Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 4 : Aménagement du territoire et environnement : I. - Aménagement du territoire.

BESSE (Roger), rapporteur spécial

RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 4 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES

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Table des matières




N° 89

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000

Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,

Par M. Philippe MARINI,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 4

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET ENVIRONNEMENT :

I
. - AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Rapporteur spécial : M. Roger BESSE

(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1805 , 1861 à 1866 et T.A. 370 .

Sénat : 88 (1999-2000).


Lois de finances.

PRINCIPALES OBSERVATIONS DU RAPPORTEUR

1. Le projet de loi de finances pour 2000 met en évidence le double discours du gouvernement sur le zonage, puisque son article 58 reprend une proposition du Sénat rejetée par la ministre de l'aménagement du territoire au printemps 1999, lors de la discussion de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire. Par ailleurs, il s'avère que l'évolution des dispositifs zonés ne fait l'objet d'un suivi précis et que les dispositions législatives susceptibles de modifier la portée d'une exonération fiscale ne font pas l'objet d'études d'impact de la part du ministère de l'aménagement du territoire.

2. La prime d'aménagement du territoire connaîtra en 2000 deux réformes contradictoires. D'une part, les seuils d'éligibilité sont abaissés, comme le préconise le Sénat depuis longtemps. Mais d'autre part, la révision de la carte, réalisée sans consultation des élus locaux, exclut de l'éligibilité les territoires ruraux qui auraient pu tirer profit de la baisse des seuils.

4. Les fonds créés par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 sont laissés en déshérence. Le fonds de péréquation des transports aériens a changé de nom et ne se consacre plus que marginalement à la péréquation, le fonds national de développement des entreprises n'a pas d'existence véritable, le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables sert surtout à financer des opérations qui relevaient auparavant du budget ministère des transports et le fonds de gestion de l'espace rural est appelé à être remplacé par les nouveaux contrats territoriaux d'exploitation et le fonds de gestion des milieux naturels.

5. La politique d'aménagement du territoire repose à la fois sur les infrastructures structurantes et sur la mobilisation des territoires. A cet égard, il convient d'encourager les structures d'aide à la création d'entreprise et d'assouplir le régime des aides à la reprise d'entreprise.

6. L'égal accès de tous aux service public n'est plus garanti. Le moratoire sur la fermeture des services publics n'est pas respecté partout.

I. L'EXÉCUTION DES LOIS DE FINANCES POUR 1998 ET 1999

A. UN RYTHME DE CONSOMMATION DES CRÉDITS QUI OBÉIT A DES CYCLES PARTICULIERS

1. La consommation des crédits de la DATAR

Le rythme d'engagement des crédits du titre III (dépenses de personnel et moyens de fonctionnement des services) obéit aux règles normales de l'exécution budgétaire. En 1998, le taux de consommation de ces crédits s'est élevé à 96,57 %. Au 30 juin 1999, à mi-parcours de l'exécution de cet exercice, ce taux s'établissait à 30,72 %. Il s'explique par le fait que les factures correspondant à l'équipement des services n'avaient pas encore été payées, même si les marchés correspondants avaient été passés.

2. La consommation des crédits de la PAT et du FNADT

Les crédits des titres IV et VI du budget de l'aménagement du territoire sont ceux de la prime d'aménagement du territoire (PAT) et du Fonds national d'aménagement du territoire (FNADT). Ces crédits sont attribués à des projets spécifiques par le comité interministériel d'aide à la localisation des activités (CIALA) s'agissant de la PAT, et par le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIADT) s'agissant du FNADT.

Le niveau d'engagement des crédits de ces chapitres dépend très directement de la fréquence des réunions de ces instances. Le CIALA se réunit de nombreuses fois au cours de l'année (huit fois en 1998, cinq fois à la fin de l'été 1999), par conséquent, la consommation des crédits de la PAT au cours de l'exercice est " lissée ". En outre, le gouvernement poursuit l'effort entrepris par son prédécesseur pour " apurer " le stock de crédits reportés et jamais consommés. En conséquence, depuis 1998, les crédits de la PAT connaissent un bon niveau de consommation (84,75 % en 1998, 44,59 % fin juin 1999). Pour 1998, la DATAR a indiqué à votre rapporteur spécial que " les crédits non consommés, de l'ordre de 15 % du plafond de décision fixé par [le ministère du budget], constituent une marge de sécurité essentielle permettant de gérer l'incertitude relative au nombre de gros dossiers fortement consommateurs de crédit survenant dans l'année ".

Le Comité interministériel d'aménagement du territoire se réunit moins souvent que le CIALA. Ainsi, lorsque votre rapporteur spécial a demandé à la DATAR de réagir à l'observation formulée par la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, selon laquelle près de 10 % des crédits ouverts en 1997 avaient été reportés sur l'exercice 1998, il obtenu la réponse suivante : " l'appréciation portée par la Cour des comptes trouve son explication dans le fait d'une programmation tardive des deux derniers CIADT, respectivement en décembre 1997 et en décembre 1998. Cette programmation tardive a entraîné une sous-consommation des crédits au cours des exercices considérés et corrélativement une augmentation sensible des reports sur les exercices suivants ".

En 1998, les crédits du FNADT relevant du titre IV ont été consommés à 80,92 % et ceux du titre VI à 71,83 %. Au 31 août 1999, les crédits du titre IV étaient consommés à 81,4 % et ceux du titre VI à 61,46 %. Le bon niveau d'exécution de 1999 peut s'expliquer par la tenue d'un CIADT au mois de juillet, à Arles.

B. LE BUDGET DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE SERT ÉGALEMENT DE " BOITE AUX LETTRES "

Outre le financement des missions traditionnelles du FNADT, le chapitre 44-10 (FNADT-interventions) sert également, depuis 1996, de " boîte à lettre ". Il est abondé en gestion pour financer certaines opérations spécifiques :

1. Les crédits du contrat interrégional du bassin parisien

Entre 1994 et 1999, 1 milliard de francs, correspondant à la part de l'Etat et des huit régions du bassin parisien, ont convergé vers le 44-10 avant d'être délégués au préfet de la région Ile-de-France. La nouvelle génération de contrats de plan (2000-2006) ne renouvellera pas l'expérience d'un contrat spécifique au bassin parisien.

2. Les " mesures sociales dérogatoires "

Le FNADT " héberge " des crédits qui servent à financer l'accompagnement social des restructurations des industries de la défense. Ces crédits proviennent du ministère de la défense, et plus spécifiquement du fonds de restructuration des entreprises de défense (FRED). Ils se sont élevés à 10 millions de francs en 1997 et à 47,4 millions de francs en 1998, ouverts dans le cadre d'un décret d'avance, dont 37 millions ont été reportés sur l'exercice 1999. Votre rapporteur spécial observe que les crédits du FRED relèvent du titre VI et qu'ils alimentent un chapitre du titre IV.

II. LES CRÉDITS EN FAVEUR DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000

Le Parlement doit se prononcer sur les crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans le fascicule budgétaire " I. Aménagement du territoire " du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement .

Ces crédits ne constituent qu'une petite partie de l'ensemble des crédits du budget que l'Etat estime relever de la politique d'aménagement du territoire. Dans le projet de loi de finances pour 2000, l'effort total de l'Etat est estimé à 54,8 milliards de francs par le " jaune " budgétaire, tandis que les crédits du " bleu " s'élèvent à 1,9 milliard de francs, soit 3,5 % de l'ensemble.

A. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DU MINISTÈRE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT

La nomenclature des crédits de l'aménagement du territoire n'a pas changé dans le projet de loi de finances pour 2000. Ils comprennent :

- les dépenses de fonctionnement de la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, la DATAR ;

- les crédits consacrés à la prime d'aménagement du territoire (PAT) ;

- les crédits du fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT).

Le graphique ci-dessous retrace la part relative de ces trois grands postes de dépenses :

Le budget de l'aménagement du territoire s'élève à 1,9 milliard de francs dans le PLF 2000. Il augmente de 127 millions de francs, soit 7 %.

Cette augmentation résulte principalement de l'augmentation de 105 millions de francs de la dotation de la prime d'aménagement du territoire.

L'évolution par titre des crédits de l'aménagement du territoire

(en millions de francs)


 

LFI 99

PLF 2000

Evol. en valeur

Evol. en %

Titre III (DATAR)

108,7

119,1

+ 10,3

+ 9,5 %

Titre IV (FNADT interv.)

295,3

455

+ 159,6

+ 54 %

Titre VI (investissement)

- PAT

- FNADT

1398,7

315

1083,7

1356

420

936

- 42,7

+ 105

- 147,7

- 3,05 %

+ 31,25 %

- 13,6 %

1. La DATAR

Les crédits de la DATAR représentent 1 % du budget de l'aménagement du territoire.

Ils augmentent, en apparence, de 10 % entre 1999 et 2000.

En réalité, l'augmentation des moyens de la DATAR est due à la poursuite du mouvement, engagé dans la loi de finances pour 1999, de transfert des crédits d'études de la DATAR du FNADT (titre VI) vers les moyens de fonctionnement de la délégation. En 2000, le montant du transfert s'élève à 9 millions de francs.

Le taux de progression réel des crédits de la DATAR en 2000 est de 1 %. Cette progression est entièrement due à celle des dépenses de personnel.

En 2000, les crédits d'études seront principalement orientés vers le financement des études que pourraient commander les nouvelles cellules de prospectives mises en place au sein de la DATAR. Ces cellules ne sont pas encore constituées.

Un appel à proposition a été lancé par la DATAR le 2 août 1999. Les thèmes proposés sont les suivants : aménagement du territoire en Europe ; loisirs et temps de vie : sports, tourisme, culture et formation ; réseaux, services et usages : technologies d'information et de communication, énergie et transports ; santé et territoires ; espaces naturels et ruraux et société urbanisée ; temps et territoire ; représentations et territoires ; les systèmes territoriaux nationaux : mutations, risques et innovations ; prospective territoriale et action publique ; échanges marchands et territoires.

Moyens de fonctionnement de la DATAR

 

1998

1999

2000

2000 à struct. constante

2000/1999 (en %)

2000/1999 (en %) à struct.constante

Personnel

54,27

56,93

58,52

58,52

+ 2,7

+ 2,7

Fonctionnement des services (hors études)

33,82

33,82

33,17

33,17

- 1,9

- 1,9

Etudes

18,00

18,00

27,46

18,46

+ 52,5

+ 2,5

Total

106

108,7

119,1

110,1

+ 10,1

+ 1,01

Total (hors études)

88,10

90,75

91,69

91,69

+ 1,03

+ 1,03

 
 
 
 
 
 
 

En 2000, les dépenses de fonctionnement de la DATAR progresseront, en tout, de 10,4 millions de francs alors que les dépenses de personnel augmentent de 1,6 millions de francs et les crédits d'études progressent de 9,4 millions de francs. La différence, soit 600.000 francs, provient d'un ajustement à la baisse des moyens de fonctionnement des services, qui sont réduits de 1,9 % en 2000.

Cet ajustement à la baisse repose essentiellement sur les dotations des postes de la DATAR à l'étranger. Selon les informations recueillies par votre rapporteur auprès de la DATAR, le renouvellement de l'équipement informatique des postes à l'étranger les années précédentes leur permettra de supporter sans difficulté la réduction des crédits qui leur sont consacrés.

La disparition programmée des postes de la DATAR à l'étranger au profit d'une Agence pour la promotion des investissements étrangers en France

Traditionnellement, votre rapporteur spécial présente dans son rapport un bilan de l'activité des bureaux de la DATAR à l'étranger, et se félicite de la qualité du travail accompli. Par exemple, pour les années 1996, 1997 et 1998, les bureaux de la DATAR à l'étranger ont été à l'origine de l'implantation de 356 entreprises étrangères qui ont créé 28.290 emplois.

Ces postes sont pourtant appelés à disparaître, dans le cadre d'une rationalisation de l'ensemble des instruments de promotion des investissements étrangers en France. Le rapport réalisé par notre collègue Serge Vinçon pour le compte de l'office parlementaire d'évaluation des politiques publiques (Sénat n° 333) a mis en évidence certains " doublons ".

En 1999, les crédits publics consacrés à la promotion des investissements étrangers en France se répartissaient de la manière suivante :

- 41,6 millions de francs pour les bureaux de la DATAR à l'étranger ;

- 7,5 millions de francs correspondant à la subvention versée par le FNADT au réseau Invest in France ;

- la prise en charge par la direction du personnel, de la modernisation et de l'administration (DPMA) des moyens matériels de la délégation aux investissements internationaux du ministère de l'économie et des finances, ainsi que le versement d'une subvention de fonctionnement de l'ordre de 5 millions de francs. Les 10 collaborateurs de la délégations sont mis à disposition par la DPMA et la direction des relations économiques extérieures (DREE).

