Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME II - Fascicule 2 - Affaires européennes et article 35 : évaluation de la participation française au budget des communautés européennes
BADRE (Denis), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME II - Fascicule 2 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 425 Ko )Table des matières
- PREMIERE PARTIE
-
LE PROJET DU BUDGET
DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES POUR 2000 -
CHAPITRE PREMIER
UN NOUVEL ACCORD INTERINSTITUTIONNEL CONTESTATBLE -
CHAPITRE II
LA PROBLÉMATIQUE PROGRAMMATION DE L'ÉLARGISSEMENT -
CHAPITRE III
LES RECETTES DU PROJET DE BUDGET POUR 2000 -
CHAPITRE IV
LES CRÉDITS DU PROJET DE BUDGET POUR 2000 - DEUXIEME PARTIE
-
LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LE BUDGET
DES COMMUNAUTES EUROPEENNES -
CHAPITRE PREMIER
L'ÉVOLUTION DU PRÉLÈVEMENT SUR RECETTES -
CHAPITRE DEUX
LES VERSEMENTS DU BUDGET DES COMMUNAUTÉS
EUROPÉENNES AU BÉNÉFICE DE LA FRANCE - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME II
Fascicule 2
AFFAIRES EUROPÉENNES ET ARTICLE 35 : ÉVALUATION DE LA
PARTICIPATION FRANÇAISE AU BUDGET DES COMMUNAUTÉS
EUROPÉENNES
Rapporteur spécial
: M. Denis BADRÉ
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PREMIERE PARTIE
LE PROJET DU BUDGET
DES COMMUNAUTÉS
EUROPÉENNES POUR 2000
Le
projet de budget des Communautés européennes tel qu'il a
été adopté le 16 juillet 1999 par le Conseil voit les
crédits communautaires s'accroître de 2,8 %. Cette
augmentation est excessive et la décrue des crédits pour
engagements qui sont réduits de 4,7 % par rapport à l'an
dernier ne conduit pas à modifier le jugement selon lequel les
dépenses du budget européen sont insuffisamment
maîtrisées.
Le Parlement européen a aggravé cette situation en votant
3,5 milliards d'euros de dépenses supplémentaires, offrant
ainsi une image désastreuse des conditions de gestion des finances
publiques européennes.
Paradoxalement, cette situation tient pour beaucoup à un
mécanisme budgétaire inventé pourtant pour
" discipliner " la gestion financière des Communautés
européennes, les perspectives financières qui constituent la
programmation pluriannuelle des finances publiques européennes.
L'an dernier, votre rapporteur appelait à garder à l'esprit ce
diagnostic décevant alors que se déroulait la négociation
des futures "perspectives financières 2000-2006 " de l'Union
européenne. Il rappelait également l'importance capitale de cette
négociation et soulignait qu'elle devrait faire l'objet d'une vigilance
sans faille.
Le Sénat n'a pas manqué à cette exigence. Ses instances
ont activement participé au débat. Quant à elle, la
commission des finances a élaboré une résolution devenue
résolution du Sénat sur les nouvelles perspectives
financières. Force est de regretter que peu des exigences alors
formulées aient été suivies d'effet.
Un peu
d'histoire
L'encadrement du budget européen par les accords interinstitutionnels
Deux
accords interinstitutionnels conclus entre le Parlement européen, le
Conseil et la Commission les 29 juin 1988 et 29 octobre 1993 sont
venus fixer des règles de "discipline financière"
supposées "encadrer" l'exercice budgétaire.
Un plafonnement des ressources propres
a été
instauré une première fois pour les années 1988 à
1992, puis pour les années 1993 à 1999.
Plafond des ressources propres
des Communautés
européennes entre 1988 et 1992
(en % du PNB de la Communauté)
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1,15 |
1,17 |
1,18 |
1,19 |
1,20 |
Plafond des ressources propres
des Communautés
européennes entre 1988 et 1992
(en % du PNB de la Communauté)
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
1,20 |
1,20 |
1,21 |
1,22 |
1,24 |
1,25 |
1,27 |
Le
plafonnement des " ressources propres " qui constituent la
quasi-totalité des ressources budgétaires de l'Union avait pour
vocation d'éviter les surenchères et les tentations d'une
autorité budgétaire sans vraie responsabilité politique.
Il est cependant significatif qu'ait été retenu le principe d'une
élévation progressive du plafond de ces ressources. Ainsi, fut
instauré un mécanisme permettant au budget européen non
seulement de profiter de la dynamique propre des économies
européennes mais encore de disposer d'une part toujours plus importante
de la richesse des Etats-membres.
Tout s'est passé comme si le " prélèvement
obligatoire européen " devait légitimement s'alourdir quelle
que soit la situation des économies et des budgets des Etats ou encore
celle des besoins de dépenses du budget européen.
L'encadrement des dépenses
a, quant à lui, trouvé
sa traduction dans une programmation année après année des
dépenses du budget par rubrique.
Six rubriques ont été définies : la politique
agricole commune (rubrique 1), les actions structurelles
(rubrique 2), les politiques internes (rubrique 3), les politiques
extérieures (rubrique 4), l'administration (rubrique 5) et les
réserves (rubriques 6). Un plafond de crédits d'engagement
est fixé pour chacune de ces rubriques et pour chaque année. Ces
plafonds constituent les limites supérieures au niveau ou en
deçà desquelles doit s'inscrire le budget européen. Ces
plafonds sont actualisés en fonction des conditions réelles de
croissance du PIB et des conditions d'exécution des crédits. Ils
peuvent être révisés dans certaines limites
détaillées dans un précédent rapport
1(
*
)
.
Les perspectives financières
(En millions d'écus 1992)
|
Europe des 12 |
Europe des 15 |
|||||
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ligne directrice agricole |
35.230 |
35.095 |
35.354 |
37.245 |
37.922 |
38.616 |
39.327 |
Actions
structurelles
|
21.277
|
21.885
|
24.477
|
26.026
|
27.588
|
29.268
|
30.245
|
Politiques internes |
3.940 |
4.084 |
4.702 |
4.914 |
5.117 |
5.331 |
5.534 |
Actions extérieures |
3.950 |
4.000 |
4.549 |
4.847 |
5.134 |
5.507 |
5.953 |
Dépenses administratives |
3.280 |
3.380 |
3.738 |
3.859 |
3.974 |
4.033 |
4.093 |
Réserves
|
1.500
|
1.500
|
1.100
|
1.100
|
1.100
|
1.100
|
1.100
|
Compensations |
|
|
1.547 |
701 |
212 |
99 |
|
Total des crédits d'engagements |
69.177 |
69.944 |
75.467 |
78.692 |
81.047 |
83.954 |
86.952 |
Total des crédits de paiements |
65.908 |
67.036 |
72.020 |
74.605 |
77.372 |
80.037 |
82.778 |
Paiements en % du PNB |
1,20 |
1,19 |
1,21 |
1,21 |
1,22 |
1,22 |
1,24 |
Le
tableau ci-dessus présente la programmation financière de 1993
à 1999 popularisée sous le nom de "Paquet Delors II".
Son analyse permettait de faire ressortir les ressorts d'un accord ouvrant la
perspective d'une progression continue des interventions communautaires dont
les moyens en écus constants devaient augmenter de 3,9 % l'an.
Cette évolution devait déboucher sur un accroissement des
dépenses communautaires rapportées au produit intérieur
brut européen, sans doute modéré en termes relatifs
(+ 0,07 point) mais pas en termes nominaux et significatif d'une
volonté d'amplifier le poids de la dépense européenne.
En outre,
la programmation d'Edimbourg devait se traduire par une
évolution différenciée des crédits des
différentes rubriques retraçant l'action communautaire
. Les
dépenses de la PAC devaient ainsi passer d'un plus de la moitié
à quelques 45 % des engagements, un mouvement inverse se produisant
pour les "dépenses non-obligatoires". Parmi celles-ci, les actions
structurelles destinées à assurer la cohésion
européenne devaient progresser, passant de 30,8 % à
34,8 % du total. Ces dernières dépenses étaient donc
privilégiées au regard des évolutions programmées,
mais aussi parce qu'au terme d'un engagement des différentes
institutions, leur programmation faisait l'objet d'un engagement d'inscrire les
crédits à la hauteur des plafonds retenus, les autres
dépenses ne bénéficiant pas d'un tel engagement.
Au total, l'encadrement du budget européen, par ailleurs susceptible
d'adaptations et de révisions, pouvait apparaître dès
l'abord moins comme porteur de disciplines que comme annonciateur de
facilités.
Il s'est traduit en outre par une déformation de l'équilibre
institutionnel de départ puisque la montée en charge des
dépenses non obligatoires sur lesquelles le Parlement européen
dispose du dernier mot s'est traduite par l'octroi d'un supplément de
pouvoir effectif consenti au Parlement au détriment des pouvoirs du
Conseil.
CHAPITRE PREMIER
UN NOUVEL ACCORD INTERINSTITUTIONNEL
CONTESTATBLE
L'an
dernier, le présent rapport insistait sur la nécessité
d'instaurer des règles plus subtiles et réalistes de
programmation en faisant valoir qu'il n'existait en effet désormais plus
qu'un seul budget en Europe échappant à de vraies disciplines
budgétaires formelles, le budget des Communautés
européennes.
En outre, la résolution du Sénat susmentionnée comportait
le rappel des grandes orientations à mettre en oeuvre à
l'occasion de la nouvelle programmation financière de l'Union
européenne.
Les résultats acquis par le Sommet de Berlin du 26 mars 1999 et les
termes du nouvel accord interinstitutionnel du 6 mai 1999 sont loin de donner
satisfaction à ces exigences.
La responsabilité de cette déception incombe très
largement à l'ombre portée sur les négociations par le
débat fondamentalement non-européen ouvert par certains pays
relatif aux contributions nettes.
I. UNE NÉGOCIATION BIAISÉE PAR UNE APPROCHE CONTRAIRE A L'ESPRIT EUROPEEN
Quatre
pays ont pris la responsabilité de centrer les négociations sur
le nouveau profilage financier de l'Union européenne sur la question des
contributions nettes, c'est à dire sur la question des soldes
enregistrés par chaque Etat membre, à l'occasion des flux
budgétaires entre les Etats et le budget européen.
Cette toile de fond, a de fait, polarisé les débats et
détourné l'attention des vrais sujets de l'Europe.
C'est d'autant plus regrettable qu'il s'agit d'un faux débat qui, selon
toutes vraisemblances, n'est malheureusement pas purgé ce qui
mérite qu'on y revienne.
A. LES DONNÉES DU DÉBAT
C'est l'existence de déséquilibres comptables entre Etats-membres qui a alimenté un débat qui s'est par ailleurs nourri des incertitudes sur l'impact de l'élargissement et des propositions financières de la Commission dans le cadre de l'Europe à 15 sur chacun des Etats-membres.
1. L'existence de déséquilibres comptables
Le tableau ci-après démontre l'existence de déséquilibres comptables, certains Etats membres versant au budget de l'Union européenne davantage qu'ils n'en perçoivent, l'inverse étant également vrai par construction.
Solde budgétaire par Etat membre en 1996 selon la Cour des comptes européenne
Etat Membre |
Recettes 96 |
Dépenses réparties 96 |
Solde 1996 |
Solde 1995 |
Solde 1994 |
ECU/hbt 1996 |
||
|
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
(Mécus) |
(Mécus) |
|
Belgique |
2.743,0 |
3,9 |
1.996,8 |
2,7 |
- 746,2 |
- 311,2 |
- 309,3 |
- 73,9 |
Danemark |
1.359,9 |
1,9 |
1.553,3 |
2,1 |
193,4 |
305,7 |
198,9 |
37,2 |
Allemagne |
20.766,9 |
29,2 |
9.872,0 |
13,6 |
- 10.894,4 |
- 13.431,0 |
- 13.637,1 |
- 134,8 |
Grèce |
1.107,1 |
1,6 |
5.039,8 |
6,9 |
3.932,7 |
3.488,9 |
3.851,9 |
378,1 |
Espagne |
4.538,9 |
6,4 |
10.511,1 |
14,4 |
5.972,2 |
7.218,1 |
3.116,6 |
152,7 |
France |
12.410,9 |
17,5 |
11.951,1 |
16,4 |
- 459,8 |
- 1.727,2 |
2.626,4 |
- 8,0 |
Irlande |
710,2 |
1,0 |
2.970,5 |
4,1 |
2.260,3 |
1.886,9 |
1.752,0 |
627,9 |
Italie |
8.935,2 |
12,6 |
7.532,9 |
10,3 |
- 1.402,3 |
- 614,1 |
- 2.540,4 |
- 24,3 |
Luxembourg |
163,2 |
0,2 |
83,9 |
0,1 |
- 79,3 |
- 44,8 |
253,7 |
- 198,3 |
Pays-Bas |
4.435,7 |
6,2 |
1.988,9 |
2,7 |
- 2.446,8 |
- 2.004,7 |
- 1.829,9 |
- 159,9 |
Autriche |
1.872,6 |
2,6 |
1.600,4 |
2,2 |
- 272,2 |
- 905,1 |
0,0 |
- 34,5 |
Portugal |
906,1 |
1,3 |
3.680,4 |
5,1 |
2.774,3 |
2.381,1 |
1.827,0 |
283,1 |
Finlande |
961,3 |
1,4 |
988,4 |
1,4 |
27,1 |
- 164,6 |
0,0 |
5,3 |
Suède |
1.957,4 |
2,8 |
1.204,9 |
1,7 |
- 752,5 |
- 937,3 |
0,0 |
- 86,5 |
Royaume-Uni |
8.227,1 |
11,6 |
5.951,1 |
8,2 |
- 2.276,0 |
- 4.720,2 |
- 1.158,8 |
- 39,2 |
non réparti |
|
|
5.867,7 |
8,1 |
|
|
|
|
Total |
71.095,5 |
100,0 |
72.793,2 |
100,0 |
|
|
|
|
Certains
Etats se trouvent ainsi en situation de contributeurs nets tandis que d'autres
sont des bénéficiaires nets.
Parmi les premiers, sur la base des données relatives à 1996, se
situent l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, l'Autriche, la Belgique, le
Royaume-Uni, la France et l'Italie.
Le second groupe de pays rassemble par ordre décroissant sur la base
d'une référence en écus par habitant, l'Irlande, la
Grèce, le Portugal, l'Espagne (les 4 Etats de la cohésion), le
Danemark et la Finlande.
L'existence et le niveau des soldes nets résultent en fait pour
l'essentiel de la répartition des dépenses du budget
communautaire qui commande naturellement les versements reçus par chaque
Etat membre. Le talbeau ci-dessous rend compte de ce phénomène.
Répartition des dépenses opérationnelles par Etat membre
Etat Membre |
FEOGA
|
% |
Actions
|
% |
Recherche |
% |
Coopé
|
% |
Autres |
% |
Totaux |
% |
Belgique |
1.152,8 |
2,9 |
327,7 |
1,3 |
159,9 |
5,4 |
20,6 |
0,5 |
335,9 |
14,0 |
1.996,9 |
2,7 |
Danemark |
1.358,4 |
3,5 |
104,6 |
0,4 |
39,3 |
1,3 |
2,6 |
0,1 |
48,3 |
2,0 |
1.553,2 |
2,1 |
Allemagne |
6.050,4 |
15,5 |
3.435,4 |
14,0 |
263,9 |
9,0 |
11,1 |
0,3 |
111,1 |
4,6 |
9.871,9 |
13,6 |
Grèce |
2.801,7 |
7,2 |
2.122,9 |
8,6 |
45,8 |
1,6 |
1,7 |
0,0 |
67,8 |
2,8 |
5.039,9 |
6,9 |
Espagne |
4.054,6 |
10,4 |
6.234,1 |
25,3 |
117,1 |
4,0 |
18,1 |
0,5 |
87,1 |
3,6 |
10511,0 |
14,4 |
France |
9.572,1 |
24,5 |
1.938,8 |
7,9 |
285,5 |
9,7 |
12,8 |
0,3 |
141,9 |
5,9 |
11.951,1 |
16,4 |
Irlande |
1.700,1 |
4,4 |
1.206,4 |
4,9 |
30,3 |
1,0 |
1,2 |
0,0 |
32,5 |
1,4 |
2.970,5 |
4,1 |
Italie |
4.231,1 |
10,8 |
3.016,4 |
12,3 |
161,6 |
5,5 |
24,9 |
0,7 |
99,0 |
4,1 |
7.533,0 |
10,3 |
Luxembourg |
20,0 |
0,1 |
14,6 |
0,1 |
15,5 |
0,5 |
2,6 |
0,1 |
31,1 |
1,3 |
83,8 |
0,1 |
Pays-Bas |
1.536,2 |
3,9 |
268,7 |
1,1 |
109,9 |
3,7 |
4,6 |
0,1 |
69,5 |
2,9 |
1.988,9 |
2,7 |
Autriche |
1.214,2 |
3,1 |
235,9 |
1,0 |
18,6 |
0,6 |
1,9 |
0,1 |
129,8 |
5,4 |
1.600,4 |
2,2 |
Portugal |
646,0 |
1,7 |
2961,5 |
12,0 |
16,6 |
0,6 |
5,1 |
0,0 |
51,2 |
2,1 |
3.680,4 |
5,1 |
Finlande |
649,3 |
1,7 |
135,2 |
0,5 |
18,9 |
0,6 |
0,5 |
0,0 |
184,6 |
7,7 |
988,5 |
1,4 |
Suède |
624,1 |
1,6 |
94,6 |
0,4 |
25,0 |
0,9 |
1,6 |
1,2 |
459,6 |
19,1 |
1.204,9 |
1,7 |
Royaume-Uni |
3.470,1 |
8,9 |
1.961,1 |
8,0 |
343,4 |
11,7 |
45,4 |
1,2 |
131,1 |
5,5 |
5.951,1 |
8,2 |
Divers |
0,0 |
0,0 |
550,5 |
2,3 |
1.287,8 |
43,8 |
3.598,4 |
95,9 |
425,0 |
17,7 |
5.867,7 |
8,1 |
Total |
39.081,1 |
100,0 |
24.614,4 |
100,0 |
2.939,1 |
100,0 |
3.753,10 |
100,0 |
2.405,5 |
100,0 |
72.793,2 |
100 |
% |
53,7 |
|
33,8 |
|
4,0 |
|
5,2 |
|
3,3 |
|
100 |
|
Alors
que la part contributive des Etats membres est " grosso modo "
parallèle à leur part dans le PIB européen, la part des
versements reçus par quelques uns d'entre eux est nettement
décalée par rapport à cette dernière donnée
et se trouve donc sans proportion avec l'écot versé.
C'est le cas, en négatif, pour l'ensemble des contributeurs nets, et, en
positif, pour l'ensemble des bénéficiaires nets.
Les soldes comptables sont donc principalement le résultat de
l'orientation donnée aux dépenses communautaires.
C'est par exemple le niveau élevé des dépenses agricoles
versées en France qui détermine les " retours "
français.
Part de la France dans les postes de dépenses du FEOGA-Garantie en 1997
(en Mécus)
FEOGA-Garantie |
Ensemble |
France |
% en 1997 |
Rappel % 1996 |
Cultures
arables
|
17.414,0
|
5.235,7
|
30,1
|
31,6
|
Total secteur végétal |
26.363,6 |
6.557,5 |
24,9 |
25,6 |
Lait et
produits laitiers
|
3.101,2
|
849,6
|
27,4
|
23,1
|
Total secteur animal |
11.791,9 |
2.303,2 |
19,5 |
23,5 |
Dépenses annexes
|
198,3
|
33,3
|
16,8
|
44,2
|
Total général du FEOGA-Garantie |
|
|
|
|
Si
l'importance de l'agriculture française était du niveau de celle
de l'Allemagne, la France ne bénéficierait plus des 16,4 %
de dépenses réparties qu'elle reçoit mais de seulement
11,6 % du total de ces dépenses. Son solde net se creuserait
passant par exemple d'un déficit de 459,8 millions d'écus
à un déficit de 3.981 millions d'écus en 1996.
La situation des gros contributeurs nets provient de ce qu'ils
bénéficient de " retours "moyens au regard des
principales rubriques du budget communautaire même si ces retours peuvent
être importants comme le montre l'exemple de l'Allemagne, deuxième
bénéficiaire des actions structurelles.
2. Les incertitudes de l'élargissement sur les principaux déséquilibres comptables
La
Commission s'est livrée à un exercice d'évaluation des
effets de l'élargissement.
Elle a constaté que les futurs adhérents seraient d'importants
bénéficiaires nets si bien que la situation budgétaire
des 15 subirait une détérioration à due proportion, de
l'ordre de 0,15 % de leur PIB d'ici 2006.
Cette estimation est illustrée par les tableaux ci-dessous qui
récapitulent le bilan de l'élargissement selon la Commission.
Tableau des dépenses liées à l'adhésion
(en % du PIB)
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
En % du PIB élargi |
0,05 |
0,07 |
0,1 |
0,12 |
0,15 |
En % du
PIB
|
1,4 |
2,2 |
2,8 |
3,5 |
4,2 |
Tableau des recettes liées à l'adhésion
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
En % du PIB élargi |
0,04 |
0,04 |
0,04 |
0,04 |
0,04 |
En % du
PIB
|
|
|
|
|
|
Bilan budgétaire de l'adhésion
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
En % du PIB élargi |
0,01 |
0,03 |
0,06 |
0,08 |
0,11 |
En % du
PIB
|
|
|
|
|
|
Quel
crédit apporter à ce bilan ? La réponse à
cette question est pour le moins ardue puisqu'elle suppose d'évaluer
l'ensemble des hypothèses sous-jacentes.
Une hypothèque considérable réside dans le
déroulement des négociations d'adhésion qui influeront
à la fois sur son calendrier, et ainsi sur celui des effets
budgétaires de l'adhésion, mais aussi sur l'impact
budgétaire de l'élargissement (v. supra).
Sur ce dernier point, l'on relèvera que l'estimation globale de la
Commission conduisait à un résultat fort peu cohérent avec
l'intuition selon laquelle l'adhésion de nouveaux États membres
stimulera l'orientation " cohésive " et redistributive du
budget européen.
Le calibrage des effets de l'élargissement sur les dépenses du
budget européen pouvait donc être raisonnablement jugé
comme très volontariste.
L'on peut par exemple se contenter de se référer aux
hypothèses posées en matière de dépenses agricoles
qui supposaient une amodiation des règles de la PAC dans les nouveaux
Etats membres ainsi qu'au caractère normatif des enveloppes
prévues au titre des actions structurelles et, encore plus, des
politiques internes, alors que chacun connaît l'ampleur des besoins
d'infrastructures et au regard de l'environnement des nouveaux membres.
Aux incertitudes sur le volet dépenses de l'adhésion s'est
ajoutée une certaine perplexité face aux estimations des recettes
supplémentaires provoquées par l'application du système
des ressources propres dans les nouveaux Etats-membres.
Les estimations de la Commission étaient en effet fondées sur
l'hypothèse que les nouveaux Etats membres contribueraient à peu
près à hauteur de la contribution moyenne des 15 rapportée
à leur PIB respectif.
Si un tel résultat pouvait se recommander du constat d'un
parallélisme d'ensemble entre le niveau respectif de
développement de chacun des 15 et sa contribution relative au budget
communautaire, il supposait qu'on puisse élargir ce constat à des
Etats dont l'appareil fiscal et statistique est loin d'être du niveau
moyen de celui de l'Europe à 15 et dont la base de ressources propres
traditionnelles (prélèvements agricoles, droits de douane) est
assurément plus étroite que celle de la moyenne des 15.
Il y avait donc tout lieu de penser que l'impact de l'élargissement,
une fois celui-ci réalisé, sur les équilibres
budgétaires serait sensiblement plus important que celui,
déjà important, estimé par la Commission.
3. Les incertitudes sur l'impact de la programmation présentée par la Commission
Les
effets des réformes envisagées par la Commission des
différentes politiques communautaires ont également l'objet d'un
examen dont les conclusions ont manqué de précision. Il est
regrettable que la Commission se soit gardée de chiffrer ses propres
propositions
, se contentant de vagues considérations limitées
au surplus à la situation particulière des Etats
présentant des prétentions dans le cadre du dossier des
déséquilibres budgétaires.
S'agissant de la réforme de la PAC, la Commission a estimé
qu'elle ne modifierait pas sensiblement la répartition des
dépenses dans chaque Etat membre. Elle a cité cependant des
canaux purement comptables de transmission de la réforme du fait de la
substitution d'aides directes à un soutien par les prix. Elle a mis en
lumière la baisse des restitutions versées aux exportateurs vers
les pays-tiers qui se traduirait par une baisse des versements dans les Etats
où ils sont localisés sans que cette baisse les affecte
puisqu'ils bénéficieraient de la diminution des prix des produits
importés par eux à partir d'autres Etats de l'Union qui, à
l'inverse, seront, eux, bénéficiaires d'un supplément
d'aides directes. Ces illustrations purement comptables n'ont pas
contribué à clarifier le sujet.
Il était loisible d'observer que la réforme de la PAC
déboucherait sur une restructuration des versement du FEOGA entre les
différentes catégories de spéculations agricoles qui ne
serait pas sans effet compte tenu de la diversité structurelle des
agriculteurs en Europe.
Ensuite, au sein d'une même catégorie de production, la
réforme de la PAC devait s'accompagner d'une modification des formes de
soutien. Par exemple, la forte revalorisation de la prime bovin mâle et,
corrélativement, la réduction de la part revenant à la
vache allaitante devait favoriser l'Allemagne au détriment de la France,
et d'ailleurs incidemment l'élevage intensif par rapport à
l'élevage extensif.
Le tableau ci-après démontre d'ailleurs que la Commission, sans
pour autant disserter sur le sujet, estimait que la réforme de la PAC
aurait des effets de redistribution entre Etats.
Répartition des aides directes agricoles
entre les Etats membres
|
% en 1999 |
% en 2006 |
Belgique |
1,1 |
1,7 |
Danemark |
2,9 |
3,0 |
Allemagne |
15,2 |
17,4 |
Grèce |
7,9 |
6,3 |
Espagne |
14,3 |
12,3 |
France |
23,9 |
23,7 |
Irlande |
2,3 |
2,9 |
Italie |
12,6 |
12,2 |
Luxembourg |
0,1 |
0,1 |
Pays-Bas |
1,3 |
2,6 |
Autriche |
1,7 |
2,0 |
Portugal |
1,5 |
1,5 |
Finlande |
1,0 |
1,2 |
Suède |
1,9 |
2,0 |
Royaume-Uni |
12,3 |
11,0 |
La
situation de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Autriche devait être
améliorée au détriment de celle de la Grèce et de
l'Espagne dont les productions méridionales étaient
oubliées par la réforme proposée.
S'agissant des actions structurelles, l'effet de la concentration des aides
proposée par la Commission devait se traduire par un creusement des
soldes comptables. Toutefois, la logique d'intervention de la Commission qui
repose, sauf pour les actions du fonds de cohésion, sur une
dissémination régionale de ses interventions interdisait de
confirmer entièrement cette conclusion.
B. UN MAUVAIS DÉBAT
Les
exigences d'une réduction de leurs contributions posées par
l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, et la Suède se sont
exprimés sur la base de conceptions erronées qui sont une menace
pour l'ensemble de l'édifice budgétaire européen et,
à travers lui, la construction européenne.
