Accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Honduras sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements
DURAND-CHASTEL (Hubert)
RAPPORT 321 (98-99) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
- I. LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DU HONDURAS
- II. LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LE HONDURAS
- III. UN DISPOSITIF CLASSIQUE DE PROTECTION RÉCIPROQUE DES INVESTISSEMENTS
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
- PROJET DE LOI
-
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT
N°
321
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 28 avril 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi autorisant l'approbation d'un accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Honduras sur l' encouragement et la protection réciproques des investissements ,
Par M.
Hubert DURAND-CHASTEL,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
; MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy
Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano,
Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard
Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas,
André Rouvière.
Voir le numéro :
Sénat : 212
(1998-1999).
Traités et conventions. |
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi a pour objet d'autoriser l'approbation de
l'accord sur l'encouragement et la protection réciproques des
investissements, signé à Tegucigalpa le 28 avril 1998 entre la
France et le Honduras.
Cet accord comporte des dispositions très voisines de celles des quelque
quatre-vingts textes analogues qui lient déjà la France à
des pays tiers. Il s'agit donc d'un dispositif extrêmement classique que
votre commission des affaires étrangères a déjà eu,
à de multiples reprises, l'occasion d'exposer.
Présenté au Parlement en même temps que deux autres accords
analogues conclus avec le Guatemala et le Nicaragua, l'accord signé avec
le Honduras illustre la volonté de notre pays de renforcer nos relations
avec l'Amérique centrale, ainsi que l'a récemment illustré
le déplacement effectué dans la région par notre
Président de la République au mois de novembre dernier.
Bien que sévèrement touché par l'ouragan Mitch qui a
entraîné des destructions importantes à l'automne dernier,
le Honduras s'efforce de moderniser ses structures économiques et
pourrait offrir des perspectives d'investissement qui ne sauraient être
négligées par nos entreprises. Au-delà des aspects
économiques, l'accord s'inscrit dans une politique
générale de renforcement des liens entre l'Europe, et en
particulier la France, avec l'Amérique latine.
Votre rapporteur effectuera une rapide présentation du Honduras et de
ses relations avec la France avant de détailler le dispositif de
l'accord d'encouragement et de protection réciproques des
investissements.
I. LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DU HONDURAS
Situé à l'est du Guatemala et bordé au
sud est
par le Nicaragua et au sud par le Salvador, le Honduras constitue un territoire
de 112 000 km2 avec une façade maritime principale sur la Mer des
Caraïbes et un étroit accès à l'océan
Pacifique au sud.
Le Honduras compte 5,9 millions d'habitants, dont 775 000 dans sa
capitale, Tegucigalpa. Il est indépendant depuis 1821.
A. LA VIE POLITIQUE DU HONDURAS
1. La politique intérieure
Si,
à la différence de ses voisins, le Honduras n'a pas connu de
guerre civile, il a vécu de 1963 à 1981 une longue période
de pouvoir militaire, interrompue de novembre 1971 à décembre
1972 par une brève parenthèse démocratique.
Le Honduras a connu ses premières élections démocratiques
en 1981. La Constitution de 1982 a instauré un régime de type
présidentiel.
Le Chef de l'Etat est élu au suffrage universel pour un mandat de
4 ans. Le Congrès, lui aussi élu pour 4 ans, compte 128
députés.
Le mandat du
Président Reina
(1994-1997) a été
marqué par la mise en oeuvre d'un
programme de
" démilitarisation " de l'Etat
(création de la
police judiciaire civile, suppression du service militaire obligatoire,
transfert de la force de sécurité publique à
l'autorité civile) et par une volonté de pacifier la vie
politique, notamment au travers de l'installation d'un Conseil national de
convergence comportant des représentants de l'opposition et de la
société civile et chargé de mener un débat public
permanent sur les sujets d'importance nationale. Le Président Reina
souhaitait également engager une "
révolution
morale
" afin de lutter contre la corruption et la fraude fiscale et
de réformer le système judiciaire. Cette volonté politique
n'a malheureusement pas freiné l'impact croissant du trafic de drogue
sur la vie politique et économique du pays.