Le 27 octobre 1999, votre commission des finances a auditionné le délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, ainsi que l'ambassadeur délégué aux investissements internationaux, au sujet des perspectives d'évolution du dispositif public d'attraction des investissements étrangers en France. Votre rapporteur spécial reproduit ci-dessous un extrait du compte-rendu de cette audition :

" M. Jean-Louis Guigou, délégué à l'aménagement du territoire, a tout d'abord rappelé quelques données chiffrées : trente ans après l'ouverture en 1969 du premier bureau de la DATAR à New-York, on dénombre actuellement 17 représentations françaises à l'étranger, dont 12 dans les pays de l'OCDE employant 70 personnes, pour 43 millions de francs de crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour l'an 2000.

Il a admis l'existence d'un certain nombre de dysfonctionnements soulignés dans le rapport de M. Serge Vinçon pour l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques et, en particulier, la compétition inadmissible entre deux services de l'État, tout en indiquant que, désormais, on était d'accord, tant du côté de la DATAR que du ministère des finances, pour travailler ensemble.

Il a attiré l'attention sur le nouveau contexte créé par la mise en place de l'euro, qui faisait de l'Europe la concurrente directe de l'Amérique pour attirer les investissements étrangers, compte tenu des perspectives économiques dans le reste du monde.

Il a noté, à ce propos, que même un pays de tradition libérale comme l'Allemagne était sur le point de créer un organisme national de promotion, à la tête duquel doit être nommé un ancien président de la Bundesbank, ce qui montre l'importance que ce pays attache désormais à ce type de structure.

M. Jean-Louis Guigou a alors explicité les conditions dans lesquelles il allait être procédé au " mariage " entre ses services et ceux de la Délégation aux investissements internationaux du ministère des finances :

- la future agence doit, quel que soit son statut, être ouverte aux régions, faute de quoi on pourrait assister à une balkanisation de l'effort public actuellement réparti à raison de 200 millions de francs pour les régions, 50 millions pour la DATAR et 10 millions de francs pour le ministère des finances ;

- les bureaux à l'étranger ne doivent pas être constitués de fonctionnaires, compte tenu de leur fonction essentiellement commerciale ;

- la prospection à l'étranger ne peut être dissociée de celle des territoires et un lien étroit doit être maintenu entre les bureaux à l'étranger et ceux implantés dans les régions ;

- la prospection doit s'appuyer sur une stratégie, ce qui prive de fondement la critique contenue dans le rapport de l'Office parlementaire d`évaluation des politiques publiques, consistant à dénoncer l'absence de stratégie de l'administration : bien au contraire, cent technologies-clés de l'avenir ont été identifiées, parmi lesquelles il en est douze où la France est bien placée.

Puis M. Didier Lombard, ambassadeur délégué aux investissements internationaux, est intervenu pour compléter l'intervention du délégué à l'aménagement du territoire. Après avoir rappelé certains éléments de cadrage et, en particulier, leur croissance exponentielle -les investissements internationaux doublent tous les deux ans- l'ambassadeur délégué a reconnu les lacunes du dispositif actuel, source de confusion dans l'esprit des entreprises étrangères qui ne savent pas toujours à qui s'adresser. Il a insisté sur la nécessité de mettre en place un réseau de communication intranet très performant et réitéré les objectifs de la réforme : clarification du dispositif, renforcement de la présence à l'étranger et développement de la coopération avec les acteurs régionaux. Il a conclu en estimant arbitraire la division du travail entre les agents de la DATAR et ceux du ministère des finances préconisée par le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques. "

2. La prime d'aménagement du territoire (PAT)

Les crédits consacrés à la prime d'aménagement du territoire augmentent de 105 millions de francs en 2000 (+ 33 %) et s'établissent à 420 millions de francs.

Cette forte progression marque la " fin d'une époque ", au cours de laquelle les crédits de la PAT étaient caractérisés par une sous-consommation chronique.

L'année 2000 marquera l'achèvement du processus d'apurement du stock de report de crédits de paiement reportés, enclenché par le précédent gouvernement et poursuivi par l'actuel. En 1998, 111 millions de francs d'autorisations de programme et 32 millions de francs de crédits de paiement ont ainsi fait l'objet d'annulations. Le taux de consommation des crédits en 1998 s'est élevé à 85 %, contre 56,8 % en 1997.

De plus, l'assouplissement, certes limité, des critères d'éligibilité à la prime à compter de 2000 permettra d'améliorer la consommation des crédits du chapitre 64-00.

3. Le fonds national d'aménagement et de développement du territoire (FNADT)

Le FNADT est une création de l'article 33 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4 février 1995. Il a vocation à regrouper les crédits " consacrés aux interventions pour l'aménagement du territoire, à la restructuration des zones minières, à la délocalisation des entreprises, à l'aide aux initiatives locales pour l'emploi, au développement de la montagne et à l'aménagement rural ".

Ses crédits sont répartis entre deux sections :

- une section générale gérée par le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT) présidé par le Premier ministre, qui bénéficie d'environ 35 % des crédits du fonds ;

- une section locale composée de crédits déconcentrés auprès des préfets de région qui les utilisent pour financer des opérations contractualisées (plus de 50 % des crédits) et, pour le solde, subventionnent des opérations présentant un intérêt d'aménagement du territoire.

Une circulaire précisant les modalités de la gestion du FNADT paraîtra au début de l'année prochaine. Elle devrait notamment entériner l'évolution du FNADT vers le soutien aux projets présentant une dimension intercommunale.

Lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, la ministre de l'aménagement du territoire, interrogée sur ce point, a rappelé les circonstances qui ont motivé l'élaboration de cette circulaire. Le compte-rendu de cette audition rapporte que la ministre a " indiqué que le gouvernement avait fait part de son souci de modifier les règles d'emploi du FNADT dès le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIADT) du 15 décembre 1997 et que, dans ce but, elle avait demandé à l'inspection générale des finances de réaliser une évaluation du dispositif actuel. Elle a déclaré que cette étude avait confirmé que le FNADT ne servait pas toujours à financer des projets nouveaux d'aménagement du territoire, mais se substituait souvent aux crédits d'autres ministères. Elle a fait allusion à certaines analyses très dures de l'utilisation par les préfets de la section locale du FNADT. Elle a souhaité que, à compter de 2000, la gestion du FNADT respecte le principe de subsidiarité et s'oriente principalement vers les projets participant à la recomposition du territoire. "

Dans le projet de loi de finances pour 2000, le montant des crédits du FNADT est pratiquement stable : il augmente de 1 %.

L'évolution des crédits du FNADT

(en millions de francs)

 

LFI 99

PLF 2000

Evol. en volume

Evol. en %

Interventions

295,3

455

+ 159,7

+ 54 %

Investissements

1083,7

936

- 147,7

- 14 %

TOTAL

1379

1391

+ 12

+ 1%

La stabilité du montant total du FNADT contraste avec les évolutions de la répartition interne des crédits du fonds, caractérisée par un transfert des dépenses d'investissement (titre VI) vers les dépenses d'intervention (titre IV).

Ce mouvement s'explique par la volonté de la DATAR d'orienter sa politique contractuelle vers le soutien logistique (conseil, études) à la définition de " conventions d'objectifs ", qui préfigureront le contenu des nouveaux contrats de pays et contrats d'agglomération créés par la loi du 25 juin 1999, et qui seront intégrés aux contrats de plan Etat-régions.

S'agissant des contrats de plan Etat-régions, la DATAR a modifié sa nomenclature budgétaire de manière à faire apparaître le montant des crédits consacrés au financement d'opérations relevant des contrats 2000-2006. Cette initiative est appelée à être imitée par les autres ministères, et permettra d'améliorer le suivi du financement par l'Etat de sa participation aux contrats de plan Etat-région.

Au total, la DATAR consacrera 595 millions de francs aux contrats de plan en 2000.

B. L'EFFORT GLOBAL DE L'ETAT

1. L'imprécision du " jaune " budgétaire

La qualité des informations fournies par l'état récapitulatif de l'effort financier en faveur de l'aménagement du territoire, le " jaune ", s'est améliorée ces dernières années. Ainsi, dorénavant, ce document précise sur quels chapitres du budget des différents ministères s'impute leur contribution à la politique d'aménagement du territoire.

Le " jaune " comporte cependant encore des lacunes. Par exemple :

- le montant de la contribution du ministère des transports inclut les crédits du fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN), qui est pourtant un compte spécial du Trésor. Le montant de la contribution du ministère des transports est donc majoré de 4,3 milliards de francs. En revanche, le " jaune " ne mentionne pas du tout la fraction des crédits de l'ancien FPTA, le fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA), consacrée à l'aménagement du territoire ;

- au sein des concours financiers de l'Etat aux collectivités locales, seule la dotation de développement rural (DDR), qui est une composante du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP), est recensée comme relevant de la politique d'aménagement du territoire. Sont ainsi laissés de côté les crédits de la dotation de solidarité urbaine (DSU), de la dotation de solidarité rurale (DSR), du deuxième concours de l'Etat au FNPTP et du concours au fonds national de péréquation (FNP). En conséquence, alors que la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 affirme, dans son article premier, que la politique d'aménagement du territoire " réduit les écarts de richesse entre les collectivités territoriales par une péréquation de leurs ressources en fonction de leurs charges et par une modulation des aides publiques ", le " jaune " budgétaire ne retrace pas le montant des instruments budgétaires destinés à cet effet.

- la dépense fiscale ne fait toujours pas l'objet d'un recensement exhaustif. Le " jaune " fournit seulement le montant du coût pour l'Etat de deux des exonérations de charges fiscales liées à la politique d'aménagement du territoire. L'imputation budgétaire des compensations d'exonérations d'impôts locaux versées aux collectivités locales, lorsqu'elles existent, n'est pas précisée.

2. Les crédits du budget général

Le " jaune " consacré à l'aménagement du territoire évalue à 54,8 milliards de francs l'effort total de l'Etat en faveur de l'aménagement du territoire en 2000.

Le principal ministère concerné est celui des transports, dont il est considéré qu'il consacre, hors compte spéciaux du Trésor, plus de 25 milliards de francs à la politique d'aménagement du territoire.

Le second plus gros contributeur à la politique d'aménagement du territoire est le ministère de l'agriculture, avec 10,4 milliards de francs. Ces crédits comprennent notamment ceux du Fonds de gestion de l'espace rural (FGER), du Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) et des contrats territoriaux d'exploitation (CTE).

3. Les comptes spéciaux du Trésor

La loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 a créé deux comptes d'affectation spéciale destinés à promouvoir la politique d'aménagement du territoire :

Le fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA)

Le FIATA est issu de la transformation en 1999 du fonds de péréquation des transports aériens, le FPTA. Ce fonds avait initialement été créé dans le but d'accorder des subventions aux compagnies aériennes exploitant des lignes déficitaires. Ses missions ont été élargies en 1999. Il contribue maintenant également au financement des dépenses de sécurité des aéroports.

Les dépenses de ce fonds n'ont jamais été à la hauteur des prévisions initiales. La taxe créée pour le financer avait été " calibrée " pour rapporter plus de 100 millions de francs (142 millions de francs en 1996). Cependant, les dépenses ont toujours été inférieures, si bien que le taux de la taxe à été réduit. Malgré tout, un montant important de reports de crédits a été accumulé.

Les dépenses en faveur des lignes aériennes d'aménagement du territoire n'ont cependant jamais cessé d'augmenter. Elles s'établissent aujourd'hui à un peu de moins de 80 millions de francs, les estimations pour 1999 et 2000 s'établissant à 71 et 76 millions de francs.

La péréquation est cependant devenue un objet marginal pour le FIATA. Le produit de la taxe de l'aviation civile alimentant le fonds s'élèvera en 2000 à 361 millions de francs, soit 213 millions de francs de plus qu'en 1999. Au sein de ces crédits, les mesures nouvelles en faveur de la péréquation ne représenteront que 50 millions de francs, soit 1 million de francs de moins qu'en 1999.

Le fonds d'investissement pour les transports terrestres et les voies navigables (FITTVN)

Les ressources du FITTVN devraient progresser de 10,3 % en 2000, passant de 3.930 millions de francs en 1999 à 4.335 millions de francs en 2000. L'augmentation des moyens du fonds résulte du relèvement de 4 à 4,5 centimes de la taxe sur les sociétés concessionnaires d'autoroutes, prévu par l'article 33 du présent projet de loi de finances.

