Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale. TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe 6 : Anciens combattants
BAUDOT (Jacques), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 6 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
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PRINCIPALES OBSERVATIONS
- 1. Un secrétariat d'Etat en pleine restructuration
- 2. Un budget plus opaque
- 3. Des crédits d'investissements à affecter de manière prioritaire à la rénovation des sépultures de guerre
- 4. La reconnaissance du terme " guerre d'Algérie "
- 5. Vers une simplification du rapport constant
- 6. L'adaptation du fonds de solidarité au vieillissement des bénéficiaires
- 7. La nécessité de relancer le débat sur la décristallisation
- 8. L'inégalité de traitement des grands invalides
- 9. L'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
- 10. Les dysfonctionnements de l'allocation de remplacement pour l'emploi
- 11. Des interrogations sur la gestion des crédits affectés aux centres d'appareillage
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION DES ANCIENS COMBATTANTS- I. LES SERVICES DU SECRÉTARIAT D'ETAT CHARGÉ DES ANCIENS COMBATTANTS
- II. LES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE : L'AUGMENTATION DE LEURS SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
-
CHAPITRE II
LES INTERVENTIONS DU SECRÉTARIAT D'ÉTAT -
CHAPITRE III
LA DETTE VIAGÈRE -
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE DE LA MÉMOIRE -
CHAPITRE V
COMPTE-RENDU DE LA MISSION D'INFORMATION SUR L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS -
CHAPITRE VI
LES INSUFFISANCES DU BUDGET DES ANCIENS COMBATTANTS -
ANNEXE I
PRÉSENTATION DES ARTICLES RATTACHÉS DU PROJET DE LOI DE FINANCES -
ANNEXE II
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE SUR LE BUDGET DES ANCIENS COMBATTANTS - EXAMEN EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 6
ANCIENS COMBATTANTS
Rapporteur spécial
: M. Jacques BAUDOT
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
1. Un secrétariat d'Etat en pleine restructuration
Depuis
plusieurs années, le débat sur l'avenir du secrétariat
d'Etat aux anciens combattants est lancé. Or, un consensus s'est peu
à peu dessiné sur trois principes.
D'abord, le traitement des droits des anciens combattants ne doit pas
être banalisé : en conséquence, sont conservés un
secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants, un budget
autonome et individualisé ainsi que les établissements publics
que sont l'ONAC et l'INI.
Ensuite, il est prévu une mise en synergie de certaines activités
conduites par les deux départements ministériels en ce qui
concerne la politique de la mémoire ou encore la réparation et la
réinsertion des anciens combattants et des militaires.
Enfin, le secrétariat d'Etat est intégré au
ministère de la défense, ce qui signifie non seulement une fusion
des corps de fonctionnaires et ouvriers d'Etat des deux départements
ministériels, mais aussi la suppression de la direction de
l'administration générale des anciens combattants et
l'intégration des autres structures d'administration centrale dans
celles de la défense.
Votre rapporteur estime que l'intégration du secrétariat aux
anciens combattants dans le ministère de la défense constitue la
réforme la plus adéquate pour assurer la pérennité
du droit de reconnaissance en faveur du monde combattant. Il estime cependant
que cette réforme est encore trop récente pour pouvoir se
prononcer sur ses modalités pratiques et sur son efficacité.
2. Un budget plus opaque
L'une
des revendications fortes du monde combattant était le maintien d'un
budget autonome afin de pouvoir contrôler plus facilement
l'évolution des crédits en sa faveur. Toutefois,
l'intégration des services du secrétariat d'Etat chargé
des anciens combattants dans le ministère de la défense s'est
accompagnée du transfert de nombreux crédits vers le budget de la
défense. Par ailleurs, certaines actions, comme la politique de la
mémoire, seront financées avec des crédits appartenant aux
deux départements ministériels. La lisibilité du budget
des anciens combattants s'en trouve affectée.
A cet égard, votre rapporteur souhaiterait, afin d'améliorer la
transparence du budget, la création d'un article 99 au sein du chapitre
54-41 du budget de la défense intitulé construction de hauts
lieux de mémoire. En effet, l'actuel article 98 du chapitre 54-41
" remise en état des sépultures de guerre " inclut
également des crédits visant à financer la construction de
hauts lieux de mémoire. Cette confusion risque de conduire à une
estimation erronée des crédits destinés à la
rénovation des sépultures de guerre qui se trouvent
gonflés artificiellement.
En revanche, votre rapporteur se félicite que le secrétariat
d'Etat chargé des anciens combattants ait pris note des remarques de la
Cour des comptes sur la nécessité de créer un titre VI
pour financer les travaux de sécurité de l'Office national des
anciens combattants et de l'Institution nationale des Invalides. Ainsi, le
transfert vers le budget de la défense des crédits
destinés à financer lesdits travaux s'est accompagné de la
création d'un article 70 intitulé travaux de
sécurité dans les établissements publics sous tutelle au
sein du chapitre 67-10 " subventions aux organismes de
tutelle ".
3. Des crédits d'investissements à affecter de manière prioritaire à la rénovation des sépultures de guerre
Depuis
plusieurs années, votre rapporteur dénonce les retards
accumulés dans le programme de rénovation des sépultures
de guerre de 1914-1918. Lors de sa mise en place en 1994, son coût avait
été estimé à 50 millions de francs
étalés jusqu'en 2000. Or, il n'a été
exécuté qu'à 60 %. 24 millions sont donc
nécessaires pour le mener à bien.
Votre rapporteur estime que les crédits d'investissements mis à
la disposition du secrétariat d'Etat doivent être utilisés
en priorité à l'exécution de ce programme.
Or, le secrétaire d'Etat a annoncé d'autres projets, notamment la
construction d'un mémorial de l'annexion de fait de l'Alsace-Moselle
à Schirmeck et le lancement d'une étude de faisabilité
pour la construction d'un mémorial consacré au système
concentrationnaire nazi dans le camp du Struthof.
Votre rapporteur ne conteste pas l'utilité de ces mémoriaux mais
souhaite que l'achèvement du programme de rénovation des
sépultures de guerre ne soit pas différé.
4. La reconnaissance du terme " guerre d'Algérie "
Le 5
octobre dernier, le Sénat a adopté à l'unanimité la
proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative
à la substitution de l'expression " aux opérations
effectuées en Afrique du Nord " par l'expression " à la
guerre d'Algérie et aux combats en Tunisie et au Maroc ".
Votre rapporteur se félicite de l'attitude unanime de la Haute
assemblée qui a ainsi reconnu publiquement les épreuves
rencontrées par les personnes ayant combattu en Afrique du Nord et
notamment en Algérie.
5. Vers une simplification du rapport constant
L'indexation des pensions militaires d'invalidité sur l'évolution des traitements de la fonction publique, dénommée " rapport constant ", a été améliorée par l'article 123 de la loi de finances pour 1990 en permettant aux anciens combattants pensionnés de bénéficier d'une transposition des mesures catégorielles applicables aux agents. Toutefois, ce dispositif était critiqué par les associations d'anciens combattants pour son manque de lisibilité et pour son extrême complexité. C'est pourquoi votre rapporteur se félicite que le secrétariat d'Etat ait dégagé les principes d'une simplification du rapport constant existant. Ce texte doit désormais recueillir l'accord des associations d'anciens combattants.
6. L'adaptation du fonds de solidarité au vieillissement des bénéficiaires
L'article 125 de la loi de finances pour 1992 a
créé
un fonds de solidarité en faveur des anciens combattants d'Afrique du
Nord, chômeurs de longue durée, âgés de plus de
57 ans. Les aides financées sur ce fonds garantissent à ses
bénéficiaires un revenu mensuel initialement fixé à
3.700 francs, et porté à 4.000 francs fin décembre
1992. Ce fonds a fait l'objet de modifications successives qui ont
étendu son champ d'application et amélioré son dispositif.
A la fin du mois de mars 1997, 43.259 personnes en bénéficiaient.
Depuis, ce nombre diminue régulièrement, pour atteindre 29.728 en
mai 1999.
La baisse concomitante des crédits du fonds de solidarité
s'explique par la sortie progressive du dispositif des anciens combattants
d'Afrique du Nord. En effet, les allocations versées à ces
derniers cessent dès que les bénéficiaires sont en mesure
de faire valoir leurs droits à pension de vieillesse à taux plein
ou atteignent leur 65ième anniversaire.
Or , en 1999, l'âge moyen des anciens combattants d'Afrique du Nord est
de 61,8 ans. Le reflux des dossiers devraient d'ailleurs s'accentuer jusqu'en
2002, date à laquelle les dernières personnes
bénéficiaires basculeront dans le dispositif de droit commun pour
l'assistance aux personnes âgées.
Votre rapporteur tient à rappeler que certains anciens combattants se
retrouvent alors dans une situation financière plus défavorable
que lorsqu'ils bénéficiaient des allocations du fonds de
solidarité. Dans la mesure où ce dispositif est amené
à disparaître, il serait utile d'affecter les sommes jusqu'ici
utilisées pour financer le fonds de solidarité à des
mesures en faveur des anciens combattants à la retraite qui disposent de
faibles ressources.
7. La nécessité de relancer le débat sur la décristallisation
Plus de
1.400.000 Africains, Indochinois, Maghrébins, Malgaches, Somalis sont
venus combattre sur le sol de France au cours des deux guerres mondiales. Or,
leurs droits s'en sont trouvés modifiés de façon
défavorable par rapport à leurs anciens compagnons d'armes
métropolitains. En effet, les articles 170 de la loi de finances pour
1959 (pour l'Indochine) et 71 de la loi de finances pour 1960 (pour les autres
pays) ont " cristallisé " leurs pensions au taux en vigueur au
jour de l'indépendance des Etats en question.
Certes, les textes instaurant la " cristallisation " ont
réservé au pouvoir réglementaire la liberté de
décider des revalorisations discrétionnaires. Mais ces
revalorisations ont été rares et parcimonieuses, la
dernière en date remontant à 1995. Le niveau actuel des pensions
servies aux anciens combattants d'outre-mer reste donc trop faible.
Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1999, le
secrétaire d'Etat a proposé d'engager la réflexion sur la
décristallisation en termes de pouvoir d'achat et de comparer, pour un
même taux d'invalidité, le pouvoir d'achat d'une pension
attribuée à un ancien combattant ressortissant français et
celui de la pension versée aujourd'hui à un ancien combattant
ressortissant d'un pays étranger. Il a reconnu que le Maroc et la
Tunisie enregistraient un retard significatif, même en terme de pouvoir
d'achat. Pourtant, le projet de budget pour 2000 ne prévoit aucune
mesure pour remédier à cette situation parce que le coût
budgétaire de la décristallisation totale
s'élèverait à trois milliards de francs.