Les élections générales du 30 novembre 1997 ont
confirmé la prédominance des deux partis traditionnels de droite,
le parti libéral, qui conserve la majorité au Congrès avec
67 députés sur 128, et le Parti National (55
députés). L'unification démocratique, parti de gauche, ne
compte qu'un seul député mais a conquis quelques
municipalités.
L'élection présidentielle organisée à la même
date a vu la victoire de M. Carlos Roberto Florès, ancien
Président du Congrès.
Le
Président Florès
a achevé la
démilitarisation du pouvoir en transférant au chef de l'Etat le
commandement en chef des armées. Il a lui aussi entrepris de lutter
contre la corruption et le clientélisme en réformant le code
pénal mais le Honduras souffre toujours d'institutions judiciaires et
policières peu solides.
2. Le Honduras sur la scène régionale
La chute
du régime sandiniste en 1990 a permis une normalisation des relations
avec le Nicaragua, le Honduras ayant servi de base arrière pour les
forces armées de la " Contra " durant la guerre civile.
Le différend frontalier qui opposait le Salvador et le Honduras, et qui
avait pour enjeu l'accès de ce dernier au Pacifique, a fait l'objet en
1992 d'un jugement de la Cour internationale de justice que les deux parties se
sont engagées à respecter. Les deux tiers des territoires en
litige, ainsi que l'île du Tigre, ont été attribués
au Honduras, qui voit ainsi son accès à l'océan Pacifique
conforté. Un accord entre les deux pays a été signé
le 19 janvier 1998 pour régler le sort de leurs ressortissants
résidant dans ces territoires. Il détermine les droits à
la nationalité et à la propriété d'environ
10 000 personnes et comporte une clause sur la démarcation de la
nouvelle frontière.
Le Honduras entretient de bonnes relations avec le Mexique mais demeure surtout
caractérisé par des liens puissants avec les Etats-Unis,
même si ceux-ci, qui en avaient fait un point d'appui pour leur politique
en Amérique centrale tout au long des années 1980, ne lui
attribuent plus le même intérêt stratégique depuis la
fin des guerres civiles dans la région.
Le Honduras s'est toutefois démarqué des Etats-Unis en
entretenant de bonnes relations avec Cuba et en se prononçant contre la
loi Helms-Burton.
B. LA SITUATION ÉCONOMIQUE DU HONDURAS
1. Des structures économiques fragiles
Le
Honduras se caractérise par des structures économiques de pays
pauvre.
L'agriculture emploie 50 % de la main d'oeuvre et procure 70 % des recettes
d'exportation alors que l'industrie manufacturière est peu
développée et essentiellement orientée vers les besoins de
consommation intérieure.
Le Honduras souffre d'une forte dépendance à l'égard de
l'étranger. Ses deux principales productions agricoles, le café
et la banane, représentent 45 % des exportations et sont soumis aux
aléas des cours mondiaux. Il ne peut par ailleurs se passer d'une aide
extérieure accordée à conditions
préférentielles auprès des organisations
multilatérales ou dans le cadre d'accords bilatéraux. Au total,
la dette publique extérieure représente les trois quarts du PIB.
Alors que le PIB par habitant est inférieur à 800 dollars par an,
70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le Honduras est,
après le Nicaragua, le pays le plus pauvre d'Amérique
centrale.
2. Une situation aggravée par les conséquences de l'ouragan Mitch
L'ouragan Mitch, à la fin du mois d'octobre 1998, est
venu
frapper durement un pays qui éprouvait déjà des
difficultés à sortir de sa situation financière difficile.
Après une grave récession en 1994, un envol de l'inflation et un
déséquilibre accru des comptes extérieures, un
redressement de l'économie hondurienne s'était amorcé
à partir de 1995, marqué par une réduction des
déficits publics et courant et une reprise de la croissance. Toutefois,
jugeant la politique macro-économique et la mise en oeuvre de
réformes structurelles encore insuffisante, le Fonds monétaire
international avait refusé l'application de la troisième
année du programme de facilité d'ajustement structurel
renforcé et la conclusion d'un nouvel accord restait hypothétique
compte tenu notamment d'une reprise de la dérive des comptes publics.