L'augmentation de cette taxe contribuera à dégrader l'équilibre financier des sociétés concessionnaires d'autoroutes 1( * ) . Votre commission des finances a adopté un amendement de suppression de l'article 33 du projet de loi de finances pour 2000.



L'évolution des dépenses du FITTVN en 2000 reflète les orientations du gouvernement en matière de transport. En effet, les crédits consacrés au transport ferroviaire et au transport combiné progresseront de 418 millions de francs, les voies navigables bénéficieront de 50 millions de francs supplémentaires, tandis que les investissements routiers diminueront de 63 milliards de francs.

Le FITTVN vu par la Cour des comptes

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998 (page 230), la Cour relève que , " au vu de l'exécution 1998, le recours à un compte d'affectation spéciale apparaît contestable à plusieurs égards . La présentation globale au Parlement devrait donner une vision claire et exhaustive des crédits budgétaires ou des programmes d'équipement. Il s'avère qu'il y a plutôt éclatement des moyens. Le fonds ne représente en effet qu'une fraction des dépenses d'investissement pour les transports et finance trop souvent des opérations similaires voire identiques à celle du budget général. La gestion des moyens d'engagement se trouve perturbée par la contrainte d'une disponibilité effective des recettes avec un triple problème lié au profit pratiquement linéaire des recettes au long de l'année, au rendement total fluctuant (en particulier pour la taxe hydroélectrique) et au décalage de l'utilisation des deux derniers mois de recettes d'un exercice sur l'autre.

" Enfin certaines opérations paraissent critiquables . Ainsi en 1998 cinq opérations routières ont été financées pour partie par le budget général (110,5 millions) et pour partie par le FITTVN (91,3 millions). En outre, des opérations de réhabilitation du réseau routier national, qui relèvent en principe du budget général, ont été financées en 1998 sur le FITTVN ; 83 millions ont été programmés et affectés à ce type d'opérations.

" Une subvention de 18 millions a été attribuée à la SNCF au titre de l'aide à l'acquisition des premiers TER thermiques par les régions concernées. Cette dépense ne répond pas à la finalité assignée au FITTVN par le législateur, à savoir " la réalisation d'infrastructures fluviales, ferroviaires, de transport combiné et de routes " (article 37 de la loi du 4 février 1995).

" Il est souligné également que pour les voies navigables, le FITTVN finance des travaux de restauration, de sécurité ou de dragage pour lesquels il n'existe plus de crédits au budget général. "

4. La dépense fiscale

Les entreprises implantées dans des collectivités dont le territoire, ou une partie du territoire, est inclus dans le périmètre d'un zonage 2( * ) bénéficient d'exonérations de charges fiscales et sociales, retracées dans le tableau suivant :

Les exonérations de charges fiscales et sociales en faveur de l'aménagement
du territoire

 

ZAT

TRDP

ZRR

ZUS

ZRU

ZFU

ZIP

Taxe professionnelle

X

X

X

X

X

X

 

Impôt sur les sociétés

X

X

X

 

X

X

 

Charges patronales

 

X

X

X

X

X

 

Amortissement exceptionnel

 
 

X

 

X

X

 

Crédit bail immobilier

X

X

X

 

X

X

 

Taxe foncière

X

X

X

 

X

X

 

Majoration du crédit d'impôt recherche

X

X

X

 
 
 
 

Réduction de la taxe départementale de publicité foncière

X

X

X

 

X

X

 

Droits de mutation sur les commerces

 

X

X

 

X

X

 

Crédits d'impôt sur les sociétés

 
 
 
 
 
 

X

Au sein des exonérations d'impôts directs locaux, seuls les exonérations dans les zones de revitalisation rurale (ZFR), les zones de redynamisation urbaines (ZRU) et les zones franches urbaines (ZFU) font l'objet d'une compensation de l'Etat aux collectivités locales.

L'état récapitulatif de l'effort financier de l'Etat en faveur de l'aménagement du territoire, le " jaune " budgétaire, ne retrace le coût pour l'Etat que des deux principales mesures d'allégement de charges fiscales : l'exonération de taxe professionnelle et l'exonération d'impôt sur les sociétés.

Pour 2000, le " jaune " évalue la dépense fiscale liée à ces deux mesures à 1.732 millions de francs, dont 832 millions de francs au titre des compensations des exonérations de taxe professionnelle et 900 au titre des moindre recettes d'impôt sur les sociétés. Ces montants ne sont que des estimations. Le coût réel est susceptible d'en différer fortement.

En effet, malgré leur précision, au million de francs près, ces estimations sont souvent démenties. Par exemple, le document annexé au projet de loi de finances pour 1999 minorait de 360 millions de francs le coût des exonérations.

Le coût pour l'Etat de deux exonérations de charges fiscales et sociales en faveur de l'aménagement du territoire

 

1998 dans PLF 98

1998 dans PLF 99

1999 dans PLF 99

1999 dans PLF 2000

2000 dans PLF 2000

Coût total, dont :

1.315,70

1.330

1500*

1.863,40

1.732

TP

15,70

800

800*

983,40

832

IS

1.300

530

530*

880,00

900

* sic

Les tableaux ci-dessous récapitulent les modalités de compensation aux collectivités locales d'exonérations d'impôts locaux dans les zonages d'aménagement du territoire :

Exonérations de taxes locales prévues par la loi n 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT) et par la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville (PRV)



Zones


Textes législatifs


Opérations ouvrant droit à exonération

Durée d'exonération (années)


Calcul de l'exonération

Collectivités supportant la charge

Ligne comptable d'imputation de la compensation d'exonération

I - TAXE PROFESSIONNELLE

Z.R.R.

(zones de revitalisation rurale)

Article 52-I (LOADT)

Article 1465 A du CGI

1) Créations d'activités à compter du 1.1.95 (créations d'activités industrielles ou de recherche scientifique et technique, ou de services de direction, d'études, d'ingénierie et d'informatique)

2) Extensions d'activités à compter du 1.1.95

5

6

Bases exonérées de N x taux TP de 1994

Bases exonérées de N x taux TP de 1994

Etat

Article 52-III (LOADT)

Collectivités locales

Article 52-III (LOADT)

Compensation d'exoné-rations relatives à la fiscalité locale

Fonds national de péréquation (FNP)

Anciennes Z.R.U

(zones de redynamisation urbaine)

Article 52-II (LOADT) modifié par article 4-A.2° du PRV

Article 1466 A-I bis du CGI

1) Créations d'activités entre le 1.1.95 et le 31.12.96

2) Extensions d'activités entre le 1.1.95 et le 31.12.96

Dans les deux cas, l'exonération de TP est limitée à un montant de base nette imposable de 1 MF, seuil actualisé chaque année et concerne les établissements de moins de 150 salariés .

Ne concerne que les communes éligibles à la DSU l'année précédente

5

5

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Etat

Article 52-III (LOADT) remplacé par article 4-B (1 er alinéa) du PRV

Collectivités locales

article 4-B (2 e alinéa et sq) du PRV

(1)

Compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale

Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP)

(2)

Nouvelles Z.R.U. (zones de redynamisation urbaine)

Article 4-A 3° du PRV

Article 1466 A-I ter du CGI

1) Créations, changements d'exploitants à compter du 1.1.97

L'exonération de TP est limitée à un montant de base nette imposable de 1 MF , seuil actualisé chaque année et concerne les établissements de moins de 150 salariés

2) Extensions d'établissements à compter du 1.1.97

L'exonération de TP est limitée à un montant de base nette imposable de 1 MF , seuil actualisé chaque année et concerne les établissements de moins de 150 salariés

3) Etablissements existant au 1.1.97 quelle que soit la date de la création

L'exonération de TP est limitée à un montant de base nette imposable de 0,5 MF , seuil actualisé chaque année et concerne les établissements de moins de 150 salariés

5

5

5

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Etat

Article 4-B (1 er alinéa) du PRV

Collectivités locales

Article 4-B (2 ème alinéa et sq) du PRV

(1)

Collectivités locales

Article 4-B (2 ème alinéa et sq) du PRV

(1)

Compensation d'exonérations relative sà la fiscalité locale

Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP)

(2)

Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP)

(2)

Z.F.U.

(zones franches urbaines)

Article 4-A 4° du PRV

Article 1466 A-I quater du CGI

1) Créations, changements d'exploitants à compter du 1.1.97

2) Extensions d'établissements à compter du 1.1.97

Dans les cas 1 et 2, l'exonération de TP est limitée à un montant de base nette de 3 MF, seuil actualisé chaque année et concerne les établissements de moins de 50 salariés

3) Etablissements existants au 1.1.97 quelle que soit la date de la création

Dans ce cas, l'exonération de TP est limitée à un montant de base nette de 3 MF , seuil actualisé chaque année et concerne les établissements de moins de 50 salariés, exerçant une activité économique de proximité ou réalisant moins de 15 % de leur chiffre d'affaires à l'exportation

NB : les entreprises qui ne remplissent pas les conditions d'effectif ou d'activité peuvent bénéficier de l'exonération de droit de taxe professionnelle propre aux ZRU qui est accordée aux établissements de moins de 150 salariés dans la limite de 1 MF de base nette imposable (créations, extensions, changements d'exploitants), de 0,5 MF de base nette imposable (établissements existant au 1.1.97

5

5

5

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Bases exonérées de N x taux TP de 1996

Etat

Article 4-B (1 er alinéa) du PRV

Collectivités locales

(article 4-B (2 ème alinéa et sq) du PRV

(1)

Collectivités locales

Article 4-B (2 ème alinéa et sq) du PRV

(1)

(1) Les collectivités locales ne compensent que dans la limite du surcroît annuel du produit de la fiscalité Poste et France Télécom versé au FNPTP

Compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale

Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP)

(2)

Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP)

(2)

(2) La compensation supportée par les collectivités locales est limitée au surcroît annuel du produit de la fiscalité Poste et France Télécom versé au FNPTP

Le dépassement éventuel doit être couvert par abondement versé par l'Etat

II - TAXE FONCIERE SUR LES PROPRIETES BATIES

Z.F.U.

(zones franches urbaines)

Article 7-I du PRV

Article 1383 B du CGI

Immeubles situés dans les ZFU affectés à une activité entrant dans le champ d'application de la taxe professionnelle (à compter du 1.1.97)

5

Bases exonérées de N x taux de TFPB de 1996

Etat

Article 7-III du PRV

Compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale

C. LES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS

1. La nouvelle enveloppe 2000-2006

Les modalités de la mise en oeuvre des politiques structurelles européennes pour la période 2000-2006 ont été arrêtées lors d'une réunion des ministres concernés tenue le 1 er septembre 1999. Le communiqué de presse publié à l'issue de cette réunion tient lieu de relevé de décisions de cette réunion.

Selon ce communiqué, la France recevra 108 milliards de francs sur sept ans au titre de l'ensemble des politiques structurelles.

Les fonds structurels seraient répartis en quatre enveloppes :

- les crédits de l'objectif 1, dont bénéficient les quatre régions d'outre-mer, et qui s'établissent à 21,3 milliards de francs ;

- les crédits destinés aux territoires qui perdent l'éligibilité à l'objectif 1, notamment la Corse et le Hainaut, qui s'élèvent à 3,6 milliards de francs ,

- les crédits du nouvel objectif 2 , qui s'élèvent à 35,6 milliards de francs sur sept ans ;

- les crédits consacrés aux territoires qui perdent l'éligibilité à l'objectif 2, qui s'élèvent à 4 milliards de francs.

Au total, les objectifs 1 et 2 rassembleraient 64,5 milliards de francs. Le communiqué de presse ne précise pas quelle sera l'affectation des 43,5 milliards de francs restants. Le " jaune " budgétaire non plus.

S'agissant des crédits du nouvel objectif 2, la réunion interministérielle du 1 er septembre 1999 a également défini les modalités de répartition de ces crédits entre les différentes parties du territoire national. Il été décidé, en premier lieu, que chaque région bénéficierait de la reconduction de 50 % de la population éligible aux précédents fonds structurels, ce qui représente 66 % de la population éligible à partir de l'année 2000.