Votre rapporteur estime que la revalorisation des pensions pourrait se faire
progressivement. En outre, pourraient n'être concernées dans un
premier temps que les pensions accordées au Maroc et en Tunisie, pour
lesquelles le secrétaire d'Etat reconnaît qu'elles accusent un
important retard par rapport à celles versées aux anciens
combattants français, compte tenu du coût de la vie dans les pays
concernés. Cette politique aurait le mérite de constituer un
signe de reconnaissance par la France des sacrifices consentis par les anciens
combattants d'outre-mer sans pour autant entraîner des dépenses
trop lourdes.
8. L'inégalité de traitement des grands invalides
la loi
de finances pour 1991 a bloqué les pensions supérieures à
360.000 francs par an afin de corriger les effets parfois excessifs du
mécanisme de calcul des pensions. Toutefois, la loi de finances pour
1995 a permis aux pensionnés titulaires de pensions supérieures
à 360.000 francs par an concédées avant 1995 de
bénéficier des pourcentages de revalorisation accordés
postérieurement au 1
er
janvier 1995. Ces pourcentages sont
appliqués à la valeur fictive du point de la pension
bloquée, sans aucun rattrapage de la période de blocage. En
conséquence, deux pensionnés atteints d'une invalidité
globale d'un taux identique ne sont pas indemnisés de la même
manière, selon que le dépassement du plafond de
360.000 francs par an existait avant 1991, ou ait eu lieu entre 1991 et
1995, ou soit apparu seulement après le
1
er
janvier 1995.
Lors de l'examen des crédits du budget des anciens combattants en
commission, votre rapporteur avait regretté cette
inégalité de traitement des grands invalides. Conscient que la
remise de ces pensions au niveau de l'ensemble des pensions entraînerait
un coût d'environ 70 à 80 millions de francs par an, il
avait demandé au secrétariat d'Etat de réfléchir
à un dispositif permettant le retour progressif à
l'unicité de la valeur du point d'indice des pensions. Cette
revendication a été satisfaite lors de l'examen des
crédits des anciens combattants à l'Assemblée nationale.
En effet, 15 millions de francs ont été affectés
à la revalorisation des pensions gelées depuis 1991.
9. L'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes
Le
certificat d'incorporé de force dans l'armée allemande a
été créé par le décret du 10 novembre 1952.
L'attribution de ce certificat ouvre droit à la carte d'ancien
combattant 1939-1945 ainsi qu'à la retraite du combattant. Suite
à l'accord franco-allemand du 31 mars 1981, les incorporés de
force dans l'armée allemande ou, en cas de décès, les
ayants cause, ont bénéficié d'une indemnité d'un
montant de 9.100 francs accordée par la fondation " Entente
Franco-Allemande ".
Il existe également un certificat d'incorporé de force dans les
formations paramilitaires allemandes (RAD-KHD). Toutefois, ce dernier ne
procure aucun avantage financier. Les associations demandent l'extension de
l'indemnisation de la Fondation " Entente Franco-Allemande " aux
anciens des RAD-KHD, non titulaires du certificat d'incorporé de force
dans l'armée allemande.
Le recensement des personnes concernées a été
effectué et a été clos le 31 mars 1999. 10.000
demandes ont été reçues par les services
départementaux de l'Office national des anciens combattants. La
Fondation " Entente Franco-Allemande " est désormais en
possession de 6.000 dossiers contrôlés par lesdits services.
4.000 doivent encore faire l'objet d'enquêtes pour établir la
réquisition.
Votre rapporteur demande au secrétaire d'Etat chargé des anciens
combattants que dès que le nombre définitif de parties prenantes
sera connue, les crédits soient inscrits au projet de loi de
finances.
10. Les dysfonctionnements de l'allocation de remplacement pour l'emploi
L'article 121 de la loi de finances pour 1999 avait
prévu
l'attribution de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) aux
salariés titulaires de la carte d'ancien combattant au titre des
opérations effectuées en Afrique du Nord qui, tout en remplissant
les conditions d'attribution, se voient opposer un refus par leur employeur.
Sur proposition de votre rapporteur, votre commission s'était
opposée à cette mesure. En effet, seulement 1,1 % des
demandes avaient fait l'objet d'un refus selon l'UNEDIC. Votre rapporteur avait
alors estimé que ce dispositif allait s'avérer négatif
pour les salariés anciens combattants, dans la mesure où certains
employeurs refuseraient de les embaucher pour éviter de se voir imposer
une décision unilatérale de préretraite, tandis que
seulement 170 personnes étaient susceptibles de
bénéficier de cette mesure.
Il avait donc demandé qu'un bilan de cette disposition soit
dressée un an après son entrée en application. Or,
celle-ci n'est pas encore entrée en vigueur. En effet, les règles
relatives au financement de l'ARPE ont été modifiées en
janvier 1999 au détriment des employeurs qui doivent désormais
supporter 20 % du coût du dispositif. Le nombre de refus de la part
des employeurs de l'attribution de l'ARPE a donc augmenté. Or, dans ce
cas, l'indemnité est prise en charge par l'Etat. Alors que le coût
du dispositif était à l'origine évalué à
60 à 70 millions de francs à l'Etat, il
s'élèverait en 1999 à 300 millions de francs. L'Etat
a alors bloqué l'examen des dossiers.
Votre rapporteur constate le blocage de cette réforme qu'il estime
mauvaise, et regrette que le Secrétaire d'Etat aux anciens combattants
ait mal évalué son impact financier.
11. Des interrogations sur la gestion des crédits affectés aux centres d'appareillage
Depuis plusieurs années, l'activité des centre d'appareillage diminue, notamment en raison de la diminution du nombre des parties prenantes. Or, les crédits affectés à l'appareillage continuent de stagner. On peut donc légitimement s'interroger sur cette distorsion entre la baisse régulière de l'activité des centres d'appareillage et le maintien des crédits mis à leur disposition au même niveau que les années précédentes.
INTRODUCTION
Les
crédits proposés pour 2000 et inscrits dans le budget du
secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants
s'élèvent à 24,059 milliards de francs.
L'intégration de ses services au sein du ministère de la
défense se traduit au budget 2000 par le transfert des crédits du
titre III (hors subventions aux établissements publics), soit
913,58 millions de francs et de certains crédits inscrits au titre
IV (14,93 millions de francs) sur la section budgétaire de la
défense.
Par ailleurs, les crédits d'investissement qui se situaient sur le
chapitre 57-91 du budget des anciens combattants ont été
transférés au budget de la défense. Désormais, les
crédits pour travaux d'investissement et de rénovation des
bâtiments se trouvent à l'article 97 du chapitre 54-41 du budget
du ministère de la défense (2 millions de francs en
autorisations de programme et 0,8 million de francs en crédits
de paiement sont prévus pour 2000), tandis que les crédits de
remise en état des sépultures de guerre sont regroupés
à l'article 98 du même chapitre (12 millions de francs en
autorisations de programme et 8 millions de francs en crédits
de paiement sont prévus pour 2000).
En outre, un article 70 a été ajouté au chapitre 67-10 du
budget du ministère de la défense intitulé travaux de
sécurité dans les établissements publics sous tutelle.
Pour 2000, 16,5 millions de francs sont prévus en autorisations de
programme et 11,5 millions de francs en crédits de paiement.
L'ensemble des crédits destinés à financer les missions
du secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants
s'élèvent donc en réalité à
25,008 milliards de francs.
Ils sont en diminution de 2 % par rapport à 1999. Toutefois, cette
baisse est moins forte que celle des parties prenantes aux pensions
d'invalidité et des bénéficiaires du fonds de
solidarité des anciens combattants d'Afrique du Nord.
Une partie des crédits a donc été
redéployée pour renforcer les moyens alloués à
d'autres actions et faire face à la montée en puissance de
certains dispositifs comme la retraite du combattant.
Avec un montant de 17,28 milliards de francs, la dette viagère
(retraite du combattant et pensions militaires d'invalidité)
représente 69 % du budget des anciens combattants et victimes de
guerre. Il est toutefois intéressant de noter que sa part dans le budget
tend à diminuer : elle représentait encore 78 % du
budget en 1999. Cette baisse s'explique par la diminution du nombre des parties
prenantes tandis que de nouvelles mesures en faveur des anciens combattants
apparaissent.
CHAPITRE PREMIER
L'ADMINISTRATION DES ANCIENS
COMBATTANTS
I. LES SERVICES DU SECRÉTARIAT D'ETAT CHARGÉ DES ANCIENS COMBATTANTS
A. LA POURSUITE DE LA DIMINUTION DES EFFECTIFS
L'intégration du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants dans le ministère de la défense se traduit par le
transfert des crédits relatifs aux personnels (chapitres 31-02, 31-22,
31-90, 31-95, 31-96, 32-92, 32-97, 33-90, 33-91 et 33-92) et de 2005 emplois au
budget du ministère de la défense.
En 2000, l'ajustement des effectifs se poursuit : 170 emplois sont
supprimés
, dont 79 dans l'administration centrale et 87 dans les
services déconcentrés. Par ailleurs, 4 emplois de l'inspection
générale des anciens combattants sont supprimés. En effet,
cette inspection est amenée à disparaître compte tenu de la
compétence générale exercée au sein du
ministère de la défense par le contrôle
général des armées.
Selon les informations obtenues par votre rapporteur, les suppressions
d'emplois doivent être imputées sur les postes vacants dans les
services déconcentrés et facilitées par le rapprochement
des structures ministérielles en administration centrale.
Depuis 1991, les effectifs auront diminué de près de 44 %,
dont 38 % pour l'administration centrale et 24 % pour les services
déconcentrés.
Pour 2000, les dépenses en personnel diminuent de 3 % et
s'élèvent à 819,48 millions de francs.
B. L'AUGMENTATION DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT
La
transformation du secrétariat d'Etat aux anciens combattants en
secrétariat d'Etat à la défense, chargé des anciens
combattants, s'est accompagnée du transfert des crédits en
matériel (chapitre 34-98) et des dépenses diverses (chapitres
37-61 et 37-91) au budget du ministère de la défense.
Pour 2000, ces crédits s'élèvent à
94,09 millions de francs, en augmentation de 4,2 % par rapport
à 1999.
Cette hausse cache une évolution contrastée : alors que les
crédits en moyens de fonctionnement des services centraux diminuent de
1,2 %, ceux des services déconcentrés augmentent de
7 %. Cette hausse s'explique par la nécessité de moderniser
le parc informatique de ces derniers, de prendre les mesures adéquates
pour le passage à l'an 2000, d'étendre le réseau local,
mais également de poursuivre l'informatisation du fichier des morts pour
la France et celui des morts de 1914-1918.
