern vend un service de gestion
énergétique multi-sites à des chaînes
d'hôtels-restaurants.
Dans ce contexte, tout laisse penser
qu'apparaîtront des
marchés complexes d'énergies et de services,
avec des acteurs
disposant :
- de portefeuilles larges et diversifiés d'actifs et de
compétences : un parc de centrales dans leur zone historique, d'autres
parcs ou centrales en Europe, des contrats d'approvisionnement
d'électricité ou de gaz, des filiales d'exploitation et de
services ;
- et, en regard, de portefeuilles de clientèle, eux-mêmes
larges et diversifiés : un éventuel marché captif sur leur
zone historique, des entités de distribution, de gros clients
industriels disposant d'une implantation multi-sites au niveau européen.
Au total, le marché de l'électricité s'internationalise
et se complexifie. Il nous faut en prendre conscience et en tenir compte au
moment où nous sommes amenés à fixer des nouvelles
règles pour l'organisation du secteur électrique
français.
Cette évolution du marché s'accompagne d'une forte
concentration des acteurs du secteur
Ce nouveau contexte incite nécessairement les opérateurs à
conquérir de nouveaux marchés pour atteindre une taille critique,
tout en s'engageant dans de nouveaux métiers afin de se diversifier.
Pour ce faire, ils mènent des opérations de concentration et
nouent des partenariats.
La situation est encore -on l'a vu
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*
)
- très
hétérogène,
mais ces phénomènes sont
extrêmement rapides.
Certains opérateurs sont historiquement puissants et diversifiés,
tels que les groupes allemands Veba, Viag ou RWE. D'autres opéraient
auparavant dans un contexte très fragmenté, mais -c'est le cas
aux Etats-Unis- se voient aujourd'hui autorisés par les pouvoirs publics
à développer et diversifier leurs activités. Enfin, on
observe la constitution de groupes privés d'un poids considérable
intervenant dans de multiples secteurs, comme le nouveau groupe Suez-Lyonnaise,
qui contrôle l'opérateur belge Tractebel.
Le secteur est donc en voie de recomposition.
Des entreprises performantes de taille moyenne pourront occuper notamment des
" niches ". Mais, le secteur sera structurera autour de groupes
industriels puissants, disposant d'une palette de compétences
étendue et intervenant sur la plupart des maillons de la chaîne
technique de l'électricité.
Conscients de cette mutation du secteur et de ses enjeux, les pays
européens -dont le processus de transposition est, en règle
générale plus avancé qu'en France- mettent en place des
règles du jeu destinées à favoriser la
compétitivité de leurs opérateurs.