Il est démontrable par ailleurs qu'une vigilance sans failles à
l'égard de la dépense européenne et de l'exigence d'une
meilleure équité contributive peuvent soulager beaucoup les
finances publiques de pays dont la prétention se centre sur la
fiction commode des soldes nets
.
1. Un débat qui repose sur des données comptables erronées
Les
données comptables sur lesquelles ce débat est construit sont
biaisées.
L'approche comptable comporte d'abord des biais du fait de la prise en compte
de certaines recettes pour calculer les soldes nets.
A tout le moins, les " ressources propres traditionnelles " qui sont
des ressources communautaires devraient être exclues du calcul des soldes
nets.
En 1996, ces ressources s'étaient élevées
à près de 13,6 milliards d'écus soit environ
19,1 % des ressources propres totales. Au terme d'une correction des
données avancées pour exprimer les soldes nets pour tenir compte
du caractère communautaire de ces ressources, les soldes de chacun des
Etats sont modifiés comme indiqué plus bas.
Pays |
Ecart |
Solde biaisé |
Solde corrigé |
Belgique |
1.000,6 |
-746,2 |
254,4 |
Danemark |
272,0 |
193,4 |
465,4 |
Allemagne |
-3.291,2 |
-10.894,4 |
-7.603,2 |
Grèce |
163,2 |
3.932,7 |
4.095,9 |
Espagne |
612,0 |
7.218,1 |
7.830,1 |
France |
1.4824,0 |
-459,8 |
1.022,6 |
Irlande |
217,6 |
2.260,3 |
2.477,9 |
Italie |
1.074,4 |
-1.402,3 |
-327,9 |
Luxembourg |
27,2 |
-79,3 |
-52,1 |
Pays-Bas |
1.659,2 |
-2.446,8 |
-787,6 |
Autriche |
244,8 |
-905,1 |
-660,3 |
Portugal |
149,6 |
2.381,1 |
2.530,7 |
Finlande |
136,0 |
27,1 |
163,1 |
Les
soldes ainsi corrigés font apparaître une situation très
différente de celle, fictive, sur la base de laquelle est aujourd'hui
conduit le débat.
Le montant des contributions nettes est fortement réduit, passant de
19,3 milliards d'écus à 9,8 milliards
. Certains
Etats passent ainsi d'une situation de contributeurs nets à une
situation de bénéficiaires nets, tel le Royaume-Uni.
Surtout, tous les contributeurs nets voient leur situation
améliorée.
En valeur, la contribution nette de l'Allemagne est réduite de
30 %, passant de 10,9 milliards à 7,6 milliards
d'écus, celle des Pays-Bas est diminuée de près de
68 %, passant de 2,4 milliards à 787,6 millions
d'écus.
L'écart entre l'Allemagne, le plus important contributeur net, et
l'Espagne, le plus important bénéficiaire net, passe de 18,1
à 15,4 milliards d'écus.
En bref, la reconnaissance juridiquement et économiquement
fondée du caractère communautaire des ressources propres
traditionnelles réduit considérablement la portée des
données comptables usuellement apportées au débat.
D'autres biais comptables proviennent du champ des dépenses prises en
compte.
L'on relèvera d'abord que
les données utilisées
laissent de côté quelques 9 % du budget communautaire
correspondant pour l'essentiel à des crédits d'action
extérieure et aux dépenses administratives
dont une partie
considérable revient à des intervenants appartenant à des
Etats de l'Union.
Il en va ainsi tout particulièrement des programmes PHARE et TACIS dont
chacun sait combien leur mise en oeuvre doit à des
" conseils ", cabinets ou entreprises, dont les sièges sociaux
sont localisés dans les Etats les plus développés d'entre
les 15.
Compte tenu de la présence relative des entreprises allemandes ou des
cabinets anglo-saxons ou nordiques dans ces pays, il est évident que les
dépenses versées en dehors de l'Union et donc non prises en
compte dans les calculs qui forment la base des exigences de certains de nos
partenaires leur profitent plus qu'à d'autres.
De la même manière
, le défaut de prise en compte des
dépenses administratives
interdit qu'on puisse apprécier
sérieusement les retours des certains Etats, la Belgique, le Luxembourg
notamment, à partir de données fragmentaires retenues.
L'on relèvera ensuite que la répartition des dépenses
entre Etats qui est effectuée sur la base des versements de la
Commission ne peut prendre en compte la destination finale des fonds. Compte
tenu de l'internationalisation des agents économiques européens
qui concerne tout particulièrement les entreprises des Etats les plus
développés il y a là un obstacle sérieux à
une appréciation correcte du circuit de la dépense
européenne et donc une limite considérable à la
validité comptable des soldes nets.
2. l'absence de prise en compte de la dimension économique de l'intervention budgétaire
Comptablement erronées, les données sont dénuées de toute prise en compte de la dimension économique du sujet.
a) La question du point de vue des recettes
S'agissant des recettes, l'on fait comme s'il était
légitime d'exclure du débat toute référence aux
données économiques qui, pourtant, influencent beaucoup la
variation des versements de chaque Etat.
A structure et niveau de dépenses inchangés, la
dégradation du solde d'un pays peut d'abord provenir d'un
différentiel de croissance favorable à ce pays. Ce facteur a
joué de façon importante s'agissant des Pays-Bas dans un
passé récent.
De la même manière, le poids du prélèvement
effectivement supporté par les Etats dépendait avant l'adoption
de l'euro pour onze d'entre eux et continuera de dépendre pour les Etats
ne participant pas à la troisième phase de l'Union
économique et monétaire des variations du change de leur monnaie
face à l'écu et désormais à l'euro.
Il est surtout facile de démontrer que la hiérarchie des
contributeurs est, dans l'ensemble, conforme à la hiérarchie des
capacités contributives.
Part relative de chaque Etat membre dans le financement du budget communautaire
(En %)
|
1995 (1) |
1996 (2) |
1997 (3) |
1998 (3) |
1999 (4) |
Belgique |
4,0 |
3,9 |
3,9 |
3,7 |
3,9 |
Danemark |
1,9 |
1,9 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
Allemagne |
31,4 |
29,2 |
28,2 |
27,3 |
26,4 |
Grèce |
1,5 |
1,6 |
1,5 |
1,6 |
1,5 |
Espagne |
5,4 |
6,4 |
7,1 |
6,5 |
6,9 |
France |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,0 |
17,2 |
Irlande |
1,0 |
1,0 |
0,9 |
1,0 |
1,0 |
Italie |
9,5 |
12,6 |
11,5 |
12,8 |
13,0 |
Luxembourg |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
Pays-Bas |
6,4 |
6,2 |
6,4 |
5,9 |
6,0 |
Autriche |
2,6 |
2,6 |
2,8 |
2,5 |
2,7 |
Portugal |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
Finlande |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
Suède |
2,4 |
2,8 |
3,0 |
2,8 |
2,9 |
Royaume-Uni |
13,6 |
11,6 |
11,8 |
14,0 |
13,5 |
(1)
Rapport Cour des comptes des CE
(2) Compte de gestion et bilan financier de la Commission pour 1997
(3) Budget 1998
(4) Projet de budget pour 1999
Le
tableau qui précède rappelle que
la France est le
deuxième contributeur au budget européen
(17,2 % du
total), loin derrière l'Allemagne (26,4 %), mais aussi loin devant
le Royaume-Uni (13,5 %) et l'Italie (13 %). Ces quatre Etats
financent plus de 70 % du budget communautaire. Il est intéressant
de rapprocher ces résultats de la part prise par le PIB de ces Etats
dans le PIB communautaire. Elle s'élevait en 1997 à quelque
73,5 %.
Il faut également apprécier l'évolution des contributions
des Etats membres dans le temps. L'entrée de trois nouveaux Etats
membres s'est traduite en 1995 par un allégement mécanique de la
part contributive des Etats déjà membres. On constate que la
contribution de l'Allemagne s'allège rapidement entre 1995 et 1999. La
part de sa contribution dans le total se replie de 5 points alors
qu'à l'inverse, la part contributive de notre pays est stable. La
contribution du Royaume-Uni évolue au gré des fortunes diverses
de la livre et d'écarts de croissance plus ou moins favorables. Quant
à l'Italie sa contribution a connu un ressaut du fait de la
montée en charge de la " ressource-PNB ".
En tout état de cause, les données disponibles pour 1997
démontrent que, dans l'ensemble, la hiérarchie des contributeurs
est conforme à la hiérarchie économique des Etats
appréhendée au moyen de leurs parts dans le PIB européen.
Quote-parts des Etats membres dans le financement de l'Union
européenne
et dans le PNB de l'Union européenne à
15
(en pourcentage du total, données pour 1997, y compris la correction
en faveur du Royaume-Uni)
|
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
Part du PNB de l'UE |
3,1 |
1,9 |
26,0 |
1,5 |
6,6 |
17,2 |
0,8 |
14,2 |
0,2 |
4,5 |
2,6 |
1,2 |
1,4 |
2,7 |
16,1 |
Part dans le financement du budget de l'UE |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dont ressources propres traditionnelles |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dont contributions TVA et PNB |
3,1 |
2,0 |
29,1 |
1,7 |
7,8 |
19,0 |
0,8 |
12,4 |
0,2 |
5,1 |
3,0 |
1,5 |
1,5 |
3,2 |
9,6 |
La
situation de quelques pays doit toutefois être mise en évidence.
L'Italie et, plus encore, le Royaume-Uni contribuent moins que leur
situation de richesse le justifierait
. La "correction britannique" explique
ce phénomène pour le Royaume-Uni. Pour l'Italie, la
modicité des recettes prélevées au titre des ressources
propres traditionnelles (prélèvements agricoles et droits de
douane) "justifient" une partie de l'écart tandis qu'il faut
probablement trouver dans les "particularités" de son assiette-TVA
l'explication du reste de l'écart.
En contrepartie, l'Allemagne et, à un moindre degré, les
Pays-Bas contribuent plus que leur part dans le PIB européen
. Pour
les Pays-Bas, l'essentiel de cet écart provient des recettes de droit de
douane, ce qu'on appelle "l'effet-Rotterdam". Pour l'Allemagne, cet effet ne
joue pas mais ce pays doit assumer une part importante des effets de la
réforme des contributions TVA et PNB et de la correction britannique,
même si l'Allemagne bénéficie en la matière d'un
plafonnement particulier.
b) La question du point de vue des dépenses
S'agissant des dépenses, l'on peut évoquer les
crédits non répartis. Une part importante de ces crédits
concerne, on l'a dit, les crédits de politique extérieure de
l'Union, parmi lesquels les crédits consacrés aux programmes
PHARE et TACIS.
Outre les observations mentionnées plus haut, il faut ajouter que l'aide
ainsi prodiguée se traduit par un supplément de croissance dans
les pays qui en bénéficient, supplément de croissance qui,
à son tour, engendre un courant d'importations.
Or, ces phénomènes sont susceptibles de " profiter "
très inégalement aux 15.
L'exemple du commerce extérieur est particulièrement
éclairant. La place toute particulière de l'Allemagne dans les
échanges de l'Union européenne avec les pays d'Europe centrale et
orientale doit être soulignée. Les exportations allemandes vers
ces pays représentent 41 % des exportations des 15 et, avec
35,4 milliards d'écus en 1997, plus de 5 fois les exportations
françaises ou encore plus de 19 fois les exportations espagnoles.
Elles se sont par ailleurs accrues sur un rythme très
élevé de 20 % l'an.
Exportations vers les pays d'Europe centrale et orientale
(en millions d'écus)
Pays |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Europe des 15 |
48.053 |
58.722 |
70.828 |
87.291 |
Europe des 11 |
|
51.785 |
62.121 |
76.281 |
Belgique/Luxembourg |
1.7520 |
2.122 |
2.710 |
3.422 |
Danemark |
1.038 |
1.198 |
1.438 |
1.685 |
Allemagne |
20.155 |
24.797 |
29.053 |
35.387 |
Grèce |
765 |
887 |
1.135 |
1.437 |
Espagne |
865 |
1.050 |
1.439 |
1.872 |
France |
3.349 |
4.077 |
5.265 |
6.525 |
Irlande |
165 |
314 |
407 |
486 |
Italie |
7.412 |
9.101 |
11.508 |
13.215 |
Pays-Bas |
2.647 |
3.033 |
3.199 |
4.220 |
Autriche |
4.480 |
5.484 |
6.227 |
8.200 |
Portugal |
57 |
83 |
135 |
161 |
Finlande |
1.602 |
1.725 |
2.178 |
2.792 |
Suède |
1.373 |
1.780 |
2.225 |
2.936 |
Royaume-Uni |
2.393 |
3.071 |
3.909 |
4.953 |
Ces
observations ne sont pas anodines. Les coûts budgétaires de la
préparation à l'élargissement et ceux à venir de
l'adhésion effective des nouveaux membres peuvent, objectivement,
être considérés comme un investissement dont tout laisse
à penser que les retours ont profité et profiteront certes aux
Etats concernés mais aussi, à titre principal, parmi les 15
à l'Allemagne et aux petits pays fortement exportateurs de l'Union
européenne.
Il fallait intégrer cette perspective au débat. Elle conduisait
à s'opposer très fermement aux prétentions à la
correction des soldes budgétaires.
Enfin, la construction européenne est productrice d'externalités
positives aux premiers rangs desquelles figurent la liberté du commerce
et de l'industrie, et la création d'une zone monétaire unique.
Ces externalités profitent sans doute à tous mais probablement
davantage aux pays les plus prospères les plus industrialisés et
les plus exportateurs.
3. Un débat qui joue contre l'Europe
Ce
débat est enfin en totale contradiction avec les principes mêmes
de l'intervention budgétaire européenne.
Il convient en effet de restituer les choses.
Le budget communautaire dans son volet dépenses est dépendant des
politiques communes auxquelles il apporte un soutien financier.
Le débat sur l'opportunité de ces politiques communes et sur
leur qualité est un débat légitime. Mais, apprécier
ces politiques à partir du critère de la part des retours de
chacun des Etats au titre de ces politiques n'est pas légitime.
L'introduction d'un tel critère, outre qu'il distrait l'attention du
nécessaire examen lucide de la pertinence des options
européennes, a nécessairement pour effet de ruiner les politiques
communes.
La renationalisation, incontrôlable, de la politique agricole commune un
temps évoqué aurait ainsi anéanti la signification
même de ce dernier épithète.
Produit d'un manquement au principe de solidarité financière qui
anime l'Union européenne, elle aurait également abouti à
une remise en question des politiques structurelles dont les mécanismes
essentiels consistent précisément à mobiliser cette
solidarité et qui, en outre, ne sont pas sans effet sur les conditions
même d'existence du monde agricole et rural.
Il est frappant d'observer que dans ce jeu dangereux, l'Europe avait tout
à perdre et la France, en tant que telle, rien.
La renationalisation des deux principales politiques de l'Union
européenne se traduirait pour la France par une économie de
11,1 milliards d'euros et la nécessité d'inscrire en
crédits budgétaires nationaux 11,5 milliards d'euros, perte
minime de 0,4 milliard d'euros.
Le montant des dépenses budgétaires nationales à inscrire
en France serait légèrement supérieur au montant des
dépenses que devrait supporter le budget allemand. La France
supporterait 9,6 milliards d'euros au titre de la PAC et
3,8 milliards d'euros au titre des actions structurelles, ce chiffre
étant évalué sur la base d'un cofinancement des dites
actions à 50 %, soit au total 13,4 milliards d'euros.
Quant à elle, l'Allemagne devrait financer sur une base nationale,
6 milliards d'euros au titre de la PAC et 6,8 milliards au titre des
actions structurelles, soit un total de 12,8 milliards d'euros.
Dans un tel scénario-catastrophe pour l'Europe, notre voisin
économiserait comptablement 8,7 milliards d'euros, soit 0,48 %
de son PIB. On rappelle que les exportations intra-européennes de
l'Allemagne expliquaient, en 1997, 14 % de son PIB, soit
250,3 milliards d'écus contre, par exemple, pour la France un
niveau d'exportations intra-européennes de 165,3 milliards
d'écus, soit 13,8 % de son PIB.
Le débat sur les soldes budgétaires, extrêmement
périlleux pour l'Europe, doit donc être considéré
par ailleurs comme absurde étant donné les enjeux sous-jacents.
Il ne s'agit en effet de rien moins que de la construction européenne
dont, à l'évidence, les apports ne peuvent être
réduits aux tristes données comptables mises sur la table.
La construction européenne a toujours été mise en
péril lorsque des prétentions de " justes retours "
sont venues distraire l'attention de l'essentiel, la définition d'un
mode d'intervention adapté aux objectifs essentiels de l'Union, au nom
de considérations financières étrangères au
principe de solidarité communautaire.
C'est malheureusement ce qu'a démontré la négociation qui
a précédé le lit du nouvel accord interinstitutionnel.
II. LE NOUVEL ACCORD INTERINSTITUTIONNEL
L'accord interinstitutionnel conclu le 6 mai dernier entre les différentes branches de l'Autorité budgétaire comporte des dispositions à caractère normatif et reprend les perspectives financières adoptées au Sommet de Berlin.
A. LES NOUVELLES PERSPECTIVES FINANCIÈRES
1. Les crédits
Les
perspectives financières qui sont l'une des composantes du nouvel accord
interinstitutionnel du 6 mai 1999 entre le Parlement européen, le
Conseil et la Commission déterminent le cadre dans lequel le budget
européen est appelé à évoluer pour chacune des
années 2000 à 2006.
On rappelle qu'à cet effet, les perspectives financières :
- établissent, pour chacune des années qu'elles concernent, et
pour chaque grande catégorie de dépenses regroupées en
rubriques et sous-rubriques des plafonds de dépenses en crédits
d'engagement
;
- déterminent en outre des montants globaux annuels de dépenses
en crédits pour engagements et en crédits pour paiements ;
- et fixent le plafond des " ressources propres " destinées
à financer le budget communautaire exprimé en un pourcentage du
PIB.
S'agissant des dépenses, l'une des caractéristiques majeures de
la programmation arrêtée à Berlin est de dissocier la
programmation budgétaire de l'Europe à 15 de la programmation de
l'Europe élargie.
Le tableau des perspectives financières ci-après en rend compte.
Perspectives financières pour l'Union européenne à 15
(en millions d'euros - prix 1999 - crédits pour engagements)
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
1. AGRICULTURE |
40.920 |
42.800 |
43.900 |
43.770 |
42.760 |
41.930 |
41.660 |
Dépenses PAC (à l'exclusion du développement rural) |
36.620 |
38.480 |
39.570 |
39.430 |
38.410 |
37.570 |
37.290 |
Développement rural et mesures d'accompagnement |
4.300 |
4.320 |
4.330 |
4.340 |
4.350 |
4.360 |
4.370 |
2. ACTIONS STRUCTURELLES |
32.045 |
31.455 |
30.865 |
30.285 |
29.595 |
29.595 |
29.170 |
Fonds structurels |
29.430 |
28.840 |
28.250 |
27.670 |
27.080 |
27.080 |
26.660 |
Fonds de cohésion |
2.615 |
2.615 |
2.615 |
2.615 |
2.515 |
2.515 |
2.510 |
3. POLITIQUES INTERNES (1) |
5.930 |
6.040 |
6.150 |
6.260 |
6.370 |
6.480 |
6.600 |
4. ACTIONS EXTÉRIEURES |
4.550 |
4.560 |
4.570 |
4.580 |
4.590 |
4.600 |
4.610 |
5. ADMINISTRATION (2) |
4.560 |
4.600 |
4.700 |
4.800 |
4.900 |
5.000 |
5.100 |
6. RÉSERVES |
900 |
900 |
650 |
400 |
400 |
400 |
400 |
Réserve monétaire |
500 |
500 |
250 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Réserve pour aides d'urgence |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
Réserve pour garantie de prêts |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
7. AIDE DE PRÉ-ADHÉSION |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
Agriculture |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
Instruments structurels de pré-adhésion |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
PHARE (pays candidats) |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
TOTAL DES CRÉDITS D'ENGAGEMENT |
92.025 |
93.475 |
93.955 |
93.215 |
91.735 |
91.125 |
90.660 |
TOTAL DES CREDITS POUR PAIEMENTS |
89.600 |
91.110 |
94.220 |
94.880 |
91.910 |
90.160 |
89.620 |
Crédits pour paiements (en % du PNB) |
1,13 |
1,12 |
1,13 |
1,11 |
1,05 |
1,00 |
0,97 |
Disponible pour adhésion (crédits de paiement) |
|
|
4.140 |
6.710 |
8.890 |
11.440 |
14.220 |
Agriculture |
|
|
1.600 |
2.030 |
2.450 |
2.930 |
3.400 |
Autres dépenses |
|
|
2.540 |
4.680 |
6.640 |
8.510 |
10.820 |
PLAFOND DES CRÉDITS POUR PAIEMENTS |
89.600 |
91.110 |
98.360 |
101.590 |
100.800 |
101.600 |
103.840 |
Plafond des crédits pour paiements (en % du PNB) |
1,13 % |
1,12 % |
1,18 % |
1,19 % |
1,15 % |
1,13 % |
1,13 % |
Marge pour imprévus |
0,14 % |
0,15 % |
0,09 % |
0,08 % |
0,12 % |
0,14 % |
0,14 % |
Plafond des ressources propres (en %) |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
(1)
Conformément à l'article 2 de la décision
n° 182/1999/CE du Parlement européen et du Conseil et à
l'article 2 de la décision 1999/64/Euratom du Conseil (JO L 26 du
1.2.1999, p. 1 et p. 34), le montant des dépenses disponibles au cours
de la période 2000-2002 pour la recherche s'élève à
11.510 millions d'euros à prix courants.
(2) S'agissant des dépenses de pensions, les montants pris en compte
sous le plafond de cette rubrique sont calculés nets des contributions
du personnel au régime correspondant, dans la limite de
1.100 millions d'euros aux prix de 1999 pour la période 2000-2006.
Source : Commission des Communautés européennes
Le tableau ci-dessus précise d'abord la programmation budgétaire
des 15 qui concerne désormais 7 rubriques -la rubrique 7 nouvellement
créée regroupe les moyens consacrés par les 15 à
préparer l'adhésion des candidats à l'Union- en fixant les
plafonds des crédits d'engagement pour chacune d'elles, en les
agrégeant et en déterminant, par année, un premier plafond
de crédits de paiement utilisables par les 15.
Puis, il détermine un second plafond annuel de crédits de
paiements distinct du précédent car tenant compte de l'impact de
l'élargissement.
In fine
, la programmation dégage
une marge pour
imprévus
qui est le solde du plafond des ressources propres
exprimé en pourcentage du PIB européen et du plafond des
crédits de paiement y inclus les crédits destinés à
l'élargissement.
Les nouvelles perspectives à 15 programment un total de
646,2 milliards d'euros -4.239 milliards de francs- de crédits
d'engagements et de 641,5 milliards d'euros -4.208 milliards de
francs- de crédits de paiement.
Le budget européen des 15 exprimé en crédits de paiement
pourrait dans ces conditions atteindre un niveau moyen annuel de l'ordre de
600 milliards de francs.
Les perspectives financières à 15 présentent,
en
dépenses
, la structure moyenne suivante.
Structure des perspectives financières à 15
|
|
Part
dans le total
|
Agriculture : |
42.534,3 |
46,2 |
dont : |
|
|
Dépenses de la PAC |
38.285,7 |
41,6 |
Développement rural |
4.248,6 |
4,6 |
Actions structurelles : |
30.430 |
33,1 |
dont : |
|
|
Fonds structurels |
29.001,4 |
31,5 |
Fonds de cohésion |
5.028,6 |
1,6 |
Politiques internes |
6.261,4 |
6,8 |
Actions extérieures |
4.580 |
5 |
Administration |
4.808,6 |
5,2 |
Réserves |
578,6 |
0,6 |
Aides de pré-adhésion |
3.120 |
3,1 |
TOTAL |
92.027,1 |
100 |
La nouvelle programmation n'est pas directement comparable à la programmation antérieure, puisque le contenu des différentes rubriques a évolué. Les principales modifications ont concerné un transfert de la rubrique " Actions structurelles " vers la rubrique " Agricole " des crédits destinés au développement rural et le rétrécissement du contenu de la rubrique " Actions extérieures " qui ne comporte plus les crédits alloués au programme PHARE désormais retracés dans la rubrique " Aides pré-adhésion ".
2. Les recettes
Côté " ressources propres "
, le
compromis de Berlin a d'abord maintenu inchangé le niveau du plafond des
" ressources propres " du budget européen tel que la
précédente programmation en avait fixé le niveau pour
1999, soit 1,27 % du PIB européen.
Ce taux inchangé devrait s'appliquer en cours de programmation à
une assiette élargie compte tenu des prévisions portant sur la
croissance économique et du fait de l'ouverture de l'Union
européenne à de nouveaux Etats membres. Conformément au
principe posé d'une stricte séparation entre la programmation
financière de l'Union à 15 et la programmation financière
pour l'Europe élargie, les données mentionnées plus haut
ne traduisent pas les effets de cette extension d'assiette. Cependant, le
Conseil de Berlin a été l'occasion de dresser une simulation des
perspectives financières d'une Union européenne à 21, un
cadre financier d'une Europe ainsi élargie figurant en annexe de
l'accord interinstitutionnel.
Il démontre, à crédits de paiement identiques à
ceux provisionnés dans les perspectives financières à 15
pour faire face à l'élargissement, que l'adhésion des
nouveaux membres créerait des marges de manoeuvre supplémentaires.
La marge pour imprévus, écart entre les crédits de
paiement et le plafond des ressources propres s'accroîtrait à la
suite de l'élargissement.
Ecarts
entre la marge pour imprévus dans l'Union à 15
et dans l'Union
à 21
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Moyenne |
Union à 15 |
0,09 |
0,08 |
0,12 |
0,14 |
0,14 |
0,114 |
Union à 21 |
0,13 |
0,12 |
0,16 |
0,18 |
0,18 |
0,154 |
Ecart |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
0,040 |
Le
maintien du niveau plafond des ressources du budget européen
s'accompagne d'une programmation de l'appel à contribution auprès
des Etats-membres d'abord vers la hausse, jusqu'en 2003, puis, vers la baisse.
La première ligne du tableau ci-dessus en témoigne puisque la
marge pour imprévus dont elle rend compte s'accroît au cours de la
période de programmation après 2003.
Pour le reste, le Conseil de Berlin a initié une réforme du
système des ressources propres qui devrait entrer en vigueur le
1
er
janvier 2002 après ratification par les Etats membres.
Son premier volet consiste à réduire la part de la ressource TVA
et donc à accroître celle de la contribution assise sur le
PIB
. A cet effet, le taux d'appel maximal de la ressource TVA serait
réduit progressivement entre 2002 et 2004, passant de 0,75 à
0,50 % du PIB. Cette modification vise à compléter la
précédente réforme du système des ressources
propres de 1994 en resserrant le lien entre les contributions relatives des
Etats et leur situation relative de prospérité.
Le second volet de la réforme concerne la correction accordée
au Royaume-Uni
par le Conseil européen de Fontainebleau de juin 1984.
Le mécanisme de la correction britannique
Il
consiste à calculer l'écart, exprimé en taux, entre la
part du Royaume-Uni dans les versement TVA et PNB et sa part dans le total des
dépenses réparties. L'on applique alors cette différence
au total des dépenses et l'on multiplie le résultat par
0,66 puisque l'Union ne prend en charge que les 2/3 du
déséquilibre britannique.