II. LES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE : L'AUGMENTATION DE LEURS SUBVENTIONS DE FONCTIONNEMENT
Le secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants verse deux subventions de fonctionnement à deux établissements publics nationaux : l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre et l'Institution nationale des invalides, qui relaient son action sanitaire et sociale.
A. L'INSTITUTION NATIONALE DES INVALIDES (INI)
1. Les missions de l'Institution
L'INI
est un établissement public de l'Etat à caractère
administratif chargé de la gestion de deux centres d'acceuil :
-
un centre de pensionnaires
, résidents permanents, qui peut
accueillir 99 personnes, bénéficiaires de l'article L.115 du code
des pensions d'invalidité, c'est-à-dire ceux ayant une
invalidité définitive supérieure ou égale à
85 % et âgées de plus de 50 ans, ou, quel que soit leur
âge, ceux dont le taux d'invalidité est supérieur à
100 % ;
-
un centre médico-chirurgical
qui comprend des services de
chirurgie et de rééducation, une pharmacie, un laboratoire
d'analyse, avec une capacité d'accueil de 94 lits au total.
L'INI dispose d'un budget et d'un patrimoine propres, son système
comptable étant celui d'un établissement public
hospitalier.
2. Les crédits affectés à l'Institution nationale des invalides
Les
crédits à la disposition de l'Institution nationale des invalides
augmentent de 2,3 % par rapport à 1999
et
s'élèvent à 44,01 millions de francs.
L'ajustement de la subvention de l'Etat est liée à la
création d'un poste de conducteur automobile et à la
revalorisation des rémunérations intervenues en 1999. Elle
contribue également au financement du repyramidage du corps des adjoints
administratifs et aux transformations d'emplois nécessaires aux
objectifs du projet d'établissement.
L'année précédente, votre rapporteur s'était
inquiété de l'insuffisance de la subvention de l'Etat pour faire
face aux conséquences de la diminution du contingent mis à la
disposition de l'INI.
Le remplacement des 33 militaires du contingent a fait l'objet d'un
échéancier
arrêté en accord avec les ministres
de tutelle, à savoir le secrétariat d'Etat chargé des
anciens combattants et le ministère du budget.
25 emplois
devraient être créés :
- le départ des 9 aspirants donne lieu à la
création, d'une part, de 4 emplois médicaux de
manière à assurer la permanence médicale et, d'autre part,
au recours à 2 médecins vacataires pour renforcer les
praticiens assurant la permanence médicale ;
- le fonctionnement du service de radiologie est garanti par l'ouverture
d'un emploi de manipulateur en électroradiologie et par le recrutement
par redéploiement d'un poste de radiologue à mi-temps ;
- les 2 aspirants pharmaciens-chimistes de la pharmacie et du
laboratoire ne sont pas remplacés. Un laborantin assure la
continuité des analyses médicales. La permanence du laboratoire
en dehors des heures de service est assurée dans le cadre d'une
convention avec l'hôpital du Val de Grâce ;
- parmi les 6 militaires du rang spécialisés, 3 emplois sont
remplacés, à savoir un psychomotricien, le laborantin et le
manipulateur ,
- enfin, les 18 militaires du rang sans spécialité
affectés au service direct des pensionnaires et hospitalisés sont
remplacés par 16 contrats emplois jeunes et 2 conducteurs ambulanciers.
Concrètement, le remplacement du contingent doit être
réalisé selon l'échéancier suivant :
Budget 1998
.
- 3 médecins
- 8 emplois jeunes financés en totalité sur ressources
propres de l'établissement
TOTAL
: 11 personnels
Budget 1999
- 1 médecin
- 3 techniciens paramédicaux
- 4 emplois jeunes sur ressources propres
TOTAL CUMULÉ
: 19 personnels
Budget 2000
- 1 conducteur
- 4 emplois jeunes sur ressources propres
TOTAL CUMULÉ
: 24 personnels
Budget 2001
- 1 conducteur ( poste demandé en 2000 et reporté à
la demande du secrétaire d'Etat au budget)
- transformation d'un emploi d'assistant en praticien hospitalier
gériatre
Pour 2000, l'Institution nationale des Invalides bénéficie
également de 3,5 millions de francs de crédits de paiement en
provenance du budget du ministère de la Défense afin de financer
la mise en conformité des locaux de l'Institution.
B. L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS (ONAC)
1. Les missions de l'ONAC
a) Les missions de l'Office exercées pour le compte du ministère des anciens combattants
L'Office
national des anciens combattants, dont la création remonte à une
loi du 27 juillet 1917, est un établissement public à
caractère administratif dont la mission est
"de veiller en toutes
circonstances sur les intérêts matériels et moraux de ses
ressortissants".
Les services départementaux de l'ONAC permettent d'offrir aux anciens
combattants un service de proximité que les directions
interdépartementales du ministère, par définition, ne
peuvent pas assurer.
Cette complémentarité entre le ministère et l'Office est
illustrée par les missions que le second exerce pour le compte du
premier : instruction au niveau départemental des demandes de cartes et
titres, secrétariat des commissions départementales pour
l'information historique et la paix, accueil et conseil des
bénéficiaires du fonds de solidarité pour les anciens
combattants d'Afrique du Nord en situation de chômage de longue
durée.
Les services départementaux ont également développé
leurs actions dans le domaine de l'assistance administrative en faveur des
anciens combattants. Ainsi, ils apportent une aide et des conseils à
leurs ressortissants pour des démarches de toute nature relevant aussi
bien de la législation spécifique aux anciens combattants que de
la législation de droit commun (logement, fiscalité,
famille...).
b) Les missions qui lui sont propres
Par
ailleurs, l'ONAC exerce également des missions qu'ils financent sur ses
propres ressources.
Ainsi, l'ONAC consacrent une partie importante de ses ressources à
l'action sociale individuelle. Il s'agit essentiellement des secours et des
allocations aux ressortissants momentanément en difficulté, des
dépenses particulières aux pupilles de la Nation et aux orphelins
de guerre, ainsi que des prêts individuels de l'Office à ses
ressortissants.
L'ONAC entretient également des contacts très étroits avec
les associations d'anciens combattants : ses représentants participent
aux congrès et à toutes les manifestations commémoratives
publiques et privées.
c) La gestion des écoles de rééducation professionnelle
L'Office
national des anciens combattants possède 10 écoles de
rééducation professionnelle à Béziers, Bordeaux,
Limoges, Lyon, Metz, le Muret, Oissel, Rennes, Roubaix et Soisy qui ont
accueilli 2.147 stagiaires en 1998.
Les écoles de rééducation professionnelle de l'ONAC
étaient destinées à l'origine à assurer la
réinsertion professionnelle des anciens combattants blessés ou
mutilés.
Toutefois, elles se sont très vite ouvertes aux handicapés
civils. Ainsi, dès 1924, les écoles ont accueilli, à
côté des infirmes de guerre, symbolisés par les
" gueules cassées ", les mutilés du travail puis,
à partir de 1946, l'ensemble des handicapés civils.
Aujourd'hui, les ressortissants de l'ONAC ne constituent qu'1 % de la
population des écoles, tandis que les stagiaires travailleurs
handicapés représentent 88,6 % de l'effectif.
Par
ailleurs, depuis 1988, à la demande des pouvoirs publics, les
écoles de rééducation professionnelles de l'ONAC
développent un programme d'accueil et de formation des enfants de
Français musulmans rapatriés.
Le recrutement concerne les 10 écoles. Toutefois, avec près de
50 % des effectifs, l'établissement de Béziers est largement
réservé à ce public spécifique. Cette situation
s'explique par le fait que cette école ne bénéficie pas de
l'agrément du ministère du travail et des affaires sociales pour
organiser la rééducation professionnelle des travailleurs
handicapés.
d) L'accueil des personnes âgées
L'Office
national des anciens combattants dispose, au
1
er
octobre 1999, de dix maisons de retraite
1(
*
)
qui sont réparties de manière
inégale sur le territoire national. Six sont situées dans le
nord du pays au sein d'une bande de territoire allant de la Bretagne aux
Ardennes, tandis que deux se trouvent dans le sud-est. Seules les maisons
d'Anse, au nord-est de Lyon, et de Barbazan, au sud de Toulouse,
échappent à ces deux zones. La façade ouest et le
sud-ouest sont, avec l'est, dépourvus de tout établissement.
Par ailleurs, les maisons de retraite sont très différentes par
leurs situations, leurs dimensions et leurs états.
Certaines sont d'anciens châteaux comme Anse, le Theil de Bretagne,
Saint-Gobain et Beaurecueil.
Une partie des maisons de retraite sont le fruit d'un don, d'un legs ou d'une
dévolution comme Bouleville, Boulogne-Billancourt
2(
*
)
et Thiais.
Les dates d'acquisition des maisons de retraite varient de 1921 pour
Beaurecueil à 1962 pour Carignan. La plupart des maisons ont cependant
été acquises dans les années vingt (Beaurecueil,
Boulogne-Billancourt, Montpellier, Saint-Gobain) et les années trente
(Montmorency, Ville Lebrun, Anse, Barbazan).
L'Office national des anciens combattants est propriétaire de huit
d'entre elles. ! Deux ne lui appartiennent pas. Ce sont :
- Boulogne-Billancourt, construite grâce à un financement de
l'ARPAH (Association pour la réadaptation des personnes
âgées handicapées) ;
- Vence, qui appartient à l'Institut de France ;
Il convient de noter que Villiers-le-Sec, dont la fermeture a
été décidée, était prêtée
à bail par le département du Calvados.
Au total, 1.257 personnes âgées sont hébergées dans
les maisons de retraite de l'Office
3(
*
)
, dont
49 % d'hommes. La moyenne d'âge est de 81 ans pour les hommes
et 86 ans pour les femmes.
En outre, 27 % des résidents sont invalides et relèvent de
l'hébergement en secteur médicalisé offert en 1998 dans
11 maisons de retraite. 18 % des pensionnaires ne sont pas des
ressortissants de l'Office.
2. Les crédits affectés à l'ONAC
La
subvention de fonctionnement à l'Office national des anciens combattants
et victimes de guerre s'élève à 238,29 millions de
francs et augmente de 4,1 % par rapport à 1999.
Cette hausse est destinée à financer le renforcement des
activités de l'Office dans le domaine de l'action sociale. Ainsi, dans
le cadre du programme " Nouvel élan " pour l'ONAC,
24 emplois sont créés, dont 15 assistantes de service
social, 3 conseillers pour la recherche d'emploi et 6 animateurs.