C'est dans ces conditions déjà critiques qu'est intervenu
l'ouragan Mitch qui a pris au Honduras la dimension d'une catastrophe
nationale, faisant plus de 5 000 victimes et plusieurs centaines de
milliers de sinistrés. Une grande part des récoltes de produits
d'exportation (café et bananes) ont été détruites.
Le tourisme et l'industrie manufacturière ont été
sévèrement affectés. La croissance, qui avait atteint 5 %
en 1997, se situait à 3 % en 1998, mais le gouvernement hondurien
s'attend à un effet retardé en 1999, du fait des baisses de
production agricoles liées à la destruction des cultures. Ainsi,
près de 80 % des plantations de bananes auraient été
détruites. Dans ces conditions, la croissance pourrait être
négative en 1999. L'ouragan Mitch a contribué à
détériorer les équilibres financiers du Honduras en 1998,
qu'il s'agisse du déficit public, représentant 2,6 % du PIB
en 1998 et susceptible de passer à 7 % du PIB en 1999, ou de la
balance des paiements.
II. LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LE HONDURAS
Que ce soit dans les domaines politique, culturel ou économique, les relations franco-honduriennes sont très modestes.
A. LES RELATIONS POLITIQUES ET CULTURELLES
1. Les relations politiques
Les
relations politiques franco-honduriennes se sont essentiellement traduites par
diverses visites ministérielles. En novembre 1995, le Président
Reina a été reçu à Paris alors que le
Président Chirac s'est rendu au Honduras le 16 novembre dernier,
dans le cadre de sa visite des pays touchés par l'ouragan Mitch. Peu de
temps après, la France annonçait l'annulation de l'ensemble des
créances bilatérales d'aide publique au développement,
soit 166 millions de F.
La communauté française au Honduras est relativement
réduite puisqu'on ne comptait, fin 1997, que 250 personnes
immatriculées.
2. La coopération culturelle, scientifique et technique
La
coopération culturelle, scientifique et technique mobilise des moyens
très limités qui vont essentiellement au soutien à la
langue française et à l'enseignement français.
La présence du français s'appuie sur
deux Alliances
françaises
, à Tegucigalpa et San Pedro Sula, qui touchent
1 200 élèves, et sur le
lycée franco-hondurien de
Tegucigalpa
, créé en 1966, qui scolarise jusqu'à la
classe de seconde quelque 400 élèves (dont 8 % de
français). Une discussion est actuellement en cours sur la
possibilité d'ouvrir des classes de première et de terminale pour
prolonger le cursus scolaire jusqu'au baccalauréat français.
Selon les informations fournies à votre rapporteur, le ministère
de l'Education nationale et l'Agence pour l'enseignement français
à l'étranger proposeraient une voie moyenne reposant pour une
partie sur un enseignement direct des programmes de première et
terminale et pour l'autre sur un recours au Centre national d'enseignement
à distance.
Par ailleurs, l'enseignement du français dans le système
éducatif hondurien ne concernant que 35 professeurs et 2 000
élèves, un accord a été signé en janvier
1998 sur la réintroduction de notre langue dans le cycle secondaire,
mais l'insuffisance des moyens locaux impose de mener parallèlement une
action pour la formation de professeurs de français.
On peut enfin mentionner divers projets de coopération en matière
universitaire et de recherche (présence de l'IFREMER sur un programme de
recherche sur les ressources halieutiques).
B. LES RELATIONS COMMERCIALES
1. Les échanges économiques et les relations financières
Les
échanges commerciaux du Honduras sont polarisées sur les
Etats-Unis, qui possèdent 43 % des parts de marché, devant les
pays d'Amérique centrale et le Mexique qui en représentent 18 %.