Cette somme vient en déduction de la contribution-TVA du Royaume-Uni.
Elle est compensée par les autres Etats-membres au prorata de leur part
dans la quatrième ressource, la contribution PNB.
L'Allemagne bénéficie d'un traitement de faveur puisque sa part
de la compensation est réduite d'1/3.
La novation par rapport au mécanisme décrit dans l'encadré
ci-dessus consiste non pas dans la suppression de la compensation britannique
qui est au contraire confirmée mais dans les aménagements
apportés à son financement. Quatre Etats - l'Autriche,
l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède - verront leur part du financement
de la compensation ramenée à 25 % de leur contribution
théorique. Les autres Etats supporteront les conséquences
financières de cette mesure.
Enfin, une modification technique accroîtra encore la part de la
contribution assise sur le PIB dans le total des ressources propres puisque le
prélèvement pour frais d'assiette et de recouvrement des
" ressources propres traditionnelles " qui est retenu par les Etats
sera augmentée en passant à 25 %.
B. LES DISPOSITIONS À CARACTÈRE NORMATIF
L'accord interinstitutionnel du 6 mai dernier comporte une série de dispositions qu'il faut mentionner pour leur caractère novateur ou pour l'éclairage qu'elles apportent sur le sens de la programmation financière.
1. Un renforcement des prérogatives du Parlement
Un volet
important des accords interinstitutionnels consiste à consolider les
relations entre le Parlement et le Conseil. De ce point de vue, l'accord
intervenu le 6 mai 1999 étend les procédures de
concertations à toutes les étapes de la procédure
budgétaire et à toutes les catégories de crédits.
Cet accord accroît principalement deux aspects des compétences
budgétaires du Parlement :
- Le contrôle du Parlement sur les dépenses non obligatoires
(DNO) est réaffirmé, et le champ de ces dépenses est
étendu à une partie de la rubrique I du budget qui porte sur
les crédits agricoles. Désormais, le Parlement et donc
compétent pour fixer en dernier ressort le montant d'une partie des
crédits inscrits sous la rubrique 1 du budget communautaire. Les
dépenses agricoles relevaient traditionnellement du pouvoir
budgétaire du Conseil en tant que des dépenses obligatoires. Mais
les dépenses de développement rural, dont le transfert de la
rubrique 2 du budget vers la rubrique 1 a été
entériné par l'accord interinstitutionnel, ont été
classifiées en dépenses non obligatoires. Cette solution permet
ainsi au Parlement européen de contrôler le montant des
crédits d'une partie de la politique agricole commune.
- La généralisation de la procédure de concertation
à tous les stades de la procédure et sur toutes les rubriques
budgétaires renforce l'influence du Parlement sur la conduite de la
procédure budgétaire. Des trilogues vont désormais
être réunis à chaque étape de la procédure
(APB
2(
*
)
, vote en première lecture, vote
en deuxième lecture) permettant ainsi au Parlement de faire
connaître ses revendications avant qu'il ne soit saisi officiellement du
projet de budget voté en première lecture par le Conseil.
2. Quelques déclarations d'intention
Plusieurs déclarations d'intention éclairent
le
sens donné en théorie à la programmation financière
adoptée à Berlin.
Il est d'abord rappelé que les perspectives financières visent
à assurer, sur une période de moyen terme, une évolution
ordonnée, par grandes catégories, des dépenses de l'Union
européenne, dans les limites des ressources propres.
Il est également indiqué que les institutions reconnaissent que
chacun des montants établis en valeur absolue par les perspectives
financières 2000-2006 représente un plafond annuel des
dépenses à charge du budget général des
Communautés européennes. Une exception est toutefois
prévue pour les plafonds figurant à la rubrique 7 des
perspectives financières (aide de préadhésion) qui ont un
caractère indicatif, les deux branches de l'Autorité
budgétaire pouvant décider d'un commun accord , au cours de la
procédure budgétaire, d'en modifier la répartition.
La rigueur des plafonds est renforcée, sauf pour la rubrique 2 des
perspectives financières (actions structurelles), par la
déclaration selon laquelle, par souci d'une bonne gestion
financière, les institutions veillent à laisser, dans la mesure
du possible, lors de la procédure budgétaire et de l'adoption du
budget, des marges suffisantes disponibles sous les plafonds des
différentes rubriques.
Toutefois, la procédure des taux maximaux d'augmentation des
dépenses non obligatoires est reconduite et le Parlement européen
et le Conseil s'engagent à respecter les dotations en crédits
d'engagement prévues dans les perspectives financières pour les
actions structurelles.
Celles-ci demeurent ainsi privilégiées.
3. Quelques innovations
Plusieurs innovations visent à assurer davantage de
souplesse budgétaire.
La première concerne les actions structurelles puisqu'il est
prévu qu'à l'occasion de l'exercice d'adaptation
réalisé en 2001 et en cas de retard dans l'adoption des
programmes relatifs aux actions structurelles, les deux branches de
l'Autorité budgétaire s'engagent à autoriser, sur
proposition de la Commission, le transfert sur les années
ultérieures, en augmentation des plafonds correspondants de
dépenses, des dotations correspondantes non utilisées au cours de
l'exercice 2000.
La seconde porte sur la révision des perspectives financières. Il
est en effet prévu que la révision des perspectives
financières jusqu'à 0,03 % du PNB de la Communauté
dans la marge pour imprévus est adoptée par décision
commune des deux banches de l'Autorité budgétaire statuant
conformément aux règles de vote allégées de
l'article 272, paragraphe 9, cinquième alinéa, du
traité.
La troisième souplesse résulte de l'instauration d'un instrument
de flexibilité.
L'instrument de flexibilité dont le plafond annuel s'élève
à 200 millions d'euros est destiné à permettre le
financement pour un exercice budgétaire donné, dans la limite des
montants indiqués, de dépenses précisément
identifiées qui ne pourraient être financées dans les
limites des plafonds disponibles de l'une ou de plusieurs des autres rubriques.
La part du montant annuel non utilisée peut être reportée
jusqu'à l'année n+2 . En cas de mobilisation de l'instrument sont
d'abord utilisés, le cas échéant, les montants
reportés, et ce dans l'ordre de leur ancienneté. La part du
montant annuel de l'année n qui n'est pas utilisée au cours de
l'année n+2 est annulé.
Cependant des restrictions d'utilisation sont posées :
- l'instrument de flexibilité ne devrait pas être utilisé,
en règle générale, pour les mêmes besoins au titre
de deux exercices consécutifs.
- le recours à l'instrument de flexibilité n'est proposé
par la Commission qu'après examen de toutes les possibilités de
réaffectation des crédits sous la rubrique concernée par
les besoins de dépenses supplémentaires.
D'autres innovations ont au contraire pour objet de discipliner la gestion
budgétaire.
Ainsi, les institutions veillent à éviter, dans la mesure du
possible, l'inscription au budget de lignes de dépenses
opérationnelles de montants non significatifs.
De même des dispositions financières doivent figurer dans les
actes législatifs concernant des programmes pluriannuels adoptés
selon la procédure de la codécision dans lesquelles le
législateur établit ainsi l'enveloppe financière du
programme pour l'ensemble de sa durée.
De même, l'accord rappelle la nécessité de bases
légales puisqu'en vertu du système du traité,
l'exécution des crédits inscrits au budget pour toute action
communautaire requiert l'adoption préalable d'un acte de base.
Un " acte de base " est un acte législatif de droit
dérivé qui donne un fondement juridique à l'action
communautaire et à l'exécution de la dépense
correspondante inscrite au budget. Cet acte doit revêtir la forme d'un
règlement, d'une directive ou d'une décision. Les recommandations
et les avis, ainsi que les résolutions et déclarations, ne
constituent pas des actes de base.
Toutefois, peuvent être exécutés sans acte de base et pour
autant que les actions au financement desquelles ils sont destinés
relèvent de la compétence communautaire :
- les crédits relatifs à des projets pilotes de nature
expérimentale visant à tester la faisabilité d'une action
et son utilité, les crédits d'engagement y afférents ne
peuvent être inscrits au budget que pour deux exercices
budgétaires, leur montant total ne peut dépasser 32 millions
d'euros ;
- les crédits relatifs à des actions préparatoires,
destinées à préparer des propositions en vue de l'adoption
de futures actions communautaires, les crédits d'engagement y
afférents ne peuvent être inscrits au budget que pour trois
exercices budgétaires au maximum, le montant total des lignes nouvelles
concernées ne peut dépasser un montant de 30 millions
d'euros par exercice budgétaire et le montant total des crédits
effectivement engagés au titre des actions préparatoires ne peut
excéder 75 millions d'euros ;
- les crédits relatifs aux actions de nature ponctuelle, voire
permanente, menées par la Commission en vertu de tâches qui
découlent de ses prérogatives sur le plan institutionnel autres
que son droit d'initiative législative, ainsi que des compétences
spécifiques qui lui sont attribuées directement par le
traité ;
- les crédits destinés au fonctionnement de chaque institution,
au titre de son autonomie administrative.
III. UN DISPOSITIF DÉCEVANT ET CONTESTABLE
Le dispositif consacré par l'accord interinstitutionnel a sans doute permis d'éviter quelques dérives, mais il se révèle tout à la fois décevant et contestable.
A. DES DÉRIVES ONT ÉTÉ ÉVITÉES
Les propositions initiales de la Commission relatives à la nouvelle programmation financière comportaient une nette augmentation des plafonds de crédits.
Tableau des perspectives financières proposées par la Commission
Millions d'euros - prix 1999
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Total 2000-2006 |
1. Agriculture (*) |
45.205 |
46.050 |
46.920 |
47.820 |
48.730 |
49.670 |
50.630 |
51.610 |
341.430 |
dont aide pré-adhésion |
|
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
3.640 |
2. Actions structurelles |
39.025 |
36.640 |
37.470 |
36.640 |
35.600 |
34.450 |
33.410 |
32.470 |
246.680 |
Fonds structurels |
32.731 |
32.600 |
33.430 |
32.600 |
31.560 |
30.410 |
29.370 |
28.430 |
218.400 |
Fonds de cohésion |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
3.000 |
21.000 |
Instrument structurel de pré-adhésion |
|
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
7.280 |
Adaptations passées (**) |
3.294 |
|
|
|
|
|
|
|
|
3. Politiques internes |
6.386 |
6.390 |
6.710 |
6.880 |
7.050 |
7.230 |
7.410 |
7.600 |
49.270 |
4. Actions extérieures |
6.870 |
6.870 |
7.070 |
7.250 |
7.430 |
7.610 |
7.790 |
7.900 |
51.920 |
dont aide pré-adhésion |
|
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
10.920 |
5. Administration |
4.723 |
4.730 |
4.820 |
4.910 |
5.010 |
5.100 |
5.200 |
5.300 |
35.070 |
6. Réserves |
1.192 |
850 |
850 |
600 |
350 |
350 |
350 |
350 |
3.700 |
Réserve monétaire |
500 |
500 |
500 |
250 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1.250 |
Réserve pour aides d'urgence |
346 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
1.400 |
Réserve pour garanties |
346 |
150 |
150 |
150 |
150 |
150 |
150 |
150 |
1.050 |
Plafond des crédits pour engagements |
103.401 |
101.530 |
103.840 |
104.100 |
104.170 |
104.410 |
104.790 |
105.230 |
728.070 |
Plafond des crédits pour paiements |
96.380 |
98.800 |
101.650 |
102.930 |
103.520 |
103.810 |
104.170 |
104.560 |
719.440 |
Plafond
des crédits pour paiements
|
1,23 % |
1,24 % |
1,24 % |
1,22 % |
1,20 % |
1,18 % |
1,15 % |
1,13 % |
|
Marge |
0,04 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
0,03 % |
|
Disponible pour l'adhésion |
|
|
|
0,02 % |
0,04 % |
0,06 % |
0,09 % |
0,11 % |
|
Plafond des ressources propres |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
|
(*)
Le plafond correspond à la ligne directrice agricole.
(**) Y compris le montant relatif au mécanisme financier EEE et la
proposition d'adaptation présentée par la Commission suite aux
conditions d'exécution du budget 1997.
Source : Document E1049
Par
rapport à ces propositions, la programmation adoptée à
Berlin apparaît légèrement plus modérée. Une
économie globale de 42 milliards d'euros a, en effet, été
réalisée qui a concerné principalement les crédits
d'actions structurelles.
Cette économie démontre, à elle seule, l'existence de
gisements considérables en la matière.
De la même manière, les projets de renationalisation de la
politique agricole commune ont, c'est heureux, été
écartés. Leur adoption aurait témoigné d'une grave
dérive susceptible de déboucher sur un
démantèlement des politiques communes existantes alors même
que l'approfondissement de la construction européenne entend en
promouvoir de nouvelles.
B. UNE PROGRAMMATION DÉCEVANTE ET CONTESTABLE
La
nouvelle programmation 2000-2006 qui emprunte de nombreuses
caractéristiques aux précédentes programmation engendre un
doute certain sur la capacité de l'Union européenne à se
projeter dans l'avenir. Les insuccès de la précédente
programmation qui appelaient pourtant des réexamens profonds n'ont pas
été pris en compte et sa capacité à satisfaire les
défis de demain est en cause.
Pour une part, cette situation résulte des ambiguïtés qui
s'attachent aux réformes des politiques communes qu'on présente
plus avant. Mais, l'immobilisme du nouveau cadre financier vient aussi de
l'absence de réponses apportées à des problèmes
clairement identifiés.
1. Les recettes
S'agissant du volet recettes, s'il est heureux que les mesures
entreprises permettent de renforcer encore le lien entre les contributions et
les capacités contributives de chacun, force est d'observer que le
maintien de la correction britannique est une dérogation grave au
principe d'égalité de traitement des Etats européens. Les
réformes apportées aux conditions dans lesquelles cette
compensation est prise en charge s'inspirent d'un même défaut de
conception.
Aucun progrès n'a été fait sur la voie d'une contribution
réellement européenne. Celle-ci devient cependant une
réelle urgence. Le maintien du système de contributions
nationales a, on l'a constaté, entretenu des débats qui sont de
nature à ruiner l'idée même d'un budget européen.
L'accroissement des pouvoirs institutionnels et budgétaires du Parlement
européen réclame un système de financement du budget
communautaire susceptible de le responsabiliser. Si chacun peut s'accorder pour
juger insuffisantes la maturité et la légitimité
démocratique des institutions communautaires, il n'est cependant pas
raisonnable de s'abstenir de réfléchir aux moyens capables
d'améliorer cet état de fait. Parmi eux, doit figurer la
réflexion sur une vraie recette budgétaire européenne.
2. Les dépenses
a) De faux arbitrages
S'agissant des dépenses, la nouvelle programmation n'a
réellement réduit que les moyens de la plus ancienne et la plus
achevée des politiques communes européennes : la PAC. Il est
certes heureux que les propositions visant à une renationalisation de la
politique agricole aient finalement été écartées.
Il n'empêche que l'approche strictement budgétaire qui a
prévalu à l'occasion de la préparation de la nouvelle
programmation agricole a asséché toutes les propositions qui
auraient dû déboucher sur une meilleure promotion de l'agriculture
européenne.
Pour les autres politiques, leurs moyens ont été accrus par
rapport au niveau déjà important, compte tenu de leurs
performances, atteints lors de la précédente programmation. Ce
parti pris résulte d'une ignorance des leçons du passé.
Les observations critiques qu'on régulièrement suscitées
la conception et l'application de ces politiques n'ont été que
très médiocrement relayées dans la nouvelle
programmation.
b) Une programmation qui ne tient pas compte des projets de l'Union européenne
La
transposition de la programmation budgétaire 1993-1999 sur la
période 2000-2006 pose à l'évidence la question de savoir
comment seront prises en compte les priorités de l'Union
européenne dans la période qui s'ouvre.
A ce propos, si du côté des recettes l'on peut se féliciter
compte tenu de l'exercice de dépenses qui a été
adopté du maintien du plafond des financements européens à
1,27 % du PIB communautaire, il ne faut pas taire ce qu'une telle
décision signifie. Elle revient en effet à geler le budget
européen dans sa structure passée, c'est-à-dire à
refuser de regrouper au niveau européen les crédits nationaux de
politiques qui seraient nouvellement communautarisées.
En effet, si des redéploiements pourraient permettre de dégager
des économies substantielles
3(
*
)
, leur
ampleur ne sera pas telle que des politiques significatives puissent être
transférées à l'échelon européen dans le
cadre de la contrainte de financement maintenue à Berlin.
Ce maintien, on l'a dit, peut se recommander de l'absence de traduction d'une
quelconque extension des politiques européennes dans la nouvelle
programmation budgétaire. Mais, cette lacune n'apparaît, quant
à elle, guère " recommandable ". Il est important de
réfléchir sur ce point à ce que signifient les intentions
manifestées épisodiquement d'un renforcement de l'Europe. Un
domaine doit tout particulièrement retenir l'attention : celui de
sa présence internationale. En la matière, les progrès
réalisés vers une industrie européenne de défense
sont considérables et, sur le plan de la gestion des programmes, la
création de l'Organisation conjointe de coopération en
matière d'armement (OCCAR) et un heureux présage. Ces
différentes avancées ne trouvent pas de traduction
budgétaire dans la nouvelle programmation financière. Il convient
de le regretter et de mettre à l'étude ce dossier qui est,
incidemment, de nature à optimiser la gestion des deniers publics, en
réduisant les doublons regrettables constatés dans la
quasi-totalité des programmes de défense en Europe.
La vraie nouveauté de la programmation de Berlin consiste dans la
préparation de l'élargissement. En la matière, faute de
disposer d'un calendrier précis, les principes qui semblent retenus sont
de tenir prête l'Union européenne à 15 à accueillir
les candidats qui réuniraient les conditions dès 2002.
La question se pose alors de savoir si la programmation de Berlin répond
à cette intention. Compte tenu de son importance, elle fait l'objet dans
ce rapport du chapitre suivant.
CHAPITRE II
LA PROBLÉMATIQUE PROGRAMMATION
DE L'ÉLARGISSEMENT
La
programmation financière adoptée à Berlin prétend
préparer l'élargissement de l'Union européenne à de
nouveaux membres.
Pourtant le dispositif qui a été adopté n'apparaît
pas solide face aux enjeux budgétaires de l'élargissement.
I. LA PRÉPARATION DE L'ÉLARGISSEMENT
La programmation 2000-2006 présente un cadre budgétaire destiné à permettre l'élargissement de l'Union européenne sous la contrainte d'un maintien du plafond des ressources propres.
A. UNE CONTRAINTE DE FINANCEMENT
La
décision adoptée à Berlin a consisté à
programmer le budget des 15 de sorte que l'élargissement sont
envisageable dans le cadre d'un maintien du plafond des " ressources
propres " à 1,27 % du PIB des 15 Etats déjà
membres.
Il faut saluer sans réserve le choix d'affirmer ce dernier
principe.
Il faut aussi expliciter ses conséquences sur les arbitrages rendus en
matière de progression des crédits de l'Union européenne
à 15.
Il s'est agi de programmer un volume de crédits de paiement
correspondant au budget de l'Europe des 15 susceptible de dégager des
marges disponibles pour l'élargissement.
Crédits de paiement de l'Union européenne à 15
(en millions d'euros)
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Total des crédits pour paiements |
89.600 |
91.110 |
94.220 |
94.880 |
91.910 |
90.160 |
89.620 |
Crédits pour paiements (en % du PNB) |
1,3 |
1,12 |
1,13 |
1,11 |
1,05 |
1,00 |
0,97 |
Puis les crédits de paiement disponibles pour l'adhésion ont été programmés de sorte que, cumulés avec les précédents, soient laissées des marges pour imprévus sous le plafond des ressources propres.
Crédits de paiement disponibles pour l'adhésion et total des crédits de paiement
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Disponible pour adhésion |
|
|
4.140 |
6.710 |
8.890 |
11.440 |
14.220 |
Agriculture |
|
|
1.600 |
2.030 |
2.450 |
2.930 |
3.400 |
Autres dépenses |
|
|
2.540 |
4.680 |
6.640 |
8.510 |
10.820 |
PLAFOND DES CRÉDITS POUR PAIEMENTS |
89.600 |
91.110 |
98.360 |
101.590 |
100.800 |
101.600 |
103.840 |
Plafond des crédits pour paiements (en % du PNB) |
1,13 % |
1,12 % |
1,18 % |
1,19 % |
1,15 % |
1,13 % |
1,13 % |
Marge pour imprévus |
0,14 % |
0,15 % |
0,09 % |
0,08 % |
0,12 % |
0,14 % |
0,14 % |
Plafond des ressources propres (en %) |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
Les
choix opérés pour la programmation 2000-2006 impliquent donc une
croissance des crédits de l'Union européenne à 15 plus
lente que la croissance du PIB sous-jacente.
Un certain fléchissement du poids de l'intervention communautaire dans
le PIB des Etats-membres en résulterait. Les crédits de paiement
de l'Europe à 15 passeraient de 1,13 à 0,97 % du PIB entre
2000 et 2006. Mais, au total, ce fléchissement serait beaucoup plus
modeste si l'on tient compte des crédits provisionnés pour faire
face à l'élargissement. Les crédits de paiement en 2006
absorberaient alors 1,13 % du PIB comme en début de période
et passeraient par un sommet en 2003 où ils atteindraient 1,19 % du
PIB.
Il va de soi que cette démonstration de la capacité de la
programmation financière adoptée pour l'Europe à 15
à permettre de faire face aux besoins des 15 et à ceux
engendrés par l'élargissement appelle un examen attentif de ses
présupposés.
B. LES CRÉDITS CONSACRÉS A L'ÉLARGISSEMENT
Dans la nouvelle programmation, les crédits consacrés à l'élargissement relèvent de plusieurs catégories : l'aide à la pré-adhésion, les crédits disponibles pour l'élargissement, à quoi il faut ajouter les ressources mobilisables pour faire face à des dépenses imprévues.
Répartition des dépenses d'élargissement
(en millions d'euros)
Rubrique 7 (instruments de préadhésion) |
|||||||
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Instruments de préadhésion |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
PHARE |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
Instrument agricole |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
Instrument structurel |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
Montants disponibles pour les adhésions (crédits de paiement) |
|||||||
|
|
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Crédits de paiement |
|
|
4.140 |
6.170 |
8.890 |
11.440 |
14.220 |
Agriculture |
|
|
1.600 |
2.030 |
2.450 |
2.930 |
3.400 |
Autres dépenses |
|
|
2.540 |
4.680 |
6.440 |
8.510 |
10.820 |
Rubrique 8 (élargissement) (crédits d'engagement) |
|||||||
|
|
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Rubrique 8 (élargissement) |
|
|
6.450 |
9.030 |
11.610 |
14.200 |
16.780 |
Agriculture |
|
|
1.600 |
2.030 |
2.450 |
2.930 |
3.400 |
Actions structurelles |
|
|
3.750 |
5.830 |
7.920 |
10.000 |
12.080 |
Politiques internes |
|
|
730 |
760 |
790 |
820 |
850 |
Administration |
|
|
370 |
410 |
450 |
450 |
450 |
Source : Commission des communautés
européennes.
L'aide de pré-adhésion
a été
considérablement réformée à l'occasion du Conseil
de Berlin. Elle cumule en effet les moyens du programme PHARE, qui a d'ailleurs
été lui-même réagencé en mars 1998
après les critiques formulées par la Cour des comptes
européenne, et ceux dont sont dotés les deux nouveaux programmes
ISPA et SAPARD.
La nouvelle programmation débouche sur une augmentation sensible
(+ 1.486 millions d'euros) des moyens destinés à la
préparation de l'adhésion.
Le montant annuel des crédits est stable sur la période
(3.120 millions d'euros). Mais, compte tenu des perspectives concernant
l'élargissement, cette stabilité masque un accroissement en cours
de période des moyens effectifs consacrés aux pays restant
à l'extérieur de l'Union européenne.
Les aides pré-adhésion sont pour l'essentiel destinées
à soutenir financièrement les réformes structurelles. Les
crédits à vocation agricole sont modestes et sont d'ailleurs
voués à promouvoir des modernisations elles-mêmes
structurelles.
La programmation des crédits nécessités par
l'élargissement
est d'abord plus évolutive puisque ses
crédits passent de 4,1 à 14,2 milliards d'euros entre 2002
et 2006.
Elle se traduit par un ressaut des crédits agricoles qui, atteignant la
première année le triple des moyens consacrés à ce
domaine dans l'aide pré-adhésion, passeraient en 2006 à un
montant septulant ces derniers.
Mais elle s'inscrit surtout dans la perspective selon laquelle l'essentiel de
la charge budgétaire de l'élargissement proviendrait de
l'association des nouveaux membres aux politiques communes autres que la
politique agricole.
Le coût budgétaire de l'élargissement passerait de 0,05
à 0,16 % du PIB des 15 entre 2002 et 2006.
Enfin, les marges pour imprévus pourraient être
mobilisées pour financer l'élargissement.
Marges pour imprévus
(en millions d'euros)
2002 |
2003 |
2004 |
20058 |
2006 |
Cumul (1) |
7.475,4 |
6.806,5 |
10.483,2 |
12.598,4 |
12.876,2 |
50.239,7 |
(1)
73.558,8 millions d'euros en tenant compte des marges 2000 et 2001.
Les crédits d'engagement d'ores et déjà programmés
au titre de l'élargissement (58,1 milliards d'euros)
s'élèvent à environ 10 % des crédits
d'engagement de l'Europe à 15.
Mais, le cumul des crédits de pré-adhésion et des
ressources mobilisables dans le cadre de la marge pour imprévus qui
atteint 153,1 milliards d'euros représente lui près du quart
des crédits disponibles pour les 15.
II. UNE PRÉPARATION SUFFISANTE ?
Toutes
les prévisions portant sur l'impact budgétaire de
l'élargissement sont affectées de tant d'incertitudes que
l'exercice consistant à rechercher précisément si la
dotation budgétée en ce sens correspond aux besoins qu'il faudra
satisfaire est illusoire. Les commentaires ci-après relèvent donc
davantage d'une intuition raisonnée que d'une appréciation
scientifiquement rigoureuse.
La montée en charge des crédits de préparation à
l'adhésion dans la nouvelle programmation ainsi que la réforme du
programme PHARE intervenue en 1998 ne laissent pas d'inquiéter.
Tout se passe comme si, à mesure que les perspectives
d'élargissement approchaient, la prise de conscience d'un retard de
préparation des pays candidats à l'élargissement avait
grandi chez les 15.
Le tableau ci-dessous justifie largement cette inquiétude.
Retard
de certains pays anciennement communistes
de l'Europe
orientale
|
PIB par tête 1992 (réel) |
Taux de croissance annuel en % (méthode Barro) |
Nombre d'années de retard |
Taux de croissance annuel en % (méthode Levine Renelt) |
Nombre d'années de retard |
Bulgarie |
4.054 |
5,06 |
25 |
5,31 |
24 |
Rép. Tchèque |
6.845 |
5,66 |
15 |
4,73 |
18 |
Hongrie |
5.638 |
5,19 |
20 |
4,74 |
22 |
Pologne |
4.726 |
5,54 |
21 |
5,06 |
23 |
Roumanie |
2.565 |
5,61 |
30 |
5,85 |
29 |
Yougoslavie |
3.887 |
5,62 |
23 |
5,42 |
24 |
Source : Fischer, Sahay et Veth (1998)
Le tableau ci-après comporte quelques comparaisons entre les pays
candidats à l'élargissement et à l'Europe des 15.