En deuxième lieu, il a été décidé que le tiers restant serait réparti entre les régions en fonction de trois critères :

- pour moitié, la population régionale vivant dans les zones d'emplois industriel ou rural dégradé (taux de chômage et taux d'emploi industriel supérieurs à la moyenne communautaire et pertes d'emplois industriels depuis six ans, densité de population inférieure à 100 habitants au kilomètre-carré ou taux d'emploi agricole supérieur au double de la moyenne de l'Union et déclin démographique ou chômage inférieur à la moyenne) ;

- pour un quart, la population régionale habitant dans une zone urbaine sensible (4,8 millions d'habitants) ;

- pour un quart, la population régionale habitant dans une zone de revitalisation rurale (4,5 millions d'habitants).

2. Vers une meilleure gestion des crédits ?

Le règlement du Conseil européen n°1260-1999 du 21 juin 1999 portant dispositions générales sur les fonds structurels considère que " les principes fondamentaux de la réforme des Fonds structurels de 1988 doivent continuer à régir les activités des Fonds jusqu'en 2006, que l'expérience a montré la nécessité d'y apporter des améliorations pour accroître leur simplification et leur transparence et qu'il convient en particulier de considérer la recherche d'efficacité comme un principe fondamental ".

Il considère également que " l'efficacité et la transparence des activités des Fonds structurels exigent une définition précise des responsabilités des États membres et de la Communauté et que ces responsabilités doivent être spécifiées à chaque stade de la programmation, du suivi, de l'évaluation et du contrôle que, en application du principe de subsidiarité, et sans préjudice des compétences de la Commission, la mise en oeuvre des interventions et leur contrôle relèvent en premier lieu de la responsabilité des États membres ".

En conséquence, lors de leur réunion du 1 er septembre 1999, les ministres ont affirmé leur volonté d'améliorer la gestion des fonds structurels. Le communiqué de presse publié à l'issue de la réunion précise que :

" Les conditions de mise en oeuvre des fonds structurels ont fait l'objet de critiques : délais trop longs de mise à disposition de crédits, gestion administrative trop complexe.

Le gouvernement décide d'apporter aux modalités de gestion du fonds structurel les modifications suivantes :

- coprésidence effective des comités de pilotage et de suivi par le préfet de région et le président du conseil régional ;

- organisation concertée du dispositif d'assistance technique, et mise en commun d'outils informatiques du suivi des actions ;

- simplification des circuits financiers en accord avec les procédures d'engagement des dépenses et d'appels des paiements rendues possibles par le nouveau règlement des fonds structurels ;

- recours élargi à la procédure de subvention globale (délégation par voie de convention) au moins avec le conseil régional et les collectivités
publiques en fonction de leur compétence respective ou de la détermination d'une collectivité ou d'un organisme publique maître d'ouvrage ou chef de file ;

- mise en place à l'échelle régionale d'un fonds ou d'un compte spécial du Trésor sous la responsabilité du préfet de région et du trésorier payeur régional pour la mise en oeuvre des programmes (à l'instar de la section locale du FNADT) ;

- mise en place rapide, pour les programmes d'intérêt communautaires INTERREG et LEADER, de procédures de gestion déléguée adaptées à la diversité des partenaires.

Un groupe de travail constitué du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, du ministère de l'intérieur, du ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, et du ministère de la fonction publique précisera les modalités de mise en oeuvre de ces décisions et présentera ses conclusions le 15 octobre 1999
".

III. LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE EN 2000

A. LA SIGNATURE DES NOUVEAUX CONTRATS DE PLAN

1. L'effort de l'Etat est réparti en trois enveloppes

Lors du comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT) tenu à Arles le 23 juillet 1999, le gouvernement a annoncé une première enveloppe de 95 milliards de francs, dite " enveloppe de reconduction ", qui concentre les priorités de l'Etat. Cette enveloppe permettait notamment de faire bénéficier sept régions (l'Aquitaine, le Centre, la Corse, l'Ile-de-France, Provence-Alpes-Cote-d'Azur, les Pays de Loire et Rhône-Alpes) de concours accrus par rapport à l'enveloppe précédente.

La deuxième enveloppe correspond à la prise en compte par l'Etat des priorités fixées par les régions. Lors du comité interministériel du 22 novembre 1999, le gouvernement a annoncé qu'elle serait dotée de 16 milliards de francs.

Le montant de la troisième enveloppe s'établit à 5 milliards de francs. Elle servira à financer certains grands programmes régionaux et interrégionaux annoncés lors du CIAT d'Arles.

Les montants annoncés pour les deuxième et troisième enveloppes s'inscrivent dans le bas de la " fourchette " annoncée par la ministre de l'aménagement du territoire lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999. A cette occasion, elle avait indiqué que le montant de la deuxième enveloppe s'établirait entre 10 et 20 milliards de francs tandis qu'elle estimait celui de la troisième enveloppe entre 10 et 15 milliards de francs.

Les 120 milliards de francs consacrés aux régions métropolitaines seront complétés par 4 milliards de francs en faveur de l'outre-mer. Au total, le montant des sommes consacrés par l'Etat dans les départements d'outre-mer dans le cadre des contrats de plan s'élève à 5,6 milliards de francs. Ces montants élevés s'expliquent par la nécessité de mettre en place des contreparties aux fonds structurels européens. Les " contreparties nationales " sont en effet une condition du versement par l'Union européenne des crédits des fonds structurels.

Votre rapporteur spécial observe que les contrats de plan vont être signés avant l'entrée en vigueur des schémas de services collectifs prévus par la loi du 25 juin 1999, alors que, lors de la discussion au Parlement, il avait été annoncé que les contrats de plan constitueraient le cadre de la mise en oeuvre des schémas.

2. Les infrastructures ne sont plus une priorité de l'Etat

La " première enveloppe " des contrats de plan, annoncée au mois de juillet 1999, fait apparaître une réduction sensible des crédits consacrés aux infrastructures et à l'équipement, et notamment aux routes.

Elaboration des contrats de plan Etat-régions 2000-2006

Répartition entre les ministères de la première enveloppe
hors provision TOM

 

CPER 94-99

hors TOM

CPER 2000-2006
CIADT 23/7/99
hors TOM

Evolution
des
enveloppes
entre

 

Montant

Part relative sur l'ensemble des ministères

Montant

Part relative sur l'ensemble des ministères

94-99 et
2000-2006

Agriculture

7.483,01

8,92 %

8.161

8,92 %

+ 9,06 %

Affaires étrangères et coopération

68,30

0,08 %

95

0,10 %

+ 39,09 %

Culture

1.464,80

1,75 %

2007

2,19 %

+ 37,02 %

Défense - Anciens combattants

8,80

0,01 %

420

0,46 %

+ 4.672,73 %

Education nationale

14.012,00

16,70 %

16.156

17,66 %

+ 15,30 %

U3M

12.987,58

15,48 %

15.102,5

16,51 %

16,28 %

Enseignement scolaire

1.024,42

1,22 %

1.053,5

1,15 %

2,84 %

Emploi-Formation professionnelle

3.972,21

4,73 %

4.905

5,36 %

+ 23,48 %

Ville

3.501,68

4,17 %

7.866

8,60 %

+ 124,64 %

Santé et social

2.417,57

2,88 %

2.467

2,70 %

+ 2,04 %

Environnement

1.302,01

1,55 %

2.623

2,87 %

+ 101,46 %

ADEME hors enveloppe Etat

79,50

 

3.309

 
 

Equipement, dont

38.575,81

45,97 %

33.079

36,15 %

- 14,25 %

routes

27.297,12

32,53 %

20.599

22,51 %

- 24,54 %

autres modes

 
 

9.991

10,92 %

 

logement

 
 

1.969

2,15 %

 

tourisme

281,50

0,34 %

520

0,57 %

84,72 %

FNADT dont

4.698,00

5,60 %

6.200

6,78 %

+ 31,97 %

enveloppe régionale

 
 

5.710

6,24 %

 

provision interrégionale

 
 

490

0,54 %

 

MEFI dont

4.758,15

5,67 %

5.249

5,74 %

+ 10,32 %

industrie

4.256,55

5,07 %

4.544

4,97 %

6,75 %

commerce extérieur

237,60

0,28 %

354

0,39 %

48,99 %

PME, commerce artisanat

264,00

0,31 %

351

0,38 %

32,95 %

Jeunesse et sports

153,05

0,18 %

662

0,72 %

+ 332,54 %

Justice

3,45

 

266

0,29 %

+ 7.610,14 %

Outre-Mer

1.011,51

1,21 %

1.346

1,47 %

+ 33,07 %

Divers, dont charges communes etc...

479,91

0,57 %

 
 
 

TOTAL

83.910,25

 

91.502

 

+ 9,05 %

Source : DATAR

3. L'apparition d'un " volet territorial " aux contrats de plan

La loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 prévoit des dispositions incitant les collectivités locales à s'associer dans le cadre de pays et d'agglomérations. Le périmètre des pays devra être approuvé par les conférences régionales d'aménagement du territoire. Les agglomérations devront prendre la forme de communautés d'agglomération, la nouvelle catégorie d'établissement public de coopération intercommunale créée par la loi relative au renforcement et à la coopération intercommunale du 12 juillet 1999, dont l'article premier prévoit qu'elles doivent compter au moins 50.000 habitants, dont une commune centre d'au moins 15.000 habitants, et dont l'article 86 dispose que le régime fiscal de la taxe professionnelle unique y est obligatoire. La catégorie des communautés d'agglomération bénéficiera en outre d'une dotation globale de fonctionnement moyenne par habitant très favorable : 250 francs 3( * ) .

Les projets élaborés dans le cadre de ces nouvelles structures territoriales seront formalisés par des " contrats de pays " et des " contrats d'agglomération ", qui pourront être signés jusqu'en 2003.

L'architecture de ce nouveau dispositif contractuel est compliquée. Ces nouveaux contrats seront en effet " intégrés " aux contrats de plan Etat-région. Lorsqu'une agglomération bénéficiera également d'un contrat de ville, celui-ci sera à son tour " intégré " au contrat d'agglomération. En outre, selon la DATAR 4( * ) , la distinction entre pays et agglomérations ne recouvre pas une distinction entre espace rural et espace urbain puisque les pays, " par leur plasticité, permettent de répondre à des réalités territoriales différentes ". C'est pourquoi le périmètre d'un pays pourra comprendre celui d'une agglomération. Les contrats d'agglomération et les contrats de pays devront alors " s'articuler ".

Lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, la ministre de l'aménagement du territoire a indiqué que les contrats d'agglomération et les contrats de pays devraient recevoir entre 10 % et 20 % des crédits des contrats de plan 2000-2006. Ces crédits proviendront de l'ensemble des ministères engagés dans le processus contractuel, et notamment du FNADT.

Le fonds aidera d'abord à la constitution des projets, grâce à des crédits d'intervention figurant au chapitre 44-20 du titre IV. A mesure que les projets se réaliseront, des subventions d'investissement viendront les compléter. Ainsi, l'effort du FNADT en faveur du volet territorial des contrats de plan se répartirait de la manière suivante entre 2000 et 2003 :

La participation du FNADT en faveur du volet territorial des contrats de plan 2000-2006

(en millions de francs)

 

2000

2001

2002

2003

Titre IV

175

310

385

410

Titre VI

75

145

175

210

Total

205

455

560

620

L'engagement financier du FNADT sera possible dès avant la signature des contrats puisque les collectivités qui s'engageront dans des projets de pays ou d'agglomération pourront bénéficier d'aides à la définition des projets, dès lors qu'elles auront signé des " conventions d'objectifs ". D'après les informations recueillies par votre rapporteur, ces subventions seraient notamment destinées à permettre aux collectivités de recruter des collaborateurs de qualité.

B. LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA RÉFORME DES ZONAGES

1. La révision de la carte de la PAT

La France est contrainte par l'évolution de la réglementation européenne à modifier la carte des zones éligibles à la prime d'aménagement du territoire (PAT). Le taux de population éligible doit passer de 40 %, soit 23,5 millions d'habitants, à 34 %, soit 20,4 millions d'habitants.

L'élaboration de la nouvelle carte, actuellement soumise à la commission européenne en vue d'une entrée en vigueur au 1 er janvier 2000, a été réalisée à partir de critères déterminés au cours d'une concertation interministérielle et après information du conseil national d'aménagement du territoire (CNADT).

Les élus n'ont pas été consulté à ce sujet. Les élus locaux membres du CNADT n'ont d'ailleurs pas été autorisés à conserver les documents de travail à l'issue de la réunion du conseil consacrée à la réforme de la carte de la PAT.