L'Europe ne représente que 13 % des parts de marché mais la place
de la France dans cet ensemble est réduite puique notre pays ne
réalise que 0,6 % des ventes au Honduras.
Toutefois, les exportations françaises au Honduras ont connu une forte
augmentation en 1998 (237 millions de F contre 80 millions de F en 1997)
du fait d'un contrat de fourniture d'équipements aéroportuaires
pour l'aéroport de San Pedro Sula réalisé par SOFREAVIA.
Les importations de produits honduriens représentaient en 1998 un peu
plus de 190 millions de F et concernaient principalement du café,
des fruits et des minerais.
La présence d'entreprises françaises est faible et repose
principalement sur divers protocoles financiers conclu ces dernières
années pour l'équipement électrique, les
équipements aéroportuaires, les équipements hospitaliers
et le réseau de distribution des eaux.
Au cours de l'année 1998, les ciments Lafarge et Elf Antargaz ont pris
des participations dans des entreprises locales.
2. Les perspectives d'investissement
Comme
ses voisins, le Honduras pratique une politique d'ouverture aux investissements
étrangers, notamment dans le cadre de la privatisation d'entreprises du
secteur public. De récentes mesures législatives visent à
encourager ces investissements étrangers, en particulier dans le secteur
agricole, crucial pour l'économie hondurienne, dans le secteur minier et
dans celui des infrastructures aéroportuaires, la gestion des quatre
principaux aéroports du pays devant être concédée
à des entreprises étrangères. Par ailleurs, la
préparation de la privatisation de la compagnie nationale de
télécommunications et de l'entreprise nationale d'énergie
électrique est en cours.
Le flux d'investissements directs étrangers, qui a
représenté 411 millions de dollars de 1990 à 1997,
devrait donc s'accentuer.
Les télécommunications, l'électricité, les
transports, la distribution des eaux sont autant de domaines dans lesquels les
entreprises françaises pourraient trouver des opportunités
d'investissement.
III. UN DISPOSITIF CLASSIQUE DE PROTECTION RÉCIPROQUE DES INVESTISSEMENTS
L' accord signé le 28 avril 1998 entre la France et le Honduras est proche, pour l'essentiel, des diverses conventions de protection des investissements signées par la France avec près de 80 pays.
A. LE CHAMP D'APPLICATION DE L'ACCORD
1. Champ d'application géographique
Il comprend le territoire, y compris les zones maritimes, de chacune des parties (article 2), c'est-à-dire la terre ferme, les eaux intérieures, les îles et îlots, la mer territoriale, la zone économique exclusive et la plate-forme continentale sur laquelle elles détiennent, en conformité avec le droit international, un pouvoir de juridiction et des droits souverains de prospection, d'exploitation et de préservation des ressources naturelles.
2. Investissements concernés
Les
investissements recouvrent
l'ensemble des avoirs
dont l'article 1.1 de
l'accord donne une liste qui comprend notamment
les biens meubles et
immeubles
ainsi que les autres droits réels (hypothèque,
usufruit, cautionnement...),
les actions, les obligations, les droits de
propriété intellectuelle, commerciale et industrielle, les
concessions
accordés par la loi ou en vertu d'un contrat.
Par ailleurs, la protection jouera pour les investissements conformes à
la législation de la partie contractante sur le territoire de laquelle
ils sont réalisés,
quelle que soit la date de leur
réalisation,
antérieure ou postérieure à
l'entrée en vigueur de l'accord (article 2). Toutefois, l'accord ne
s'applique à aucun différend soumis aux tribunaux avant son
entrée en vigueur.
3. Les investisseurs intéressés
Il convient de distinguer (article 1.2), d'une part, les personnes physiques qui doivent posséder la nationalité de l'une des parties contractantes (article 1.2) et, d'autre part, les sociétés constituées conformément à la législation de l'Etat contractant et y possédant leur siège social ou contrôlées directement ou indirectement par des nationaux de l'une des parties ou par des personnes morales de cette partie.