Il confirme des retards de développement très accusés.
Comparaison Candidats - Union européenne
|
PIB en % de l'UE à 15 1997 |
Population en % population UE 1997 |
PIB PPA (1) en % de l'UE 15 1997 |
PIB PPA (1) /tête en % de l'UE 15 1997 |
PIB
PPA (1)/tête en % de l'UE 15
|
Pologne |
1,7 |
10,3 |
4,1 |
40 |
21,2 |
Estonie |
0,06 |
0,4 |
0,1 |
37 |
15,6 |
Slovénie |
0,2 |
0,5 |
0,4 |
68 |
9,7 |
Rép. Tchèque |
0,6 |
2,7 |
1,7 |
63 |
5,0* |
Hongrie |
0,6 |
2,7 |
1,3 |
47 |
4,4 |
Total 5 PECO |
3,2 |
16,7 |
7,6 |
48 |
|
Slovaquie |
0,2 |
7,0 |
0,7 |
47 |
17,5 |
Roumanie |
0,4 |
1,8 |
1,9 |
34 |
13,3 |
Lettonie |
0,07 |
0,2 |
0,3 |
27 |
8,0 |
Lituanie |
0,1 |
1,9 |
0,2 |
30 |
7,1** |
Bulgarie |
0,1 |
0,1 |
0,5 |
23 |
- 17,9 |
Total 10 PECO |
4,1 |
28,0 |
11,1 |
40 |
|
*
L'évolution est donnée à partir de 1994
** L'évolution est donnée à partir de 1995
Sources : calculs DP et CGP sur données Eurostat (1998)
(1) PPA : Parités de pouvoir d'achat.
Le PIB de l'ensemble des candidats représente à peu près
la moitié du PIB français. Le PIB par habitant y est nettement
plus faible qu'en moyenne dans l'Union à 15 ce qui est essentiel pour
apprécier l'incidence de l'élargissement sur la politique
structurelle et les politiques internes.
L'impact instantané de l'élargissement sur l'Union
européenne est rappelé dans le tableau ci-dessous pour quelques
grandeurs significatives et dans une perspective de comparaison avec les
élargissements précédents.
|
Augmentation de la superficie (%) |
Augmentation de la population (%) |
Augmentation du PIB PPA total (%) |
Evolution du PIB/Hab
|
Moyenne PIB/Hab Eur.6=100 |
EUR. 9/EUR. 6 |
31 |
32 |
29 |
-3 |
97 |
EUR. 12/EUR. 9 |
48 |
22 |
15 |
- 6 |
91 |
EUR. 15/EUR. 12 |
43 |
11 |
8 |
- 3 |
89 |
EUR. 26/EUR. 15 |
34 |
29 |
9 |
- 16 |
75 |
Source : Commission européenne, " Agenda
2000 "
La population de l'Union européenne serait accrue de 30 % mais la
richesse par habitant serait réduite de 16 %.
Les pays candidats se caractérisent d'abord par un important retard de
développement par rapport aux 15.
A. LA QUESTION AGRICOLE
Ces pays sont également des pays où la place relative de l'agriculture est nettement plus importante que dans l'Europe des 15 du point de vue de sa part dans le PIB mais aussi de celui de sa place dans l'emploi total.
Indicateurs macro-économiques dans les PECO en 1996
|
Démographie et superficie |
Place de l'Agriculture |
|||
|
Superficie (en millions d'ha) |
Population (en millions d'habitants) |
Superficie arable (en millions d'ha) |
Secteur agricole dans l'emploi total (en %) |
Secteur agricole dans le PIB (en %) |
Bulgarie |
11,1 |
8,3 |
4 |
24,2 |
11,1 |
Estonie |
4,5 |
1,5 |
1 |
7,0 |
6,0 |
Lettonie |
6,5 |
2,5 |
1,7 |
17,8 |
7,6 |
Lituanie |
6,5 |
3,7 |
2,3 |
22,5 |
11,8 |
R. slovaque |
4,9 |
5,4 |
1,5 |
7,0 |
5,2 |
Slovénie |
2,0 |
2,0 |
0,2 |
6,3 |
4,5 |
Roumanie |
23,8 |
22,6 |
9,3 |
37,3 |
18,7 |
République. tchèque |
7,9 |
10,3 |
3,1 |
4,3 |
3,0 |
Hongrie |
9,3 |
10,2 |
4,7 |
8,2 |
7,0 |
Pologne |
31,3 |
38,6 |
14,3 |
25,7 |
6,0 |
Total PECO-4 |
|
|
|
|
|
ou moyenne |
72,3 |
81,7 |
31,4 |
24,0 |
|
% P4/P10 |
67 % |
78 % |
75 % |
|
|
Total PECO-10 |
|
|
|
|
|
ou moyenne |
107,8 |
105,1 |
42,1 |
22,4 |
|
Total UE |
323,6 |
372,81 |
76,1 |
4,8 |
2,3 |
% PECO/UE |
33 % |
28 % |
55 % |
|
|
Les productions agricoles des PECO peuvent être appréciées compte tenu de leurs poids relatifs par rapport à celles réalisées ans l'Europe des 15.
Part de la production des PECO dans la production communautaire
|
Production PECO (1986-1989) |
Production Union européenne 1992 |
% |
Céréales |
79,1 Mt |
168,4 Mt |
47 |
Lait |
32,0 Mt |
112,5 Mt |
28 |
Viande porcine |
5,0 Mt |
14,4 Mt |
34 |
Oléagineux |
4,5 Mt |
14,0 Mt |
32 |
Sucre |
3,7 Mt |
15,8 Mt |
23 |
Viande bovine |
1,7 Mt |
8,4 Mt |
21 |
Volaille |
1,6 Mt |
6,9 Mt |
23 |
Source : OCDE
Elles atteignent un pourcentage toujours important qui l'est tout
particulièrement s'agissant des céréales. Toutefois, le
solde agro-alimentaire des pays candidats n'est positif qu'à raison de
leurs exportations de produits de basse qualité vers les pays
extérieurs à l'Union européenne.
Plusieurs simulations ont été réalisées pour
évaluer l'impact budgétaire de l'extension de la politique
agricole commune aux pays candidats.
Elles varient, selon le type d'extension imaginée et le scénario
d'élargissement privilégié, entre 2,4 et
37,6 milliards d'euros.
Le scénario de la Commission présenté dans Agenda 2000
débouchait quant à lui sur un coût de 11 milliards
d'euros dont 7 milliards d'aides directes, 2,8 d'aides de marché et
1,5 milliard au titre des mesures d'accompagnement.
Le tableau ci-après présente les résultats de
différents scénarios.
(en milliards d'euros par an)
|
|
PAC sans aides directes |
PAC avec aides directes |
PAC non réformée |
Cinq premiers PECO |
2,8 |
7 |
|
Ensemble |
3,7 |
11 |
PAC version Agenda 2000 |
Cinq premiers PECO |
1,7 |
8 |
|
Ensemble |
2,6 |
12 |
Source : Pinel (1998)
Il en ressort clairement que
le coût budgétaire de l'extension
de la PAC dépend de façon cruciale du statut des nouveaux
entrants au regard des aides directes.
Il n'est pas envisagé de leur accorder le même régime
qu'aux 15, les arguments produits en ce sens faisant valoir que les nouveaux
Etats membres ne connaîtraient pas les baisses de prix qui ont
justifié le versement des aides directes pour les 15 et que
transférer à l'Est les même primes qu'à l'Ouest
serait incompatible avec les traités l'Organisation mondiale du commerce.
Mais, les projets implicites à la programmation de Berlin paraissent
difficilement soutenables.
Ils reviendraient à octroyer quelque 8 % des dépenses de la
PAC aux cinq nouveaux adhérents, après quatre années de
transition, alors que ces Etats représenteront près de la
moitié de la population active agricole de l'Union élargie. Au
regard du niveau moyen d'aide par agriculteur, ces pays recevraient, à
l'issue de la transition, une aide 12 fois inférieure à celle des
15.
B. LES PROBLÈMES STRUCTURELS
En ce
qui concerne l'impact de l'élargissement sur les autres dépenses,
qui est de loin, le problème majeur posé par l'ouverture de
l'Union à de nouveaux Etats très en retard de
développement, la programmation de Berlin s'inspire de l'idée
d'une augmentation progressive des transferts vers les nouveaux membres afin de
tenir compte de leur capacité d'absorption.
En tout état de cause, les transferts globaux des fonds structurels et
de cohésion ne devraient pas dépasser 4 % du PIB d'un Etat
membre actuel ou futur.
Il est prévu à ce stade de consacrer près de 40 milliards
d'euros, tous crédits compris, à la dimension structurelle de
l'élargissement.
Le tableau ci-dessous récapitule quel pourrait être le niveau
relatif des actions structurelles dans une Union européenne
élargie.
Niveau
de dépenses au titre de la politique de cohésion ramené au
nombre d'habitants
et au PIB des Quinze et des PECO
Pour
les nouveaux :
|
|
|
6 premiers candidats |
3,3 |
179 |
Allemagne |
0,21 |
45 |
Autriche |
0,19 |
39 |
Belgique |
0,18 |
34 |
Espagne |
1,74 |
181 |
France |
0,22 |
43 |
Grèce |
3,67 |
284 |
Irlande |
2,82 |
346 |
Italie |
0,42 |
63 |
Pays-Bas |
0,15 |
28 |
Portugal |
3,98 |
299 |
Royaume-Uni |
0,25 |
37 |
Ensemble |
0,51 |
75 |
Tout
jugement sur la programmation envisagée dépend de l'effet de
l'élargissement sur les économies concernées par lui dont
le sens varie beaucoup selon les analyses économiques.
Mais, deux constats peuvent être déjà
effectués :
Le niveau relatif des transferts prévus est élevé et, sauf
à s'affranchir des règles posées en matière de
cofinancement, sollicitera beaucoup les financements disponibles dans les
nouveaux Etats-membres.
Les effets économiques des transferts prévus pouvant être
débattus, le constat peut toutefois être posé que la
programmation adaptée à Berlin correspond à un
scénario de rattrapage des économies de l'Europe des 15, qui
s'effectuerait sur un rythme très lent.
CHAPITRE III
LES RECETTES DU PROJET DE BUDGET POUR
2000
I. L'ARCHITECTURE DU FINANCEMENT EUROPÉEN : UN SYSTEME COMPLEXE ET OPAQUE
Répartition des ressources propres par
catégories
dans le projet de budget de la Communauté pour 1999
et 2000
(en euros)
Origine de la recette |
1999 |
Projet 2000 |
Prélèvements agricoles |
949.050.000 |
999.980.000 |
Cotisations sucre et isoglucose |
972.000.000 |
1.046.430.000 |
Droits de douane |
11.893.860.000 |
11.070.000.000 |
Ressources propres TVA |
30.374.249.501 |
32.554.614.472 |
Ressources propres fondées sur le PNB |
41.052.819.576 |
41.615.970.043 |
Excédent disponible |
- |
- |
Recettes diverses |
630.841.058 |
665.674.204 |
Total |
85.872.820.135 |
87.944.668.719 |
Source : Conseil des Communautés européennes
Le
montant total des ressources propres s'élève à environ
1,08 % du PNB communautaire prévu pour 2000.
Ce pourcentage est stable, en tout cas sur la base des prévisions
économiques associées à l'exercice budgétaire, par
rapport à celui prévu l'an dernier et inférieur au plafond
fixé par le nouvel accord interinstitutionnel qui est de 1,27 %.
L'architecture des ressources du budget européen se
caractérise par sa particulière complexité et
opacité. Ces caractéristiques privent les citoyens de l'Union
européenne de l'idée même de participer au financement de
l'Union européenne.
Hors recettes diverses, on a coutume de distinguer entre les ressources propres
traditionnelles et les autres ressources propres. Les premières sont
composées des prélèvements agricoles, des "cotisations
sucre et isoglucose" et des droits de douane, les secondes des
" contributions TVA et PNB ".
L'on met alors en évidence l'infléchissement continu des
premières au profit de l'accroissement résolu de la part relative
des secondes (voir le tableau ci-dessous).
Composition des ressources propres de l'Union
européenne
(en pourcentage du total, chiffres consolidés ; les
données pour 1999 et 2000
sont des projections)
|
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Ressources propres traditionnelles |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TVA 1 |
60,0 |
60,7 |
69,9 |
59,5 |
61,9 |
54,0 |
51,9 |
57,8 |
51,3 |
45,5 |
39,7 |
35,6 |
37 |
PNB |
10,9 |
10,6 |
0,7 |
14,1 |
14,5 |
25,7 |
27,5 |
20,9 |
29,6 |
35,7 |
43,6 |
48,1 |
47,3 |
1. Y
compris la correction en faveur du Royaume-Uni
L'effritement des ressources traditionnelles est incontestable
. Leur
niveau absolu s'est, au cours des dernières années, toujours
situé entre 12 et 14 milliards d'écus, ce qui s'est traduit
par une baisse de leur part dans le financement du budget européen.
On en connaît certaines raisons : pour les droits de douane, un
désarmement tarifaire continuel, pour les prélèvements
agricoles, le rapprochement des prix intérieurs et mondiaux et
l'autosuffisance de la Communauté.
On en devine d'autres : la volonté inégale des Etats de
recouvrer certaines de ces ressources, évoquée en ces termes par
la Commission européenne :
" Dans ces conditions, les Etats membres préfèrent
apparemment financer le budget de l'Union européenne par le biais du PNB
plutôt que d'instaurer un système plus efficace de perception
des ressources propres traditionnelles... en effet, pour des raisons
compréhensibles, ils ne sont disposés ni à renforcer le
cadre réglementaire du système douanier ni à engager les
ressources nécessaires au recouvrement des droits de
douane "
4(
*
)
.
La baisse de la part des ressources propres traditionnelles dans le financement
européen devrait s'accentuer encore l'avenir puisque les Etats seront
autorisés à prélever sur ces ressources un montant
représentatif de frais d'assiette et de recouvrement majoré par
rapport à l'existant.
Parallèlement, les " autres ressources propres "
connaissent une montée en charge continue mais inégale
. Elles
représentent 83,8 % du total en 2000, contre 70,9 % en 1988.
Mais, une inversion de tendance doit être soulignée. A partir de
1994, la part de la " ressource-TVA " se réduit et celle de la
ressource-PNB augmente.
Cette évolution asymétrique des deux " contributions "
qui n'est que suspendue cette année
5(
*
)
résulte pour l'essentiel des dispositions de la décision
94/728/CE du 31 octobre 1994 qui a amplifié les effets d'une
précédente décision de 1988. Alors, l'assiette-TVA des
Etats membres qui sert à calculer leur contribution avait
été plafonnée à 55 % de leur PIB. En 1994, cet
écrêtement fut ramené à 50 % du PIB,
immédiatement pour le Portugal, la Grèce, l'Espagne et l'Irlande,
progressivement pour les autres Etats. En outre, le taux maximal d'appel de la
ressource fut abaissé passant, là aussi progressivement, de 1,4
à 1 % en 1999.
A. LE DÉCLIN DE LA " RESSOURCE-TVA "
Ces réformes ont provoqué une baisse accusée du poids relatif de la " ressource-TVA " décrite dans le tableau ci-dessus .
Le calcul de la "contribution-TVA"
Le
calcul de la "contribution-TVA" des Etats-membres suppose d'abord la
définition d'une assiette commune dont les modalités ont
été arrêtées dans la 6
ème
directive TVA du 17 mai 1977. Il s'agit pour l'essentiel de rapporter les
recettes nettes de TVA dans chaque Etat à un taux moyen
pondéré de TVA qui résulte d'une pondération des
différents taux appliqués par chaque Etat en fonction de la
structure de l'assiette fiscale (la consommation pour l'essentiel) dans chaque
Etat. Un certain nombre de compensations sont alors effectuées pour
tenir compte des particularités nationales en matière
d'exonération de TVA. Puis, l'assiette de TVA fait l'objet d'un
écrêtement à hauteur, désormais, de 50 % des
PIB nationaux.
L'assiette se voit alors appliquer un taux d'appel.
Le taux maximal d'appel est en 1999 de 1 % -v. supra. Le taux uniforme
d'appel tient compte de la compensation britannique et le taux d'appel effectif
est le quotient entre le versement effectif et l'assiette uniforme
écrêtée.
Cette diminution de la part de la " contribution-TVA " a, dans une
certaine mesure, permis d'atténuer les inconvénients des biais
statistiques d'un système difficilement maîtrisable
-v.
encadré ci-dessus. En effet, comme la définition de
l'assiette-TVA européenne dépend de la qualité des
systèmes nationaux de perception des impôts, les Etats rigoureux
en la matière se voyaient imposer des contributions comparativement plus
importantes que celles que devaient supporter les Etats plus laxistes.
Le plafonnement de l'assiette a pour effet d'atténuer cette distorsion.
En revanche, il laisse aux Etats laxistes en la matière, le
bénéfice d'une sous-estimation de leur assiette-TVA. En
conséquence, la contribution-TVA qui représente encore plus du
tiers des moyens du budget européen reste probablement à
l'origine de transferts de charge dissimulés entre Etats, transferts
d'autant moins admissibles que le budget européen repose,
précisément, pour une grande partie sur des mécanismes de
solidarité entre Etats.
La diminution du poids de la " ressource-TVA " dans le total des
ressources du budget européen est également susceptible de
provenir des évolutions économiques constatées dans les
Etats-membres. Par approximation, on peut estimer que si le taux
d'épargne s'accroît dans les Etats-membres alors la ressource-TVA
s'accroît moins que le PIB. Il en va de même si les exportations
prennent une part croissante dans la formation du PIB.
Deux observations s'imposent donc :
- l'évolution de la " ressource-TVA " est susceptible de
différer sensiblement de celle de la croissance ;
- les disparités de structure ou de conjoncture économique entre
Etats-membres sont susceptibles d'influer sur la répartition de la
charge de financement de l'Union.
De ce point de vue, celle-ci tenait à ce que
l'écrêtement de l'assiette-TVA programmé dans la
décision de 1994 a eu pour heureux effet d'éliminer une grave
distorsion. Les Etats les moins riches, dans lesquels la part de l'assiette-TVA
dans le PIB était comparativement importante, contribuaient au titre de
la TVA relativement plus que ce qu'aurait été leur contribution
si elle avait été assise sur le PIB, référence plus
significative de la richesse nationale.
La réforme de 1994 a donc eu pour effet de rapprocher les contributions
des Etats de leurs capacités contributives.
Toutefois, ce
rapprochement n'est pas complet comme le montre le tableau ci-dessous :
Différence entre la contribution TVA
réelle
et
la contribution PNB théorique
(1)
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
- 266 |
- 71 |
708 |
20 |
98 |
159 |
8 |
- 1.236 |
7 |
42 |
93 |
79 |
- 45 |
72 |
332 |
Source : " Le financement de l'Union
européenne ". Rapport de la commission européenne - 7
octobre 1998.
Il apparaît ainsi que quatre pays " profitent " du " statu
quo " et que leurs " contribution-TVA " sont inférieures
à ce que seraient leurs contributions si elles étaient
entièrement assises sur leur PNB :
- l'Italie pour 1.236 millions d'écus ;
- la Belgique pour 266 millions d'écus ;
- le Danemark pour 71 millions d'écus ;
- et la Finlande pour 45 millions d'écus.
Le maintien du " statu quo " pénalise tout
particulièrement l'Allemagne (708 millions d'écus), le
Royaume-Uni - 332 millions d'écus) et la France (159 millions
d'écus).
B. LA PROGRESSION DE LA " RESSOURCE-PNB "
La
montée en charge de la " ressource-PNB
"
qui,
désormais, représente à peu près la moitié
du financement du budget européen est évidemment la
conséquence directe de la réforme de 1994.
Sur le plan de l'équité contributive, cette évolution
doit être saluée mais des progrès restent à faire.
La précision des données statistiques doit être parfaite
faute de quoi les transferts de charge dénoncés en matière
de "contribution-TVA" risquent de se produire de la même manière
pour les "contributions-PNB" des Etats membres.
En outre, la correction accordée au Royaume-Uni, par le Conseil
européen de Fontainebleau -v. infra- de juin 1984 étant
financée depuis 1988 au moyen d'une majoration de la "contribution-PNB"
des autres Etats-membres un facteur de grave distorsion a été
introduit qu'il convient d'éliminer.
Enfin, si les niveaux relatifs de PIB des Etats membres sont une approximation
correcte de leurs capacités contributives respectives, un raffinement
supplémentaire pourrait être introduit consistant à tenir
compte des niveaux relatifs de PIB par habitant.
Il existe en effet des écarts significatifs entre la part du PIB
européen de chaque pays et la situation de richesse relative de chaque
habitant comme le montrent les deux tableaux ci-dessous.
Part des
Etats membres dans le PNB de l'Union européenne à 15
(en pourcentage du total, données pour 1997, y compris la correction
en faveur du Royaume-Uni)
|
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
Part du PNB de l'UE |
3,1 |
1,9 |
26,0 |
1,5 |
6,6 |
17,2 |
0,8 |
14,2 |
0,2 |
4,5 |
2,6 |
1,2 |
1,4 |
2,7 |
16,1 |
Capacité contributive et prospérité
relative
Produit national brut aux prix du marché par habitant en
écus et en SPA
(jusqu'en 1990 : D et EUR-15 sans l'Allemagne de l'Est ;
à partir de 1991 : D et EUR-15 avec les nouveaux
Länder)
|
Ecus |
SPA 1 |
||||||||
|
1984 |
1990 |
1991 |
1995 |
1997 |
1984 |
1990 |
1991 |
1995 |
1997 |
B |
101,0 |
104,0 |
106,0 |
121,5 |
112,8 |
106,8 |
105,3 |
109,2 |
115,7 |
115,3 |
DK |
131,1 |
127,8 |
124,3 |
140,2 |
137,4 |
106,7 |
100,6 |
102,4 |
110,8 |
112,5 |
D |
129,9 |
127,3 |
114,6 |
130,9 |
118,6 |
119,0 |
117,8 |
107,3 |
110,4 |
109,4 |
GR |
53,5 |
44,0 |
46,6 |
49,2 |
53,3 |
62,8 |
59,3 |
62,3 |
66,5 |
69,0 |
E |
52,3 |
66,7 |
71,4 |
63,4 |
62,6 |
69,0 |
74,2 |
79,4 |
76,8 |
77,7 |
F |
115,7 |
111,4 |
110,3 |
116,4 |
109,9 |
111,7 |
109,7 |
113,0 |
106,7 |
104,3 |
IRL |
61,9 |
61,3 |
62,4 |
69,1 |
79,9 |
59,6 |
64,3 |
68,7 |
80,5 |
82,4 |
I |
92,7 |
101,1 |
105,3 |
83,2 |
92,2 |
101,9 |
101,9 |
105,5 |
103,7 |
102,6 |
L |
171,4 |
184,0 |
192,3 |
201,8 |
186,4 |
173,5 |
185,2 |
196,6 |
181,6 |
176,2 |
NL |
112,0 |
100,7 |
101,2 |
113,7 |
108,1 |
102,7 |
101,3 |
102,3 |
106,8 |
106,0 |
A |
109,3 |
109,2 |
111,8 |
127,6 |
118,8 |
106,1 |
105,8 |
108,8 |
111,1 |
112,6 |
P |
26,2 |
35,8 |
41,5 |
46,8 |
46,7 |
49,4 |
58,9 |
64,5 |
70,0 |
69,6 |
FIN |
130,1 |
139,5 |
123,3 |
105,9 |
104,9 |
99,1 |
99,9 |
91,1 |
93,6 |
96,4 |
S |
144,5 |
137,8 |
142,4 |
111,7 |
114,2 |
111,8 |
104,5 |
102,4 |
97,3 |
93,7 |
UK |
98,6 |
89,1 |
91,2 |
83,8 |
101,8 |
99,6 |
99,5 |
96,3 |
96,4 |
100,3 |
EUR-15 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
1. SPA :
Standards de pouvoir d'achats
Il apparaît ainsi que malgré une part du PIB européen leur
revenant inférieure à une moyenne théorique, plusieurs
pays connaissent un indice de prospérité supérieur
à la moyenne des habitants des quinze Etats membres (Belgique, Danemark,
Pays-Bas, Luxembourg, Autriche...) tandis que, par symétrie, ce dernier
indicateur n'est pas pour d'autres pays à la mesure de la part prise par
eux dans la formation du PIB européen.
II. LA HIERARCHIE DES CONTRIBUTEURS
Part relative de chaque Etat membre dans le financement du budget communautaire
|
1996 (1) |
1997 (1) |
1998 (2) |
1999 (3) |
2000 (4) |
Belgique |
3,9 |
3,9 |
3,8 |
3,9 |
3,8 |
Danemark |
1,9 |
2 |
2,1 |
2 |
2 |
Allemagne |
29,2 |
28,2 |
25,1 |
26,4 |
25,9 |
Grèce |
1,6 |
1,6 |
1,6 |
1,5 |
1,6 |
Espagne |
6,4 |
7,1 |
7 |
6,9 |
7,2 |
France |
17,5 |
17,5 |
16,5 |
17,2 |
17,1 |
Irlande |
1 |
0,9 |
1,2 |
1 |
1,1 |
Italie |
12,6 |
11,5 |
12,9 |
13 |
13 |
Luxembourg |
0,2 |
0,2 |
0,3 |
0,2 |
0,2 |
Pays-Bas |
6,2 |
6,4 |
6,2 |
6 |
6,1 |
Autriche |
2,6 |
2,8 |
2,5 |
2,6 |
2,6 |
Portugal |
1,3 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
Finlande |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
Suède |
2,8 |
3,1 |
2,9 |
2,9 |
2,8 |
Royaume-Uni |
11,6 |
11,9 |
15,2 |
13,4 |
13,6 |
(1)
Rapport de la Cour des comptes des communautés européennes
(2) Compte de gestion et bilan financier de la Commission pour 1998
(3) Budget initial 1999
(4) Projet de budget pour 2000
Le tableau ci-dessus indique que peu d'évolutions interviendraient l'an
prochain quant à la répartition par Etat du financement du budget
européen.
Seule la contribution allemande serait significativement allégée,
ce phénomène résultant principalement d'évolutions
économiques.
Deux observations complémentaires s'imposent.
La première conduit à faire ressortir la perspective d'une
certaine redistribution des contributions des Etats à la suite des
réformes du système des ressources propres
détaillées plus haut. Deux éléments vont modifier
la donne : la réduction de la part de la ressource-TVA qui
alourdira la facture des Etats tirant bénéfice du maintien du
système actuel (v. supra) ; la réforme des modes de prise en
charge de la correction accordée au Royaume-Uni qui alourdira la
contribution de tous les Etats à l'exception de l'Allemagne, de
l'Autriche, des Pays-Bas, de la Suède et du Royaume-Uni.
La seconde observation vise à rappeler les objections
énoncées plus haut quant à la pertinence des chiffres
mentionnés dans un tableau qui est pourtant issu d'une instance
comptable par excellence, la Cour des comptes des communautés
européennes.