Globalement, l'Office voit cependant ses effectifs diminuer
. En effet,
la fermeture des maisons de retraite de Montpellier et de Villiers-le-Sec
entraîne la suppression de 45 postes. En outre, la mise en oeuvre de la
nouvelle gestion des archives conduit à la suppression d'un poste
d'ouvrier professionnel et d'un poste de maître ouvrier, qui sont
compensés par la création d'un poste d'archiviste. 4 emplois sont
supprimés parallèlement : deux postes d'ouvriers
professionnels et deux postes de maîtres ouvriers.
Par ailleurs, dans le cadre du plan de résorption de l'emploi
précaire, 22 emplois de " main d'oeuvre exceptionnelle " sont
transformés.
L'ajustement de la subvention de l'Etat est également liée
à la revalorisation des rémunérations intervenues en 1999.
L'ONAC reçoit par ailleurs deux subventions complémentaires de
la part du secrétariat d'Etat chargé des anciens
combattants :
- la première (chapitre 46-51) est affectée aux
dépenses sociales
: elle s'élève à
56,76 millions de francs pour 2000
,
en augmentation de
près de
10 %
par rapport à 1999 ;
- la seconde est destinée à financer la
mise aux normes
de sécurité des maisons de retraite relevant de l'Office et du
service central
. La restructuration du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants s'est accompagnée du transfert des crédits
d'investissement au budget de la défense. 13 millions de francs en
autorisation de programme et 8 millions de francs en crédits de paiement
sont prévus pour 2000.
C. LES RESSOURCES PROPRES DES ÉTABLISSEMENTS SOUS TUTELLE
Ces deux
établissements publics disposent également de ressources propres.
Pour l'ONAC, il s'agit des dons et legs, des recettes de l'oeuvre nationale du
Bleuet de France et des recettes liées au montant des prix de
journée des écoles de rééducation professionnelle
et des maisons de retraite. En 1999, la subvention de l'Etat s'élevait
à 280,6 millions de francs (dont 228,9 millions de francs pour la
subvention d'exploitation et 51,7 millions de francs pour l'action sociale).
Pour l'INI, les ressources propres sont essentiellement les recettes
liées au prix de journée du centre médico-hospitalier et
les recettes liées à l'activité de soins externes
(laboratoire d'analyses, radiologie, appareillage etc). En 1999, la subvention
d'exploitation de l'Etat représentait 26,72 % des produits et
couvrait 41,28 % des charges de personnel.
CHAPITRE II
LES INTERVENTIONS DU SECRÉTARIAT
D'ÉTAT
I. L'ACTION SANITAIRE ET SOCIALE
A. LES CENTRES D'APPAREILLAGE
Le
secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants dispose de
18 centres régionaux d'appareillage en métropole et de
116 centres rattachés, placés sous l'autorité des
chefs des services interdépartementaux et des directeurs
régionaux. Deux centres sont également situés en Afrique
du Nord.
Ces centres interviennent dans les procédures administratives et
médico-techniques par lesquelles s'effectue l'appareillage des
ressortissants du Code des Pensions Militaires d'Invalidité et des
Victimes de Guerre, mais ils assurent également le suivi des
opérations d'appareillage conduites au profit des
bénéficiaires des différents régimes de protection
sociale.
En fait, l'action des centres en faveur des handicapés civils
représente l'essentiel de leur activité : 84,9 % des
consultations et 71,5 % des appareils distribués ou
réparés en 1998.
En 1998, le nombre des consultations médicales d'appareillage s'est
élevé à 45.769 (chiffre en baisse de 13 % par rapport
à 1997), dont 6.889 au profit des ressortissants du code des pensions
militaires d'invalidité et des victimes de guerre (chiffre en baisse de
10,6 % par rapport à 1997) et 38.880 au profit des ressortissants
des autres régimes (chiffre en baisse de 13,2 % par rapport à
1997).
Le nombre des appareils attribués, y compris les accessoires de
prothèse et d'orthopédie, et réparés s'est
élevé à 161.242, soit une diminution de 3,2 % par
rapport à 1997.
Pourtant, malgré la diminution du nombre des parties prenantes, les
crédits affectés à l'appareillage des mutilés
(chapitre 46-28) sont stables par rapport à l'année
dernière et s'élèvent à 61 millions de
francs.
Il convient de noter que la même remarque avait été faite
lors de l'examen des crédits du budget des anciens combattants l'an
dernier.
On peut donc légitimement s'interroger sur les causes de la
stagnation des crédits liés à l'appareillage alors que
cette activité diminue chaque année.
B. LES SOINS MÉDICAUX GRATUITS
Le code
des pensions militaires d'invalidité prévoit que l'Etat doit
gratuitement, aux titulaires d'une pension militaire d'invalidité, les
prestations médicales, paramédicales, chirurgicales et
pharmaceutiques nécessaires pour les infirmités qui donnent lieu
à pension, en ce qui concerne exclusivement les accidents et
complications résultant de la blessure ou de la maladie qui ouvre droit
à pension.
Certains frais fixes tels que les frais de transport exposés par les
pensionnés pour les hospitalisations en rapport avec les
infirmités pensionnées, sont, sous certaines conditions, à
la charge de l'Etat.
Les bénéficiaires des soins médicaux gratuits sont
dotés par les directions interdépartementales de leur ressort
d'un carnet de soins gratuits qui leur donne la faculté :
- de choisir librement médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes
ou auxiliaires médicaux ;
- d'être soignés dans les hôpitaux militaires ou
établissements de soins publics, ainsi que dans les hôpitaux
agréés par le ministère chargé des anciens
combattants et victimes de guerre ;
- d'être admis, si leur pathologie ouvrant droit à pension le
nécessite, à suivre les cures thermales dans les
établissements thermaux agréés par le régime
général de la sécurité sociale.
Certains actes ne peuvent être pris en charge au titre de
l'article L.115 du code des pensions militaires d'invalidité que
s'ils ont fait l'objet de la part du pensionné d'une demande
préalable de prise en charge. Il en est ainsi par exemple, des
hospitalisations, sauf en cas d'urgence, des actes de
kinésithérapie et des cures thermales.
L'instruction administrative et médicale des demandes préalables
de prise en charge est effectuée au sein des directions
interdépartementales pour la Métropole, des services de l'Office
national des anciens combattants et victimes de guerre pour les DOM-TOM et dans
les consulats de France pour les ressortissants résidant à
l'étranger. La décision administrative est prise
nécessairement sur avis motivé d'un médecin
contrôleur des soins gratuits attaché à l'un de ces
services.
Les actes non soumis à entente préalable sont essentiellement les
consultations et visites des médecins et la délivrance de
prescriptions pharmaceutiques. Ces actes sont pris en charge a posteriori par
l'Etat, sur le budget du ministère chargé des anciens combattants
et victimes de guerre, à condition qu'ils aient été
reconnus, par la direction interdépartementale compétente,
nécessaires au traitement des infirmités ayant ouvert droit
à pension.
A cet effet, les médecins et pharmaciens envoient à la direction
interdépartementales les feuillets des carnets de soins gratuits qu'ils
ont détachés de ceux-ci après la réalisation de
leurs prestations, pour paiement. Celle-ci, après vérification
administrative et contrôle médical, procède au mandatement
des sommes dues.
Le coût financier de ce dispositif financé sur le budget des
anciens combattants est évalué à 779 millions de
francs pour 2000, soit une diminution de 14 % par rapport à 1999.
C. LES INTERVENTIONS SOCIALES
Les
crédits demandés au titre des prestations sociales au profit des
pensionnés de guerre (chapitre 46-24) augmentent de 1,24 % et
s'élèvent à 1,335 milliard de francs.
Il est rappelé que ce régime de protection sociale propre aux
invalides de guerre, institué par une loi du 29 juillet 1950, offre une
couverture subsidiaire aux pensionnés qui n'ont pas, par d'autre biais,
la qualité d'assuré social.
S'agissant des dépenses légalement obligatoires, les
crédits correspondants ont un caractère provisionnel.
Les crédits consacrés au remboursement des frais de voyage des
familles qui se rendent sur les tombes des ressortissants
bénéficiant de la sépulture perpétuelle aux frais
de l'Etat sont simplement reconduits à leur niveau de 1999, soit
1,3 million de francs, tandis que les dépenses relatives aux
réductions de tarifs de transport diminuent de 28,8 % pour
s'élever à 42,4 millions de francs.
II. L'ACTION EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS D'AFRIQUE DU NORD
L'article 125 de la loi de finances pour 1992 a
créé un fonds de solidarité en faveur des anciens
combattants d'Afrique du Nord, chômeurs de longue durée,
âgés de plus de 57 ans.
Le fonds de solidarité se
compose de deux allocations non cumulables :
-
l'allocation différentielle
qui constitue un
complément de ressources spécifique. Elle assure à tout
bénéficiaire, au 1
er
janvier 1999, un
revenu
mensuel minimum garanti de 4.647 francs
pouvant, en application de
l'article 109 de la loi de finances pour 1998, être porté
à 5.640 francs dans certaines conditions.
L'allocation ne supporte aucune cotisation. En conséquence, elle n'est
pas constitutive de droits propres ou supplémentaires à ceux
de l'avantage principal qu'elle complète le cas échéant.
Les services départementaux de l'ONAC assurent la gestion de cette
allocation sous l'autorité des préfets de département,
ordonnateurs secondaires ;
-
l'allocation de préparation à la retraite
qui
constitue un revenu servi à titre principal. Elle est constitutive de
droits en matière d'assurances
maladie-maternité-invalidité et décès ainsi qu'en
matière d'assurance vieillesse. A cet égard, les périodes
de versement de l'allocation de préparation à la retraite sont
validées comme périodes assimilées à des
périodes de cotisation pour le calcul des droits à pension de
vieillesse dans les régimes de base. Les dossiers sont instruits par les
directions interdépartementales des anciens combattants, les
ordonnateurs secondaires étant les préfets de région.
Le montant de l'allocation de préparation à la retraite est
égal à 65 % d'un revenu de référence. Ce
revenu est déterminé :
- en ce qui concerne les salariés, par rapport aux bases de
cotisations à l'assurance vieillesse telles qu'elles résultent du
relevé de carrière ;
- en ce qui concerne les non salariés par rapport aux revenus
professionnels bruts retenus pour le calcul de l'impôt sur le revenu au
titre de la dernière année civile complète
d'activité professionnelle.
