B. L'INFLUENCE GRANDISSANTE DES SOUTIENS D'ISRAËL AUX ETATS-UNIS
Les liens politiques, économiques, militaires et humains entre les Etats-Unis et Israël sont anciens, multiples et très solides. Ils tirent aussi leur force d'une communauté de valeur profondément ressentie dans les milieux dirigeants américains . Il est fréquemment souligné, la délégation a pu le vérifier, qu'Israël est le seul Etat démocratique de toute la région proche et moyen-orientale. On pourrait ajouter qu'il s'agit également de la seule économie de marché de la zone. Les deux Etats ont été créés par des pionniers animés d'un idéal voisin, et partagent le même héritage judéo-chrétien. Enfin, si la communauté juive ne représente que 2,3% de la population américaine, l'influence des liens personnels très denses entre Américains et Israéliens s'exerce dans de nombreux secteurs de la société, et au-delà même de cette communauté.
Cette solidarité traditionnelle entre les deux pays prend toutefois une forme nouvelle. Au cours des dix dernières années, les défenseurs d'un soutien plus affirmé à Israël ont rencontré un écho grandissant .
L'un des révélateurs les plus marquants de cette évolution est l'infléchissement de la ligne du parti républicain .
Jusqu'à présent, le parti démocrate était considéré comme le plus proche d'Israël, et l'on estimait qu'il recueillait environ 80% des suffrages dans la communauté juive. Le parti républicain apparaissait en revanche, par comparaison avec les démocrates, comme relativement « pro-arabe », notamment en raison de ses liens avec les grandes compagnies pétrolières.
La situation est désormais très différente. En cohérence avec une stratégie électorale qui l'a également conduit à rechercher les suffrages des communautés noire et hispanique, le parti républicain s'est rapproché de la communauté juive . Mais c'est surtout sous l' influence de son aile « conservatrice chrétienne », et pour des raisons idéologiques, qu'il est désormais beaucoup plus sensible aux arguments israéliens. On constate ainsi que certains groupes protestants fondamentalistes manifestent à l'égard de la politique du gouvernement Sharon un soutien beaucoup plus inconditionnel que celui d'associations juives. L'émergence de tels courants de pensée, notamment dans le sud et le centre des Etats-Unis, renforce la sympathie active vis à vis d'Israël dans des milieux qui y restaient indifférents il y a quelques années encore.
Enfin, la force des lobbies et la part qu'ils prennent au financement des partis politiques et des campagnes électorales, sont un élément parfaitement admis de la démocratie américaine. Ceux qui expriment des vues pro-israéliennes, comme l'AIPAC ( American Israël public affairs committee ) sont reconnus pour leur efficacité.
Tous ces éléments ont permis d'établir un véritable consensus bi-partisan au Congrès en faveur d'Israël . D'une certaine manière, la politique du gouvernement Sharon bénéficie au Congrès d'un soutien beaucoup plus large qu'au sein de l'administration et de l'opinion publique. L'idée que les Etats-Unis pourraient exercer des pressions sur Israël pour infléchir la politique de son gouvernement y est mal reçue.
En dernier lieu, depuis les attaques du 11 septembre, les référence à une lutte commune contre un même ennemi -le terrorisme- se multiplient . Alors que les dirigeants israéliens affichaient immédiatement leur solidarité en mettant en exergue leur propre expérience du terrorisme, les images montrant certaines scènes de joie dans les pays arabes et en Palestine étaient abondamment diffusées. L'analogie entre les actions terroristes en Israël et le traumatisme que viennent de subir les Etats-Unis se révèle efficace, auprès de l'opinion américaine et au sein du Congrès, pour justifier les exigences de sécurité du gouvernement israélien, ses actions punitives ou préventives, et son refus de reconnaître Yasser Arafat comme un interlocuteur valable.