*
*
*
La
question des recettes du budget européen n'a pas été
résolue à Berlin.
Le financement du budget européen continuera de reposer sur des
contributions qui apparaissent purement nationales continuant d'alimenter les
prétentions à un juste retour national en totale contradiction
avec l'esprit même de la construction européenne.
Par ailleurs, le Parlement européen qui -voir supra- exerce une
compétence renforcée en matière de dépenses et qui
menace depuis toujours le statut particulier des dépenses obligatoires
afin d'augmenter encore ses compétences décide largement par
là-même d'un prélèvement dont il n'assume pas
l'impopularité.
Le débat sur les contributions doit être centré
sur l'essentiel, c'est-à-dire sur la question de savoir quels principes
doivent gouverner le système de financement de l'Union
européenne
. Cette question est elle-même dépendante de
celle du sens à donner au budget européen, question dont la
solution conditionne à son tour la détermination des
dépenses du budget.
Deux difficultés doivent être abordées :
l'équité du financement, son caractère démocratique
et européen.
Un mode simple de résolution de ces questions est de poser en principe
que le budget européen doit être un budget au service de la
construction d'une Europe-puissance. C'est donc l'examen des dépenses du
budget qui doit retenir l'attention afin de vérifier que la
dépense publique européenne se conforme bien à ce principe.
Dans ces conditions,
le problème de l'équité du
financement
devient simple à résoudre : il s'agit de
bâtir un système où la contribution de chacun serait
conforme à l'intérêt porté par lui à la
construction d'une Europe-puissance.
La distribution actuelle du financement
du budget européen est très proche d'un tel système
à l'exception notable du sort privilégié dont
bénéficie le Royaume-Uni.
Cependant, l'idée européenne qui doit être celle d'une
Europe-puissance doit aussi être celle d'une Europe
démocratique
. Les modalités de financement du budget
européen doivent donc obéir à cette exigence. Or, tel
n'est pas le cas, le consentement à l'impôt européen
étant, pour le moins, dilué du fait des réalités
institutionnelles qui connotent le système :
- l'impopularité du prélèvement n'est pas assumée
par les décideurs effectifs, ce qui est déresponsabilisant ;
- le prélèvement n'est pas réellement débattu ;
- le financement de l'Europe reste assis sur un système de contributions
des Etats, l'idée de ressources propres ne parvenant pas à
franchir un stade autre que purement lexical.
Chacune de ces caractéristiques pose problème et doit être
débattue. Il nous faut, en particulier, poser trois questions :
- quel degré de consentement démocratique au
prélèvement européen exiger ?
- quelle organisation mettre en place pour que ce consentement soit
effectif ?
- quel arbitrage prononcer entre un système de contributions
étatiques et un système de prélèvement
européen ?
Il est important et urgent d'apporter des réponses à ces
questions.
CHAPITRE IV
LES CRÉDITS DU PROJET DE BUDGET
POUR 2000
Les crédits de paiement prévus pour 2000 s'élèvent à 87,9 milliards d'euros en progression de 2,8 % par rapport à 1998 et les crédits d'engagement à 92,4 milliards d'euros, en diminution de 4,7 %.
Evolution des crédits
(En Mécus 1999)
Rubriques des perspectives |
Budget 1999 |
APB 2000 |
Ecart APB/B99 |
Conseil budget |
Ecart Conseil/APB |
Exécution 98 CP |
|||||
financières |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
uniquement |
PAC |
40.440 |
40.440 |
40.901 |
40.901 |
1,1% |
1,1 % |
40.526 |
40.526 |
- 375 |
- 375 |
38.748 |
Marge |
4.748 |
|
837 |
|
|
|
1.212 |
|
|
|
|
Actions structurelles |
39.025 |
30.423 |
32.678 |
32.000 |
-16,3% |
5,2 % |
32.678 |
30.977 |
0 |
- 1.023 |
28.347 |
Fonds structurels |
35.902 |
27.541 |
30.019 |
29.200 |
-16,4 % |
6 % |
30.019 |
28.177 |
0 |
- 1.023 |
25.792 |
Fonds de cohésion |
3.118 |
2.877 |
2.659 |
2.800 |
-14,7 % |
- 2,7 % |
2.659 |
2.800 |
0 |
0 |
2.448 |
Mécanisme d'élargissement |
5 |
5 |
pm |
pm |
|
|
|
|
|
|
|
Marge |
0 |
|
|
|
|
|
0 |
|
|
|
|
Politiques internes |
5.862 |
5.049 |
5.937 |
5.626 |
1,3 % |
11,4 % |
5.809 |
5.410 |
- 128 |
- 216 |
4.729 |
Marge |
524 |
|
93 |
|
|
|
222 |
|
|
|
|
Actions extérieures |
4.535 |
3.146 |
4.479 |
3.356 |
- 1,2 % |
5 % |
4.611 |
3.437 |
132 |
81 |
3.104 |
Marge |
|
|
148 |
|
|
|
16 |
|
|
|
|
dont réserve Kosovo |
|
|
|
|
|
|
500 |
280 |
|
|
|
dont réserve accord pêche |
|
|
|
|
|
|
125 |
125 |
|
|
|
Dépenses administratives |
4.502 |
4.502 |
4.716 |
4.716 |
4,7 % |
4,7 % |
4.664 |
4.664 |
- 52 |
- 52 |
4.250 |
Marge |
221 |
82 |
0 |
|
|
|
|
|
|
|
|
Réserves |
1.192 |
1.192 |
906 |
906 |
- 24 % |
- 24 % |
906 |
906 |
0 |
0 |
272 |
Pré-adhésion |
1.372 |
807 |
3.167 |
2.146 |
130,8% |
184 % |
3.167 |
2.025 |
0 |
- 121 |
954 |
Pré-adhésion agricole |
|
|
529 |
529 |
|
|
529 |
529 |
0 |
0 |
|
Pré-adhésion structurelle |
|
|
1.058 |
300 |
|
|
1.058 |
245 |
0 |
- 55 |
|
PHARE |
1.372 |
807 |
1.580 |
1.317 |
15,1 % |
74,3 % |
1.580 |
1.251 |
0 |
- 66 |
|
Total |
96.929 |
85.558 |
92.784 |
89.651 |
- 4,3 % |
4,8 % |
92.361 |
87.945 |
- 428 |
- 1.705 |
80.505 |
Marge (CE)/% PNB Eur15 (CP) |
7.828 |
1,12 |
1.159 |
1,11 |
|
|
1.595 |
1,09 |
|
|
|
*
Marge disponible en CE, pour chaque rubrique, sous le plafond des perspectives
financières
L'évolution des crédits de paiement est profondément
injustifiable.
Elle impose une contrainte excessive aux budgets nationaux
qui se voient amputés par une contribution européenne en forte
augmentation à l'heure où les Etats membres sont liés par
les disciplines financières nécessaires au rétablissement
de leurs finances publiques et formalisées dans le "pacte de
stabilité et de croissance" défini dans la perspective de
l'adoption de l'euro par onze Etats membres.
Les justifications apportées à de telles progressions ne sont
pas recevables.
On fera d'abord valoir que le budget européen peut être
arbitré au premier euro.
Il ne supporte en effet pas de ces charges
qui, comme les dépenses d'intérêt ou de personnel d'un
budget national, rendent les arbitrages budgétaires, sinon illusoires du
moins délicats. Rien ou presque de tout cela pour le budget
européen, et particulièrement cette année où les
crédits de la politique agricole commune sont stables par rapport
à l'exercice précédent.
Si donc les crédits de paiement s'accroissent tant c'est que les
institutions chargées d'établir le budget européen en ont
décidé ainsi.
Il est vrai que le Conseil a quelque peu modifié l'avant-projet de
budget de la Commission. Il a dégagé des "économies" pour
1.705 millions d'euros en crédits de paiement et pour 428 millions
d'euros en crédits d'engagement.
Synthèse des "économies
dégagées
par le Conseil
par rapport à l'avant-projet de budget de la
Commission.
(en millions d'euros)
1)
Crédits d'engagement :
PAC : - 375
Actions culturelles : 0
Politiques internes : - 128
Actions extérieures : + 132
Dépenses administratives : - 52
Total : - 428
2) Crédits de paiement :
PAC : - 375
Actions structurelles : - 1.023
Politiques internes : - 216
Actions extérieures : + 81
Dépenses administratives : - 52
Pré-adhésion - 121
Total : - 1.705
Mais l'exercice d'" économies " du Conseil s'est borné
à infléchir le rythme de croissance des dépenses
proposé par la Commission, qui apparaissait totalement irréaliste
(+ 4,8 %) et en contradiction avec la programmation financière
tout juste adoptée.
On peut mesurer la modicité de l'effort d'économies du Conseil en
rappelant que ses propositions représentent 1,9 % et 0,46 %
des propositions de la Commission en matière de crédits de
paiement et d'engagement respectivement.
Cet effort d'économies peut d'autant plus être relativisé
qu'il a porté pour l'essentiel sur les crédits d'actions
structurelles. Or, dans le budget 2000 -voir infra- le niveau de ces
crédits est largement arbitraire. L'essentiel des dotations inscrites
concerne les " restes à liquider " des engagements pris sur la
base de la programmation antérieure dont l'estimation peut
aisément varier. Les autres dotations correspondent à la nouvelle
programmation et sont, à leur tour, facilement " arbitrables ".
En outre, le Parlement européen n'a pas résisté, lui,
à son penchant naturel pour la dépense, accroissant de
3,5 milliards de francs les crédits. Dans ces conditions, il faut
exiger du Conseil qu'il annule ces décisions, mais on doit redouter
qu'il ne le puisse pas entièrement.
En effet, le Parlement européen arguant de l'apparition
d'éléments nouveaux liés en particulier à la guerre
du Kosovo s'est engagé dans un conflit avec le Conseil,
réclamant, à peine sèche l'encre des nouvelles
perspectives financières, leur révision.
Dans ce conflit qui a conduit le Parlement européen à abonder les
crédits de 3,5 milliards d'euros, celui-ci agite la menace de
recourir à la procédure de l'article 272 du Traité
qui lui offre la possibilité d'appliquer aux dépenses non
obligatoires un taux d'augmentation plafonné (le taux maximal
d'augmentation ; TMA). Cette procédure tombée en
désuétude conduirait à une augmentation des crédits
de paiement de 2,6 milliards d'euros, soit un chiffre inférieur
à celui des crédits supplémentaires votés par le
Parlement européen mais cependant excessif.
Si tel devait être le cas, les crédits du budget 2000
atteindraient 90,5 milliards d'euros et s'accroîtraient de
5,7 % par rapport à 1999.
Une telle perspective fonde à elle seule une condamnation sans
réserve de la procédure budgétaire européenne.
Il faut rappeler que la position du Parlement européen conduirait
à majorer notre contribution au budget qui, fixée à
98,5 milliards de francs, en hausse de 3,7 % par rapport aux
prévisions de la loi de finances pour 1999, passerait à
102 milliards de francs et progresserait ainsi de 7,4 % par
référence à la même base.
Or, le Parlement national qui assume la responsabilité d'autoriser la
perception des impôts sur lesquels sont prélevées les
ressources nécessaires au versement de la contribution française
n'a aucunement les moyens de s'opposer à une telle augmentation.
Il est pour le moins paradoxal que le Parlement européen, qui
n'assume en rien la responsabilité politique des
prélèvements obligatoires se voit en plus doté de la
capacité, finalement mal et peu encadrée, d'accroître les
charges publiques. Cette facilité n'est pas offerte au Parlement
français alors même qu'il a une responsabilité sans
ambiguïté en matière fiscale.
Il est donc temps de réfléchir à la rationalisation du
parlementarisme européen.
Si le projet de budget 2000 est si peu satisfaisant c'est que
l'autorité budgétaire européenne s'abrite
derrière les règles renouvelées à Berlin
et,
plus généralement, par les différents engagements
résultant des programmes financiers établis dans tel ou tel
domaine (recherche, politiques d'intervention extérieure, emploi...).
On insiste en particulier sur l'engagement selon lequel les crédits
programmés au titre des actions structurelles seraient non des plafonds
qu'on pourrait diminuer au gré des exercices budgétaires, mais
bien des objectifs de dépenses.
C'est cet objectif qui avait expliqué l'explosion des crédits
d'engagement au titre des actions structurelles dans le projet de budget 1999
(+ 16,6 % ; + 5,5 milliards d'euros). C'est à la lumière de
celle-ci que doit être appréciée la décrue de ces
crédits dans le budget 2000.
Cette année, l'augmentation des crédits provient donc d'autres
rubriques du budget. Mais, ce constat ne doit pas susciter de contresens :
l'évolution prévisible des crédits d'actions structurelles
amplifiera à l'avenir le dynamisme inquiétant des crédits
consacrés aux autres interventions du budget européen que
comporte le projet de budget 2000.
I. LES DÉPENSES AGRICOLES : UN CALIBRAGE VOLONTARISTE
Les
dépenses agricoles sont contraintes par la ligne directrice agricole,
plafond de la rubrique 1, revalorisée chaque année à
partir d'un indice égal à 74 % du rythme de croissance du
PNB en valeur, c'est-à-dire tenant compte de l'évolution
prévisible des prix.
Pour 2000, le montant de la ligne directrice agricole s'élève
à 46,5 milliards d'euros, soit de l'ordre de 50 % du plafond
global des crédits d'engagement du budget européen.
Le projet de budget agricole pour 2000 tient compte des
réaménagements de nomenclature décidés au Conseil
de Berlin.
Si celui-ci a maintenu le mécanisme de la ligne directrice agricole
comme plafond des dépenses communautaires destinées à
l'agriculture, la gamme des dépenses assujetties à ce plafond a
été élargie. En font désormais partie, d'une part
les mesures vétérinaires et phytosanitaires et les mesures de
développement rural autrefois financées sur les rubriques des
politiques internes et des actions structurelles, d'une part, les
dépenses agricoles liées aux perspectives d'élargissement
qu'il s'agisse du volet agricole des dépenses de
pré-adhésion ou de la marge mobilisable au moment de
l'élargissement.
Les décisions budgétaires du Conseil s'inspirent
étroitement de ces contraintes. Le plafond des dépenses agricoles
qui s'élève à 41,7 milliards d'euros est fixé
à un niveau sensiblement inférieur à celui de la ligne
directrice agricole. A cela s'ajoute la décision d'inscrire des
crédits inférieurs au plafond global dont on rappelle qu'il se
décompose désormais en deux sous-plafonds distincts, l'un
concernant les dépenses phytosanitaires et de marché, l'autre
s'appliquant aux dépenses liées au développement rural.
Le premier d'entre eux étant fixé à 37,3 milliards
d'euros, les crédits inscrits par le Conseil qui se montent à
36,9 milliards laissent une marge de 413 millions d'euros. Quant au
second sous-plafond de 4,4 milliards d'euros, les dotations
budgétaires de 3,6 milliards lui permettent de dégager une
marge de 799 millions d'euros.
Une fois intégrés les crédits du volet agricole de l'aide
de pré-adhésion -529 millions d'euros-, le projet de budget
agricole pour 2000 laisse une marge très substantielle sous la ligne
directrice agricole qui, avec 5,5 milliards d'euros, représente
près de 12 % de cette dernière.
La politique agricole commune : exécution et projet de budget 2000
(En Meuros )
|
Exécution 1996 |
Exécution 1997 |
Exécution 1998 |
Budget 1999 |
Projet budget 2000 |
Produits végétaux |
24.933 |
26.042 |
26.544 |
26.989 |
25.646 |
Produits animaux |
12.333 |
11.670 |
9.631 |
9.706 |
9.574 |
Dépenses annexes |
- 10 |
897 |
726 |
1.128 |
1.719 |
Total mesures de marché |
37.255 |
38.610 |
36.901 |
37.823 |
36.939 |
Sous-plafond des perspectives financières |
|
|
|
|
37.352 |
Marge |
|
|
|
|
413 |
Mesures d'accompagnement |
1.852 |
2.065 |
1.847 |
2.617 |
2.627 |
Transfert FEOGA-Orientation |
- |
- |
- |
- |
960 |
Total développement rural |
1.852 |
2.065 |
1.847 |
2.617 |
3.587 |
Sous-plafond des perspectives financières |
|
|
|
|
4.386 |
Marge |
|
|
|
|
799 |
Total FEOGA-Gareantie |
39.108 |
40.675 |
38.748 |
40.440 |
40.526 |
Plafond des perspectives financières |
|
|
|
|
41.738 |
Marge |
|
|
|
|
1.212 |
Rappel LDA |
40.828 |
41.805 |
43.263 |
45.188 |
46.549 |
Mesures de préadhésion (SAPARD) |
- |
- |
- |
- |
529 |
Marge sous la LDA |
1.720 |
1.130 |
4.515 |
4.748 |
5.494 |
A périmètre constant, les crédits agricoles diminuent par rapport à 1999 sous l'effet d'une réduction des dépenses de marché qui s'élève à 884 millions d'euros (- 2,3 %). Le calibrage des crédits tient en outre compte de la réforme de la politique agricole commune décidée à Berlin.
Les
principaux éléments de la réforme de la PAC définie
en mars 1999
par le Conseil européen de Berlin
La
nouvelle réforme de la PAC comporte deux volets, une réforme des
organisations communes de marché et un volet structurel avec :
-
Une baisse des prix d'intervention dans les trois principaux secteurs
concernés (céréales : - 20 % sur deux ans
à compter de la campagne 2000/2001, viande bovine :
- 30 % sur trois ans à compter de la campagne 2000/2001 et
lait : - 15 % sur trois ans à compter de la campagne
2005/2006), compensée par une
revalorisation des aides au revenu
.
-
Un renforcement de la politique de développement rural
,
consacrée 2
ème
pilier de la PAC.
-
L'instauration de deux nouveaux mécanismes de réorientation
des aides directes versées au titre de la politique de soutien des
marchés vers des actions de développement rural :
. l'écoconditionnalité
, qui impose aux Etats membres de
prendre " les mesures environnementales qu'ils considèrent
appropriés compte tenu de la situation des surfaces agricoles
utilisées ou des productions concernées " et de sanctionner
les agriculteurs qui ne respectent pas ces exigences en réduisant ou en
supprimant les aides ;
.
la modulation des aides
, qui autorise les Etats membres à
réduire les montants des aides directes versées aux agriculteurs
en fonction de trois critères : l'emploi, la richesse de
l'exploitation, et le total d'aides reçues.
Les effets de la réforme de la PAC en 2000 ne sont toutefois que
partiels et contribuent tous à réduire les besoins. Ainsi,
l'intervention en juillet 2000 de la première vague de baisses des
prix pour les céréales et la viande bovine n'entraîne pas
de compensations de revenus au cours de l'année, l'augmentation des
aides directes compensatoires n'exigeant un financement budgétaire
qu'à partir de 2001.
De la même manière, la suppression de l'avance versée au
titre de l'aide aux oléagineux entraîne une économie non
reconductible de 1.253 millions d'euros.
A ce contexte " facilitant " s'ajoute une hypothèse favorable
posée sur une variable lourde du calibrage des crédits agricoles,
la parité euro-dollar compte tenu des effets d'une éventuelle
baisse du dollar sur les dépenses d'intervention et de restitution.
En effet, même si du fait de la réforme de la PAC de 1992, le
poids de ces dépenses a été fortement réduit au
profit des aides directes versées aux agriculteurs, elles
représentent encore un volet significatif de la dépense agricole.
Or, ce volume de dépenses est sensible à la parité du
dollar.
Pour établir le projet de budget, la parité choisie a
été de 1 $ égale 0,89 euro. Or, les prévisions
économiques dégagent un consensus où le
rééquilibrage de la croissance mondiale se traduirait par une
dépréciation du dollar plus ou moins prononcée selon le
type de ralentissement de l'économie américaine qu'on envisage.
L'ampleur de l'aléa est importante. Une dépréciation de
10 % du dollar provoque 450 millions d'euros de dépenses
supplémentaires qu'il faut financer.
Il est intéressant d'observer qu'une évolution inverse se traduit
par un montant identique d'économies dont l'affectation obéit
à des règles budgétaires qui privent les Etats membres
d'un bénéfice immédiat de cet heureux aléa. En
effet, dans l'hypothèse d'une appréciation de 10 % du dollar
par rapport aux prévisions associées au budget les
économies réalisées -450 millions d'euros- sont
conservées par le Feoga-Garantie pour 200 millions d'euros et sont
versés pour 250 millions d'euros à la réserve
monétaire pour être ensuite, le cas échéant,
comptabilisées comme recettes de l'exercice suivant.
II. LES ACTIONS STRUCTURELLES : LE POIDS D'ENGAGEMENTS DÉRAISONNABLES
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Dans le
projet de budget 2000, les crédits d'actions structurelles connaissent
en apparence une évolution modérée : les
crédits de paiement s'accroissent de 1,8 % et les crédits
d'engagement diminuent de 10,4 %.
Ces variations sont largement optiques. Elles résultent d'abord du
changement de périmètre budgétaire évoqué
ci-dessus sans lequel les crédits de paiement s'accroîtraient de
4,9 % et les crédits d'engagement ne diminueraient que de
10,4 %.
Ce dernier phénomène ne s'explique pas quant à lui par un
quelconque choix de réalisme budgétaire, mais bien par le niveau
exceptionnel et critiquable des crédits d'engagements inscrits dans le
budget 1999. On rappelle que leur augmentation avait dépassé
16 % à seule fin de solder la programmation des fonds structurels
adoptée à Edimbourg.
De fait, le niveau des crédits d'engagement pour 2000, première
année de mise en oeuvre de la nouvelle programmation des actions
structurelles, dépasse notablement avec 32,7 milliards d'euros le
niveau d'exécution des engagements de l'année 1996
-28,6 milliards d'euros- première vraie année
d'exécution de la programmation à 15.
1. Des objectifs et des instruments nombreux
Les
crédits d'actions structurelles inscrits au budget européen sont
le fruit de l'émergence d'une politique communautaire à part
entière destinée, à partir de l'Acte unique
européen, à assurer la cohésion économique et
sociale dans l'Union européenne.
Cette politique a été déclinée par strates
successives dans la précédente période de programmation.
Sept objectifs ont été énoncés : un fonds de
cohésion a été institué, des programmes
d'initiative communautaires ont été lancés.
Sept objectifs ont été énoncés, les uns
régionalisés, les autres de dimension nationale.
Les premiers recouvrent :
- l'
objectif 1
pour le développement des régions en
retard de développement soit celles dont le PIB par habitant est
inférieur à 75 % de la moyenne communautaire ;
- l'
objectif 2
pour l'ajustement des régions les plus
affectées par le déclin industriel soit celles où le taux
de chômage et le pourcentage d'emplois industriels sont supérieurs
à la moyenne communautaire.
-
l'objectif 5 b
pour l'ajustement structurel dans les
régions rurales soit celles où le niveau de développement
économique est bas, le taux d'emploi agricole élevé, le
niveau des revenus agricoles faible et (ou) qui connaissent le
dépeuplement.
-
l'objectif 6
pour l'ajustement des régions à faible
densité de population .
Les trois objectifs qui ne sont pas spécifiquement
régionalisés et s'appliquent à l'ensemble de l'Union sont :
-
l'objectif 3
pour les jeunes chômeurs et les chômeurs
de longue durée ;
-
l'objectif 4
pour l'adaptation des travailleurs aux mutations
industrielles ;
-
l'objectif 5
a pour l'ajustement dans l'agriculture et la
pêche.
S'agissant du
fonds de cohésion
créé en application
du traité sur l'Union européenne, ses interventions sont
appelées à bénéficier aux Etats membres dont le PIB
par habitant est inférieur à 90 % de la moyenne
communautaire et qui ont mis en place un programme pour satisfaire aux
conditions de convergence économique. En pratique, quatre Etats membres
en bénéficient, la Grèce (en dépit de son
échec relatif à réussir la convergence), l'Espagne, le
Portugal et l'Irlande.
Les interventions du fonds sont centrées sur des projets
intéressants l'environnement et les réseaux transeuropéens
de transport.
Enfin,
les programmes d'initiative communautaire
mettent en oeuvre une
série d'initiatives communautaires dont la liste est donnée
ci-dessous avec une indication des moyens programmés initiative par
initiative.
Initiatives communautaires (1994/1999)
|
Objet |
MioEcus |
INTEREG |
Coopération transfrontalière et réseaux d'énergie |
2.900 |
LEADER |
Développement rural |
1.400 |
RGIS |
Intégration des régions ultrapériphériques |
600 |
RECHAR |
Diversification des zones charbonnières |
400 |
ESIDER |
Reconversion des zones sidérurgiques |
500 |
RETEX |
Diversification des zones dépendant du textile |
500 |
KONVER |
Diversification des zones dépendant du secteur militaire |
500 |
ADAPT |
Adaptation de la main-d'oeuvre aux mutations industrielle |
1.400 |
PME |
Adaptation des PME |
1.000 |
URBAN |
Rénovation des zones urbaines |
600 |
Emploi et ressources humaines |
Emploi et ressources humaines |
1.400 |
PESCA |
Restructuration de la pêche |
250 |
Industrie textile portugaise |
Industrie textile portugaise |
400 |
Réserve |
Réserve |
1.600 |
TOTAL |
|
13.450 |
Enfin,
la Commission est libre de lancer
des actions pilotes ou innovatrices.
Les politiques structurelles sont réalisées au moyen de fonds
-FEDER, FSE, FEOGA...) et sont programmées par objectifs et par pays. En
matière d'initiatives communautaires le financement, qui ne peut
dépasser 9 % des crédits d'engagement dont sont dotés
les fonds, vient des fonds structurels mais les décisions appartiennent
à la Commission. Il en va de même pour les actions pilotes ou
innovantes qui ne peuvent, quant à elles, mobiliser plus de 1 % des
crédits d'engagements mais dont on doit souligner deux
particularités : la possibilité d'apporter au
bénéficiaire un taux de subventionnement de 100 % et celle
d'agir, dans certaines limites, sans bases légales.
La programmation financière 2000-2006 doit s'apprécier en
tenant compte de la réforme des modalités des actions
structurelles intervenues dans le cadre d'Agenda 2000.
Les principales caractéristiques du nouveau dispositif sont les
suivantes.
Tout d'abord, les principes fondamentaux de la réforme de 1988
sont maintenus
: la subsidiarité, le partenariat,
l'additionnalité et la concentration.
Ensuite, l'existence des cinq fonds le FEDER, le FSE, le FEOGA-orientation,
l'IFOP et le Fonds de cohésion serait elle aussi maintenue.
En revanche,
le nombre des objectifs des actions structurelles est
réduit passant des sept objectifs actuels
(4 objectifs
régionaux : les objectifs 1, 2, 5b et 6 et 3 objectifs
nationaux : les objectifs 3, 4 et 5 a) à 3 objectifs
seulement :
2 objectifs régionaux
: l'objectif 1 visant à
promouvoir le développement et l'ajustement structurel des
régions en retard de développement et l'objectif 2 visant
à soutenir la reconversion économique et sociale des zones en
difficulté structurelle ;
1 objectif national
: l'objectif 3 visant à soutenir
l'adaptation et la modernisation des politiques et systèmes
d'éducation, de formation et d'emploi.
A cette concentration thématique, est associée une
concentration des interventions qui, touchant aujourd'hui plus de
50 % de la population européenne, serait centrées
à l'avenir sur une frange de 35 à 40 % de cette
population.