Les nouvelles zones éligibles sont les suivantes :

- parmi les zones dont le revenu net imposable moyen par foyer fiscal est inférieur à la moyenne nationale, ont été retenues : (1) les zones dont le taux de chômage au 31 décembre 1998 était supérieur à la moyenne nationale et (2) les zones dont le déclin démographique entre 1990 et 1995 est supérieur à 1,2 %. Ces deux critères permettent de " couvrir " 15,2 millions d'habitants ;

- parmi les zones présentant un risque industriel (importance d'emplois industriels sensibles, nombre d'emplois ayant fait l'objet d'une décision ou d'une annonce de restructuration depuis 1996), ont été retenues celles dont le taux de chômage est supérieur à 10 %. Ce critère permet de " couvrir " 3,9 millions d'habitants ;

- les zones perdant l'éligibilité à l'ancien objectif 1 des fonds structurels européens ;

- les franges de certaines grandes agglomérations confrontées à un taux de chômage supérieur à 13,9 % (Marseille, Montpellier, Bordeaux, Rouen, Amiens).

Votre rapporteur déplore que ces critères aient été élaborés à partir de données issues du recensement de 1990, sans tenir compte des résultats du recensement général de 1999.

La nouvelle carte, qui aboutit à exclure de l'éligibilité à la PAT les parties les plus rurales de notre territoire, devra être revue en 2003 pour tenir compte de l'évolution de la situation économique des territoires couverts. Cette révision pourra être l'occasion de revenir sur une autre incohérence, l'éviction de l'éligibilité à la prime des poches de résistance démographique dans certains territoires en déclin.

Par ailleurs, le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT) du 15 décembre 1998 a décidé la principe d'une PAT " non zonée ", destinée à soutenir la création d'emplois tertiaires, et notamment les services aux entreprises.

2. Le nouvel objectif 2 des fonds structurels européens

La commission européenne a contraint le France à réduire de 24,3 % la part de sa population résidant dans une zone éligible à l'objectif 2 des fonds structurels. Cette population s'élève à 18,7 millions d'habitants.

En outre, le règlement du conseil des ministres de l'Union européenne du 21 juin 1999 a considéré que, " en vue d'assurer le caractère communautaire de l'action des Fonds, il convient que, dans la mesure du possible, les zones en mutation socio-économique dans le secteur de l'industrie et les zones rurales en déclin soient déterminées sur la base d'indicateurs objectifs appliqués au niveau communautaire qu'il y a lieu, en outre, que la population couverte par cet objectif prioritaire représente, globalement, au niveau communautaire et à titre indicatif, environ 10 % de la population communautaire en ce qui concerne les zones industrielles, 5 % en ce qui concerne les zones rurales, 2 % en ce qui concerne les zones urbaines et 1 % en ce qui concerne les zones de pêche que, afin de garantir que chaque État membre contribue de façon équitable à l'effort global de concentration ".

Lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, la ministre de l'aménagement du territoire a indiqué qu'elle entendait respecter scrupuleusement les proportions fixées par le Conseil européen.

La carte du nouveau zonage de l'objectif 2 a été élaborée à partir des propositions formulées par les préfets, auxquels il avait été demandé de consulter " l'ensemble des élus et responsables locaux, particulièrement au sein des conférences régionales d'aménagement du territoire ". Votre rapporteur spécial constate que, dans de nombreuses régions, les élus locaux ont plus été informés que consultés, la marge de négociation étant quasiment nulle.

3. Le projet de loi de finances pour 2000 met en évidence les contradictions du gouvernement

Diverses dispositions du projet de loi de finances pour 2000 mettent en évidence les difficultés qu'éprouvent le gouvernement et la majorité de l'Assemblée nationale à déterminer une doctrine claire sur le zonage :

L'article 58 du projet de loi de finances pour 2000 permet de mettre en évidence le double langage du gouvernement au sujet des zonages issus de la LOADT du 4 février 1995 et du pacte de relance pour la ville de 1996.

Lors de l'examen par le Sénat du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, la ministre de l'aménagement du territoire avait rejeté un amendement de la commission spéciale sénatoriale 5( * ) tendant à proroger l'exonération d'impôt sur les sociétés dans les ZAT, les TRDP et les ZUS, prévue à l'article 44 sexies du code général des impôts (CGI) au motif qu'il convenait d'abord de procéder à un " bilan de l'application du dispositif dans chaque type de zone, pour réfléchir aux aménagements nécessaires, plutôt que de proroger dans la précipitation un dispositif qui doit être repensé dans sa globalité ".

Conformément aux voeux de la ministre, l'amendement adopté par le Sénat n'avait pas été retenu par l'Assemblée nationale.

Toutefois, alors que le bilan demandé par la ministre lors des débats au Sénat n'a pas été réalisé, l'article 58 du projet de loi de finances pour 2000 a précisément le même objet que l'amendement sénatorial et propose de proroger jusqu'en 2004 l'exonération d'impôt sur les sociétés dans les territoires " zonés " 6( * ) .

En prorogeant cette exonération, le gouvernement reconnaît implicitement l'efficacité de la mesure et fait preuve d'un pragmatisme qui tranche avec le caractère idéologique du discours de certains ministres sur le zonage. Interrogée sur ce point lors de son audition par votre commission des finances, le 27 octobre 1999, la ministre a justifié son avis défavorable à l'amendement sénatorial par la décision du gouvernement de ne pas faire figurer de disposition à caractère fiscal dans le texte alors en discussion. Elle a également déclaré approuver les dispositions de l'article 58 du projet de loi de finances pour 2000.

Votre rapporteur spécial se félicite du ralliement du gouvernement à la philosophie de la loi du 4 février 1995. Il constate cependant que le dispositif proposé par l'article 58 du projet de loi de finances pour 2000 présente une faiblesse par rapport à la proposition de la commission spéciale du Sénat. En effet, alors que le Sénat prorogeait l'exonération jusqu'en 2006, de manière à harmoniser les délais des différents dispositif d'aménagement du territoire (fonds structurels, contrats de plan Etat-régions), le gouvernement a retenu la date de 2004, nuisant ainsi à la cohérence la politique d'aménagement du territoire.

Le gouvernement n'a pas de vision d'ensemble des zonages, et des conséquences des évolutions législatives sur les dispositifs existants .

Ainsi :

- si la prorogation des exonérations prévues à l'article 44 sexies du CGI a pour effet de proroger également les exonérations de taxe foncière consenties aux mêmes entreprises par l'article 1383 A du CGI, le gouvernement n'avait prévu aucune disposition s'agissant de la faculté de pratiquer un amortissement exceptionnel accordée par l'article 39 quinquies D aux entreprises implantées dans les ZRR dont l'échéance est également fixée au 31 décembre 1999. Heureusement, la vigilance de la commission des finances de l'Assemblée nationale a permis de réparer cet oubli et a prorogé cette exonération jusqu'en 2004.

- la baisse des droits de mutation prévue à l'article 5 du projet de loi de finances pour 2000 a pour effet de supprimer la portée des dispositions de l'article 1594 F quater du code général des impôts qui permettait aux département de baisser à 3,6 % le taux des droits de mutation sur les acquisitions de biens réalisées dans les zones d'aménagement du territoire (ZAT), les territoires ruraux de développement prioritaire (TRDT) et les zones urbaines sensibles (ZUS). Dix-sept départements appliquaient ce taux réduit au 1 er juin 1999. Avec la baisse des droits de mutation, cet avantage comparatif accordé aux zonages d'aménagement du territoire disparaît, puisque le taux appliqué par les départements sera maintenant, uniformément, de 3,6 %. Cette conséquence de l'article 5 n'a fait, à la connaissance de votre rapporteur, l'objet d'aucune étude d'impact de la part de la DATAR.

Votre rapporteur spécial observe également que la commission des finances de l'Assemblée nationale a montré son attachement aux zonages issus de la loi du 4 février 1995 en adoptant un article additionnel au présent projet de loi de finances, tendant à créer une nouvelle exonération en faveur des entreprises implantées dans les zones de revitalisation rurale, qui seraient exemptées du paiement de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Cet article additionnel n'a pas été débattu en séance publique.

C. PRÉPARER LES ÉVOLUTIONS DES ZONAGES ISSUS DE LA LOADT DE 1995 ET DU PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE DE 1996

L'article 42 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4 février 1995 a prévu que les " zones prioritaires ", dans lesquelles " des politiques renforcées et différenciées sont mises en oeuvre ", étaient :

- les zones d'aménagement du territoire (ZAT), caractérisées par leur faible niveau de développement économique et par l'insuffisance du tissu industriel ou tertiaire. Les entreprises implantées dans ces zones sont éligibles à la prime d'aménagement du territoire (PAT) ;

- les territoires ruraux de développement prioritaire (TRDP), qui recouvrent les zones défavorisées caractérisées par leur faible niveau de développement économique. Les TRDP comprennent les zones de revitalisation rurale (ZRR), " confrontées à des difficultés particulières " ;

- les zones urbaines sensibles (ZUS), caractérisées par " la présence de grands ensembles ou de quartiers d'habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi ". Les ZUS comprennent les zones de revitalisation urbaine (ZRU), " confrontées à des difficultés particulières ". La loi du 17 novembre 1996 relative au pacte de relance pour la ville (PRV) a créé un nouveau sous-ensemble des ZUS : les zones franches urbaines (ZFU), dans le but, selon l'étude d'impact du PRV, de " revitaliser des sites urbains caractérisés par la mono-fonctionnalité et le cumul des handicaps les plus graves en matière de chômage et de sous qualification ".

1. La modification du nombre de zonages

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement entretient une suspicion quant au principe et à l'efficacité des zonages mis en place par ses deux prédécesseurs, aussi bien dans la LOADT que dans le pacte de relance pour la ville. Si les zones franches urbaines sont généralement les principales cibles des critiques gouvernementales, la ministre de l'aménagement du territoire a exprimé, lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, sa conviction que les dispositifs existants étaient " nombreux, complexes et incompréhensibles " et que la plupart " ne servaient à rien ".

La ministre de l'emploi et de la solidarité a aussi affirmé à plusieurs reprises l'intention du gouvernement de procéder à une évaluation des dispositifs existants, puis de les réformer.

Plusieurs rapports ont, depuis, évalué une partie ou la totalité des dispositifs existants : le rapport " Sueur " sur la politique de la ville, un rapport conjoint de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l'inspection générale des finances (IGF) consacré aux dispositifs issus du pacte de relance pour la ville et le rapport " Auroux " relatif à la réforme des zonages dans une perspective d'aménagement du territoire.

Aucun n'a conclu à l'inanité de l'ensemble du dispositif. Le rapport Sueur a condamné le principe des zones franches mais a admis que leur création avait pu, par endroit, redynamiser la politique de la ville. Le rapport de l'IGAS et de l'IGF a mis en cause la pertinence du maintien des ZRU et a jugé élevé le coût budgétaire des emplois créés en zones franches 7( * ) .

Le rapport Auroux, réalisé à la demande de la ministre de l'aménagement du territoire, préconise une réduction très limitée du nombre des zonages puisqu'il propose :

- le maintien des zones de revitalisation rurale (ZRR) et la suppression des territoires ruraux de développement prioritaires (TRDP) ;

- une réhabilitation du zonage des zones de montagne, créé en 1975 ;

- l'extension aux zones urbaines sensibles (ZUS) du régime applicable dans les zones de revitalisation urbaine (ZRU), donc un élargissement des zones dérogatoires du droit commun ;

- le maintien des zones franches urbaines, à condition de sanctionner plus durement les éventuels abus.

Le gouvernement ne s'est pas encore exprimé sur le détail des zonages qui seraient remis en cause en cas de réduction de leur nombre. Cependant, votre rapporteur spécial observe que, pour déterminer le montant des crédits de l'objectif 2 des fonds structurels européens accordés à chaque région, le gouvernement tient compte de la population de chaque région résidant dans les zones urbaines sensibles et dans les zones de revitalisation rurale. La pertinence de ces deux zonages est donc implicitement reconnue.

2. La révision du périmètre des zonages

La détermination du périmètre des ZAT, des TRDP et des ZUS relève du pouvoir réglementaire. La révision en cours de la carte de la prime d'aménagement du territoire conduira de fait à la révision du périmètre des ZAT.

La LOADT et la loi du 17 novembre 1996 relative au pacte de relance pour la ville (PRV) ont précisé les critères de la détermination du périmètre des sous ensembles des trois catégories de zones prioritaires, les ZRR, les ZRU et les zones franches urbaines (ZFU) créées par le pacte de relance pour la ville.

