PJL sur les caisses d'épargne et de prévoyance
MARINI (Philippe)
RAPPORT 157 (98-99) - COMMISSION DES FINANCES
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N°
157
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 janvier 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, portant prorogation des mandats des membres des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne et de prévoyance ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier,
Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros :
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Banques et établissements financiers. |
EXPOSE GENERAL
La
réforme des caisses d'épargne et de prévoyance est un
sujet à l'ordre du jour depuis quelques années
déjà. L'urgence d'une telle réforme, qui fait l'objet de
la première partie du projet de loi relatif à l'épargne et
à la sécurité financière,
1(
*
)
est apparue avec une forte acuité à
l'occasion du rapport de votre commission sur la situation et les perspectives
du secteur bancaire en France de novembre 1996
2(
*
)
.
Au même moment, le centre national des caisses d'épargne (CENCEP)
travaillait intensément à un projet de réforme, tandis que
votre rapporteur général de l'époque, Alain Lambert,
tirait du rapport de votre commission une proposition de loi sur le
sujet.
3(
*
)
Le gouvernement nouvellement en fonction a décidé de poursuivre
la réflexion afin d'élaborer ses propres propositions, en
confiant le 5 novembre 1997 à notre collègue
député Raymond Douyère, déjà rapporteur de
la loi n° 91-635 du 10 juillet 1991, précédente
réforme des caisses d'épargne, une mission dont les conclusions
ont été rendues le 8 avril dernier.
4(
*
)
C'est pour permettre à cette mission de se dérouler que le
gouvernement avait pris l'initiative, à l'automne 1997, de faire
inscrire dans le projet de loi portant mesures urgentes à
caractère fiscal et financier
5(
*
)
une
première prorogation des mandats des organes dirigeants des caisses
d'épargne et de prévoyance. A l'époque, les mandats des
membres des conseils consultatifs de clients et des conseils d'orientation et
de surveillance des caisses d'épargne avaient été
prorogés jusqu'au 1
er
mars 1999, délai qui
paraissait suffisant pour mettre la réforme en place.
Tout en progressant, les travaux du gouvernement ont pris un léger
retard, notamment imputable à l'ordre du jour chargé des
assemblées. C'est ce qui justifie un nouveau report des élections
de ces organes, jusqu'au 1
er
novembre 1999 cette fois.
Tel est l'objet du présent projet de loi. Il est de pure
procédure : votre rapporteur général ne souhaite donc pas
entrer dans le débat de fond, qui interviendra dès ce printemps.
Votre commission n'avait émis aucune objection au
précédent report, s'agissant d'opérations
électorales relativement lourdes et dont la pertinence serait
très limitée, l'organisation des caisses d'épargne
étant appelée à une réforme profonde.
Elle conserve cette position dans le cas présent.
ARTICLE UNIQUE
Report des élections des
conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des
caisses d'épargne et de
prévoyance
Commentaire : le présent article a pour objet de
reporter
les élections des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et
de surveillance des caisses d'épargne. Il est précisé que
les règles relatives aux limites d'âge ne sont pas opposables. Ce
report, initialement prévu jusqu'au 1
er
août 1999, a
été prolongé par l'Assemblée nationale jusqu'au 1er
novembre.
Les caisses d'épargne forment un réseau de 34 caisses
locales, doté d'un organe central, le centre national des caisses
d'épargne, et d'une caisse centrale qui concentre les mouvements
financiers.
Le présent article ne proroge les mandats que dans les caisses locales,
les mandats des organes centraux étant de nature statutaire et devant
être prorogés par une assemblée générale
extraordinaire. Si les intentions du réseau paraissent claires sur ce
second point, celles du gouvernement le sont moins, le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie n'ayant pas donné de
réponse sur ce sujet à l'Assemblée nationale.
I. LA PROROGATION DES MANDATS AU NIVEAU LOCAL
Deux organes des caisses locales sont concernés par la prorogation :
les conseils consultatifs de clients et les conseils d'orientation et de
surveillance.
Les conseils consultatifs de clients (CC) sont prévus par les articles
10 et 10-1 de la loi n° 83-557 du 1
er
juillet 1983 portant
réforme des caisses d'épargne et de prévoyance. Les
membres de ces conseils sont élus pour six ans. Ils assurent en
principe la représentation des clients auprès de chaque caisse
d'épargne mais en pratique, ils ne fonctionnent pas toujours.