Les régions concernées par les interventions au titre de
l'objectif 1
sont comme à présent, les régions dont
le PIB par habitant aura été inférieur au cours des trois
dernières années à 75 % de la moyenne communautaire
ainsi que les régions ultrapériphériques et,
nouveauté, les zones antérieurement concernées par
l'article 6 paragraphe 1. Mais, réforme essentielle, les souplesses
ménagées par la réglementation en vigueur pour
étendre le champ d'intervention au titre de l'objectif 1 disparaissent.
Cet objectif qui concernait 25 % de la population intéressera
désormais 22,2 % de la population de la Communauté. Ses
moyens s'élèvent à 69,7 % du total
(135,9 milliards d'euros), et sont en progression de 15 % en volume
par rapport à la programmation précédente.
Les zones visées par
l'objectif 2
sont celles qui sont
confrontées à des problèmes structurels de reconversion
économique et sociale et dont la population ou la superficie sont
significatives. L'objectif 2 couvrait dans la précédente
programmation 25,2 % de la population communautaire et ne devrait plus
concerner à l'avenir que 18 % de cette population. Il regroupe
11,5 % de l'ensemble des fonds structurels (22,5 milliards d'euros),
soit un recul en volume de 9,4 % par rapport à la période
précédente.
Les zones concernées par les financements de
l'objectif 3
seraient celles qui ne sont pas visées par les deux autres objectifs. Il
concentre 12,3 % de la dotation globale, en progression de 22,5 % en volume par
rapport à la programmation financière précédente.
Le resserrement de la population éligible est accompagné d'un
processus de sortie progressive pour les régions perdant le
bénéfice de l'objectif 1 ou 2, qui se traduit par le maintien du
bénéfice des fonds au titre de l'objectif considéré
jusqu'au 31 décembre 2005.
Le fonds de cohésion
est maintenu au profit des Etats dont le PIB
par habitant est inférieur à 90 % de la moyenne communautaire. Sa
dotation est reconduite en euros constants sur la future période de
programmation, avec un budget de 18 milliards d'euros pour les
années 2000 à 2006.
Au sein des fonds structurels, la Commission conserve la latitude de promouvoir
des programmes d'initiative communautaire (PIC). Les PIC, actuellement au
nombre de 13 sont désormais orientés autour de 4
thèmes : la coopération interrégionale,
(INTERREG : 4 876 millions d'euros entre 2000 et 2006), le
développement rural (LEADER : 2 020 millions d'euros), les
ressources humaines (EQUAL : 2847 millions d'euros) et les villes
(URBAN : 700 millions d'euros).
Le montant disponible pour financer les PIC est ramené de 9 à
5,35 % du total des ressources des fonds structurels.
Enfin, 1 % des dotations des fonds structurels pourrait être
mobilisé pour financer des actions innovatrices et d'assistance
technique.
Des modifications sont apportées dans la gestion des interventions
structurelles.
La Commission avait proposé un mécanisme réduisant la
portée de l'exercice de programmation où une
" réserve de performance " de 10 % aurait
été allouée à mi-parcours par ses soins. Cette
innovation susceptible d'exercer des effets pervers, les Etats se trouvant
incités à dépenser leurs enveloppes à tout prix,
n'a heureusement pas été retenue. Mais plusieurs objectifs sont
poursuivis :
- une volonté de
décentralisation
accrue qui passe en
particulier par la désignation d'une autorité unique de gestion
pour chaque intervention, par la constitution d'un comité de suivi
national et par l'instauration d'une procédure de subvention globale
gérée " in situ " par des intermédiaires
agréés pour financer des initiatives locales ;
- une volonté de
cohésion
avec une unicité de
programmation au sein d'un même document pour les objectifs 2 et 3,une
période uniforme de programmation, une association en partenariat de
tous les échelons concernés, l'affirmation du principe de
compatibilité des interventions avec les autres politiques
communautaires (politique de l'environnement, de la concurrence, de
l'emploi...) ;
- une volonté de
saine gestion financière
avec en
particulier le dégagement des crédits non utilisés au
terme d'un délai de deux années, l'utilisation des
intérêts acquis aux Etats membres à partir des avances
communautaires au profit des objectifs poursuivis dans le cadre du versement de
ces avances et la promotion d'un mécanisme d'avance au moment de
l'adoption des programmes.
Les réformes adoptées, pour ne pas être
dépourvues de tout effet, ne tiennent pas compte de la logique qui
devrait être celle de la politique structurelle européenne, ce qui
est d'autant plus regrettable que les crédits qui y sont
consacrés bénéficient d'un traitement
privilégié.
2. Des ressources importantes
Le
tableau ci-dessous rend compte de la nouvelle programmation des actions
structurelles.
Le total des moyens disponibles pour les années 2000 à 2006
a été fixé à 213 milliards d'euros
(1.397 milliards de francs). Les crédits d'actions structurelles
qui, au total, absorberaient 2,6 % du PIB européen annuel
bénéficieraient d'une enveloppe en croissance de 6,5 % par
rapport à la programmation 1994-1999.
Répartition des ressources par Etat membre et par objectif de 2000 à 2006
(en Meuros) 1999
Etat |
Obj. 1 |
Phasing
|
Obj. 2 |
Phasing
|
Obj. 3 |
IFOP |
Total
|
PIC
|
Fonds
|
Total |
Belgique |
|
625 |
368 |
65 |
737 |
34 |
1.829 |
|
|
1.829 |
Danemark |
|
|
156 |
27 |
365 |
197 |
745 |
|
|
745 |
Allemagne |
19.229 |
729 |
2.984 |
526 |
4.581 |
107 |
28.156 |
|
|
28.156 |
Grèce |
20.961 |
|
|
|
|
|
20.961 |
|
3.060 |
24.021 |
Espagne |
37.744 |
352 |
2.533 |
98 |
2.140 |
200 |
43.087 |
|
11.160 |
54.247 |
France |
3.254 |
551 |
5.437 |
613 |
4.540 |
225 |
14.620 |
|
|
14.620 |
Irlande |
1.315 |
1.773 |
|
|
|
|
3.088 |
|
720 |
3.808 |
Italie |
21.935 |
187 |
2.145 |
377 |
3.744 |
96 |
28.484 |
|
|
28.484 |
Luxembourg |
|
|
34 |
6 |
38 |
|
78 |
|
|
78 |
Pays-Bas |
|
123 |
676 |
119 |
1.686 |
31 |
2.635 |
|
|
2.635 |
Portugal |
16.124 |
2.905 |
|
|
|
|
19.029 |
|
3.060 |
22.089 |
Royaume-Uni |
5.085 |
1.166 |
3.989 |
706 |
4.568 |
121 |
15.635 |
|
|
15.635 |
Autriche |
261 |
|
578 |
102 |
528 |
4 |
1.473 |
|
|
1.473 |
Finlande |
913 |
|
459 |
30 |
403 |
31 |
1.836 |
|
|
1.836 |
Suède |
722 |
|
354 |
52 |
720 |
60 |
1.908 |
|
|
1.908 |
Non réparti |
|
|
|
|
|
|
|
11.701 |
|
11.701 |
TOTAL |
127.543 |
8.411 |
19.733 |
2.721 |
24.050 |
1.106 |
183.564 |
11.701 |
18.000 |
213.625 |
Source : Commission
La dotation française
au titre des actions structurelles pour la
période 2000-2006 s'élève à près de
96 milliards de francs, soit un peu moins que la contribution au budget
européen demandée cette année à notre pays.
Cette remarque est destinée à rappeler que la France est un
bénéficiaire théoriquement important des actions
structurelles même si elle se trouve, de ce point de vue, loin
derrière les pays de la cohésion, mais aussi l'Allemagne.
Il est notable que l'essentiel des moyens des politiques structurelles est
dévolu à l'objectif 1 (+ de 64 % du total).
L'objectif 2 suit (10,4 %), puis viennent le fonds de cohésion
(8,4 %) et les financements mobilisables dans le cadre des initiatives
communautaires (5,5 %). Les autres objectifs ne se voient affecter que
11,7 % des dotations. Les actions structurelles sont donc de plus en plus
destinées aux régions, ce qui confirme la volonté de la
Commission de mettre en oeuvre une politique européenne
d'aménagement du territoire. Dotés de moyens considérables
elles sont, en outre, particularité notable, assurées de
bénéficier des dotations programmées.
3. Des actions placées sous conditions
Les
interventions communautaires sont théoriquement soumises à
quelques grands principes qu'il faut énoncer.
On évoquera d'abord le principe de
concentration
qui vise
à réserver l'action structurelle communautaire aux régions
et populations les plus défavorisées.
Le principe de
partenariat
consiste à associer la Commission des
Etats membres et les acteurs locaux à la définition et à
l'exécution des programmes financés sur les crédits
d'actions structurelles.
Le principe de
programmation
consiste à inscrire l'action
communautaire dans un cadre temporel de moyen terme et à l'ordonner
autour d'objectifs stratégiques.
Enfin, le principe
d'additionnalité
a été
posé afin que les Etats ne se défaussent pas sur le budget
européen des moyens consacrés par eux à atteindre les
objectifs des actions structurelles. C'est la démonstration même
que les actions structurelles se sont développées en marge, voire
en contravention avec le principe de subsidiarité. Il en découle,
en particulier, une exigence de cofinancement plus ou moins contraignante selon
les catégories d'interventions structurelles.
B. APPRÉCIATIONS
1. Une programmation déraisonnable, symptôme d'un système inadapté
La trop
forte augmentation des crédits d'actions structurelles dans le projet de
budget pour 1999 était venue de deux facteurs :
L'engagement pris à Edimbourg d'inscrire la totalité des
crédits programmés, engagement au terme duquel nulle marge sous
les plafonds définis pour la rubrique 2 ne peut être
dégagée contrairement à la situation qui prévaut
pour les autres entreprises.
Pour les crédits de paiement, la nécessité
d'inscrire des moyens suffisants pour absorber les considérables
dépenses qui, engagées, restent à liquider.
Ces deux contraintes étaient l'expression même d'un
système peu satisfaisant débouchant sur des situations
dangereuses.
Le considérable ressaut (+ 16,6 %) des crédits
d'engagement pour "solder" la programmation décidée à
Edimbourg n'était que la conséquence des difficultés
rencontrées dans le passé pour respecter cette programmation.
Celle-ci avait donc, à l'évidence, été
surdimensionnée.
Quant à la situation des crédits de paiement, il faut rappeler
que, malgré un montant de 30,9 milliards d'euros et une croissance
de près de 9 % par rapport aux crédits du budget de 1998,
les crédits prévus pour 1999 représentaient moins de
70 % des "restes à liquider" tels qu'estimés pour la fin de
1999 au titre de la rubrique 2.
L'an dernier, l'on avait ainsi été conduit à exprimer
les plus grandes inquiétudes pour l'avenir puisque la "facture"
d'Edimbourg devait constituer une source autonome de progression des
crédits d'actions structurelles.
Ces inquiétudes se révèlent aujourd'hui entièrement
justifiées
. Les crédits de paiement inscrits pour 2000
-31 milliards d'euros-, ont pour vocation pour près de 63 %
d'entre eux (environ 19 milliards d'euros) non de couvrir les besoins
associés aux engagements 2000 mais de contribuer à solder les
restes à liquider considérables du précédent
programme. Ceux-ci atteignent 41,2 milliards d'euros, soit près de
48 % des engagements de la programmation d'Edimbourg.
Seuls 4 % des crédits de paiement ouverts en 2000 correspondraient
à des paiements d'engagements ouverts et exécutés en 2000,
soit 1,3 milliard d'euros.
Le solde couvrirait les besoins engendrés par l'avance de 3,5 % sur
les crédits alloués pour la future période de
programmation destinée à la mise en place des futurs programmes.
Il restera donc à apurer près de 23 milliards d'euros de
restes à liquider.
Dans ces conditions, la nouvelle programmation n'apparaît pas
réaliste.
Les
actions structurelles
Les perspectives financières de 2000 à 2006
(en Meuros 1999)
Engagements |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Fonds structurels |
29.430 |
28.840 |
28.250 |
27.670 |
27.080 |
27.080 |
26.660 |
Fonds de cohésion |
2.615 |
2.615 |
2.615 |
2.615 |
2.515 |
2.515 |
2.510 |
Total |
32.045 |
31.455 |
30.865 |
30.285 |
29.595 |
29.595 |
29.170 |
Le niveau des crédits d'engagement qu'elle comporte est excessif et une nouvelle accumulation de restes à liquider est d'ores et déjà prévisibles qui débouche sur le triste constat d'un budget européen " vivant à crédit ".
2. Une efficacité douteuse
a) Une redistribution ambiguë
L'objectif principal des actions structurelles est
d'assurer la
cohésion entre les Etats membres.
La philosophie de la Commission
est, on doit l'observer, fort ambitieuse ; il ne s'agit pas seulement de
rendre les écarts acceptables en permettant à chacun d'assumer
ses différences, mais plutôt de réduire la dispersion des
performances économiques, et d'égaliser les niveaux de
développement.
Ambitieuse, la philosophie de la Commission n'en est pas moins ambiguë.
Si la cohésion doit favoriser le rapprochement entre les Etats membres,
l'action de la Commission est fortement régionalisée, avec
près de 75 % des moyens réservés aux régions,
si bien qu'elle revient à promouvoir une vraie politique
européenne d'aménagement du territoire. Or, une telle politique
qui, finalement, n'a pas été consacrée par les
traités et se substitue aux responsabilités des Etats, en
contravention avec le principe de subsidiarité, peut apparaître
comme partiellement contradictoire avec l'objectif de cohésion.
Il
en va ainsi lorsqu'elle conduit à ménager l'octroi de
crédits importants à des régions, certes
défavorisées, mais appartenant à des Etats relativement
prospères. Or, c'est évidemment ce qui se produit puisque la
dispersion des PIB des régions européennes est beaucoup plus
importante que celle des PIB des Etats. C'est aussi cette ambiguïté
qui limite la dimension peu redistributive des fonds structurels.
A son tour, cette caractéristique ampute inévitablement les
marges disponibles pour assurer la cohésion entre Etats membres.
b) Une efficacité à nuancer
Cette
caractéristique s'accompagne en outre d'un
saupoudrage des
crédits, source de difficultés d'exécution, mais aussi
gage de pertes en ligne puisqu'il apparaît évident que l'abondance
de projets rime avec une décrue de l'intérêt global de
l'ensemble.
On doit sans doute considérer que ces difficultés sont moins
sensibles dans les pays en retard significatif de développement
où des projets structurants s'imposent et où l'effet de levier de
la dépense publique européenne peut être réel du
fait d'un manque de capitaux publics ou privés. Certaines analyses
macroéconomiques laissent d'ailleurs entendre,
pour les seuls pays de
la cohésion
, que l'intervention structurelle européenne a pu,
dans le passé, contribuer positivement à leur croissance pour
à peu près 0,5 point de PIB. On remarquera toutefois que
cette estimation est très inférieure aux montants
transférés dans ces pays, signe que d'autres agents
économiques "profitent" des allocations communautaires, et repose sur
des conventions qui en conditionnent les résultats.
Aucune étude d'ensemble n'ayant été conduite pour les pays
les plus développés, on ne peut que conjecturer sur
l'efficacité de l'intervention communautaire dans ceux-ci. Cet exercice
peu satisfaisant n'est, en tout cas, pas favorisé par les travaux des
comités de suivi censés évaluer les programmes, mais dont
les travaux relèvent pour l'essentiel de l'exercice de style.
Il existe cependant quelques indices utilisables pour porter une
appréciation globale sur la politique de cohésion de la
Communauté.
Le premier d'entre eux est que les écarts entre les PIB par habitant des
régions d'Europe ne se sont pas réduits dans la période
récente.
Cet indice n'est certes pas entièrement significatif
puisqu'on peut aussi bien estimer que la dispersion aurait été
encore plus grande sans les interventions européennes. Mais il
révèle que l'objectif de cohésion retenu par la Commission
n'a pas été atteint.
Un deuxième indice réside dans le parallélisme entre le
niveau de consommation des crédits, le niveau de développement et
le nombre des programmes.
Il conforte l'idée selon laquelle les
actions structurelles ont vocation à se développer dans les pays
les moins développés autour de projets bien
sélectionnés.
Enfin, un dernier indice tiré de la comparaison entre le niveau des
fonds communautaires en points de PIB et leur effet sur la croissance du PIB
tel qu'estimé par les études disponibles, paraît
démontrer des pertes de substance.
Celles-ci peuvent être dues
à des erreurs d'analyse, mais on doit sans doute aussi y voir la
manifestation que les agents économiques des pays
bénéficiaires ne sont pas les seuls à profiter du
financement européen. Il reste que l'évaporation ainsi
constatée, évaluée parfois autour de 35 % des
interventions, devrait faire l'objet d'un recensement exhaustif.
III. LES AUTRES POLITIQUES : UN DÉVELOPPEMENT MAL MAÎTRISÉ
A. LES POLITIQUES INTERNES
Avec 6,2 % des crédits de paiement et d'engagement du projet de budget pour 2000, les crédits réservés aux politiques internes s'inscrivent en retrait de 1 % par rapport à l'exercice précédent pour les crédits d'engagement mais en très forte augmentation (+ 7,2 %) pour les crédits de paiement.
Les politiques internes : aperçu général sur l'exécution et le projet de budget 2000
(en Meuros courants)
|
Exécution 1996 |
Exécution 1997 |
Exécution 1998 |
Budget 1999 |
Projet budget 2000 |
|||||
|
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
Total politiques internes |
5.222 |
4.443 |
5.557 |
4.810 |
5.692 |
4.730 |
5.862 |
5.049 |
5.809 |
5.410 |
Marge sous plafond |
115 |
|
46 |
|
311 |
|
524 |
|
222 |
|
dont : Recherche |
3.202 |
2.854 |
3.485 |
2.957 |
3.435 |
2.999 |
3.450 |
2.990 |
3.630 |
3.475 |
dont : Réseaux |
381 |
267 |
457 |
349 |
545 |
411 |
585 |
452 |
656 |
522 |
dont : Autres |
1.639 |
1.316 |
1.615 |
1.504 |
1.712 |
1.320 |
1.827 |
1.579 |
1.523 |
1.413 |
Elles enregistrent ainsi des évolutions qui, pour être nuancées, ne sont que le reflet d'un choix de poursuivre la progression du volume de l'intervention européenne en ce domaine.
Les politiques internes : Les perspectives financières de 2000 à 2006
(en Meuros 1999)
Engagements |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Rubrique 3 |
5.930 |
6.040 |
6.150 |
6.260 |
6.370 |
6.480 |
6.600 |
Cette
évolution au terme de laquelle le plafond de ces crédits
progresse de 11,3 % entre 2000 et 2006 est-elle réaliste ?
Une réponse affirmative supposerait que les politiques internes aient
démontré leur efficacité dans le passé et qu'elles
soient entièrement légitimes du point de vue du principe de
subsidiarité qui s'impose tout particulièrement en la
matière.
Elle supposerait aussi que les crédits provisionnés correspondent
réellement à la communautarisation ou au renforcement des
coopérations européennes dans les divers domaines d'intervention
publique où de telles évolutions sont attendues et souhaitables.
Or, ces conditions ne sont globalement pas réunies.
Le tableau ci-après récapitule les différentes politiques
financées à partir de la rubrique 3 du budget européen.
Les politiques internes : exécution et projet de budget 2000
(En Meuros courants)
|
Exécution 1997 |
Exécution 1998 |
Budget 1999 |
Projet de budget 2000 |
||||
|
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
Actions agricoles |
169 |
150 |
158 |
138 |
148 |
132 |
51 |
81 |
Actions régionales |
22 |
36 |
17 |
21 |
17 |
22 |
15 |
19 |
Transport |
22 |
28 |
19 |
19 |
21 |
19 |
19 |
18 |
Pêche |
47 |
21 |
56 |
31 |
49 |
63 |
42 |
35 |
Education, formation |
377 |
353 |
400 |
277 |
442 |
391 |
444 |
374 |
Culture et audiovisuel |
115 |
124 |
111 |
97 |
107 |
89 |
100 |
97 |
Information |
117 |
110 |
114 |
103 |
108 |
115 |
73 |
68 |
Social |
158 |
137 |
148 |
136 |
156 |
143 |
160 |
139 |
Energie |
37 |
36 |
33 |
29 |
41 |
36 |
37 |
35 |
Contrôle nucléaire |
16 |
16 |
15 |
14 |
16 |
16 |
17 |
15 |
Environnement |
132 |
129 |
140 |
121 |
178 |
147 |
150 |
134 |
Consommateurs |
19 |
17 |
20 |
19 |
24 |
19 |
23 |
20 |
Reconstruction |
4 |
4 |
3 |
3 |
2 |
2 |
2 |
2 |
Marché intérieur |
185 |
172 |
150 |
135 |
152 |
133 |
138 |
147 |
Industrie |
84 |
96 |
84 |
42 |
92 |
94 |
0 |
87 |
Emploi et innovation |
51 |
32 |
181 |
89 |
209 |
135 |
183 |
87 |
Statistiques |
28 |
34 |
30 |
25 |
31 |
27 |
28 |
28 |
Réseaux |
457 |
349 |
545 |
410 |
585 |
452 |
656 |
522 |
Justice |
21 |
4 |
28 |
12 |
27 |
17 |
37 |
23 |
Lutte contre la fraude |
11 |
5 |
5 |
8 |
7 |
7 |
6 |
5 |
Recherche |
3.485 |
2.957 |
3.435 |
2.999 |
3.450 |
2.990 |
3.630 |
3.475 |
Total |
5.557 |
4.810 |
5.692 |
4.730 |
5.862 |
5.049 |
5.809 |
5.410 |
P.F. |
5.603 |
|
6.003 |
|
6.386 |
|
6.031 |
|
Marge sous les PF |
46 |
|
311 |
|
524 |
|
222 |
|
Plus encore que l'an dernier, la grande majorité des crédits est concentrée sur la recherche et les réseaux transeuropéens.
(en Meuros courants)
|
Budget 1999 |
Projet budget 2000 |
||
|
CE |
CP |
CE |
CP |
TOTAL |
|
|
|
|
Politiques internes |
5.862 |
5.049 |
5.809 |
5.410 |
Marge sous plafond |
524 |
|
222 |
|
dont : Recherche |
3.450 |
2.990 |
3.630 |
3.475 |
dont : Réseaux |
585 |
452 |
656 |
522 |
dont : Autres |
1.827 |
1.579 |
1.523 |
1.413 |
Ceux-ci
absorbent près de 75 % des crédits, soit une part
supérieure de 7 points par rapport à l'an dernier.
La progression la plus rapide revient aux crédits de recherche
(+ 16,2 %) qui concentrent 64,2 % des dotations globales.
L'augmentation considérable des crédits de paiement doit d'abord
être regardée comme un indice d'une mauvaise exécution des
projets. En fait, celle-ci s'explique aisément par leur foisonnement -v.
infra-. Malgré l'affichage d'un resserrement du champ d'intervention
européen dans le Ve programme commun de recherche et
développement (1999-2002), il reste à craindre que les
98 milliards de francs dont ce programme bénéficie ne soient
pas entièrement mis au service d'une politique européenne de
recherche.
A ce propos, votre rapporteur ne peut que réitérer ses
observations qui sont autant de préoccupations sur :
la légitimité du processus de définition de la
stratégie européenne en matière de recherche avec, en
particulier, la quasi-absence à ce stade initial des grands
opérateurs de recherche que sont les entreprises ;
le manque d'évaluation de l'efficacité des dépenses,
même si le quatrième programme-cadre contenait des dispositions
visant à corriger cette lacune ;
la légitimité même de nombreuses interventions
communautaires au regard du principe de subsidiarité lorsque lesdites
interventions ne s'accompagnent pas d'actions concertées entre
Etats-membres.
Il faut rappeler qu'une politique communautaire en matière de
recherche ne se conçoit qu'en tant qu'elle est susceptible d'apporter
une plus-value par rapport aux résultats que peuvent atteindre les
politiques nationales.
Il faut aussi souligner que le vrai apport de la Communauté dans ce
domaine serait de promouvoir des projets exceptionnels articulés autour
de la participation commune de centres de recherche des pays membres.
Il ne semble pas que cette conception anime suffisamment les instances
européennes, si bien que se dégage trop souvent l'impression
déplaisante de la constitution d'une "tirelire de la recherche"
où les plus habiles viendraient puiser au gré de leurs besoins.
Le nombre des projets -3.000 nouveaux projets en 1995 pour 10.000
participants- en témoigne. Certains ont pu évoquer à ce
propos les "dérives cohésives" de la "politique de recherche" des
Communautés européennes faisant observer que, la règle
d'adoption des objectifs de recherche faisant place à
l'unanimité, une correction systématique était entreprise
par la Commission au profit des pays les moins compétitifs. On
soulignera que les moyens européens consacrés à la
recherche n'ont pas
a priori
à être orientés en
fonction d'objectifs de convergence régionale qui relèvent
d'autres instruments et, tout particulièrement, des crédits
d'actions structurelles.
Les crédits réservés aux réseaux
transeuropéens (449 millions d'euros) s'accroissent de 15,5 %
en crédits de paiement, et de 12,1 % en crédits
d'engagement.
Ils ne représentent qu'une proportion minime des
crédits disponibles pour les politiques internes.
Cette situation doit être dénoncée car les programmes de
réseaux transeuropéens soutiennent dans l'ensemble des projets
réellement européens, pourvoyeurs d'infrastructures favorables
à la croissance et à l'emploi.
Il faut toutefois s'attacher à éviter en la matière au
moins deux écueils :
- l'un aboutissant à distraire une part excessive des moyens des
réalisations opérationnelles au profit d'études
préparatoires trop longues dont les prolongements seraient
paralysés par des obstacles financiers non anticipés ;
- l'autre consistant à aider des projets d'infrastructure n'apportant un
plus qu'à certains Etats au détriment des autres, et se soldant
donc par de simples détournements de trafic.
Dans le premier cas, un suivi attentif des travaux préparatoires
s'impose et l'exigence d'une programmation financière en amont des
projets doit être réaffirmée. Pour résoudre le
second type de difficultés, une étude d'impact européenne
des projets doit permettre de vérifier toujours que chacun d'entre eux
offre l'opportunité d'un gain d'efficience réellement
européen. Les évaluations effectuées doivent être
systématiques et portées à la connaissance de l'ensemble
des Etats membres.
Les moyens consacrés aux autres politiques internes
déjà rognés l'an dernier seraient réduits de
10,5 % en crédits de paiement et de 16,6 % en crédits
d'engagement
. Cette diminution, corollaire de l'augmentation des
crédits réservés à la recherche et aux
réseaux transeuropéens, devrait conduire à arbitrer entre
des moyens globalement modestes (1,4 milliard d'euros) pour centrer
l'action communautaire sur des politiques au service d'une Europe-puissance.
Le tableau ci-dessus démontre qu'une telle démarche n'est pas
suivie et qu'une logique de dispersion prévaut.
Les rubriques des politiques internes sont un indicateur avancé de
l'incroyable saupoudrage des moyens distribués qui s'éclatent
entre un trop grand nombre d'interventions.
Celles-ci s'étaient d'ailleurs souvent développées sans
aucune base légale autre que l'inscription de crédits
budgétaires, manifestation d'une sorte d'existentialisme de
l'intervention européenne attirant sur elle une certaine
défiance, voire quelques soupçons.
