B. APPROUVER LES ORIENTATIONS DU PROJET DE LOI

Le projet soumis au Sénat n'est pas définitif, mais comporte des améliorations qu'il paraît souhaitable de consacrer dans l'attente d'une véritable réforme.

Nombre de dispositions devraient en effet permettre un renforcement important des droits des personnes mises en cause dans les procédures pénales. La possibilité pour l'avocat de s'entretenir avec son client au début d'une garde à vue est une évolution importante, qui mérite d'être approuvée. Certes, toutes les demandes ne pourront sans doute pas être satisfaites, certes l'avocat ne pourra pas plus qu'aujourd'hui prendre connaissance du dossier, mais la présence de l'avocat modifie l'atmosphère d'une garde à vue, comme l'a déjà montré la réforme de 1993 qui a permis sa venue à l'issue de la vingtième heure.

Le renforcement des droits des parties au cours de l'instruction est également une évolution importante, le droit pour les parties de demander des actes étant renforcé, de même que leurs possibilités d'intervention au cours des interrogatoires, auditions et confrontations.

Le droit pour les avocats des parties et le procureur de poser directement, au cours des audiences , des questions aux personnes appelées à la barre, sans passer par l'intermédiaire du président, est une mesure heureuse. Il est toutefois possible d'espérer que, d'ores et déjà, les présidents des tribunaux ou cours ne se comportent pas comme ce président Bourriche, dont la manière d'interroger le Crainquebille d'Anatole France, accusé à tort d'avoir crié " mort aux vaches ! " à un agent de la force publique, était pour le moins sujette à caution :

" Cet interrogatoire aurait apporté plus de lumière si l'accusé avait répondu aux questions qui lui étaient posées. Mais Crainquebille n'avait pas l'habitude de la discussion, et dans une telle compagnie, le respect et l'effroi lui fermaient la bouche. Aussi gardait-il le silence et le président faisait lui-même les réponses ; elles étaient accablantes. "

Les dispositions adoptées par l'Assemblée nationale en ce qui concerne le délai d'audiencement des affaires lorsque l'instruction est achevée sont particulièrement bienvenues et pourraient contribuer à mettre fin à des situations inacceptables.

Votre commission constate également avec satisfaction que certaines des propositions formulées par sa mission d'information sur la présomption d'innocence et le secret de l'instruction ont été reprises dans ce projet de loi. Il en est ainsi de deux mesures particulièrement importantes que sont l'élargissement du statut de témoin assisté et l'ouverture de fenêtres de communication au cours de l'instruction.

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