Dans ces trois cas, les périmètres en vigueur aujourd'hui pourraient être profondément modifiés par les résultats du recensement général de 1999 puisque ces périmètres sont élaborés en fonction de critères qui laissent une large place à la démographie :

- les ZRR comprennent les communes appartenant aux TRDP situées soit dans les arrondissements dont la densité démographique est inférieure ou égale à 33 habitants au kilomètre carré, soit dans les cantons dont la densité démographique est inférieure ou égale à 31 habitants au kilomètre carré, dès lors que ces arrondissements ou cantons satisfont également l'un des trois critères suivants : le déclin de la population totale ; le déclin de la population active ; un taux de population active agricole supérieur au double de la moyenne nationale. Elles comprennent également les communes situées dans les cantons dont la densité démographique est inférieure ou égale à cinq habitants au kilomètre carré ;

- les zones de revitalisation urbaine appartiennent aux ZUS et sont confrontées à des difficultés particulières appréciées en fonction d'un indice établi à partir de la population du quartier, de la proportion de jeunes de moins de 25 ans, de la proportion de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme, du potentiel fiscal des communes intéressées ;

- les zones franches urbaines sont un sous ensemble des ZRU caractérisé par un taux de chômage supérieur à 13,5 %, un pourcentage de jeunes de moins de 25 ans supérieur à 36 %, un pourcentage de non diplômés supérieur à 29 % et un potentiel fiscal communal inférieur à 3.800 francs. En outre, la commission européenne a imposé à la France que les zones franches urbaines ne regroupent pas plus de 1 % de la population totale.

Un redécoupage des périmètres des ZRR, ZRU et ZFU apparaît donc inéluctable. Le nouveau découpage qui en résultera devra prendre en compte le développement des pays et des agglomérations, dont la loi d'orientation du 25 juin 1999 encourage la création, de manière à ce que ces nouvelles structures n'aient pas gérer la complexité d'avoir à gérer des périmètres " à cheval " sur les territoires zonés et des territoires qui ne le seraient pas.

3. Les exonérations fiscales bénéficiant aux territoires " zonés "

Les entreprises implantées dans des territoires inclus dans le périmètre de l'un des zonages issus des lois de 1995 et 1996 bénéficient d'exonérations de charges fiscales et sociales.

Ces exonérations, accordées pour une durée limitée, sont de deux types :

- celles qui s'appliquent à des entreprises s'implantant dans un territoire ou qui réalisent certains investissements dans ces territoires avant une certaine date. Par exemple, les exonérations d'impôt sur les sociétés et de taxe foncière dans les TRDP, les ZAT et les ZUS (articles 44 sexies et 1383 A du code général des impôts) sont accordées " aux entreprises qui se créent jusqu'au 31 décembre 1999 " ;

- celles qui s'appliquent pour une certaine durée à compter de la date d'utilisation de la mesure. Par exemple, les exonérations de taxe professionnelle dans les ZRU s'appliquent pour cinq ans aux entreprises existantes au 1 er janvier 1997 et aux créations d'entreprises intervenant à compter de cette date .

Les quatre années à venir seront marquées par l'arrivée à échéance d'un grand nombre des exonérations accordées. Les échéances sont les suivantes :

Au 31 décembre 1999 :

- dans les TRDP, les ZAT et les ZUS , disparition des exonérations d'impôt sur les sociétés (article 44 sexies du CGI) et de taxe foncière (article 1383 A du CGI) ;

- dans les ZRR, les ZRU et les ZFU , disparition de la faculté de pratiquer un amortissement exceptionnel accordée aux entreprises qui construisent ou qui font construire des immeubles à usage industriel et commercial pour les besoins de leur exploitation (article 39 quinquies D du CGI) ;

- dans les TRDP et les ZAT , perte du bénéfice des exonérations de taxe professionnelle prévues à l'article 1465 du CGI pour les entreprises qui en bénéficient depuis 1995 8( * ) .

Au 31 décembre 2001 :

- dans les ZFU , disparition des exonérations d'impôt sur les sociétés et d'impôt sur le revenu (article 44 octies du GCI).

Au 31 décembre 2002 :

- dans les ZFU , perte du bénéfice de l'exonération de taxe foncière accordée aux entreprises bénéficiant de l'exonération de taxe professionnelle (article 1383 B du CGI) ; perte de l'exonération de taxe professionnelle accordée aux entreprises existant au 1er janvier 1997 et aux entreprises créées à cette date 9( * ) (I quater de l'article 1466 A du CGI) ;

- dans les ZRU , perte du bénéfice de l'exonération de taxe professionnelle pour les entreprises existant au 1 er janvier 1997 et pour les entreprises créées à cette date (I ter de l'article 1644 A du CGI) ;

Au 31 décembre 2003 :

- dans les ZRR , perte de l'exonération prévue au dixième alinéa de l'article 1465 A du CGI pour les entreprises qui en bénéficient depuis 1998.

D. ENRAYER LE DÉCLIN DES ZONES PRIORITAIRES

1. Service public : la sortie du moratoire ?

Interrogée par votre rapporteur spécial sur l'éventualité d'une levée du moratoire sur la fermeture des services publics en milieu rural, la DATAR a transmis la réponse suivante :

" Le moratoire opposable aux fermetures de services publics en milieu rural, qui avait été décidé le 10 mai 1993, a été régulièrement prolongé. Il concerne toutes les communes dont la population agglomérée ne dépasse pas 2000 habitants. Il vise " tous les services publics de proximité de l'Etat " comme par exemple l'éducation nationale, et les " entreprises publiques placées sous la tutelle de l'Etat et chargées d'une mission de service public de proximité ", comme la Poste, EDF ou France Télécom.

Il suspend " la fermeture ou la réduction des services publics ainsi que la réorganisation aboutissant à une diminution significative du service rendu ". En revanche, les réorganisations internes, qui n'ont pas d'effet sur les services ou les bureaux directement en contact avec le public ou sur les prestations rendues aux usagers, n'entrent pas dans le champ du moratoire. Toutefois, ce moratoire ne saurait être immuable, sous peine d'entraîner des blocages préjudiciables à la qualité du service rendu aux usagers, et le dispositif prévu par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 est destiné à répondre à cette préoccupation.

L'adoption de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire à donné un cadre législatif nouveau à l'action des services publics comme élément d'aménagement du territoire, par ses articles 28 et 29 relatifs aux commissions et schémas départementaux d'organisation et d'amélioration des services publics, aux obligations des entreprises et organismes publics et aux études d'impact et procédures contraignantes applicables en cas de non respect de ces obligations. C'est dans ce cadre, qui doit établir un mode de relations plus équilibré qui tienne compte à la fois des contraintes des prestataires et des besoins des usagers des services publics, que s'inscrira la levée du moratoire.

La loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, en son article 29, a introduit la notion de contrat de service public qui pose le principe d'égal accès des citoyens sur l'ensemble du territoire à des services publics de qualité et fixe les modalités de la prise en compte des objectifs d'aménagement du territoire et de services rendus aux usagers par les établissements et organismes publics ainsi que les entreprises nationales placées sous la tutelle de l'Etat et chargées d'un service public.

Le décret d'application , dont le texte a été approuvé lors du CIADT du 10 avril 1997 a été transmis au Conseil d'Etat qui a émis des observations sur sa rédaction.

Les négociations avec les organismes publics concernés qui revêtent un enjeu majeur en terme d'aménagement du territoire, ont d'ores et déjà été engagées :

- les contrats de service public d'EDF et GDF ont été approuvés par les commissions consultatives et les conseils d'administrations respectifs des deux entreprises et signés en mai 1997. Ils sont intégrés aux contrats de plan conclu entre l'Etat et ces entreprises publiques ;

- le contrat d'objectifs et de progrès de la Poste a été signé le 25 juin 1998, il prévoit un chapitre sur l'aménagement du territoire ayant valeur de contrat de service public ;

- le contrat de progrès de l'ANPE a été signé le 28 janvier 1999 ;

- des premiers contacts ont été pris avec la SNCF et France
Télécom ;

- s'agissant de la Banque de France qui relève également de l'application des articles 28 et 29, les négociations sont également pendantes.

Il n'y a aucun dossier qui a été transmis pour arbitrage aux ministres concernés.

La loi n°99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire a renforcé ce dispositif.

Par ailleurs, le CIADT du 15 décembre 1998 a adopté un suivi tant national que départemental de l'évolution territoriale des services publics.

Des circulaires d'application sont en cours de signature et le décret mentionné à l'article 30 sera prochainement présenté au conseil d'Etat. Les modifications du décret du 10 mai 1982 relatif aux rôle et pouvoir du préfet
ont été actées lors du comité interministériel de la réforme de l'Etat le 13 juillet dernier.

L'ensemble de ces dispositions adopté permettra de sortir du moratoire. "


Votre rapporteur constate cependant que, dans certaines communes de moins de 2000 habitants, le moratoire n'a pas été respecté. L'égal accès de tous aux services publics n'est plus assuré.

En outre, votre rapporteur regrette que la DATAR semble avoir renoncé à l'idée de " zone d'administration simplifiée ", un temps évoquée par le délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale, qui semblait pourtant adaptée aux réalité des zones rurales à faible densité de population.

2. La péréquation : un objectif oublié

La loi du 4 février 1995 affirmait la nécessité d'une meilleure péréquation des richesses entre collectivités. Un instrument a été créé à cette occasion, le fonds national de péréquation (FNP).

La loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 reprend à son compte l'objectif de péréquation et affirme, dans son article premier, que la politique d'aménagement du territoire " réduit les écarts de richesse entre les collectivités territoriales par une péréquation de leurs ressources en fonction de leurs charges et par une modulation des aides publiques ".

Toutefois, ce texte se contente d'une proclamation de principe et ne comprend aucune disposition permettant de le traduire en fait. Interrogée sur les outils permettant de mettre en oeuvre cet objectif par votre rapporteur spécial dans le cadre de son questionnaire budgétaire sur les crédits et les orientations de son ministère dans le cadre du projet de loi de finances pour 2000, la ministre a répondu en récapitulant les différents dispositifs existants, sans élaborer de voies d'approfondissement de la péréquation.

La " réforme de la dotation globale de fonctionnement, afin de renforcer la solidarité entre les communes ", annoncée pour 1999 par le Premier ministre, lors du congrès de l'Association des maires de France tenu à l'automne 1998, n'a pas eu lieu.

De plus, votre rapporteur constate que, lorsque le gouvernement et la majorité de l'Assemblée nationale font un effort en faveur de la péréquation, ils reprennent d'une main ce qu'ils donnent de l'autre. En effet, la majoration de 150 millions de francs de la dotation de solidarité rurale prévue par l'article 34 quater du présent projet de loi de finances est financée par un prélèvement sur les ressources du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, qui bénéficie également aux communes rurales.

3. La modification des critères d'éligibilité à la PAT : une réforme pour rien ?

Lors de son audition par votre commission des finances, le 27 octobre 1999, la ministre de l'aménagement du territoire a souligné le faible montant des crédits de la PAT, en s'étonnant du contraste entre l'ampleur des sommes en jeu et la virulence des réactions des élus dont les territoires perdent l'éligibilité à cette prime.

La ministre raisonne " à l'envers ". Le contraste entre les montants en jeu et la virulence des élus témoigne au contraire de la précarité de la situation de certains territoires, dans lesquels les subventions les plus modiques ont une importance considérable. En outre, l'éligibilité à la PAT donne accès à des exonérations fiscales qui bénéficient à l'ensemble des entreprises installées dans les zones d'aménagement du territoire (ZAT) et pas seulement à celles qui perçoivent la PAT.

C'est pourquoi votre rapporteur spécial considère qu'une véritable réforme de la PAT aurait consisté à cibler l'éligibilité à cette prime sur les territoires dont le déclin économique est le plus rapide (ainsi qu'aux poches de développement situées au milieu de territoires en déclin) et à faire en sorte que les investissements réalisés dans ces territoires, dont le montant et le nombre de créations d'emplois qu'ils induisent sont modestes, puissent être éligibles à la PAT.

Or, en 2000, la PAT connaîtra deux évolutions contradictoires :

- une révision de la carte des zones éligibles qui exclut les territoires les plus ruraux ;

- une baisse des seuils d'éligibilités à 15 millions de francs d'investissement et 15 créations d'emplois (contre 20 millions de francs d'investissement et 20 créations d'emplois), qui va dans le bon sens, même si les seuils restent trop élevés pour que la prime puisse vraiment bénéficier aux investissements en zone rurale.

En revanche, les entreprises installées en zone PAT, les " zones d'aménagement du territoire ", pouvaient bénéficier d'exonérations fiscales (impôt sur les société, taxe foncière, taxe professionnelle). Elles devraient perdre ces avantages lorsque la nouvelle carte de la PAT entrera en vigueur.