Ces errements doivent être corrigés et il faut pour cela
simplifier l'intervention européenne en la centrant sur des projets
où la dépense publique peut se justifier et où la
dépense européenne s'impose comme répondant au principe de
subsidiarité.
L'accent mis sur l'initiative pour l'emploi dans le prolongement du sommet de
Luxembourg avec 450 millions d'euros prévus pour la
période 1998-2000 (2.970 millions de francs) contrevient
manifestement à ces principes.
Le sous-emploi observé en
Europe n'est en effet pas un problème européen, sauf à
considérer qu'il serait le fruit de la construction européenne,
mais bien l'addition de problèmes nationaux que les Etats doivent
s'attacher à résoudre.
La création d'un guichet
européen voué à réduire le sous-emploi revient
à mutualiser des politiques qui doivent être adaptées aux
réalités économiques et sociales nationales sans aucune
visibilité sur l'utilisation qui sera faite des moyens. Les sommes en
jeu sont certes dérisoires, raison supplémentaire pour s'opposer
à cette initiative, mais c'est la multiplication des dépenses
publiques européennes inadaptées qui jette le discrédit
sur un budget européen dont la contribution à la construction
d'une Europe-puissance doit être le "leitmotiv".
B. LES ACTIONS EXTÉRIEURES
Les
crédits d'actions extérieures ont fait l'objet d'un important
changement de nomenclature au terme duquel ils sont désormais
séparés en deux rubriques, l'une correspondant à l'action
communautaire extérieure, l'autre à l'aide à la
pré-adhésion.
L'ensemble des deux rubriques s'élève à
5.462 millions d'euros contre 3.953 millions d'euros l'an dernier.
Ces crédits progressent donc considérablement, de plus de
38 %.
Les crédits des paiements des actions extérieures traditionnelles
s'accroissent eux de 9,3 %.
Le tableau ci-dessous récapitule les données globales utiles pour
en analyser l'évolution.
Les actions extérieures : exécution et projet de budget 2000
(En Meuros 1999)
|
Exécution 1996 |
Exécution 1997 |
Exécution 1998 |
Budget 1999 |
PB 2000 |
|||||
|
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
Actions extérieures |
5.506 |
3.754 |
5.447 |
3.973 |
4.520 |
3.079 |
4.508 |
3.125 |
4.564 |
3.407 |
PESC |
56 |
51 |
18 |
25 |
33 |
25 |
27 |
21 |
47 |
30 |
Réserve " Kosovo " |
|
|
|
|
|
|
|
|
500 |
280 |
Réserve " Pêche Maroc " |
|
|
|
|
|
|
|
|
155 |
148 |
Total |
5.562 |
3.805 |
5.465 |
3.998 |
4.553 |
3.104 |
4.535 |
3.146 |
4.611 |
3.437 |
Perspectives financières |
|
|
|
|
|
|
|
|
4.627 |
|
Marge sous les PF |
|
|
|
|
|
|
|
|
16 |
|
Réserve d'aide d'urgence |
|
|
|
|
|
|
346 |
346 |
203 |
203 |
Les
crédits de coopération avec les pays d'Europe centrale et
orientale (PECO) qui se taillaient la part du lion disparaissent de la rubrique
et sont transférés à la nouvelle rubrique
créée pour retracer l'aide pré-adhésion
apportée aux candidats à l'élargissement.
La programmation des crédits d'actions extérieures obéit
à un principe de maintien de l'effort en francs constants.
Les actions extérieures : perspectives financières (rubrique 4)
(En Meuros 1999)
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Actions extérieures |
4.550 |
4.560 |
4.570 |
4.580 |
4.590 |
4.600 |
4.610 |
Cette
année un événement exceptionnel, la guerre du Kosovo a
conduit à renforcer les moyens consacrés à la
reconstruction des Balkans.
Le budget communautaire consacre 920 millions de crédits
d'engagement à ce titre après la constitution d'une
réserve de 500 millions d'euros en crédits d'engagement que
l'avant-projet de budget de la Commission n'avait pas prévue.
Total des crédits disponibles pour les Balkans
(En Meuros)
|
CE |
Réserve Kosovo |
500 |
Obnova (hors Kosovo) |
210 |
Aide alimentaire/humanitaire |
110 |
Réserve d'aide d'urgence |
100 |
Total |
920 |
Le financement de cette réserve a été trouvé dans des mesures de redéploiement.
Financement de la réserve budgétaire pour la reconstruction du Kosovo
(En Meuros)
|
CE |
CP |
Economies forfaitaires |
329 |
194,5 |
Obnova |
70 |
40 |
Accords de pêche |
6 |
1 |
ECIP |
6 |
4,8 |
Aide humanitaire |
88,9 |
40 |
Total |
500 |
280,3 |
Cette
démarche est l'un des facteurs majeurs du conflit entre le Conseil et le
Parlement européen qui estime que les besoins du Kosovo auraient
justifié une révision des perspectives financières.
En la matière, l'objectif pour l'Europe doit être avant tout de
participer efficacement à la reconstruction d'une région durement
éprouvée. Tout effet de manche doit être banni.
Les conditions d'exécution d'une partie très importante des
crédits d'actions extérieures dont les conditions de gestion ont
contribué à décrédibiliser la
précédente Commission permettent et justifient les
redéploiements entrepris.
Il convient enfin d'insister sur la nécessaire amélioration de la
gestion des crédits d'actions extérieures de l'Union
européenne et sur les contrôles renforcés dont elle doit
être entourée.
Le deuxième pôle d'action régionale concerne les actions en
faveur des pays méditerranéens et du Proche et Moyen-Orient
(22,4 % des crédits d'engagement).
Vient ensuite l'aide accordée aux Etats de la CEI à travers le
programme TACIS qui totalise 441 millions d'euros.
*
*
*
Conclusions sur les dépenses
Le
projet de budget pour 2000 prolonge les évolutions majeures des finances
publiques européennes observées durant la dernière
décennie.
La part des dépenses non obligatoires sur lesquelles le Parlement
européen a le dernier mot est devenue prépondérante.
La politique agricole commune regroupe désormais moins de la
moitié d'un budget qui finance de plus en plus d'interventions
"cohésives" fondées sur des politiques communautaires
définies avec beaucoup moins de précision que la PAC.
La primauté accordée aux actions structurelles se traduit par
une montée en charge continue des crédits qui leur sont
réservés, montée en charge qui "contraint" les autres
rubriques.
Les divers éléments de programmation financière qui
concernent notamment les actions structurelles, les actions extérieures
et certaines politiques internes (recherche en particulier) jettent les
fondations d'un budget en continuelle expansion que la pratique de
l'autorité budgétaire européenne semble, malgré
quelques tentatives passées, ne pas pouvoir endiguer.
La disparité des "taux de retour" dont bénéficient les
Etats membres face aux différentes catégories de dépenses
européennes alimente des revendications permanentes qui fragilisent le
budget européen et gênent la construction d'un budget au service
d'une Europe-puissance.
Rapporté à ce dernier objectif, on peut estimer que le budget
européen contribue efficacement à soutenir l'agriculture
européenne et supposer que ses interventions au profit des pays les plus
en retard de développement ont participé à un certain
rattrapage réalisé par ces derniers ; la question reste en
revanche posée de savoir quel degré d'efficience ont atteint ces
politiques.
Les autres crédits ne s'inscrivent pas suffisamment dans cette dynamique
si bien qu'un réexamen des actions qu'ils financent doit être
entrepris.
Ce réexamen s'impose d'autant plus que le budget européen est
mal géré.
Le contrôle des dépenses communautaires s'est certes
renforcé ces dernières années, ce qu'illustre en
particulier l'accroissement significatif des "notes de débit"
adressées à la France. Les contrôles se sont
renforcés, la gestion financière a fait l'objet
d'améliorations dans le cadre du programme "SEM 2000", des
procédures d'évaluation sont progressivement mises en place.
Mais, les caractéristiques mêmes de l'intervention communautaire,
l'éparpillement et la délégation à des tiers,
supposent des fraudes et surtout une déperdition des moyens.
La
dépense communautaire doit être mieux administrée et mieux
ciblée.
C'est principalement parce que ces exigences ne sont pas remplies que le budget
s'exécute si mal.
Ces difficultés d'exécution se sont traduites au cours de la
précédente période de programmation par une augmentation
permanente de la masse des engagements restant à liquider dont le
tableau ci-après rend compte.
Evolution des engagements restant à liquider (1987-1997)
(en millions d'écus)
|
|
|
Paiements de l'année |
Dégagements |
|
||
Année |
Engagements restant à liquider au 01.01.N |
Engagements contractés en N |
sur engagements de l'année N |
sur engagements restant à liquider au 01.01.N |
Total des paiements de l'année N |
d'engagements restant à l iquider au 01.01.N |
Engagements restant à liquider au 31.12.N |
|
a |
b |
c |
d |
e=c+d |
f |
i=a+b-e-f |
1987 |
12.458 |
10.866 |
3.963 |
3.871 |
7.834 |
1.259 |
14.231 |
1988 |
14.231 |
11.034 |
4.348 |
4.538 |
8.886 |
1.403 |
14.976 |
1989 |
14.976 |
13.231 |
5.670 |
5.028 |
10.698 |
930 |
16.579 |
1990 |
16.579 |
15.280 |
7.359 |
5.616 |
12.975 |
398 |
18.486 |
1991 |
18.486 |
20.552 |
10.000 |
6.939 |
16.939 |
866 |
21.233 |
1992 |
21.233 |
26.093 |
13.693 |
8.814 |
22.507 |
628 |
24.191 |
1993 |
24.191 |
30.921 |
15.520 |
10.581 |
26.101 |
763 |
28.248 |
1994 |
28.248 |
30.275 |
13.964 |
8.863 |
22.827 |
753 |
34.943 |
1995 |
34.943 |
35.178 |
14.333 |
12.761 |
27.094 |
899 |
42.127 |
1996 |
42.127 |
39.588 |
15.549 |
17.227 |
32.776 |
1.027 |
47.912 |
1997 |
47.912 |
41.240 |
14.496 |
20.490 |
34.986 |
1.642 |
52.524 |
Source : Compte de gestion et bilan financier afférents aux opérations du budget de l'exercice 1997. Commission européenne
Plus de
52,5 milliards d'euros de crédits engagés hors PAC restaient
à liquider au 31 décembre 1997, soit près de
120 % des crédits de paiement inscrits au titre de ces rubriques
pour 1999.
En 1997, un peu moins d'1/3 des crédits engagés au cours de
l'année avait été payé dans l'exercice.
Le tableau suivant récapitule les crédits engagés chaque
année, pour chaque rubrique et qui n'ont pas été
payés au 31 décembre 1997.
Il démontre que si les engagements sont honorés
6(
*
)
, ils le sont avec retard et que cette situation
débouche sur une augmentation considérable des engagements
restant à liquider. Autrement dit, les crédits inscrits dans les
années récentes ayant surtout servi à liquider des
engagements passés, un phénomène de boule de neige s'est
déclenché au terme duquel les "restes à liquider"
croissent naturellement.
Engagements relatifs aux crédits restant à
liquider
au 31 décembre 1997
Classification par rubriques des perspectives financières
(en millions d'écus)
RUBRIQUES |
2. ACTIONS STRUCTURELLES |
3. POLITIQUES INTERNES |
4. ACTIONS EXTERIEURES |
5. DEPENSES ADMINISTRATIVES |
TOTAL GENERAL |
|||||
EXERCICES 1 |
Montant |
% |
Montant |
% |
Montant |
% |
Montant |
% |
Montant |
% |
Avant 1988 |
201,367 |
0,6 |
23,221 |
0,3 |
79,937 |
0,6 |
|
|
304,525 |
0,6 |
1988 |
129,963 |
0,4 |
10,792 |
0,1 |
42,990 |
0,3 |
|
|
183,745 |
0,3 |
1989 |
86,812 |
0,3 |
28,580 |
0,4 |
92,382 |
0,7 |
|
|
207,774 |
0,4 |
1990 |
54,058 |
0,2 |
24,127 |
0,3 |
72,551 |
0,6 |
|
|
150,736 |
0,3 |
1991 |
208,141 |
0,6 |
71,171 |
1,0 |
144,084 |
1,1 |
|
|
423,396 |
0,8 |
1992 |
522,154 |
1,6 |
130,084 |
1,8 |
341,344 |
2,7 |
|
|
993,582 |
1,9 |
1993 |
2.399,177 |
7,4 |
246,487 |
3,4 |
695,328 |
5,5 |
|
|
3.340,992 |
6,4 |
1994 |
705,924 |
2,2 |
451,019 |
6,2 |
1.025,190 |
8,1 |
|
|
2.182,133 |
4,2 |
1995 |
2.496,335 |
7,7 |
947,335 |
13,0 |
2.280,606 |
18,1 |
0,079 |
8,2 |
5.724,355 |
10,9 |
1996 |
7.079,976 |
21,7 |
1.910,953 |
26,2 |
3.277,919 |
26,0 |
0,034 |
3,6 |
12.268,882 |
23,4 |
1997 |
18.716,179 |
57,4 |
3.453,934 |
47,3 |
4.573,015 |
36,2 |
0,848 |
88,2 |
26.743,977 |
50,9 |
TOTAUX |
32.600,087 |
|
7.297,701 |
|
12.625,346 |
|
0,962 |
|
52.524,096 |
|
1.
Exercices au cours desquels les engagements ont été
contractés.
Source : Compte de gestion et bilan financier afférents aux
opérations du budget de l'exercice 1997. Commission européenne
Ils concernent surtout les actions structurelles (62 % du total) mais
aussi pour 13,9 % les politiques internes et pour 24 % les actions
extérieures.
Les taux d'exécution des engagements, globalement médiocres,
apparaissent ainsi particulièrement défavorables dans le cas des
actions extérieures.
DEUXIEME PARTIE
LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET LE BUDGET
DES
COMMUNAUTES EUROPEENNES
Le
montant de la contribution française au budget des Communautés
européennes pour 1999 est évalué à
98,5 milliards de francs contre 95 milliards de francs l'an dernier.
Par rapport à l'évaluation de notre contribution qui avait
été faite en loi de finances initiale pour 1999, l'augmentation
du prélèvement sur recettes serait de 3,7 % et
contribuerait à hauteur de 3,5 milliards de francs au creusement du
déficit de l'Etat. Compte tenu des perspectives d'exécution en
1999 (93,5 milliards de francs), la progression réelle de la
contribution atteindrait 5,3 %.
L'évaluation de la contribution de chaque Etat au budget communautaire
est imprécise pour cinq raisons :
Le budget des Communautés européennes comporte bon nombre
de dépenses à caractère évaluatif. Il en va ainsi
des dépenses agricoles dont le niveau varie largement en fonction de
l'évolution des prix agricoles.
Le budget des Communautés européennes connaît des
difficultés d'exécution budgétaire récurrentes.
Lorsque des excédents sont constatés à ce titre, ils sont
reportés sur les exercices suivants, ce qui réduit le montant de
la contribution demandée aux Etats-membres .
L'évaluation de la contribution des Etats hors zone euro dans
leurs monnaies nationales dépend du taux de conversion desdites monnaies
en euro. Il y a là un mécanisme de pénalisation
automatique des Etats dont la monnaie se déprécie et qu'il faut
garder à l'esprit dans le contexte du débat sur les relations
entre les Etats à monnaie fluctuante et le budget européen.
L'article 10 du règlement n° 1552/89 portant application
de la décision relative au système des ressources propres, en
particulier ses paragraphes 4 à 9, prévoit, on le rappelle, les
modalités de régularisation des ressources TVA et PNB
perçues par la Communauté.
Les recettes du budget communautaire sont fixées en
référence à des assiettes estimées en avril de
l'exercice N-1. Selon l'évolution de la conjoncture économique,
celles-ci peuvent se trouver sur ou sous-évaluées.
L'article 10 prévoit que, sur le fondement des données
réelles concernant les assiettes TVA et PNB communiquées par les
Etats membres au cours de l'exercice N+1, la Commission effectue les
ajustements et en informe les Etats. Ceux-ci inscrivent alors le montant
correspondant à l'ajustement en déduction ou en augmentation de
leur versement du mois de décembre de l'année N+1.
Enfin la contribution est calculée sur un projet de budget
adopté par le Conseil que le Parlement a la possibilité d'amender.
L'évaluation de notre contribution au budget européen, doit-on
observer, inclut les frais de perception des ressources propres traditionnelles
(droits de douane, prélèvements agricoles et cotisations sur le
sucre et l'isoglucose) qui sont déduits de nos versements bruts et font
par ailleurs l'objet d'une inscription en recettes non fiscales du budget de
l'Etat. Ils sont évalués à 1,050 milliard de francs
en 2000, en baisse de 7,8 % par rapport à 1999. Ils ont
récemment connu les évolutions suivantes.
Evolution des remboursements de frais d'assiette et de perception
(en milliards de francs )
Années |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 (LFI) |
2000 (PLF) |
Frais de perception des ressources propres |
1.070 |
1.164 |
1.079 |
1.140 |
1.050 |
Une
présentation de la contribution française nette au budget
communautaire conduirait donc à évaluer celle-ci à
97,4 milliards de francs.
Le chiffrage retenu par le gouvernement intègre de plus une
hypothèse de report d'un solde positif de l'exercice 1999 qui viendrait
minorer l'appel à contribution des Etats-membres par rapport aux besoins
théoriques correspondant au projet de budget qui se traduit par une
économie de l'ordre de 1 milliard de francs.
Les
mécanismes de transferts de recettes des Etats membres
vers le budget
européen
Les
recettes d'un exercice budgétaire européen comprennent :
- Les ressources propres traditionnelles (droits de douane, cotisations
"sucre", droits agricoles) constatées de novembre de l'année n-1
à octobre de l'année n. Elles sont inscrites aux comptes de
la Commission auprès du Trésor de chaque Etat au plus tard le
premier jour ouvrable après le 19 du deuxième mois suivant celui
de la constatation des droits.
- Les versements des "ressources propres TVA et PNB" effectués
mensuellement à raison d'un douzième des sommes inscrites au
budget convertis au taux de change du dernier jour de cotation de
l'année précédant l'exercice budgétaire.
- Ces recettes sont augmentées ou diminuées du solde des
"ressources propres TVA et PNB" relatives à l'exercice antérieur
et aux exercices précédents le cas échéant. La
régularisation au titre de ces soldes intervient au mois de
décembre de l'année n et vient, soit en diminution, soit en
augmentation du versement, évoqué dans le paragraphe
précédent, effectué au mois de décembre.
Le solde au titre des "ressources propres" est la différence entre la
somme des versements par douzième opérés l'année
précédente et la somme des versements qu'aurait dû
acquitter un Etat compte tenu de la valeur prise effectivement par l'assiette
-la base TVA ou le PNB- au cours de l'année précédente.
L'existence de ces "soldes" s'explique par le fait que les versements des Etats
sont calculés sur des bases théoriques issues de
prévisions macro-économiques que la réalité peut
déjouer.
Par exemple, si l'estimation de croissance du PIB est, une année
donnée, trop favorable, les versements des Etats au titre de la
ressource PNB seront à leur tour excessifs si bien qu'une
régularisation interviendra l'année suivante, au mois de
décembre.
- Diverses recettes correspondant au fonctionnement des
Communautés, comme les retenues sur les rémunérations du
personnel, les intérêts de trésorerie, les contributions
aux programmes de recherche...
Parmi ces diverses recettes figurent les recettes d'intérêt,
a-t-on dit, 17,4 millions d'écus, étaient budgetées
en 1996 au titre des produits d'intérêts et des remboursements de
prêts consentis par les Communautés dans le cadre des protocoles
financiers. Ce chiffre paraît étonnamment modeste compte tenu des
masses financières en jeu. Il est vrai que la gestion de
trésorerie de la Commission paraît serrée, reposant sur une
mise à disposition des crédits au fur et à mesure des
besoins -soit une trésorerie d'une quinzaine de jours- et
réalisée à partir des comptes de la Commission dans les
livres des Trésors nationaux non productifs
d'intérêt
1
.
Il n'empêche qu'en l'absence de données claires sur le profil de
trésorerie de la Commission l'on ne peut accorder pleinement foi
à des chiffres que seul un contrôle approfondi permettrait de
valider.
En tout état de cause, les Etats, lorsque leur solde au titre des
ressources propres fait apparaître un excédent
régularisable, supportent en trésorerie la charge
d'intérêts correspondant aux délais de
régularisation.
(1) Il est intéressant d'observer que les sommes
créditées à la Commission sont, elles, productives
d'intérêts pour les Etats membres.
CHAPITRE PREMIER
L'ÉVOLUTION DU
PRÉLÈVEMENT SUR RECETTES
I. UNE AUGMENTATION TENDANCIELLE CONSIDÉRABLE
Evolution du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes
(en milliards de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998* |
1999 |
2000 |
En loi de finances initiale |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Prélèvement CE |
70,7 |
84,2 |
83,5 |
90,8 |
88,0 |
89,0 |
87,0 |
91,5 |
95,0 |
98,5 |
Recettes fiscales nettes |
1.293,9 |
1.335,4 |
1.309,8 |
1.238,3 |
1.305,9 |
1.401,7 |
1.395,3 |
1.448,2 |
1.534,9 |
1.546,6 |
% |
5,5 |
6,3 |
6,4 |
7,3 |
6,7 |
6,3 |
6,2 |
6,3 |
6,2 |
|
En exécution |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Prélèvement CE |
74,7 |
72,6 |
77,0 |
82,5 |
78,2 |
80,4 |
87,8 |
91,5 |
93,5 |
|
Recettes fiscales nettes |
1.228,3 |
1.242,4 |
1.193,8 |
1.254,4 |
1.301,4 |
1.359,3 |
1.416,4 |
1.459,8 |
1.541 |
|
% |
6,1 |
5,8 |
6,4 |
6,6 |
6,0 |
6,0 |
6,2 |
6,3 |
6,1 |
|
*Estimation pour les données d'exécution.
En 2000, le prélèvement sur recettes au profit des
Communautés européennes est supérieur de 39,3 %
à son niveau de 1991. Quant à elles, les recettes fiscales nettes
atteignent un niveau supérieur de 19,5 % à celui de 1991. La
contribution française brute au budget communautaire représente
un pourcentage de l'ordre de 6 % des recettes fiscales nettes soit environ
30 % du produit de l'impôt sur le revenu.
Après une forte augmentation de 1990 à 1994 suivie d'une
stagnation, le prélèvement a repris un rythme de progression
rapide à partir de 1997.
Cependant, depuis 1992, la part du prélèvement dans le PIB
apparaît stabilisée autour de 1 point de PIB.
Evolution pour la France du prélèvement communautaire rapporté au PIB
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Il
existe une tendance structurelle à un accroissement de la participation
de la France au budget européen qui peut être masquée
parfois par des éléments exceptionnels.
Le premier d'entre eux, intervenu en 1995, a consisté dans
l'élargissement à des Etats qui, rapidement, se sont
trouvés être des contributeurs nets au budget européen.
Leur entrée a allégé d'autant les contributions des autres
Etats membres. La situation qui résultera du futur élargissement
sera tout à fait différente. Les Etats appelés à
rejoindre les " quinze " seront en effet des
bénéficiaires nets si bien que leur adhésion se traduira
par une augmentation très importante de la contribution française.
Des motifs techniques ont par ailleurs contenu la progression de notre
contribution. Il s'est agi d'abord de l'appréciation relative du franc
par rapport à certaines devises européennes.
Les difficultés d'exécution budgétaire
particulièrement sensibles au début des périodes de
programmation ont en outre réduit les appels à contribution.
Il n'en ira rien avec la nouvelle programmation puisque les engagements
dormants de la programmation Delors devront être payés. Ils
représentent pour la France près de 50 milliards de francs
de contribution qui, s'ajoutent à la somme nécessaire au
financement de la nouvelle programmation.
Enfin, nous avons pu " bénéficier " de la faible
croissance de ces dernières années qui a limité la
progression nominale de notre contribution.
Les futures " perspectives financières " ouvrent d'ailleurs
la perspective d'une augmentation marqué de notre contribution qui
devrait avoisiner 120 milliards de francs en 2000
. Il faut ouvrir le
débat sur des estimations précises des orientations
budgétaires que supposent pour les Etats européens et pour la
France, en particulier, des engagements hypothéquant l'avenir.
II. LA STRUCTURE DU PRÉLÈVEMENT SUR RECETTES
Evolution de la structure de la contribution française au budget des Communautés européennes
(En millions d'euros)
|
1996 (1) |
1997 (1)) |
1998 (2) |
1999 (3) |
2000 (4) |
Cotisations sucre et isoglucose |
328,9 |
306,9 |
298,6 |
295 |
324,4 |
Prélèvements agricoles |
59,1 |
63 |
62,5 |
77 |
62,5 |
Droits de douane |
1.326 |
1.353,1 |
1.307,6 |
1.346,2 |
1.190,8 |
Contribution TVA |
7.138,8 |
6.842 |
6.297,1 |
6.117,6 |
6.463 |
Contribution PNB |
3.729,4 |
4.793,1 |
5.785,3 |
6.675,1 |
7.128 |
Sous-total |
12.582,2 |
13.358 |
13.751,2 |
14.510,9 |
15.168,7 |
Frais de perception des ressources propres |
- 171,4 |
- 172,3 |
- 166,9 |
- 171,8 |
- 157,7 |
Total des versements effectifs |
12.410,8 |
13.185,9 |
13.584,3 |
14.339,1 |
15.011 |
(1)
Source : rapport annuel de la Cour des comptes des communautés
européennes
(2) Source : Commission
(3) Source : budget pour 1999
(4) Source : projet de budget pour 2000 (en millions d'euros)
Sur
moyenne période, la structure du prélèvement sur recettes
s'est déformée sous l'effet des évolutions décrites
dans le chapitre 1
er
de ce rapport.
En 2000, les ressources propres traditionnelles versées au budget
européen représenteraient 10,4 % de l'ensemble des
ressources brutes apportées par notre pays au budget européen,
les " contributions TVA et PNB " en constituant le solde
(89,6 %).
Par rapport à 1999 l'ensemble des prélèvements agricoles
et des droits de douane perçus en France s'accroîtrait nettement.
Cette augmentation interviendrait malgré une réduction venant
d'une progression de 11,5 % des droits de douane. Cette estimation quelque
peu déconcertante compte tenu des perspectives de croissance des
importations en valeur mérite une explication de la part du gouvernement.
L'équilibre entre nos contributions TVA et PNB continuera à se
modifier, 1999 ayant vu pour la première fois la seconde dépasser
le niveau de la première.
CHAPITRE DEUX
LES VERSEMENTS DU BUDGET DES
COMMUNAUTÉS
EUROPÉENNES AU BÉNÉFICE DE LA
FRANCE
Part de la France dans les dépenses communautaires
(en Mécus)
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Paiements effectués |
64.207,6 |
60.304,8 |
63.041,3 |
72.793,3 |
75.214,9 |
Versements aux autres Etats-membres (1) |
53.681,7 |
50.380,3 |
52.891,7 |
60.842,2 |
62.810,1 |
Versements à la France |
10.525,9 |
9.924,5 |
10.149,6 |
11.951,1 |
12.404,8 |
(1) Y
compris dépenses non réparties
Source : Rapport annuel relatif à l'exercice 1997 de la Cour
des comptes des Communautés européennes
Les dernières données connues reflètent la
stabilité de la part des dépenses européennes
versées à la France autour de 16,4 %. Ce chiffre doit
être rapproché de celui de la part du PIB français dans le
PIB européen qui est de 17,1 %.