Les conseils d'orientation et de surveillance (COS), prévus par
l'article 11, jouent à la fois un rôle d'assemblée
générale et celui de conseil d'administration ou de surveillance.
Cette double fonction est liée au statut particulier des caisses
d'épargne qui sont dépourvues d'actionnaires ou de
sociétaires. Le nombre de leurs membres est de 17, 21 ou 25 selon la
taille de la caisse. Ces membres sont élus pour six ans.
La loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier
a prorogé les mandats de ces organes jusqu'au 1
er
mars
1999. Dans le cas présent, le gouvernement avait l'intention de proroger
ces mandats de cinq mois. Il s'est laissé convaincre par la commission
des finances de l'Assemblée nationale de prolonger ce délai de
trois mois supplémentaires, de façon à prendre le temps de
mettre en place les instances issues de la réforme.
En ce qui concerne les organes essentiels, à savoir les COS, cette
prorogation comporte une dérogation à deux règles, mais
aussi le maintien de deux règles particulières.
Il est ainsi dérogé à deux dispositions :
celles des articles 10 et 11 de la loi de 1983, relatives à la
durée des
mandats
;
celles relatives à la
limite d'âge
, figurant
à l'article 10 des statuts-type annexés au décret du
23 octobre 1991.
Les règles particulières maintenues sont relatives à des
qualités au titre desquelles les représentants au COS peuvent
figurer :
celles qui lient la présence au COS à la qualité
d'élu local (article 11 de la loi). Une personne ayant perdu tout
mandat électif ne peut logiquement rester au COS en tant que
représentant des maires ;
celles qui exigent, pour rester au COS, le maintien de la qualité
au titre de laquelle on a été désigné
(article 15 du décret du 23 octobre 1991). Par exemple,
une personne qui n'est plus salariée de la caisse d'épargne ne
peut rester au COS comme représentant des salariés.
Votre rapporteur général rappelle par ailleurs que les caisses
d'épargne sont administrées par un directoire nommé pour
cinq ans
par le COS. Les directoires ont été
renouvelés à l'échéance normale de leur mandat en
avril et mai 1997, si bien que la question d'une prorogation ne se pose pas en
ce qui les concerne.
II. LA PROROGATION DES MANDATS AU NIVEAU CENTRAL
Le centre national des caisses d'épargne (CENCEP), organe central du
réseau, est administré par un directoire de 3 membres
nommé pour six ans et contrôlé par un conseil de
surveillance de 23 membres, également nommé pour
six ans.
Les mandats actuels ont débuté en avril 1992. Leur date
d'échéance normale était avril 1998.
Ces durées ne sont pas prévues par la loi, mais par les statuts
du centre national des caisses d'épargne. Il appartiendrait à une
assemblée générale extraordinaire d'y déroger.
Après le vote de la loi portant mesures urgentes à
caractère fiscal et financier, une assemblée
générale extraordinaire avait prorogé les mandats des deux
organes dirigeants jusqu'au 1er mars 1999. En séance publique au
Sénat, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
avait indiqué que la prorogation des mandats au niveau central allait de
pair avec celle des mandats locaux. Dans le cas présent, il n'a pas,
à l'Assemblée nationale, réitéré une telle
affirmation.
Votre rapporteur général rappelle que si une telle prorogation
n'est certes pas de la compétence du gouvernement, mais de
l'assemblée générale du réseau, les statuts du
CENCEP ainsi que la nomination du président du directoire doivent
recevoir l'agrément du ministre, et le conseil de surveillance comprend
un commissaire du gouvernement.
La précédente prorogation des mandats du directoire et du
conseil de surveillance était motivée par la
nécessité de permettre à la concertation sur la
réforme de se dérouler dans un climat serein. Or, celle-ci
étant achevée, les intentions du gouvernement peuvent ne pas
être identiques aujourd'hui. De leur côté, il semble que le
réseau et le CENCEP soient favorables au
statu quo
: le
CENCEP fera lui-même l'objet d'une réforme, le nombre des membres
du nouveau directoire et du nouveau conseil de surveillance de la caisse
centrale appelée à se substituer à l'actuel CENCEP sera
peut être différent du nombre actuel. La composition sera
également différente : il serait dommageable que ce nombre
et cette composition puissent être influencés par la tendance
naturelle qu'il y aurait à maintenir dans les organes dirigeants des
personnes fraîchement désignées.