Le montant de l'allocation est plafonné à 7.228 francs
nets
au 1
er
janvier 1999 et ne peut être
inférieur au revenu minimum assuré par l'allocation
différentielle (4.640 francs).
L'allocation de préparation à la retraite est accessible à
ceux qui ont bénéficié depuis six mois consécutifs
de l'allocation différentielle à la date de sa demande s'ils ne
totalisent pas 160 trimestres d'assurance vieillesse et sans délai
s'ils en totalisent 160 ou plus.
L'allocation de préparation à la retraite a connu une mise en
application difficile.
Fin 1995, soit un an après sa
création, le bilan de l'allocation de préparation à la
retraite en nombre de bénéficiaires mettait en évidence un
nombre relativement faible de demandes d'attribution (1.600 dossiers en
paiement).
Cette montée en charge plus lente que prévue s'expliquait
principalement par trois causes :
-
l'absence de plancher d'allocation
, qui dissuadait les
bénéficiaires de l'allocation différentielle dont le
salaire d'activité était peu élevé d'opter en
faveur d'une allocation qui ne leur assurait pas un niveau de revenu au moins
équivalent ;
-
la non actualisation des revenus d'activité
servant de
base au calcul de l'allocation ;
- la crainte ressentie par beaucoup de ressortissants que les caisses de
retraite complémentaires ne leur appliquent un
coefficient
d'abattement
, dès lors que la liquidation de la retraite
s'effectuait avant 65 ans.
Les mesures prises en 1995 et 1996 ont progressivement permis de lever ces
blocages :
- l'article 102 de la loi de finances pour 1996 a créé
un plancher d'allocation de préparation à la retraite de
4.500 francs bruts proche de la garantie de ressources assurée par
l'allocation différentielle, complètement aligné sur
celle-ci par l'article 127 de la loi de finances pour 1997 ;
- l'arrêté interministériel du 26 avril 1996
a créé une revalorisation de la rémunération
d'activité sur la base des coefficients utilisés par le
régime général de la sécurité sociale pour
le calcul de la retraite de base ;
-
le problème de la menace d'abattement
en matière de
retraite complémentaire a été réglé par
l'accord relatif aux retraites complémentaires signé par les
partenaires sociaux le 23 décembre 1996. Cet accord a permis
d'étendre aux anciens combattants d'Afrique du Nord
bénéficiaires de l'allocation de préparation à la
retraite le droit de faire liquider leur retraite complémentaire sans
coefficient d'abattement. Cette disposition s'entendait pour les retraites
liquidées à compter du 1
er
janvier 1997. En juin
1997, la commission paritaire de l'ARRCO a décidé de
compléter cette mesure en acceptant que les caisses relevant de l'ARRCO
procèdent à l'annulation rétroactive des droits des
titulaires de l'allocation de préparation à la retraite ayant
demandé et obtenu la liquidation de leurs droits avec abattement pour y
substituer, à compter du 1
er
janvier 1997, une retraite
liquidée sans abattement. L'AGIRC s'est alignée sur cette
démarche.
Cette nouvelle situation a entraîné une progression du nombre de
bénéficiaires de l'allocation de préparation à la
retraite, renforcée par l'effet des mesures arrêtées en loi
de finances 1997.
L'allocation différentielle a, elle, connu une évolution
inverse.
Après avoir bénéficié à 38.926 anciens
combattants à la fin du mois de mars 1998, elle a ensuite
enregistré une baisse continue du nombre de bénéficiaires
qui, soit ont opté pour l'allocation de préparation à la
retraite, soit étaient en mesure de faire valoir leurs droits à
pension de vieillesse. Au 31 juin 1999, 17.955 anciens combattants
percevaient l'allocation de préparation à la retraite.
Les crédits du fonds de solidarité pour les anciens
combattants d'Afrique du Nord diminuent de 28,5 % (soit -
450,2 millions de francs) pour s'élever à
1,126 milliard de francs en 2000.
La forte baisse des crédits du fonds de solidarité s'explique du
fait de la sortie progressive du dispositif des anciens combattants d'Afrique
du Nord.
En effet, les allocations versées à ces derniers
cessent dès que les bénéficiaires sont en mesure de faire
valoir leurs droits à pension de vieillesse à taux plein ou
atteignent leur 65ème anniversaire.
Or , en 1999, l'âge moyen des anciens combattants d'Afrique du Nord est
de 61,8 ans. Le reflux des dossiers devrait d'ailleurs s'accentuer jusqu'en
2002, date à laquelle les dernières personnes
bénéficiaires basculeront dans le dispositif de droit commun pour
l'assistance aux personnes âgées.
CHAPITRE III
LA DETTE VIAGÈRE
I. LE MÉCANISME D'INDEXATION DES PENSIONS
A. LE DISPOSITIF EN VIGUEUR
L'article 123 de la loi de finances pour 1990, tout en
maintenant le
principe d'un rapport constant entre l'évolution des pensions et celle
des traitements de la fonction publique, a supprimé la
référence à l'indice 235 (qui correspondait à la
fonction de huissier-chef) pour la remplacer par un indice moyen
représentatif de l'évolution de l'ensemble des traitements de la
fonction publique.
Le nouveau dispositif remplace ainsi l'indexation sur un indice
déterminé par un mécanisme à double détente :
- d'une part, la répercussion des mesures générales
affectant les traitements de la fonction publique (majorations de la valeur du
point, attributions générales de points d'indice). Ces
dernières font évoluer les pensions militaires
d'invalidité dans l'exacte proportion où elles affectent le
traitement moyen de la fonction publique ;
- d'autre part, pour tenir compte des mesures catégorielles
accordées aux fonctionnaires pendant l'année
écoulée, le recalage en fonction de l'évolution
constatée de l'indice INSEE des traitements bruts des fonctionnaires
toutes catégories confondues. Cet indicateur mesure, outre le
traitement, l'indemnité de résidence, le supplément
familial de traitement et des primes générales comme la prime de
croissance.
Au-delà de l'ajustement, chaque année, de la valeur du point
d'indice de pension en fonction de l'évolution de l'indice INSEE
précité, il est prévu de verser un rappel au titre de
l'année écoulée garantissant aux anciens combattants une
évolution en masse de leurs pensions identique à celle des
traitements des fonctionnaires.
Cette régularisation doit être soumise au préalable
à l'avis d'une commission tripartite, composée de
représentants du Parlement, des associations et de l'administration.
B. L'APPLICATION DU RAPPORT CONSTANT EN 1998 ET EN 1999
Le
système actuel d'indexation des pensions permet aux anciens combattants
de bénéficier de la transposition des mesures
catégorielles applicables aux agents de l'Etat.
La commission tripartite, composé de représentants des
parlementaires, des associations et de l'administration, créée
par la loi et chargée de donner son avis sur la revalorisation des
pensions, s'est réunie le 12 mai 1999 et a donné son
accord à la fixation de la valeur du point de pension militaire
d'invalidité à 80,02 francs au 1
er
janvier 1999
(+0,09), ce qui représente une mesure nouvelle de 16,4 millions de
francs.
C. L'AMÉLIORATION DE LA LISIBILITÉ DU RAPPORT CONSTANT
Une
nouvelle concertation avec les plus grandes associations d'anciens combattants
a permis de dégager les principes d'une simplification du rapport
constant existant, qui est en cours de validation.
Les aspects positifs du système instauré en 1989 seraient
conservés. Le nouveau système se traduirait par :
- La suppression des ajustements de la valeur du point de PMI en cours
d'année, rendant plus simple le mécanisme d'indexation, la valeur
du point de pension serait actualisée une seule fois, chaque
1
e
janvier en fonction de l'évolution moyenne de
l'indice INSEE au cours de l'année écoulée et un
" rappel " de pension serait versé en raison des augmentations
des traitements de la fonction publique de l'Etat intervenues durant cette
période.
- La rupture avec la règle ancienne voulant que soient
répercutées immédiatement sur les pensions les
augmentations de rémunérations accordées aux
fonctionnaires. Cette rupture n'est possible qu'en raison d'une très
faible inflation. Une " clause de sauvegarde " complèterait le
nouveau dispositif envisagé et prévoirait un ajustement au
1
er
juillet en cas de forte augmentation des
rémunérations publiques supérieures à 2 %
durant le premier semestre ; cet ajustement donnerait lieu à une
régularisation lors de la prochaine actualisation annuelle.
Le rapport relèverait désormais d'un calcul simple et
vérifiable par chaque ancien combattant, la réunion d'une
commission tripartite n'étant plus nécessaire. Cette mesure
n'entraînerait aucun coût budgétaire supplémentaire,
au contraire elle serait susceptible de générer des
économies sur les frais de notification aux pensionnés des
modifications du rapport constant, dans la mesure où cette notification
interviendrait désormais une fois par an au lieu de deux à trois
fois. Les modifications à apporter à l'article L. 8 bis
et R. 1 et suivants du code des pensions militaires d'invalidité et
des victimes de la guerre figurent dans l'encadré ci-dessous :
PROJET DE LOI
Article L.8
bis
du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre
Art. -
L'article 8
bis
du code des pensions miliaires d'invalidité
et des victimes de la guerre est ainsi rédigé :
" Article L. 8
bis
- A chaque pension, ainsi qu'aux
majorations et allocations, correspond un indice exprimé en points. Le
montant annuel de la pension est égal au produit de l'indice par la
valeur du point de pension. Un rapport constant est établi entre les
pensions et les traitements bruts de la fonction publique de l'Etat. La valeur
du point de pension varie annuellement en fonction de l'évolution
moyenne annuelle de l'indice d'ensemble des traitements bruts de la fonction
publique de l'Etat établi par l'Institut national de la statistique et
des études économiques (INSEE).
Au 1
er
janvier de chaque année, pour tenir compte des
variations de traitement dont ont bénéficié les
fonctionnaires de l'Etat au cours de l'année précédente,
la valeur du point de pension est actualisée en proportion de
l'évolution annuelle moyenne de l'indice d'ensemble des traitements
bruts de la fonction publique de l'Etat au cours de l'année
écoulée par rapport à celle de l'année
antérieure.
Les bénéficiaires de pensions en paiement au
31 décembre de l'année écoulée ont droit, pour
cette année, à un supplément de pension égal
à la différence entre d'une part, le montant de la pension qui
aurait dû leur être versé, telle qu'elle est calculée
à partir de la valeur du point de l'indice actualisée au
1
er
janvier de l'année suivante conformément
à l'alinéa précédent, et d'autre part celui de la
pension effectivement versée. Ce supplément de pension est
calculé au prorata de la période de perception si la durée
de celle-ci est inférieure à un an.