La France est ainsi le premier bénéficiaire de la
dépense européenne.
C'est la raison pour laquelle, quoique contributeur net, notre pays
connaît un déficit relativement modéré dans ses flux
avec le budget européen.
Evolution du solde budgétaire français
(en millions d'euros)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Paiements en France |
8.152 |
9.050 |
10.526 |
9.925 |
10.150 |
11.951 |
12.200,9 |
Ressources propres versées par la France |
10.602 |
10.493 |
11.546 |
12.551 |
11.877 |
12.411 |
13.185,9 |
Solde |
- 2.450 |
- 1.443 |
- 1.020 |
- 2.626 |
- 1.727 |
- 460 |
- 985 |
Ce
déficit devrait cependant se creuser à l'avenir du fait de
l'augmentation prévisible de notre contribution et des
réorientations données aux dépenses du budget
européen.
Le tableau ci-dessous confirme quant à lui les particularités des
versements effectués en France par le budget européen.
Paiement annuel aux Etats membres au titre des principaux secteurs (1997)
(en Mécus)
|
Total des versements effectués par la CE aux Etats membres |
Versements à la France |
Part de la France dans la dépense communautaire |
FEOGA-Garantie |
40.623,2 |
9.149,0 |
22,5 % |
FEOGA-Orientation |
3.929,2 |
617,3 |
15,7 % |
Fonds régional |
11.794,6 |
1.111,5 |
9,4 % |
Fonds social |
7.602,8 |
559,3 |
7,4 % |
Recherche |
3.065,6 |
404,2 |
13,6 % |
Autres |
8.199,6 |
536,4 |
2,7 % |
Total |
75.214,9 |
12.404,8 |
16,5 % |
Source : Rapport annuel relatif à l'exercice 1997 de la Cour des comptes des Communautés européennes
Paiement annuel aux Etats membres du titre des principaux secteurs en 1996 (1)
(en millions d'euros)
|
Part de la France dans la dépense communautaire |
FEOGA-Garantie |
24,5 % |
FEOGA-Orientation |
11,7 % |
Fonds régional |
6,0 % |
Fonds social |
10,8 % |
Recherche |
9,7 % |
Autres |
3,5 % |
TOTAL |
16,4 % |
(1)
Dépenses réparties
Notre pays est destinataire de près du quart des crédits de la
politique agricole commune qui, elle-même, s'élève à
près de 47 % du budget européen. En revanche, nous ne sommes
que de médiocres bénéficiaires des autres crédits.
Ecarts
entre la part de la contribution française dans
le financement du
budget européen et les versements
à la France par
catégories en 1996
(en points)
FEOGA-Garantie |
+ 5,4 |
FEOGA-Orientation |
- 1,4 |
Fonds régional |
- 7,7 |
Fonds social |
- 9,7 |
Recherche |
- 3,5 |
Autres |
- 14,4 |
La montée en charge des dépenses non obligatoires, la concentration des aides structurelles et la hausse des crédits consacrés à l'élargissement qui s'offrent comme autant de perspectives devraient réduire sensiblement la part des crédits communautaires dont la France bénéficiera à l'avenir.
I. LES VERSEMENTS AGRICOLES
Versements agricoles au profit de la France
(En Mécus courants)
FEOGA - Garantie |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Paiements totaux |
34.748,2 |
33.605,4 |
34.497,7 |
39.107,8 |
40.674,9 |
38.748,1 |
Paiements en France |
8.184,8 |
8.048,8 |
8.376,5 |
9.557,6 |
9.141,7 |
9.007,2 |
Taux de retour pour la France |
23,6 |
24 |
24,3 |
24,4 |
22,5 |
23,2 |
La
France est, avec près de 60 milliards de francs, le premier
bénéficiaire des financements du Féoga-Garantie
(22,5 % du total) devant l'Allemagne (14,2 %), l'Italie
(12,5 %), l'Espagne (11,3 %) et le Royaume-Uni (10,8 %). Ces
cinq pays représentent 71,3 % du budget de la PAC en 1997 et
" absorbent " à ce titre plus du 1/3 du budget européen.
Pour la France, les dépenses agricoles européennes
représentent une proportion croissante des crédits publics
à vocation agricole.
Comparaison des versements communautaires et des dépenses nationales agricoles
(en millions de francs)
|
Montants versés par l'UE à la France au titre des dépenses agricoles |
Budget national de l'agriculture |
1995 |
55.286 |
38.646 |
1996 |
63.080 |
35.314 |
1997 |
60.335 |
35.057 |
1998 |
59.446 |
35.688 |
(montants communautaires du FEOGA-Garantie en écus convertis au taux de 1 écu = 6,60 FRF).
Part de la France dans les postes de dépenses du FEOGA - Garantie en 1998
(En Mécus courants)
FEOGA - Garantie |
Ensemble |
France |
% en 1998 |
Rappel % 1997 |
Cultures arables |
17.945,2 |
5.416,5 |
30,2 |
30,1 |
Sucre |
1.776,6 |
578,6 |
32,6 |
38,1 |
Huile d'olive |
2.266,7 |
10 |
0,4 |
0,4 |
Fourrages séchés et légumes secs |
377,5 |
86,8 |
23 |
23,5 |
Plantes textiles et vers à soie |
869,8 |
40 |
4,6 |
4,1 |
Fruits et légumes |
1.509,5 |
294,2 |
19,5 |
15,3 |
Secteur viti-vinicole |
700 |
195,7 |
28 |
21,9 |
Tabac |
870,3 |
79,8 |
9,2 |
8,1 |
Autres secteurs végétaux |
354 |
41,3 |
11,7 |
11,3 |
Total secteur végétal |
26.669,6 |
6.742,9 |
25,3 |
24,9 |
Lait et produits laitiers |
2.596,7 |
692,4 |
26,7 |
27,4 |
Viande bovine |
5.160,6 |
1.156,4 |
22,4 |
18,7 |
Viandes ovine et caprine |
1.534,6 |
156,2 |
10,2 |
10 |
Viande porcine |
237,7 |
4,2 |
1,8 |
1,5 |
OEufs et volailles |
90,2 |
60,7 |
67,3 |
70 |
Autres actions produits animaux |
95,1 |
9,8 |
10,3 |
8,2 |
Pêche |
21,2 |
7 |
33 |
28,7 |
Total secteur animal |
9.736,1 |
2.086,7 |
21,4 |
19,5 |
Dépenses annexes |
494,8 |
29,5 |
6 |
16,8 |
Mesures d'accompagnement |
1.847,6 |
148 |
8 |
11,3 |
Total général du FEOGA - Garantie |
38.748,1 |
9.007,1 |
23,2 |
22,5 |
Le
secteur végétal bénéficiait en 1998, avec plus de
26 milliards d'écus, de près de 69 % des fonds
européens. A elles seules, les cultures arables ont cette
année-là reçu environ 46,2 % des moyens de la PAC.
Quant au secteur animal (25 % du total), il était dominé par
les paiements au profit de la viande bovine -en très nette baisse par
rapport à l'exercice antérieur du fait de l'épuisement des
aides destinées à atténuer les conséquences de la
crise de la " vache folle "- et par les soutiens aux productions
laitières.
La dépense agricole communautaire apparaît ainsi fortement
concentrée, ce qui trouve un prolongement au niveau national puisqu'en
France 26 % des exploitants reçoivent 72 % du montant des
aides compensatoires aux surfaces, 5 % des exploitants en recevant 31 %
selon les observations récentes de la Cour des comptes au sujet de la
gestion de l'office national interprofessionnel des céréales.
Des crédits versés à la France, il convient de
déduire chaque année une somme, 206,8 millions de francs en
1998.
La dépense européenne est en effet gérée pour
l'essentiel par des organismes agricoles ainsi que le montre le tableau
ci-après.
Evolution des dépenses par exercice au titre du FEOGA-Garantie
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
ONILAIT |
5.508,50 |
5.599,25 |
5.924,63 |
5.073,63 |
ONIFLHOR |
2.064,60 |
1.919,40 |
1.608,91 |
2.042,66 |
ONIC |
23.096,00 |
24.949,68 |
25.948,72 |
27.438,99 |
FIRS |
2.62,30 |
3.385,94 |
4.148,36 |
3.916,78 |
SIDO |
9.437,00 |
9.594,42 |
9.335,82 |
9.340,85 |
FIOM |
91,80 |
69,37 |
63,08 |
46,35 |
OFIVAL |
5.650,60 |
8.098,71 |
6.126,10 |
4.685,22 |
ONIVINS |
1.416,10 |
630,33 |
548,30 |
502,00 |
SAV (1) |
|
584,11 |
949,10 |
800,70 |
ODEADOM |
316,40 |
478,79 |
748,61 |
729,32 |
CNASEA |
1.567,50 |
1.443,00 |
1.526,69 |
962,28 |
ACCT |
3.573,30 |
5.710,64 |
3.633,22 |
4.660,44 |
SOUS-TOTAL |
54.784,10 |
62.463,64 |
60.561,54 |
60.199,32 |
(1)
Agréée en tant qu'organisme payeur depuis 1996, auparavant
agissant par délégation de l'ONIVINS
Source : ACOFA
Or, la concentration des versements en fin d'année contraint l'agence
centrale des organismes d'intervention dans le secteur agricole, l'ACOFA
à contracter chaque fin d'année un emprunt afin d'assurer la
trésorerie du système. En 1998, cet emprunt s'est
élevé à 34,8 milliards de francs et a
généré des frais financiers de 206,8 millions de
francs, à la charge de la France.
II. LES AUTRES DÉPENSES EN FRANCE : UN " BILAN " MÉDIOCRE
Lors du premier exercice de programmation, entre 1989 et 1993, la France était destinataire de 10,2 % des moyens consacrés à cette politique alors que dans le second de ces exercices sa part théorique n'était plus que de 9,8 %.
Evolution des versements théoriques au titre de la
politique structurelle
au profit de la France (1989-1999)
(en millions d'écus 1994)
|
1989-1993 |
1994-1999 |
||
|
Versements à la France |
Part relative de la France dans CE |
Versements à la France |
Part relative (1) de la France dans CE |
Objectif 1 |
|
|
|
|
Régions en retard de développement |
1.082 |
2,4 % |
2.190 |
2,3 % |
Objectif 2 |
|
|
|
|
Régions de reconversion industrielle |
1.495 |
18,3 % |
3.769 |
24,5 % |
Objectif 3 et 4 |
|
|
|
|
Lutte contre le chômage |
1.809 |
20,5 % |
3.203 |
21,1 % |
Objectif 5a |
|
|
|
|
Structures agricoles |
1.400 |
33,7 % |
1.936 |
31,5 % |
Objectif 5b |
|
|
|
|
Zones de développement rural |
1.170 |
36,8 % |
2.236 |
32,6 % |
PIC (1) |
|
|
|
|
Programmes d'initiative communautaire |
453 |
10,1 % |
1.605 |
11,4 % |
Total (2) |
7.409 |
10,2 % |
14.939 |
9,8 % |
Source : Commission, premier rapport sur la cohésion,
novembre 1996
(1) Hors fonds de cohésion. En tenant compte de celui-ci, la part de la
France s'élève à 8,9
%.
Selon toute vraisemblance, sa part effective sera très
inférieure à ce niveau théorique puisqu'aussi bien la
France figure parmi les pays les moins aptes à consommer leurs
dotations.
La prochaine période de programmation marque un nouveau recul de la part
des crédits d'actions structurelles allouée à la France.
Décisions de répartition des fonds pour 2000-2006
(En Meuros 99)
|
Dépenses en CE pour la France |
Part relative de la France dans CE |
Objectif 1
|
3.254
|
2,5 %
|
Objectif 2
|
5.437
|
27,5 %
|
Objectif 3
|
4.540 |
18,9 % |
IFOP
|
225 |
20,3 % |
PIC
|
n.d |
n.d |
Total (hors PIC) |
14.620 |
7,96 % |
Source : Commission
Il est intéressant de revenir sur les motifs de nos retards de
consommation.
Paiements au titre des fonds structurels
(en millions d'euros)
|
1994 |
1995 |
1996 |
|||
|
Retours France |
Part relative de la France dans CE |
Retours France |
Part relative de la France dans CE |
Retours France |
Part relative de la France dans CE |
FEOGA-Orientation
|
384,1
|
13,3%
|
359,8
|
12 9 %
|
442,3
|
11,6 %
|
TOTAL |
1.298,2 |
9,7 % |
1.126,1 |
7,1 % |
1.730,1 |
8,5 % |
Cette
situation semble provenir d'un ensemble de facteurs les uns de fond, les autres
plus techniques.
S'agissant des problèmes de fond, la capacité des préfets
de région à élaborer des programmations régionales
est fréquemment mise en cause. Elle pourrait d'ailleurs n'être que
le reflet d'un certain manque d'appétit pour des financements dont les
acteurs locaux savent ce qu'ils leur coûtent sans certitude aucune sur ce
qu'ils pourraient leur rapporter.
Il est certain que l'obligation de dégager des contreparties nationales
ainsi que la lourdeur des procédures européennes et nationales
sont un frein aux initiatives.
Le principe d'additionnalité qui régit les interventions
structurelles occasionne en effet une charge très importante. En
contrepartie d'un versement européen qui a atteint 14,9 milliards
d'écus entre 1994 et 1999, 19,3 milliards d'écus ont
dû être budgétés par la France.
Cette caractéristique est susceptible de provoquer une certaine
réticence à exercer nos droits de tirage.
Comme nos partenaires ne font pas preuve de tant de réticences, nous
sommes conduits à financer à travers notre contribution au budget
les dépenses européennes qui leur reviennent. Notre
négligence ne nous rapporte que la fraction d'autofinancement des
dépenses programmées au bénéfice de la France, ce
qui constitue une économie qui finalement apparaît coûteuse.
En la matière, la pire avance survient lorsque du fait de nos
défauts d'organisation, la France se voit notifier des notes de
débit par la Commission.
Celles-ci concernent principalement les actions structurelles et le
FEOGA-Garantie.
En matière de politique agricole commune
, les corrections
financières infligées à la France se sont sensiblement
accrues pour les derniers exercices apurés. De l'ordre de
100 millions de francs jusqu'au milieu des années 1990, soit
0,2 % des aides versées, elles sont passées à
500 millions de francs, représentant 1 % des aides
versées, pour les trois exercices apurés entre 1996 et 1998. En
1999, le montant des corrections imputées à ce jour à la
France connaît une nouvelle augmentation et s'élève
à 707,6 millions de francs. Les dossiers en cours de discussion
avec la Commission européenne laissent supposer des menaces
particulièrement élevées sur les prochains exercices.
Le montant des corrections financières à financer sur le
budget 2000 pourrait ainsi atteindre 2 milliards de francs.
De façon générale, trois causes principales motivent les
sanctions financières appliquées par la Commission
européenne :
- la mauvaise application de la réglementation, qui peut être
liée à sa complexité, mais aussi à la prise en
compte de certaines spécificités nationales ;
- l'absence de sanctions des fraudes et irrégularités
détectées et le retard pris dans le recouvrement des sommes
indûment versées ;
- des insuffisances dans les dispositifs de contrôles nationaux,
susceptibles de faire courir des risques financiers au budget communautaire.
Pour les contrôles relatifs à l'utilisation des crédits
structurels
qui sont effectués en France par les services
administratifs instructeurs des dossiers, par les inspections
générales des administrations concernées et par des
contrôleurs locaux, la France a mis en place dès 1993 une
commission interministérielle de contrôle, par anticipation sur la
réglementation communautaire. Depuis 1994, les
irrégularités constatées et le recouvrement de sommes
indûment perçues doivent être déclarées
à la Commission.
La Commission dispose du pouvoir de notification aux Etats membres de
corrections financières en cas de non respect des règles d'octroi
des subventions communautaires au titre des fonds structurels (règles
relatives au cofinancement notamment) ou pour absence de certification de
réalité des dépenses publiques déclarées en
matière de fonds structurels. Jusqu'en 1990, la Commission
procédait par compensation, en amputant les concours communautaires pour
l'exercice en cours du montant des corrections dues au titre des exercices
antérieurs. Depuis cette date, la Commission émet des notes de
débit,
" établissant le montant à recouvrer, la
marche à suivre par l'Etat membre pour effectuer ce remboursement et le
délai imparti pour ce remboursement ".
La Commission a notifié le 24 juin 1996 25 notes de
débit relatives aux programmes FEDER antérieurs à 1989,
portant sur un trop perçu qui a été fixé
in
fine
, au terme de discussions engagées entre les autorités
françaises et la Commission, à 436 millions de francs
(250 millions de francs au titre du FEDER, 56 millions de francs au
titre du FEDER hors quota, et 130 millions de francs que la Commission
s'est directement remboursé par compensation). Les sommes
correspondantes ont été payées par la France en
décembre 1998.
La Commission a également notifié en septembre 1998
l'existence d'un trop perçu de 95 millions de francs au titre de
programmes antérieurs à 1989, qui devra faire l'objet d'un
remboursement par la France dans les meilleurs délais. Le niveau des
crédits d'actions structurelles alloués à la France
restant à exécuter atteint un montant tel que des menaces
sérieuses subsistent.
Quant aux autres versements européens en France qui proviennent pour
l'essentiel des politiques internes, le moins qu'on puisse en dire est qu'ils
sont très inférieurs en proportion à celle de notre
contribution.
La part du financement apporté par la France aux dépenses de
recherche et développement réalisées en Europe est par
exemple sans commune mesure avec les maigres retours dont
bénéficie notre pays dans le cadre des programmes communs de
recherche et de développement. C'est l'illustration même de la
mauvaise conception de ces programmes mais c'est aussi celle des
difficultés que la France semble rencontrer pour mobiliser les
financements européens.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 16 novembre 1999 sous la
présidence de M. Alain Lambert, président, puis de
M. Roland du Luart, vice-président, la commission a
procédé, sur le rapport de M. Denis Badré, à
l'examen de l'article 35 du projet de loi de finances pour 2000 fixant le
montant de la contribution française au budget européen.
M. Denis Badré, rapporteur spécial, a indiqué que le
projet de loi de finances évaluait le prélèvement au
profit du budget européen à 98,5 milliards de francs, soit
environ 1,1 point de produit intérieur brut (PIB) et 6 % des recettes
fiscales nettes de l'Etat, et qu'il progressait ainsi de 3,7 % par rapport aux
prévisions de 1999, et de 5,3 % par rapport au prélèvement
effectif attendu (93,5 milliards de francs).
Il a rappelé que ce prélèvement servait à financer
un peu plus de 17 % d'un budget européen dont il a alors
exposé les principaux traits : une masse de crédits de 88
milliards d'euros, soit 581 milliards de francs, une progression de 2,8 % des
crédits de paiement, une diminution des crédits d'engagement de
4,6 %, une réduction des crédits agricoles fixés à
un niveau très inférieur au plafond des dépenses
autorisées, et un accroissement des autres crédits de 5 %.
Il a alors observé que le sort réservé à la
dépense agricole était inspiré d'un certain optimisme
quant à l'évolution comparée des prix européens et
mondiaux, rappelant que les crises en cours et l'évolution du dollar
pourraient bien distendre, au-delà des prévisions initiales, les
prix européens et de marché, et précisant qu'une baisse du
dollar de 10 % équivalait à 450 millions d'euros de
dépenses agricoles supplémentaires.
Il a ensuite relativisé la signification des variations portant sur les
crédits d'actions structurelles (35,3 % du budget) en faisant valoir que
la diminution de 10,4 % des crédits d'engagement prévue en 2000
devait être mise en rapport avec leur augmentation de plus de 16 %, l'an
dernier, destinée à solder la programmation d'Edimbourg.
Ayant évoqué la progression des crédits de la rubrique 3
consacrée aux politiques internes et les modifications de la rubrique 4,
relative aux actions extérieures, il a mentionné la croissance de
3,6 % des dépenses administratives, soulignant un certain défaut
de lisibilité de ses dépenses résultant de
l'éclatement des dépenses de gestion dans les différentes
rubriques du budget européen.
Il a alors évoqué l'effritement continu des ressources propres
traditionnelles (prélèvements agricoles et droits de douane), qui
ne représentent plus que 16 % du total des recettes du budget
européen. Il a précisé que, si la France apportait, avec
98,5 milliards de francs, 17,1 % des recettes du budget européen, notre
contribution s'élèverait à 120 milliards en 2006,
progressant ainsi beaucoup plus que ce qui serait compatible avec une
stabilisation en francs constants, ajoutant qu'en contrepartie de sa
contribution, notre pays recevait des versements européens qui, en 1997,
dernière année connue, avaient couvert 91 % de cette
dernière.
M. Denis Badré, rapporteur spécial, a alors exposé ses
observations en remarquant d'abord que le projet de budget européen,
base de calcul de la contribution inscrite dans le projet de loi de finances,
n'était pas le budget définitif, mais le projet
élaboré par le Conseil qui, soumis à l'examen du
Parlement, risquait d'être augmenté par lui de 3 milliards
d'euros. Il a souligné que si tel devait être le cas, le budget
augmenterait de 5,4 % et la contribution française dépasserait
101 milliards de francs.
Evoquant la nouvelle programmation financière adoptée à
Berlin pour la période 2000-2006, il a observé que le budget pour
2000 n'en portait pas entièrement la marque et que cette situation en
faisait un budget de transition. Il a souligné qu'il en résultait
un traitement contestable réservé aux crédits de paiement
des actions structurelles, puisque la modération relative de leur
augmentation relevait, pour une grande part, d'une volonté d'afficher
une progression contenue des crédits budgétaires. Il a
précisé qu'en effet, les dotations en crédits de paiement
des actions structurelles couvraient moins de 30 % des crédits
d'engagement inscrits en 2000 à ce titre, la très grande
majorité des crédits de paiement inscrits étant
destinée à apurer les restes à liquider de la
programmation d'Edimbourg.
Il a alors déploré qu'à peine entamée une nouvelle
période de programmation, l'on répète les erreurs du
passé qui avaient conduit à une accumulation de restes à
liquider. Il en a conclu que plus d'un quart des ressources mobilisées
pour financer le budget 2000 étant destiné à honorer les
engagements antérieurs, ce budget était donc largement un budget
" à crédit ".
Il a alors mis en évidence une ambiguïté fondamentale dans
la politique de cohésion communautaire soutenue par les crédits
d'actions structurelles, censée être une politique de
cohésion entre les Etats membres. Il a alors observé qu'elle
était devenue une politique européenne d'aménagement du
territoire non prévue par les traités et au terme de laquelle les
pays " riches " se trouvaient destinataires de la moitié des
crédits destinés à la cohésion entre Etats membres.
Il a indiqué que cette interrogation lui paraissait d'autant plus
légitime que les crédits d'actions structurelles ne comportaient
aucune réserve mobilisable pour amortir les chocs économiques
asymétriques entre Etats qui pourraient se révéler, en
régime de monnaie unique, difficiles à gérer.
M. Denis Badré, rapporteur spécial, a enfin
développé quelques questions posées par la programmation
budgétaire 2000-2006 adoptée à Berlin.
Il a d'abord regretté la teneur anti-européenne du compromis de
Berlin qui, s'étant centré sur la question des soldes
budgétaires, avait privilégié une approche fondée
sur des données comptables fausses, sur une méconnaissance totale
de la dimension économique du budget européen et sur une posture
politique entièrement contraire à la logique même d'un
budget européen.
Il a estimé que cette polarisation du débat avait produit deux
effets pervers : l'absence de vraie réflexion sur le sens et donc la
structure des interventions d'un budget pour l'Europe et une réforme
à contresens du financement du budget.
Evoquant le problème du financement du budget européen, il a
rappelé que le système en vigueur correspondait globalement aux
exigences d'équité horizontale, la seule vraie difficulté
qui subsistait venant de la correction britannique. Il a alors
déploré que le compromis de Berlin n'ait pas résolu cette
difficulté et en ait, au contraire, accentué les effets pervers
en prévoyant qu'un certain nombre d'Etats qui s'étaient plaints
de trop contribuer au budget bénéficieraient d'une exemption de
contribution au financement de la correction britannique au détriment
des autres.
Il a alors regretté que deux très grosses impasses aient
été faites à Berlin : la première sur le
consentement au prélèvement européen ; la seconde sur la
nature du financement du budget européen.
Ayant souligné que le consentement au prélèvement
européen était fortement dilué, il a observé qu'il
obéissait, de fait, à une fiction selon laquelle les
décideurs ne sont pas responsables, les responsables pas
décideurs et les contribuables dénués de toute vraie
représentation.
Il a ensuite souligné les inconvénients d'une alimentation du
budget à travers les contributions des Etats, faisant valoir qu'elle
nourrissait des contestations permanentes.
Evoquant les dépenses, il a jugé que la programmation de Berlin
avait tout simplement visé à constituer des marges de manoeuvre
dans la perspective de l'élargissement en préservant les moyens
des dépenses non obligatoires, mais au détriment de la politique
agricole commune.
Il a déploré qu'on ne trouve pas trace, dans la programmation
financière, de réels projets nouveaux comme ceux concernant la
défense européenne. Puis il a jugé que les moyens
consacrés à l'élargissement apparaissaient
sous-dimensionnés, de telle sorte que l'ouverture de l'Europe à
de nouveaux membres poserait inévitablement le problème de leur
augmentation.
Il a conclu sa présentation en indiquant à la commission que,
sauf à provoquer une crise majeure, l'adoption de l'article 35 du projet
de loi de finances fixant le montant du versement au budget européen
était une figure imposée.
M. Roland du Luart, vice-président, s'est inquiété des
suites données aux observations de la Cour des Comptes
européenne, mentionnant un niveau de fraude portant sur 5 % des
crédits européens.
En réponse, M. Denis Badré, rapporteur spécial, a
rappelé qu'il convenait, pour apprécier la fraude aux
intérêts financiers de l'Union européenne, de faire la
distinction entre les fraudes imputables à des carences de la Commission
et celles résultant de la gestion des finances européennes dans
les différents Etats membres.
Ayant rappelé les initiatives prises pour améliorer le
contrôle de la gestion du budget européen, il a souhaité
que l'effort réalisé dans ce domaine ne se relâche pas.
La commission a alors décidé de proposer au Sénat
d'adopter l'article 35 du projet de loi de finances.
1
Rapport n° 85 du
20 novembre
1997. Sénat. Rapport général " Affaires
européennes et article 24 : évaluation de la
participation française au budget des Communautés
européennes ".
2
Avant-projet de budget de la Commission.
3
Ces redéploiements sont toutefois hors d'atteinte en
pratique du fait du statut privilégié des dépenses
structurelles qui, telles que programmées, constituent moins un plafond
qu'un objectif de dépenses.
4
" Le financement de l'Union européenne " -
Rapport de la Commission européenne - 7 octobre 1998.
5
Les chiffres des tableaux ci-dessus mentionnent un accroissement
de la part de financement du budget venant de la ressource TVA qui s'explique
par des facteurs techniques dont l'essentiel est lié à la
composition de la croissance économique.
6
Une part -minime- des engagements passés font toutefois
l'objet d'apurement en dégagement de crédits.