4. Les revenus visés
Les revenus recouvrent " toutes les sommes produites par un investissement ", telles que bénéfices, plus-values de capital, dividendes, redevances ou intérêts (article 1.4).
B. DES STIPULATIONS CLASSIQUES TENDANT À ENCOURAGER ET PROTÉGER LES INVESTISSEMENTS RÉCIPROQUES
1. L'encouragement des investissements
L'encouragement des investissements, dont le principe est
posé par l'article 3, revêt deux formes :
- l'octroi d'un
traitement "juste et équitable"
pour ces
investissements conformément aux principes du droit international
(article 4.1), ce qui couvre notamment le traitement juste et équitable
de l'achat et du transport de biens liés à un investissement.
- l'application par chaque partie d'un
traitement au moins aussi favorable
aux investisseurs de l'autre partie que celui accordé à ses
propres investisseurs, ou l'octroi de la clause de la nation la plus
favorisée,
si celle-ci se révèle plus avantageuse
(article 5).
Ce régime d'encouragement ne s'étend pas cependant aux avantages
consentis dans le cadre d'accords particuliers à l'image d'une zone de
libre-échange, d'une union douanière, d'un marché commun
ou d'une autre forme d'organisation économique régionale.
Par ailleurs, il convient également de souligner que le principe d'un
traitement aussi favorable pour les investissements nationaux que pour les
investissements de l'autre partie, ne s'applique pas dans le domaine fiscal.
Compte tenu de l'importance des allégements fiscaux accordés
à certains investisseurs nationaux, ces derniers
bénéficient ainsi d'un net avantage.
Enfin, il est précisé (article 4.2) que dans le cadre de leur
législation interne, les parties contractantes examineront "avec
bienveillance" les demandes d'entrée et d'autorisation de séjour,
de travail et de circulation introduites par des nationaux au titre d'un
investissement.
2. La protection des investissements : trois principes traditionnels
Les
investisseurs de l'autre partie doivent d'abord bénéficier, en
cas de dépossession pour cause d'utilité publique
(nationalisations, expropriations...), d'une
"indemnité prompte et
adéquate ",
dont le montant est évalué par rapport
à une situation économique antérieure à toute
menace de dépossession (article 6.1).
En second lieu, en cas de dommages et pertes provoqués par des
circonstances exceptionnelles telles qu'un conflit armé, une
révolution, l'état d'urgence, les investisseurs étrangers
ont droit à un
traitement aussi favorable que celui des investisseurs
nationaux
ou de la nation la plus favorisée (article 6.2).
Le principe de la liberté des transferts,
essentiel pour les
investisseurs, se trouve garanti à l'article 7 de l'accord. Il
s'applique sans réserve notamment aux revenus et aux produits de la
cession ou de la liquidation de l'investissement (y compris les plus-values).
Son application apparaît, en revanche, plus restreinte pour les
transferts des revenus des ressortissants de l'une des parties travaillant sur
le territoire de l'autre partie puisque ceux-ci ne sont garantis que dans la
limite d'une "quotité appropriée de leur
rémunération".
C. UN MODE TRADITIONNEL DE RÈGLEMENT DES CONFLITS
L'accord prévoit deux dispositifs différents de règlement des conflits.
1. Différends entre l'une des parties et un investisseur de l'autre Etat
Pour le
règlement des différends, l'accord du 28 avril 1998
(article 10) prévoit qu'à défaut de règlement
amiable dans les six mois, le différend est soumis à la demande
de l'investisseur :
- soit aux tribunaux compétents de la partie contractante dans laquelle
l'investissement a été réalisé,
- soit à l'arbitrage international du Centre international pour le
règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
L'article 8 stipule que lorsque l'une des parties effectue au profit de l'un de
ses investisseurs un versement en vertu de la garantie donnée pour un
investissement sur le territoire de l'autre partie, elle se trouve
"subrogée dans les droits et actions" de celui-ci.