Si, au cours du premier semestre de l'année en cours l'évolution
de la valeur du traitement brut des fonctionnaires afférente à
l'indice 100 majoré dépasse 3 %, une avance sur le
supplément de pension peut être versée au
1
er
juillet aux bénéficiaires de pensions en
paiement au 30 juin de l'année en cours. Le montant de cette avance
est alors déduit du montant annuel du supplément de pension qui
sera déterminé au 1
er
janvier de l'année
suivant, conformément à l'alinéa précédent.
Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du
présent article".
PROJET DE DÉCRET
Articles R. 1
et suivants
du code des pensions militaires
d'invalidité
et des victimes de la guerre
Décret n° du pris
pour
l'application de l'article L. 8
bis
du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de la guerre et relatif au rapport constant
entre les pensions et les traitements bruts de la fonction publique de l'Etat.
Le Premier ministre,
Sur le rapport du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
et du ministre de la défense ;
Vu le code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la
guerre ;
Vu la loi n° du portant loi de finances pour
2000, et notamment son article
Le Conseil d'Etat (section sociale) entendu.
Décrète
Art. 1
er
. - Le chapitre III du titre 1
er
du
livre 1er du code des pensions militaires d'invalidité et des
victimes de la guerre est remplacé par les dispositions suivantes :
" Chapitre III
" Rapport constant entre les pensions et les traitements bruts de la
fonction publique de l'Etat
" Art. R. 1 - La valeur du point de pension est fixée par
décret pris sur le rapport du secrétaire d'Etat à la
défense chargé des anciens combattants et du secrétaire
d'Etat au budget.
" Art. R. 2 - Les nouvelles dispositions relatives aux
modalités de revalorisation du point entrent en vigueur le
1
er
janvier 2000. La valeur du point de pension prise en
considération à cette date et le montant du supplément de
pension afférent à 1999 sont ceux résultant du recalage
effectué selon le mode de calcul antérieur du rapport constant.
" Art. R. 3 - Pour l'application du quatrième
alinéa de l'article L. 8bis du code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de la guerre, le montant de l'avance sur
supplément de pension éventuellement servie au
1
er
juillet de l'année en cours aux
bénéficiaires de pensions en paiement au 30 juin de
l'année, est égal à l'écart entre d'une part la
pension qui aurait été servie au cours du premier semestre si la
valeur du point avait été indexée sur celle du traitement
brut des fonctionnaires afférent à l'indice 100
majoré, et d'autre part la pension qui leur a été
effectivement servie au cours de la même période.
Art.2 - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, le
ministre de la défense, le ministre de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat et de la décentralisation, le secrétaire
d'Etat au budget et le secrétaire d'Etat à la défense
chargé des anciens combattants sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de l'exécution du présent décret qui sera
publié au
Journal officiel
de la République
français.
II. LA STABILISATION DE LA DETTE VIAGÈRE EN 2000
Les
crédits de la dette viagère (retraites du combattant, pensions
d'invalidité et allocations rattachées) s'élèvent
à
19,87 milliards de francs
pour 2000.
La dotation est en
quasi stagnation par rapport à 1999 (- 0,08 %).
Les crédits de la dette viagère sont répartis entre deux
chapitres qui connaissent une évolution divergente.
Pour le chapitre 46-20 (pensions d'invalidité, allocations et
indemnités diverses),
le montant des crédits inscrits pour
2000 est de 17,27 milliards de francs. La diminution de
386,4 millions de francs (-2,19 %) par rapport à 1999, est
ainsi calculée :
- 692,4 millions de francs liés à la diminution des
parties prenantes ;
+ 386 millions de francs correspondant à l'évolution
des rémunérations en 1999 (application du rapport constant) et
aux mesures de revalorisation des pensions résultant de l'application du
rapport constant.
Pour le chapitre 46-21 (retraite du combattant), le montant des
crédits inscrits pour 2000 est en hausse de 370 millions de francs,
soit +16,6 % par rapport à 1999.
Cette augmentation s'explique
par l'arrivée massive des classes ayant servi en Afrique du Nord
à l'âge de bénéficier de la retraite du combattant.
Le budget pour 2000 constitue donc une césure par rapport aux
années précédentes. Jusqu'à présent, la
diminution de la dette viagère expliquait à elle seule la baisse
globale du budget des anciens combattants. Désormais, c'est la baisse
des crédits consacrés au fonds de solidarité qui en est la
cause.
CHAPITRE IV
LA POLITIQUE DE LA
MÉMOIRE
La
politique de la mémoire était jusqu'à présent
menée par la délégation à la mémoire et
à l'information historique.
La restructuration du secrétariat d'Etat aux anciens combattants s'est
accompagnée d'une refonte des services chargés de la
mémoire.
Ainsi, la délégation à la mémoire et à
l'information historique a été regroupée avec le service
du patrimoine du ministère de la défense au sein d'une direction
de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) qui reprend
l'ensemble des activités de ses structures.
Cette synergie des
activités conduites par les deux départements ministériels
s'est accompagnée d'un transfert de 70 % des crédits des
chapitres 41-91 (fêtes nationales et cérémonies publiques)
et 43-02 (interventions en faveur de l'information historique) vers le chapitre
34-01 du titre III du budget du ministère de la défense (article
10 " secrétariat général pour l'administration.
fonctionnement "). Pour 2000, ces crédits s'élèvent
à 14,9 millions de francs.
30 % des crédits mis à la disposition des anciens chapitres
41-91 et 43-02 ont été conservés par le secrétaire
d'Etat chargé des anciens combattants et ont été
transférés à l'article 20 intitulé
" subventions en faveur des actions de mémoire " du chapitre
46-04 " subventions, indemnités et pécules ".
Pour
2000, le secrétaire d'Etat dispose donc de 5,07 millions de francs pour
subventionner les associations ou les collectivités locales qui
mènent des actions dans le domaine de la mémoire et de
l'information historique.
Les crédits destinés à financer les fêtes nationales
et les cérémonies publiques s'élèvent à
3,09 millions de francs pour 2000, en augmentation de 24 %.
Ce
chapitre n'existe cependant plus et est intégré dans le titre III
du budget du ministère de la défense.
Par ailleurs, les crédits d'interventions en faveur de l'information
historique sont en hausse de 1,72 % par rapport à l'année
précédente et se montent à 11,83 millions de
francs.
Là encore, ce chapitre n'existe plus puisque les
crédits qui y étaient affectés sont
transférés au budget du ministère de la défense.
Les crédits consacrés à la remise en état des
nécropoles nationales,
qui figuraient jusqu'en 1999 sur le chapitre
57-91 article 20, sont transférés au chapitre 54-41 du budget du
ministère de la défense.
Ils représentent dans le
projet de budget pour 2000 4 millions de francs en crédits de
paiement et 8 millions de francs en autorisations de programme.
Le chapitre 54-41 contient également des crédits destinés
à financer les hauts lieux de mémoire
pour un montant de 2
millions de francs en crédits de paiement et 2 millions de francs
en autorisations de programme.
Deux projets sont proposés cette année :
- un projet de mémorial de l'annexion de fait de
l'Alsace-Moselle ;
- un projet de mémorial consacré au système
concentrationnaire nazi dans le camp du Struthof.
CHAPITRE V
COMPTE-RENDU DE LA MISSION D'INFORMATION
SUR L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS
I. LES RAISONS DU CHOIX DE CETTE MISSION
Votre rapporteur a commencé sa mission de contrôle sur l'ONAC en octobre 1998. Plusieurs facteurs expliquent ce choix.
A. UN ÉTABLISSEMENT MAL CONNU
D'abord,
l'existence et le rôle de cet établissement public sont mal
connus. En effet, il existe une confusion entre les missions exercées
par le Secrétariat d'Etat aux anciens combattants et celles qui
incombent à l'Office national des anciens combattants. En outre, alors
que l'ONAC est soumis, en tant qu'établissement public, au principe
d'unité budgétaire, ses missions sont accomplies par quatre
intervenants : l'administration centrale, les services
départementaux, les écoles de rééducation
professionnelle et les maisons de retraite.
En conséquence, votre rapporteur a estimé nécessaire de
contribuer à une meilleure compréhension du fonctionnement de
l'ONAC et de l'articulation de ses missions avec celles des services
extérieurs du secrétariat d'Etat aux anciens combattants, les
directions interdépartementales aux anciens combattants.
B. UNE SITUATION FINANCIÈRE DÉLICATE
Ensuite,
lorsque votre rapporteur a débuté sa mission, l'Office
connaissait une situation financière difficile. Depuis deux ans, ses
recettes courantes ne couvraient plus ses dépenses, entraînant un
déficit d'exploitation grandissant. Or, le budget de l'ONAC
dépasse 600 millions de francs, dont près de la
moitié versée par l'Etat
.
Il était donc
légitime que la commission des finances s'intéresse à la
gestion de cet établissement.
Par ailleurs, depuis le début des années 90, plusieurs rapports
avaient soulevé le caractère structurellement déficitaire
de la gestion des maisons de retraite de l'ONAC et suggéraient des
réformes d'envergure. Or, en 1998, l'Office ne paraissait pas avoir
encore arrêter une stratégie précise concernant l'avenir de
ses maisons de retraite. Votre rapporteur a donc souhaité se rendre
compte par lui-même de l'état de ces dernières afin, le cas
échéant, de proposer des solutions.
C. UNE LÉGITIMITÉ REMISE EN CAUSE
Enfin,
lorsque cette mission d'information a été lancée, la
légitimité de l'ONAC semblait remise en cause de manière
diffuse.
Ainsi, peu avant la discussion du projet de budget pour 1997, un projet de
réorganisation des services déconcentrés de l'Etat visant
à faire disparaître les services départementaux de l'Office
avait été soulevé, provoquant l'émoi parmi le monde
combattant. Depuis, les associations d'anciens combattants se montraient
particulièrement attentives à tout projet de réforme
visant l'Office ou même le Secrétariat d'Etat.
Or, peu de temps après sa prise de fonction, l'actuel secrétaire
d'Etat, M. Jean-Pierre Masseret, lançait une réflexion sur le
devenir de son département ministériel. Pendant plusieurs mois,
l'Office est donc resté dans l'expectative. Aussi, lorsqu'une diminution
de 5 millions de francs de la subvention du Secrétariat d'Etat aux
anciens combattants en matière d'action sociale a été
constatée dans le projet de loi de finances pour 1998, certains ont cru
déceler une confirmation de la remise en cause de la
pérennité de l'Office.