Les " fonds régionaux pour l'emploi et le développement "

L'article 34 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 prévoit la création de fonds régionaux pour l'emploi et le développement. Interrogée sur ces fonds par votre rapporteur spécial, la DATAR lui a transmis la réponse suivante :

" Qu'ils relèvent de la PAT ou des zonages de discrimination positive (allégement fiscaux), les dispositifs d'aide à la création d'activité territorialisés ont un caractère automatique et sont attribués en fonction de critères définis au plan national. L'instauration de fonds régionaux pour l'emploi et le développement donneraient en revanche aux instances régionales un outil d'intervention plus proche des réalités de terrain adapté au contexte de chaque Région et correspondant aux responsabilités attribuées aux régions en matière de développement économique.

Les " fonds régionaux pour le développement et l'emploi " en tant qu'instrument des régions devraient être financés principalement sur les budgets de régions. Le Gouvernement examinera prochainement un rapport précisant l'articulation de ces fonds avec l'ensemble des interventions écomomiques des collectivités locales, les bases légales éventuelles au regard des législations communautaires, les conditions de contractualisation avec l'Etat.

A cette occasion, l'opportunité de la création d'une prime régionale à l'emploi, instaurée par contrat entre l'Etat et la Région, sera examinée. Une telle prime devrait être fondé en droit communautaire sur le régime d'encadrement des aides à l'emploi. Elle devrait tenir compte des conditions particulières du marché régional du travail. "

4. Soutenir la création d'entreprise dans les zones " cibles " de la politique d'aménagement du territoire

L'article 43 de la loi du 4 février 1995 a créé un instrument, le fonds national de développement des entreprises (FNDE), destiné à soutenir la création d'activité dans les zones " cibles " de la politique d'aménagement du territoire.

Ce fonds n'a toujours pas d'existence concrète. Il ne dispose pas, par exemple, d'un comité de gestion. Le gouvernement annonce l'avoir doté de 200 millions de francs lors du comité interministériel d'aménagement du territoire du 15 décembre 1997 10( * ) . En réalité, le CIAT s'est contenté de rassembler sous " l'étiquette " FNDE une série de mesures disparates en faveur des entreprises, dont seulement 15 %, soit 30 millions de francs, relevaient du budget de l'Etat.

L'effort budgétaire de l'Etat dans le FNDE se limite à 10 millions de francs de subventions aux associations de soutien à la création d'entreprises, provenant du FNADT, et à 20 millions de francs de subventions à des sociétés régionales de capital-risque, inscrits au budget du ministère de l'industrie et destinés à financer les frais de " petits " dossiers.

Constatant l'impasse dans laquelle se trouve le FNDE, votre rapporteur spécial, depuis bientôt deux ans, s'intéresse à l'action des associations d'aide à la création d'entreprise, notamment les plates-formes d'initiative locale.

Les plates-formes d'initiative locale

Des structures qui reposent sur l'initiative locale et l'implication du secteur privé

Les plates-formes sont des associations loi de 1901 qui distribuent des prêts d'honneur aux créateurs d'entreprise. Elles assurent également le suivi des créateurs et mettent en place des systèmes de parrainage . Elles se développent surtout dans les zones cibles de la politique d'aménagement du territoire (quartiers urbains difficiles, milieu rural) à l'initiative d'acteurs de terrains les plus divers. Selon les cas, il peut s'agir de chefs d'entreprise, d'associations, d'élus, d'enseignants ou encore de chambres de commerce.

La diversité des plates-formes se retrouve également dans l'origine des fonds qu'elles gèrent. Les subventions publiques occupent une place de moins en moins importante, au profit de fonds européens, d'aides de la Caisse des dépôts et surtout de fonds privés, essentiellement des dons d'entreprises ou de banques.

L'ensemble des partenaires participe à l'examen des dossiers, à l'attribution des prêts et, parfois, à l'accompagnement des jeunes chefs d'entreprises. Toutes les plates-formes (il en existe 170, 70 autres en préparation) sont présidées par un chef d'entreprise, en activité ou à la retraite.

Une efficacité incontestable

Le bilan de ces structures est encourageant
. Elles ont participé à la création de 2000 entreprises et de 5000 emplois 11( * ) . Le taux de survie à cinq ans des entreprises aidées approche les 80 %, soit deux fois plus que la moyenne nationale.

Le succès de l'expérience des plates-formes permet en outre de rappeler que la création d'entreprise aujourd'hui n'est pas réservée aux nouvelles technologies ou aux activités à forte valeur ajoutée : les entreprises aidées par les plates-formes sont principalement des petits commerces ou des prestataires de service.

L'utilité des plates-formes du point de vue de l'aménagement du territoire est également indéniable . Grâce aux plates-formes, des commerces sont créés ou maintenus en milieu rural, des emplois marchands sont créés dans des zones que le déclin économique conduit à vivre plutôt de subventions publiques, et des acteurs qui jusqu'ici s'ignoraient sont amenés à travailler ensemble (des entreprises et les services déconcentrés du ministère de l'emploi, des chômeurs et des banquiers, etc.), contribuant ainsi à créer de véritables dynamiques de développement local.

Les résultats obtenus par les plates-formes en font des partenaires solides des politiques publiques d'aide à la création d'entreprise. C'est pourquoi la DATAR a décidé, depuis plusieurs années, de verser une subvention de fonctionnement à la tête de réseau et d'apporter un soutien logistique au lancement de certaines plates-formes. Au total 10 millions de francs au titre du FNADT bénéficient aux plates-formes .

De même, la Caisse des dépôts leur consacre les crédits de son programme en faveur des très petites entreprises, doté de 100 millions de francs pour trois ans.

Les évolutions nécessaires

Aujourd'hui, les plates-formes ont atteint une taille qui les contraint à évoluer et à se professionnaliser. Ainsi, la plate-forme de la Réunion a obtenu la certification ISO 9002 . De même, la DATAR et les préfectures encouragent les plates-formes à se rassembler dans les endroits où elles sont trop nombreuses pour parvenir à lever suffisamment de fonds.

Il convient toutefois d'être vigilant et de ne pas remettre en cause la spécificité des plates-formes, c'est-à-dire le rôle déterminant des acteurs du secteur privé. A cet égard, la proposition formulée par le député Eric Besson, dans un rapport très complet sur les " très petites entreprises ", consistant à rassembler les structures d'aide à la création d'entreprise dans des " maisons de l'entrepreneur " créées au sein des chambres de commerce et des chambres de métiers fait courir un risque d'institutionnalisation de l'aide à la création d'entreprise, qui pourrait conduire à éloigner les acteurs privés.

L'action de ces associations pourrait être rendue plus efficace si des mesures intervenaient dans le sens d'une amélioration du statut de créateur d'entreprise et à une clarification de la législation applicable à l'aide à la création. Le chantier est vaste mais certaines mesures ponctuelles peuvent être prises dès maintenant.

Dans cette perspective, votre rapporteur spécial avait déposé, au mois d'avril 1999, un amendement au projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, tendant à permettre aux plates-formes qui aident à la création, mais également à la reprise d'entreprise, de bénéficier de l'agrément fiscal du ministère du budget.

L'agrément fiscal est important pour les plates-formes car il constitue pour elles un gage de sérieux vis-à-vis de leurs partenaires institutionnels et privés. Aujourd'hui, il est réservé aux plates-formes qui aident exclusivement à la création d'entreprise. Celles qui soutiennent également la reprise d'entreprise en sont exclues. En conséquence, certaines plates-formes renoncent à demander l'agrément fiscal car elles veulent continuer à pouvoir aider à la reprise d'entreprise qui, notamment en milieu rural, est fondamentale.

Notre collègue député Eric Besson a soumis le même amendement à la commission des finances de l'Assemblée nationale, lors de l'examen par celle-ci des amendements à la première partie du projet de loi de finances pour 2000 12( * ) . " Tout en notant l'intérêt de cet amendement ", le rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée nationale a émis un avis défavorable à son adoption et la commission l'a rejeté. L'amendement n'a pas été présenté en séance publique.

Votre rapporteur spécial se félicite du progrès, certes relatif, des idées favorables au soutien à la création d'entreprises et annonce son intention de déposer à nouveau son amendement à l'occasion de la discussion de la première partie du projet de loi finances pour 2000.

MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Au cours de l'examen en première lecture par l'Assemblée nationale du présent projet de loi de finances, les crédits de l'aménagement du territoire ont été majorés, à titre non reconductible, de 11,730 millions de francs dont :

- 4,58 millions de francs au chapitre 44-10 ;

- 7,1 millions de francs au chapitre 65-00.

ANNEXE

La France est le seul pays de l'Union européenne à confier la politique de l'aménagement du territoire à une administration " de mission " telle que la DATAR.

Le tableau ci-dessous récapitule les autorités compétentes dans les autres pays de l'Union européenne pour l'exercice des missions confiées en France à la DATAR :

Responsabilités ministérielles en matière d'aménagement du territoire, d'environnement et de gestion des fonds structurels dans l'Europe des quinze




Pays

Domaines de compétences

Ministère compétent

Allemagne

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

Ministère des transports, de la construction et de l'urbanisme

 

Gestion des fonds structurels

Ministère des finances

Ministère de l'économie

 
 
 

Autriche

Environnement

Ministère de l'environnement, de la jeunesse et de la famille

 

Aménagement du territoire

Ministère de l'Aménagement du territoire et du suivi des fonds structurels

 

Gestion des fonds structurels

Secrétariat d'Etat à la Chancellerie fédérale

 
 
 

Belgique

 
 

Niveau fédéral

Environnement

Ministère de l'intérieur

 
 
 

L'AT étant de la compétence des régions : Bruxelles-Capitale, régions flamande et wallonne

Environnement

Région flamande : Ministère de l'environnement et de l'emploi

Région de Bruxelles-capitale : Ministère de l'environnement, de la rénovation, de la conservation de la nature, de la politique de l'eau et de la propreté publique

 

Aménagement du territoire

Région wallonne : Ministère de l'environnement, des ressources naturelles et de l'agriculture

 

Gestion des fonds structurels

Région flamande : Ministre de la politique extérieure, des affaires européennes, des sciences et de la technologie.

Et ministre de l'économie, des PME, de l'agriculture et des médias

Région de Bruxelles-capitale : Ministre de l'économie, des finances, du budget et des relations extérieures

 
 

Région wallonne : Ministre de la recherche, du développement technologique, des relations internationales et du sport

Et Ministre de l'économie, du commerce extérieur, des PME, du tourisme et du patrimoine

 
 
 

Danemark

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

Ministère du commerce et de l'industrie (compétent pour le développement régional)

 

Gestion des fonds structurels

Ministère des transports

 
 
 

Espagne

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

 
 

Gestion des fonds structurels

Ministère de l'économie et des finances

 
 
 

Finlande

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

Ministère de l'Intérieur

 

Gestion des fonds structurels

 

Grèce

Environnement

Ministère de l'environnement, et de l'aménagement du territoire, secrétariat d'Etat

 

Aménagement du territoire

 
 

Gestion des fonds structurels

Secrétariat d'Etat

 
 
 

Irlande

Environnement

Ministère de l'environnement et du développement rural

 

Aménagement du territoire

Ministère de l'entreprise publique

 

Gestion des fonds structurels

Ministre des finances

 
 
 

Italie

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

Ministère des travaux publics

 

Gestion des fonds structurels

Ministère du trésor

 
 
 

Luxembourg

Environnement

Aménagement du territoire

Ministère de l'aménagement du territoire, de la force publique, de l'environnement et de la jeunesse

 

Gestion des fonds structurels

Fond régional : Ministère de l'Economie

Fond social : Ministère du Travail (et 1 er ministre)

Fond rural : Ministère de l'Agriculture

Fond interrégion : Ministère de l'aménagement du territoire

 
 
 

Pays Bas

Environnement

Ministère du Logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement

 

Aménagement du territoire

Secrétaire d'Etat du Logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement

 

Gestion des fonds structurels

Ministère du commerce extérieur

 
 
 

Portugal

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

 
 

Gestion des fonds structurels

 

Royaume-Uni

Environnement

Vice Premier ministre, Secrétaire d'Etat pour le transport, l'environnement et les régions (n° 1)

Ministre d'Etat, Département de l'environnemenet, des transports et des régions (n° 2)

 

Aménagement du territoire

Vice Premier ministre, Secrétaire d'Etat pour le transport, l'environnement et les régions (n° 1)

Ministre d'Etat, Département de l'environnemenet, des transports et des régions (n° 2)

 

Gestion des fonds structurels

Secrétaire d'Etat au commerce et à l'industrie, Département du commerce et de l'industrie

Sous-secrétaire parlementaire, Département du commerce et de l'industrie

 
 
 

Suède

Environnement

Ministère de l'environnement

 

Aménagement du territoire

 
 

Gestion des fonds structurels

Ministre du marche et de l'industrie

EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le mercredi 20 octobre 1999 , sous la présidence de M. Bernard Angels, vice-président, la commission a procédé à l'examen des crédits de l'aménagement du territoire pour 2000, sur le rapport de M. Roger Besse, rapporteur spécial.