2. Différends relatifs à l'interprétation et à l'application du présent accord
A défaut de règlement amiable par la voie diplomatique dans un délai de six mois, ces différends sont soumis à un tribunal d'arbitrage ad hoc dont les décisions sont définitives et exécutoires de plein droit (article 11).
o
o o
Quant
aux dispositions finales de l'accord, elles prévoient que les
règles plus favorables issues de la législation interne ou
d'accords bilatéraux prévaudront sur celles de l'accord (article
9).
L'accord est conclu pour une durée initiale de dix ans et sera reconduit
tacitement après ce terme, sauf dénonciation par l'une des
parties avec préavis d'un an. Enfin, il prévoit de prolonger
pendant quinze ans la protection des investissements effectués pendant
la période de validité de l'accord (article 12).
CONCLUSION
La
dimension modeste du marché hondurien n'enlève en rien à
l'intérêt de l'accord d'encouragement et de protection
réciproques des investissements conclu entre la France et le Honduras.
En effet, les entreprises françaises, aujourd'hui peu présentes
au Honduras, pourraient à l'avenir renforcer leurs positions, tout
particulièrement dans le cadre de projets financés par les
bailleurs de fonds internationaux liés à l'aide au
développement et au programme de reconstruction du Honduras à la
suite de l'ouragan Mitch.
Pour cette raison, mais également parce que cet accord s'inscrit dans
une orientation importante de notre diplomatie -le renforcement de nos liens
avec l'Amérique latine- votre commission des affaires
étrangères, de la défense et des forces armées vous
demande d'adopter le présent projet de loi.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des Affaires étrangères, de la défense et des
forces armées, a examiné le présent rapport au cours de sa
réunion du mercredi 28 avril 1999.
A la suite de l'exposé du rapporteur, M. Xavier de Villepin,
président, a évoqué les conditions dans lesquelles se
présentait le sommet Union européenne-Amérique latine du
mois de juin prochain. Il a notamment signalé les difficultés
liées aux discussions relatives à l'accès du marché
européen pour les produits agricoles latino-américains. Il a
interrogé le rapporteur sur la récente évolution du
contentieux de la banane, opposant l'Union européenne aux Etats-Unis,
ainsi qu'aux pays latino-américains.
M. Christian de La Malène s'est interrogé sur les risques de
résurgence des conflits internes dans les pays d'Amérique
centrale.
A la suite de ces interventions, M. Hubert Durand-Chastel, rapporteur, a
précisé que la récente décision de l'organisation
mondiale du commerce (OMC) relative au contentieux de la banane avait
renforcé les demandes américaines et contraindrait l'Union
européenne à ouvrir son marché ; en revanche, l'OMC
avait très nettement réduit l'évaluation du
préjudice subi par les producteurs américains par rapport aux
estimations que ceux-ci avaient avancées .
La commission a alors approuvé le projet de loi qui lui était
soumis.
PROJET DE LOI
(Texte
présenté par le Gouvernement)
Article unique
Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Honduras sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements, signé à Tegucigalpa le 28 avril 1998, et dont le texte est annexé à la présente loi. 1( * )
ANNEXE -
ETUDE D'IMPACT
-
Etat de droit et situation de fait existants et leurs insuffisances
:
sans objet
- Bénéfices escomptés en terme
:
* d'emploi
: impossible à quantifier ;
* d'intérêt général
:
enrichissement de nos relations diplomatiques ; cet accord encouragera nos
investisseurs à venir s'implanter dans ce pays, dans la mesure où
ils bénéficieront de garanties juridiques appropriées
(liberté de transfert, protection contre les expropriations et droit
inconditionnel à l'arbitrage international) ;
* financière
: l'accord permettra au Gouvernement
d'accorder la garantie de la Coface pour les investisseurs français,
conformément à la loi de finances rectificative pour 1971 ;
l'accord ouvre par ailleurs la possibilité à la Coface d'exercer
un recours subrogatoire contre l'Etat d'accueil en cas d'indemnisation.
* de simplification des formalités administratives
:
aucune ;
* de complexité de l'ordonnancement juridique
: sans
objet.
1 Voir texte annexé au document Sénat n° 212 (1998-1999).