II. LES CONCLUSIONS DE CETTE MISSION D'INFORMATION
A. LE DÉFICIT STRUCTUREL DES MAISONS DE RETRAITE
La
situation financière de l'ONAC est délicate. Certes, le
déficit d'exploitation apparu deux années consécutives en
1996 et 1997 a disparu en 1998. Toutefois, cette amélioration a
été en partie obtenue en renonçant à certains
investissements. L'équilibre budgétaire reste donc
précaire, en raison du déficit structurel d'exploitation des
maisons de retraite de l'ONAC.
Les causes de ce déficit sont anciennes. L'accueil des anciens
combattants âgés a toujours été
considéré par l'ONAC comme une forme d'action sociale
individuelle. En conséquence, la recherche de l'équilibre
financier n'était pas la priorité d'autant que la relative
aisance de l'ONAC permettait de prendre en charge le déficit des maisons
de retraite.
Toutefois, ces dernières ont été peu à peu
confrontées à un alourdissement des coûts de fonctionnement
lié au vieillissement des pensionnaires. Or, lorsque la loi du 30 juin
1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales a
institué les sections de cure médicale financées par la
sécurité sociale, l'ONAC, afin de préserver son
indépendance, n'a pas demandé d'agrément auprès de
la sécurité sociale.
Cette politique a eu deux effets pervers. D'abord, elle a
pénalisé les ressortissants dépendants qui doivent prendre
en charge le surcoût lié à leur dépendance. Ensuite,
elle a conduit le conseil d'administration de l'ONAC à fixer un prix de
journée sans relation avec la réalité des coûts. Le
déficit des établissements s'est donc aggravé tandis que
les investissements nécessaires pour l'entretien et la rénovation
des bâtiments des maisons de retraite n'étaient pas
réalisés.
L'adoption de la loi du 24 janvier 1997 instaurant une prestation
sociale dépendance oblige l'ONAC à intégrer les
dispositifs de droit commun. En effet, cette loi prévoit que pour
continuer à accueillir des personnes âgées
dépendantes, les établissements devront avoir signé des
conventions tripartites établissements/assurance maladie/conseils
généraux. Au préalable, les maisons de retraite doivent
remplir des conditions en matière de personnel de soins, de
sécurité et d'habilité.
Or, en 1994 le coût de la rénovation en profondeur des maisons de
retraite de l'ONAC avait été évalué à
360 millions de francs. Faute de disposer des crédits suffisants,
l'ONAC doit concentrer ses efforts financiers sur les maisons de retraite les
plus rentables. Ainsi, depuis 1998, cinq maisons ont été
fermées et des décisions doivent rapidement intervenir sur
l'avenir de cinq autres établissements.
B. LE PROBLÈME DE LA LÉGITIMITÉ DES ÉCOLES DE RÉÉDUCATION PROFESSIONNELLE
En ce
qui concerne les écoles de rééducation professionnelle de
l'ONAC, à l'exception de celle de Béziers, leur gestion est
équilibrée même si elle peut faire apparaître un
déséquilibre temporaire en raison du décalage dans le
versement de la participation financière des DDASS.
En revanche, se pose la question de la légitimité du maintien de
ces écoles parmi les activités de l'ONAC alors que ses
ressortissants ne représentent que 1,06 % des effectifs, contre
88,6 % pour les stagiaires travailleurs handicapés. C'est la raison
pour laquelle il est indispensable que les écoles de
rééducation professionnelle soient associées à la
reconversion des militaires de carrière. Une convention cadre a
déjà été signée entre le ministère de
la défense et l'ONAC dans ce sens. Il faut maintenant qu'elle se
concrétise par l'augmentation du nombre des militaires accueilli dans
les écoles de rééducation professionnelle. Les
écoles, mais également l'administration centrale de l'ONAC
doivent donc se rapprocher des services chargés de la reconversion au
ministère de la défense afin de se faire connaître
auprès des militaires.
C. UNE MODERNISATION DE LA GESTION INDISPENSABLE
L'ONAC
doit impérativement moderniser sa gestion. Alors que ses missions sont
diverses et font intervenir de nombreux intervenants, son budget est peu
transparent et ne permet pas de distinguer les actions du service central, de
celles des services déconcentrés, des écoles de
rééducation ou des maisons de retraite. L'ONAC doit donc
créer des services ayant une comptabilité distincte de la
comptabilité générale. Cette organisation aura
l'intérêt de dégager un résultat propre pour chaque
service.
Par ailleurs, l'administration centrale ne dispose d'aucune information
pertinente sur l'exécution du budget. L'ONAC ne dispose pas
d'élément chiffré sur le rendement de ses services. Il est
donc urgent de développer un véritable contrôle interne de
gestion qui autorise un suivi précis des dépenses et permette
d'analyser le coût des missions accomplies et l'efficacité des
différents services.
L'ONAC doit améliorer sa politique d'investissement en effectuant un
recensement exhaustif de son parc immobilier, des besoins rencontrés, et
en établissant une programmation précise et pluriannuelle des
travaux à réaliser.
Ces réformes structurelles ne pourront être
réalisées sans une politique active de formation du personnel de
l'ONAC. Ainsi, la fonction de directeur de maison de retraite a fortement
évolué et exige de nos jours des qualifications en matière
de gestion et de ressources humaines qui font souvent défaut au
personnel de l'ONAC. D'une manière générale, il serait
nécessaire d'accentuer le repyramidage des emplois afin de renforcer la
qualification du personnel.
D. LA NÉCESSITÉ D'ANTICIPER L'AVENIR À LONG TERME
L'avenir
à court terme de l'ONAC est assuré puisque les associations
d'anciens combattants ont obtenu un renforcement de ses missions et de ses
moyens financiers en contrepartie de l'intégration du secrétariat
d'Etat au ministère de la défense. Toutefois, l'ONAC ne pourra
pas échapper à une réflexion à plus long terme.
En effet, la diminution prévisible du volume de son activité
à partir de 2002 liée à la baisse du nombre des
ressortissants aura inévitablement des conséquences sur son
organisation.
Votre rapporteur a proposé quelques pistes de
réflexion comme le renforcement de la coopération entre les
directions locales d'action sociale du ministère de la défense et
les services départementaux de l'ONAC, ou encore le regroupement dans un
même local des délégués militaires
départementaux et des services départementaux de l'ONAC. Ces
mutations doivent être préparées en collaboration avec les
ministères de tutelle de l'ONAC et les associations d'anciens
combattants.
En effet, c'est en anticipant ces évolutions inéluctables aue
l'ONAC assurera la pérennité de son action et effectuera une
entrée réussie dans le XXIème siècle
CHAPITRE VI
LES INSUFFISANCES DU BUDGET DES ANCIENS
COMBATTANTS
I. TROP DE PROMESSES NON SATISFAITES
Lors de la discussion du budget pour 1999, le secrétaire d'Etat aux anciens combattants avait évoqué toute une série de questions qui, selon lui, méritait d'être traitée rapidement. Or, trop de demandes légitimes restent non satisfaites.
A. LA DÉCRISTALLISATION
En ce
qui concerne la décristallisation des pensions, le secrétaire
d'Etat aux anciens combattants avait estimé qu'il fallait engager la
réflexion en termes de pouvoir d'achat et comparer, pour un même
taux d'invalidité, le pouvoir d'achat d'une pension attribuée
à un ancien combattant ressortissant français et celui de la
pension versée aujourd'hui à un ancien combattant ressortissant
d'un pays étranger.
Il avait alors observé que deux pays, le Maroc et la Tunisie,
enregistraient un retard.
Pourtant, aucune mesure n'a été prise cette année pour
limiter cette distorsion.
B. LA FORCLUSION
Le
secrétaire d'Etat aux anciens combattants s'était
déclaré " touché " par le problème de la
forclusion. Il avait rappelé qu'aujourd'hui, une veuve ne peut pas
présenter un dossier pour bénéficier d'une pension de
réversion, et qu'un ancien combattant dont une blessure s'aggravait ne
peut pas déposer un nouveau dossier pour faire constater cette
aggravation.
Il avait annoncé la réunion d'un comité
interministériel sur le sujet et avait laissé penser à la
levée de la forclusion dans les deux types de situation
évoqués précédemment pour l'année suivante.
Or, le projet de budget pour 2000 ne contient aucune mesure en ce sens.
C. LES PSYCHOTRAUMATISMES DE GUERRE
Le
secrétaire d'Etat s'était engagé à ce qu'une
commission examine les problèmes liés à la reconnaissance
des psychotraumatismes de guerre. En réalité, la création
d'un groupe de travail comprenant des représentants d'associations et
des médecins-militaires psychiatres n'a été
décidée que le 29 juillet 1999. Aucune solution n'est
donc envisageable pour 2000.
Il convient de rappeler que cette question faisait partie des
40 engagements pris par le secrétaire d'Etat lors de son
entrée en fonction.
II. TRÈS PEU D'AVANCÉES SIGNIFICATIVES SUITE À L'EXAMEN DU BUDGET À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Le
gouvernement actuel a pris l'habitude d'améliorer sensiblement le budget
des anciens combattants lors de son examen par l'Assemblée nationale.
Ainsi l'année dernière, l'assouplissement des conditions
d'attribution de la carte d'ancien combattant d'Afrique du Nord ou encore
l'adaptation du dispositif d'allocation à la préparation à
la retraite aux anciens combattants ont été adoptés par le
biais d'amendements parlementaires acceptés par le gouvernement. 22
millions de francs y avaient été consacrés.
Cette année, l'assemblée nationale a obtenu 18,7 millions de
francs supplémentaires pour renforcer les actions de mémoire
ainsi que pour revaloriser de 1,5 % les pensions des grands invalides dont
avaient été gelées par la loi de finances pour 1991.
Pour autant, aucune mesure significative n'a été prise pour
résoudre les autres problèmes sur lesquels le secrétaire
d'Etat aux anciens combattants s'était pourtant engagé, comme la
décristallisation ou la forclusion.
ANNEXE I
PRÉSENTATION DES ARTICLES
RATTACHÉS DU PROJET DE LOI DE FINANCES
I - L'ARTICLE 65 : EXTENSION DES CONDITIONS
D'ATTRIBUTION DE LA CARTE D'ANCIEN COMBATTANT EN FAVEUR DES ANCIENS D'AFN
Lors de la discussion de la loi de finances pour 1998, grâce à un
amendement déposé par le groupe socialiste, accepté par le
gouvernement et voté par le Sénat, les conditions d'attribution
de la carte d'ancien combattant avaient déjà assouplies
puisqu'une présence de dix-huit mois en Algérie avait
été considérée comme pouvant remplacer la condition
de participation aux actions de feu et de combat.
L'article 123 de la loi de finances pour 1999 a réduit le temps de
présence nécessaire à quinze mois.
