II. LES TRAVAUX DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE EN DEUXIÈME LECTURE : DES INNOVATIONS IMPORTANTES

L'Assemblée nationale a examiné en deuxième lecture le projet de loi les 9 et 10 février derniers. Elle lui a apporté de nombreuses modifications, davantage à vrai dire qu'en première lecture. Certaines de ces modifications constituent des innovations importantes.

A. L'ENREGISTREMENT DES INTERROGATOIRES DE GARDE ÀVUE

L'Assemblée nationale a complété les dispositions du projet de loi relatives à la garde à vue par trois nouvelles dispositions :

- elle a prévu que les interrogatoires de l'ensemble des personnes gardées à vue devraient faire l'objet d'un enregistrement sonore qui pourrait être écouté, sur décision d'un magistrat, au cours de la procédure ;

- elle a souhaité que les procès-verbaux d'interrogatoires mentionnent les heures auxquelles les personnes gardées à vue ont pu s'alimenter ;

- elle a enfin adopté un article précisant que les personnes gardées à vue doivent être retenues dans des conditions compatibles avec le respect de la dignité humaine et interdisant les fouilles portant atteinte à l'intégrité physique de la personne.

B. MISE EN EXAMEN ET STATUT DU TÉMOIN ASSISTÉ

L'Assemblée nationale a accepté que le statut de témoin assisté puisse être accordé dans des conditions plus larges que celles prévues par le projet de loi initial. Elle a toutefois estimé impossible de contraindre le juge d'instruction à accorder ce statut à toute personne mise en cause par un témoin ou contre laquelle existent des indices laissant présumer qu'elle a commis une infraction.

L'Assemblée nationale a également accepté que les droits du témoin assisté ne soient pas identiques à ceux des personnes mises en examen. Elle a cependant prévu que la personne disposerait, en plus du droit d'être assistée par un avocat ayant accès au dossier, du droit d'être confrontée à ses accusateurs.

L'Assemblée nationale, contrairement au Sénat, a souhaité que le juge d'instruction ne soit pas contraint de mettre en examen un témoin assisté contre lequel existent des indices graves et concordants d'avoir commis une infraction, tout en permettant à cette personne de demander à tout moment à être mise en examen.

En ce qui concerne la mise en examen, l'Assemblée nationale a partagé les préoccupations du Sénat. Elle a prévu que la mise en examen ne serait plus possible qu'en présence d'indices " précis, graves ou concordants ".

Par ailleurs, aucune mise en examen ne pourrait intervenir sans que la personne ait été entendue par le juge d'instruction. Le texte de l'Assemblée nationale va même jusqu'à prévoir que le juge ne pourrait pas mettre en examen une personne entendue comme témoin assisté sans l'entendre à nouveau, sauf si la mise en examen intervient à la fin de l'information.

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