C'est pourquoi la prorogation homothétique des mandats au sein du
CENCEP semblerait raisonnable : si de nouveaux responsables nationaux
étaient désignés, il leur serait difficile d'anticiper sur
le vote de la réforme afin de faire prévaloir une nouvelle
stratégie ; ils se trouveraient réellement en
porte-à-faux vis-à-vis des établissements du réseau
pendant la période de transition.
Il appartiendra au débat de clarifier ce point.
Pour y parvenir, votre commission vous propose un amendement tendant à
proroger les mandats des organes dirigeants du CENCEP jusqu'au 1
er
novembre 1999.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article ainsi amendé.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 20 janvier 1999 sous la présidence
de
M. Alain Lambert, président
, la commission a
procédé à l'
examen
du
projet de loi
n° 133
(1998-1999), adopté par l'Assemblée
nationale, portant prorogation des mandats des membres des conseils
consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance
des caisses
d'épargne et de prévoyance, sur le rapport
de M. Philippe
Marini, rapporteur général.
Qualifiant ce projet de loi de projet de procédure,
M. Philippe
Marini, rapporteur général,
a indiqué qu'il visait
à proroger jusqu'au 1
er
novembre 1999 les mandats des membres
des conseils consultatifs et des conseils d'orientation et de surveillance des
caisses d'épargne et de prévoyance afin de ne pas troubler le
débat sur la réforme des caisses d'épargne. Il a
rappelé que la loi portant mesures urgentes à caractère
fiscal et financier (MUFF) du 10 novembre 1997 avait déjà
prolongé la durée de ces mandats jusqu'au
1
er
mars 1999 mais que les aléas du calendrier
législatif n'avaient pas permis au gouvernement d'inscrire à
l'ordre du jour des débats du Sénat le projet de loi relatif
à l'épargne et à la sécurité
financière avant le mois d'avril 1999, ce qui nécessitait un
nouveau report.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, a cependant
fait valoir que la prorogation ne visait pas les mandats des membres du conseil
de surveillance et du directoire du Centre national des caisses
d'épargne (CENCEP), dont la durée ne relève pas de la loi
mais des statuts de cet organisme. Après avoir rappelé qu'une
assemblée générale extraordinaire avait prorogé ces
mandats jusqu'en mars 1999 après le vote de la loi portant mesures
urgentes à caractère fiscal et financier, il s'est montré
favorable à un nouveau report de la durée de ces mandats jusqu'au
1
er
novembre 1999 afin de ne pas ajouter à
l'instabilité causée par la réforme des caisses
d'épargne de nouvelles incertitudes liées à des
compétitions entre personnes.
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a proposé un amendement en ce sens en faisant
valoir qu'il avait pour objet d'amener le gouvernement à préciser
ses intentions.
Après les interventions de
MM. Jean-Philippe Lachenaud,
François Trucy et Joël Bourdin, M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a rappelé que le projet de loi ne visait pas
les membres des directoires des caisses, dont les mandats ont été
renouvelés en avril-mai 1997 pour une durée de cinq ans
renouvelable.
Puis, à l'article unique du projet de loi, la commission a
adopté l'amendement du rapporteur général tendant à
proroger les mandats des organes dirigeants du CENCEP jusqu'au
1
er
novembre 1999, et le projet de loi ainsi
modifié.
1
Assemblée nationale
n° 1244,
déposé le 2 décembre 1998.
2
" Banques : votre santé nous intéresse " -
Alain Lambert - Sénat n° 52 - 1996/1997.
3
Proposition de loi relative au statut et à
l'activité des caisses d'épargne et de prévoyance et
portant création d'un premier livret bancaire - Sénat
n° 387 (11 juillet 1997).
4
" Pour une banque différente " - Raymond
Douyère - Avril 1998.
5
Article 8 de la loi n° 97-1026 du 10 novembre
1997.