Cette année, l'article 65 du projet de loi de finances propose une
nouvelle réduction de la période de durée minimale de
service nécessaire pour pouvoir prétendre à la carte
d'ancien combattant. La période requise serait désormais de
12 mois.
Le coût de cette mesure est de 15 millions de francs.
II - L'ARTICLE 66 : RELATIF AU RELÈVEMENT DU PLAFOND
DONNANT LIEU À MAJORATION DE LA RETRAITE MUTUALISTE DU COMBATTANT
En application de l'article L.321-9 du code de la mutualité, les anciens
combattants désireux de se constituer une retraite mutualiste
bénéficient, en plus de la majoration légale
attachée à toute rente viagère, d'une majoration
spéciale de l'Etat.
Cette majoration, variable selon l'âge de l'intéressé
à sa date d'adhésion, est en règle générale
égale à 25 % du montant de la rente. Toutefois, le total
formé par la rente et la majoration spéciale de l'Etat ne peut
pas dépasser un montant fixé en valeur absolu. Le nombre de
bénéficiaires est estimé à 320.000, pour une rente
d'un montant moyen de 5.700 francs.
Depuis la loi de finances pour 1996, ce plafond majorable était
indexé sur les prix hors tabac, ce qui garantissait le pouvoir d'achat
de cette rente. Or, de nombreuses associations d'anciens combattants
réclamaient l'indexation du plafond majorable de la rente mutualiste du
combattant sur la valeur du point d'indice des pensions militaires
d'invalidité.
L'article 107 de la loi de finances pour 1998 a satisfait cette revendication
en autorisant que le plafond de la rente soit exprimé en points de
pension militaire d'invalidité, par référence à
l'indice 95.
L'article 122 de la loi de finances pour 1999 a porté l'indice de
référence du plafond majorable de 95 à 100 points, ce qui
faisait passer le plafond de 7.496 francs au 1
er
janvier
1998 à 7.993 francs au 1
er
janvier 1999.
Le présent article propose de porter l'indice de référence
du plafond majorable à 105 points, ce qui devrait faire passer ce
plafond à 8.553 francs au 1
er
janvier 2000.
Cette majoration représente un coût de 10 millions de francs
pour le budget du secrétariat d'Etat aux anciens combattants.
A moyen terme, l'indice de référence du plafond majorable devrait
passer à 130 et le relèvement du plafond devrait s'établir
à 10.000 francs.
ANNEXE II
MODIFICATIONS APPORTÉES PAR
L'ASSEMBLÉE NATIONALE SUR LE BUDGET DES ANCIENS
COMBATTANTS
I - MODIFICATION DES CRÉDITS
A. LES CRÉDITS NON RECONDUCTIBLES
Les majorations de crédits non reconductibles relatives au budget des anciens combattants concernent le titre IV pour 9,48 millions de francs .
Les
chapitres concernés sont :
- le chapitre 46-04 (Subventions, indemnités et pécules)
pour 4,48 millions de francs ;
- le chapitre 46-51 (Office national des anciens combattants et victimes
de guerre) article 10 pour 5 millions de francs.
B. LES MESURES NOUVELLES
Les majorations de crédits pour le financement de mesures nouvelles
concernent le titre IV pour 18,7 millions de francs.
Les chapitres concernés sont :
- le chapitre 46-04 (subventions, indemnités, pécules)
article 10 pour 0,3 million de francs afin de financer l'organisation
de l'assemblée générale de la Fédération
mondiale des anciens combattants en 2000 en France ;
- le chapitre 46-04 (subventions, indemnités, pécules)
article 20 pour 2 millions de francs afin de financer certaines
initiatives citoyennes en faveur du devoir de mémoire ;
- le chapitre 46-20 (Pensions d'invalidité, allocations et
indemnités diverses) article 10 pour 1,4 million de francs afin de
financer les dépenses nouvelles générées par
l'extension aux prisonniers français de l'Armée de
libération nationale du bénéfice des décrets
relatifs à l'indemnisation des infirmités et des maladies
contractées au cours de la captivité dans des camps à
régime sévère ;
- le chapitre 46-20 (Pensions d'invalidité, allocations et
indemnités diverses) article 10 pour 15 millions de francs afin de
financer les dépenses nouvelles générées par la
revalorisation de 1,5 % des pensions des grands invalides dont les
pensions ont été gelées par la loi de finances pour 1991.
II - L'ARTICLE 66 BIS (NOUVEAU) : REVALORISATION DES PENSIONS
DES GRANDS INVALIDES
La loi de finances pour 1991 a bloqué les pensions supérieures
à 360.000 francs par an afin de corriger les effets parfois
excessifs du mécanisme de calcul des pensions. Toutefois, la loi de
finances pour 1995 a permis aux pensionnés titulaires de pensions
supérieures à 360.000 francs par an concédées
avant 1995 de bénéficier des pourcentages de revalorisation
accordés postérieurement au 1
er
janvier 1995. Ces
pourcentages sont appliqués à la valeur fictive du point de la
pension bloquée, sans aucun rattrapage de la période de blocage.
En conséquence, deux pensionnés atteints d'une invalidité
globale d'un taux identique ne sont pas indemnisés de la même
manière, selon que le dépassement du plafond de
360.000 francs par an existait avant 1991, ou ait eu lieu entre 1991 et
1995, ou soit apparu seulement après le 1
er
janvier
1995.
Le présent article tend à supprimer progressivement cette
inégalité de traitement des grands invalides. Et propose de
revaloriser de 1,5 % les pensions d'invalidité qui avaient
été gelées depuis 1991. Il s'agit d'une première
étape qui amorce le retour progressif à l'unicité de la
valeur du point d'indice des pensions. Son coût est évalué
à 15 millions de francs.
La remise de ces pensions au niveau de l'ensemble des pensions entraînera
un coût d'environ 70 à 80 millions de francs par an.
III - L'ARTICLE 66 TER (NOUVEAU) : REVALORISATION DES
PENSIONS DES SOUS-LIEUTENANTS
Avant l'entrée en vigueur des nouveaux statuts militaires, certains
officiers pouvaient partir à la retraite au grade de sous-lieutenant. En
revanche, depuis le 1
er
janvier 1976, les officiers ne sont
sous-lieutenants que durant leur scolarité puis ils accèdent
automatiquement à un grade supérieur.
Or, cette modification de statuts militaires a créé des
inégalités. En effet, les pensions de retraite des
sous-lieutenants n'ont plus été revalorisées dans la
mesure où aucun militaire ne part plus en retraite à ce grade.
En revanche, les autres pensions ont été revalorisées,
qu'il s'agisse de celles des sous-officiers ou de celles des autres officiers.
En conséquence, les pensions de militaires ayant été admis
à la retraite au grade de major (c'est-à-dire de sous-officiers)
s'avèrent paradoxalement plus élevées que celles des
militaires ayant été admis à la retraite au grade de
sous-lieutenant, alors que ces derniers sont des officiers.
Le présent article propose donc de revaloriser les pensions de retraite
des sous-lieutenants afin que ces militaires qui ont été admis
à la retraite avant l'entrée en application de la réforme
des statuts militaires ne soient pas pénalisés. Le montant des
pensions n'a cependant pas été indexé sur le grade
supérieur (celui de lieutenant), mais sur le grade inférieur le
plus proche, celui de major. Il s'agissait d'éviter que les
fonctionnaires ayant un grade équivalent à celui des
sous-lieutenants demandent une revalorisation de leur traitement.
Le coût de la mesure est évalué à 1,4 million
de francs.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 26 octobre 1999, sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président
, la commission a
procédé à
l'examen
du
rapport
de
M. Jacques Baudot
,
rapporteur spécial
, sur les
crédits des anciens combattants
et sur les
articles 65
et 66 rattachés.
Un large débat s'est alors ouvert.
M. Yann Gaillard
a souligné que la cristallisation des pensions
était incompatible avec le devoir de reconnaissance de la France
vis-à-vis des anciens combattants d'outre-mer.
MM. François Trucy, Roger Besse, et Joseph Ostermann
ont
également demandé une revalorisation des pensions
cristallisées. Ce dernier a par ailleurs souhaité avoir des
renseignements complémentaires sur le montant réel de la
participation financière de l'Etat à la construction d'une part,
du mémorial de l'annexion de l'Alsace-Lorraine et d'autre part, du
mémorial consacré au système concentrationnaire nazi dans
le camp du Stuthof.
En réponse,
M. Jacques Baudot, rapporteur spécial
, a
exhorté ses collègues à faire connaître leur
opposition à une non-revalorisation des pensions des anciens combattants
d'outre-mer, notamment ceux du Maroc et de la Tunisie.
Puis la commission a décidé de
proposer au Sénat
l'adoption du budget des anciens combattants après avoir entendu le
ministre de la défense le jour même.
Réunie le jeudi 25 novembre 1999, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président
, la commission, compte tenu
des modifications intervenues à l'Assemblée nationale, a
finalement décidé de proposer au Sénat de
rejeter
les crédits des
anciens combattants
, revenant sur son vote
d'adoption du 26 octobre. Elle a ensuite
adopté
sans
modification
les
articles 66 bis
(nouveau) et
66 ter
(nouveau) relatifs respectivement aux grands invalides et
aux sous-lieutenants.
Réunie le mardi 26 octobre 1999, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à
l'examen
du
rapport
de
M. Jacques Baudot,
rapporteur spécial,
sur les
crédits des anciens
combattants
et sur les
articles 65 et 66 rattachés
pour 2000.
Au cours de sa séance du 25 novembre 1999, la
commission a
décidé de proposer au Sénat de rejeter les
crédits
des anciens combattants
. Elle a
adopté
sans modification les
articles 65, 66, 66 bis
(nouveau) et
66 ter
(nouveau).
1
Cinq maisons de retraite ont
fermé ou
sont sur le point de fermer : il s'agit de la Pomme à Marseille, de
celle de Montpellier, de Villiers-le-Sec, de Ville Lebrun et de Bouleville.
2
Le cas de Boulogne-Billancourt est particulier. Cette maison est
le fruit d'un legs à l'ONAC en 1923. Toutefois, parce qu'elle
était trop vétuste, elle a été reconstruite
entièrement grâce à un financement de l'ARPAH. L'ONAC
assure la gestion et l'entretien de l'établissement jusqu'en 2002, date
à laquelle lui reviendra la propriété pleine et
entière de l'édifice. L'Office devra cependant régler
à l'ARPAH un loyer jusqu'en 2007.
3
Ce chiffre, tiré du rapport d'activité de l'ONAC
pour 1998, ne tient pas compte des fermetures ultérieures.