M. Roger Besse, rapporteur spécial , a tout d'abord rappelé que les crédits du ministère de l'aménagement du territoire ne constituaient que 3,5 % de l'effort total de l'Etat en faveur de l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 2000. Cet effort s'établit à 55,2 milliards de francs.

Il a indiqué que le budget du ministère de l'aménagement du territoire augmentait de 7 % dans le projet de loi de finances pour 2000, atteignant 1,9 milliard de francs, répartis entre les crédits de fonctionnement de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), la dotation de la prime d'aménagement du territoire (PAT) et le Fonds national pour l'aménagement et le développement du territoire (FNADT).

Le rapporteur spécial a observé que l'augmentation des crédits du ministère était due à celle de la dotation de la prime d'aménagement du territoire, dont les crédits progressent de 105 millions de francs et s'élèvent, en 2000, à 420 millions de francs. Il a signalé que les crédits de fonctionnement de la DATAR, qui ne constituent que 1 % du total des crédits du ministère, progressaient de 10 % en 2000, en raison de la mise en place de nouvelles cellules de prospective.

S'agissant du FNADT, dont la dotation pour 2000 est de 1.391 millions de francs, le rapporteur spécial a indiqué que la stabilité du montant contrastait avec les évolutions de la répartition interne, caractérisée par un transfert des dépenses d'investissement vers des dépenses d'intervention. Il a expliqué ce mouvement par la volonté de la DATAR d'orienter sa politique contractuelle vers le soutien logistique à la définition de "conventions d'objectifs", qui sont appelées à préfigurer le contenu des nouveaux contrats de pays et contrats d'agglomération créés par la loi d'orientation pour le développement et l'aménagement durable du territoire du 29 juin 1999.

A l'issue de cette présentation générale des crédits, M. Roger Besse, rapporteur spécial, a formulé quelques observations.

Il a tout d'abord constaté que la position du Gouvernement sur le zonage oscillait entre un refus idéologique et une attitude pragmatique. Il a rappelé que le Gouvernement avait commandé plusieurs rapports sur ce sujet et que, même si aucun d'entre eux n'était parvenu à démontrer l'inefficacité des zonages, la ministre de l'aménagement du territoire avait affirmé à plusieurs reprises sa volonté de les réformer, afin notamment de les harmoniser avec les découpages européens.

M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué que, conformément à cette doctrine, la ministre, lors de la discussion au Sénat du projet de loi d'orientation pour l'aménagement durable du territoire, s'était opposée à un amendement de la commission spéciale, proposant de proroger jusqu'en 2006 les exonérations de charges fiscales et sociales pour les entreprises créées dans les zones de revitalisation rurale (ZRR).

Il a pourtant observé que l'article 58 du présent projet de loi de finances avait le même objet que l'amendement sénatorial rejeté par la ministre au mois d'avril et s'est félicité du ralliement, même tardif, du Gouvernement à une mesure en faveur de l'aménagement du territoire décidée par la précédente majorité.

Il a signalé qu'il conviendrait, en 2000, d'être attentif aux conséquences du recensement général de 1999 sur le périmètre des ZRR, défini en fonction des critères de population, et de veiller à la mise en place de mesures d'accompagnement en faveur des territoires qui perdront l'éligibilité.

Après avoir déploré la situation actuelle des fonds créés par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995, en particulier le fonds d'investissements pour les transports terrestres et les voies navigables (FITTVN), le fonds de gestion de l'espace rural (FGER) et le fonds national de développement des entreprises (FNDE), M. Roger Besse a insisté sur les inquiétudes suscitées par la réforme de la prime d'aménagement du territoire.

Il s'est réjoui de l'abaissement des critères d'éligibilité à la PAT, qui les rend plus adaptés à la réalité des investissements en milieu rural, mais a déploré l'insuffisance de cet assouplissement. Il a vivement regretté que la révision de la carte de la PAT ait été réalisée sans consultation des élus locaux et au détriment des zones rurales les plus en difficulté.

Le rapporteur spécial a ensuite fait le point sur les négociations de la nouvelle génération de contrats de plan-Etat-régions. Il a rappelé qu'une première enveloppe de 95 milliards de francs, correspondant aux priorités fixées par l'Etat, avait été répartie lors du comité interministériel d'aménagement du territoire du 23 juillet 1999. Il s'est déclaré préoccupé par le fait que le ministère de l'équipement soit le seul dont la dotation baisse. Il a particulièrement déploré la réduction de 24 % de l'effort consacré aux routes.

Il a expliqué que le montant de la deuxième enveloppe correspondant aux priorités déterminées par les régions serait connu, et réparti, dans le courant du mois de novembre. Il a estimé que ce montant, initialement fixé à 10 milliards de francs, pourrait atteindre 25 milliards de francs.

Enfin, M. Roger Besse, rapporteur spécial, a considéré que le soutien à la création d'entreprises en zone sensible constituait une dimension essentielle de la politique d'aménagement du territoire.

A ce titre, il a indiqué qu'il suivait de près, depuis bientôt deux ans, le développement de structures d'aide à la création d'entreprises, les plates-formes d'initiative locale. Il a expliqué que ces associations rassemblaient des acteurs privés et publics et distribuaient des prêts d'honneur à des créateurs d'entreprises. Elles assurent également le suivi des créateurs et mettent en place des systèmes de parrainage. Il s'est félicité de leur efficacité et a indiqué que le "taux de mortalité" des entreprises aidées par les plates-formes était très inférieur au taux national. Il a insisté sur l'utilité, dans l'optique de l'aménagement du territoire, de structures qui permettent de créer des emplois marchands dans des zones en déclin économique.

Le rapporteur spécial a expliqué que l'action des plates-formes se heurtait parfois à des obstacles d'ordre législatif et réglementaire. Ainsi, il a déclaré que certaines plates-formes renonçaient à demander l'agrément fiscal du ministère du budget, car celui-ci n'est accordé qu'aux associations qui aident à la création d'entreprises, mais pas à celles qui soutiennent la reprise d'entreprises.

Il a indiqué que, compte tenu de l'importance du soutien à la reprise d'entreprises en milieu rural, il avait présenté un amendement à la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, tendant à ouvrir le bénéfice de l'agrément fiscal aux associations qui pratiquent l'aide à la reprise. Il a regretté que ce dispositif n'ait pas été retenu par l'Assemblée nationale et a annoncé son intention de déposer à nouveau cet amendement lors du débat budgétaire pour 2000.

M. Philippe Marini, rapporteur général , s'est indigné de la baisse des crédits consacrés aux routes dans les nouveaux contrats de plan. Il a par ailleurs regretté la mise en sommeil des structures rassemblant les collectivités locales du grand bassin parisien.

Le rapporteur général a alors évoqué le rapport sur le dispositif public de promotion des investissements étrangers en France réalisé, pour l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques, par M. Serge Vinçon. Il a rappelé que ce rapport reprenait l'idée de la création d'une agence pour la promotion des investissements étrangers en France, regroupant les bureaux de la DATAR à l'étranger et les moyens de la délégation aux investissements internationaux du ministère de l'économie et des finances, et a demandé au rapporteur spécial quel était l'état d'avancement de ce projet.

M. Roger Besse, rapporteur spécial , a indiqué qu'un projet d'agence était actuellement soumis à l'arbitrage du Premier ministre, mais que son contenu n'avait pas encore été rendu public. Il a observé que les modalités selon lesquelles les collectivités locales et les acteurs privés pourraient être associés à l'agence n'avaient pas encore été arrêtées.

Il a partagé l'inquiétude du rapporteur général s'agissant de l'évolution des crédits consacrés aux routes dans les contrats de plan et a signalé que cette question avait suscité l'indignation des présidents de conseils généraux réunis en congrès la semaine précédente.

M. Jacques Chaumont a demandé selon quelles modalités la DATAR fournirait un soutien logistique à l'élaboration des contrats de pays.

M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué que par le biais de la section locale du FNADT, les collectivités qui souhaitent élaborer un projet commun de développement pourraient bénéficier de subventions leur permettant de financer l'embauche de techniciens d'un niveau élevé.

A l'issue de ce débat, la commission a décidé de réserver sa position sur les crédits de l'aménagement du territoire jusqu'à l'audition de la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.

*

Au cours d'une séance tenue le mercredi 27 octobre 1999 , sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé à l'audition de Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. A l'issue de cette audition, la commission s'est prononcée sur les crédits de l'aménagement du territoire.

M. Roger Besse, rapporteur spécial , a déclaré que les explications apportées par la ministre au cours de son audition avaient tempéré le jugement négatif qu'il portait sur son budget. Il a néanmoins réaffirmé son désaccord avec les méthodes et les résultats des procédures de réforme des zonages PAT. De manière générale, il a considéré que les orientations de la politique du Gouvernement en matière d'aménagement du territoire, notamment dans le domaine des infrastructures, étaient en contradiction avec les positions constantes du Sénat. En conséquence, il a préconisé le rejet des crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.

La commission a alors décidé de proposer au Sénat de rejeter les crédits de l'aménagement du territoire


Réunie le 27 octobre 1999, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a décidé de proposer au Sénat le rejet des crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.

Elle a confirmé cette position au cours de sa réunion du 25 novembre, après avoir pris acte des modifications apportées par l'Assemblée nationale.


1 La contribution au financement d'investissements dans le domaine des transports demandée aux sociétés concessionnaires d'autoroutes, 2,6 milliards de francs, doit être mise en rapport avec les 25 milliards de francs de subventions à la SNCF (hors RFF) inscrits au budget du ministère des transports en 1998.

2 Les zonages sont les suivants : les zones d'aménagement du territoire (ZAT), les territoires ruraux de développement prioritaire (TRDP), les zones de revitalisation rurale (ZRR), les zones urbaines sensibles (ZUS), les zones de revitalisation urbaine (ZRU), les zones franches urbaines (ZFU) et les zones d'investissements privilégié (ZIP).

3 La première communauté d'agglomération a été créée au mois de novembre 1999.

4 La lettre de la DATAR, n°167, automne 1999. Dossier "
Tout ce qu'il faut savoir sur la loi Voynet ".

5 Amendement n° 101 portant article additionnel après l'article 38, séance du 6 avril 1999, J.O. Sénat, p. 2117.

6 L'article 44 sexies sera cependant modifié par l'instauration d'un plafond à l'exonération, fixé à 500.000 francs. Ce plafond est applicable à la plupart des autres exonérations au titre de l'impôt sur les sociétés.

7 Ce rapport rapporte le coût des zones franches aux seules créations nettes d'emplois. Il ne tient pas compte du fait que le dispositif a pu enrayer la destruction d'emplois, notamment la fermeture de commerces de proximité. Le rapport prend pour hypothèse que un tiers des créations d'emplois sont des créations nettes. Il estime à 200.000 le coût d'un emploi créé. Le coût pour l'Etat de ces emplois marchands est à mettre en relation avec le coût des emplois jeunes, qui sont des emplois parapublics, qui s'établit à 180.000 francs.

8 Les entreprises qui en bénéficient depuis 1996 perdront l'exonération au 31 décembre 2000, etc.

9 Les entreprises créées en 1998 perdront le bénéfice de l'exonération au 31 décembre 2003, les entreprises créées en 1999 la perdront en 2004, etc.

10 Lors de son audition par votre rapporteur spécial au mois d'octobre 1997, le délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale avait laissé entendre que ce fonds pourrait bénéficier d'une dotation de 1 milliard de francs, provenant du produit de cessions d'actifs d'entreprises publiques, conformément aux orientations décidées au comité interministériel d'aménagement du territoire d'Auch, tenu en avril 1997.

11 Ce chiffre ne tient pas compte des éventuels recrutements postérieurs à la création de l'entreprise.

12 Assemblée nationale, Bulletin des commissions, N) 27 du lundi 18 au jeudi 21 octobre 1999, p. 3066.



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