A N N E X E S
Pages
Annexe I : Programme de la mission d'information en Roumanie de M. André Ferrand, Sénateur des Français de l'étranger, rapporteur de la délégation pour l'Union européenne du Sénat pour la Roumanie et liste des personnalités rencontrées 35
Annexe II : État d'avancement des négociations d'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne 37
Annexe III : Discours de M. Adrian Nastase, Premier ministre de Roumanie, au centre de politique européenne, le 6 juin 2002 39
Annexe IV : Discours de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux Affaires européennes, à l'occasion de la réunion annuelle des ambassadeurs de Roumanie, le 6 septembre 2002 47
ANNEXE I
Programme de la mission d'information en Roumanie
de M. André Ferrand
Mercredi 17 septembre 2003 |
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22 h 50 |
Arrivée à Bucarest. |
Jeudi 18 septembre 2003 |
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9 h 30 |
Entretien avec Mme Hildegard Puwak, ministre de l'Intégration européenne et M. Vasile Puscas, négociateur en chef pour l'intégration à l'Union européenne. |
11 h 00 |
Entretien avec M. Viorel Hrebenciuc, Président de la Commission pour l'intégration à l'Union européenne du Parlement roumain. |
12 h 30 |
Déjeuner offert par M. Ghiorgi Prisacaru, Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, et Mme Cécilia Rebreanu, Secrétaire du groupe d'amitié Roumanie-France au Sénat et Secrétaire de la Commission des Affaires étrangères du Sénat. |
15 h 00 |
Visite du Lycée français de Bucarest. Entretien avec le Directeur, des représentants des parents d'élèves et des enseignants. |
16 h 30 |
Table ronde avec des représentants des associations de la communauté française de Roumanie. |
18 h 30 |
Entretien au Sénat avec Mme Cécilia Rebreanu et avec M. Ghiorgi Prisacaru. |
20 h 00 |
Dîner offert par S.E. M. Philippe Etienne, Ambassadeur de France en Roumanie, en l'honneur des personnalités roumaines impliquées dans la coopération avec la France. |
Vendredi 19 septembre 2003 |
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9 h 30 |
Entretien avec M. Ion Diaconu, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. |
11 h 00 |
Entretien avec des journalistes roumains. |
12 h 30 |
Déjeuner-buffet offert par M. Patrick Gélin, Président de la BRD, avec les conseillers français du commerce extérieur. |
16 h 00 |
Entretien avec M. Jonathan Scheele, délégué de la Commission européenne en Roumanie. |
17 h 00 |
Entretien avec les conseillers préadhésion français. |
19 h 00 |
Entretien avec M. Pierre Truche, conseiller spécial chargé de la justice auprès du Premier ministre roumain. |
Samedi 20 septembre 2003 |
Visite de Bucarest et retour à Paris. |
ANNEXE II
ÉTAT D'AVANCEMENT DES NÉGOCIATIONS D'ADHÉSION DE LA ROUMANIE À L'UNION EUROPÉENNE.
Chapitres ouverts |
Chapitres provisoirement clôturés |
||
Chapitre 2 |
Libre circulation des personnes |
Chapitre 1 |
Libre circulation des marchandises |
Chapitre 3 |
Libre circulation des services |
Chapitre 4 |
Libre circulation des capitaux |
Chapitre 6 |
Politique de la concurrence |
Chapitre 5 |
Droit des sociétés |
Chapitre 7 |
Agriculture |
Chapitre 8 |
Pêche |
Chapitre 9 |
Transports |
Chapitre 10 |
Fiscalité |
Chapitre 14 |
Energie |
Chapitre 11 |
UEM |
Chapitre 21 |
Politique régionale et instruments structurels |
Chapitre 12 |
Statistiques |
Chapitre 22 |
Environnement |
Chapitre 13 |
Politique sociale et emploi |
Chapitre 24 |
Coopération judiciaire et affaires intérieures |
Chapitre 15 |
Politique industrielle |
Chapitre 28 |
Contrôle financier |
Chapitre 16 |
Petite et moyenne entreprise |
Chapitre 29 |
Budget |
Chapitre 17 |
Science et recherche |
Chapitre 18 |
Education et formation |
||
Chapitre 19 |
Télécommunications et technologies de l'information |
||
Chapitre 20 |
Culture et politique audiovisuelle |
||
Chapitre 23 |
Consommateurs et protection de la santé |
||
Chapitre 25 |
Union douanière |
||
Chapitre 26 |
Relations extérieures |
||
Chapitre 27 |
Politique extérieure et de sécurité commune |
||
Chapitre 30 |
Institutions |
||
Total |
11 |
Total |
19 |
ANNEXE III
« Quelle est la place de la Roumanie dans une
Union européenne élargie? »
Le discours de Son
Excellence, Monsieur Adrian Nastase,
le Premier ministre de Roumanie - Le
Centre de Politique Européenne
Bruxelles, le 6 juin 2002
Mesdames et Messieurs,
Je veux commencer par
remercier M. le directeur John Palmer pour m`avoir invité et
donné l`occasion de m`adresser à un auditoire tellement
distingué.
Je saisis cette occasion pour vous présenter
une série de d`aspects concernant l`adhésion de la Roumanie
à l`Union européenne, ma manière de voir la future Union
européenne, et le rôle que la Roumanie pourrait y
jouer.
Ces circonstances me rappellent les déclarations de l`une
des figures politiques les plus importantes de la Roumanie, un diplomate
d`exception, Nicolae Titulescu, qui affirmait : « Le futur de l`Europe est
ancré en Roumanie aussi étroitement que les liens de la Roumanie
le sont avec les valeurs et l`esprit de l`Europe ». Je suis
persuadé que notre identité nationale - partie intégrante
de l`identité européenne - représente une expression des
traditions historiques de la Roumanie : la tolérance interethnique, la
solidarité humaine, le bon voisinage, des valeurs promues activement par
Titulescu.
Actuellement, lorsque nous avons la certitude de
l`adhésion à l`UE et que sa date commence à s`entrevoir,
on pourrait se poser une autre question : « Quelle est la place de la
Roumanie dans une Union élargie ? ». C`est bien là, une des
expressions du syntagme «élargissement approfondi ». Les deux
éléments sont étroitement liés l`un à
l`autre, se conditionnant et générant mutuellement. En
dépit de cela, au-delà des débats au niveau politique, il
y a des aspects pragmatiques revêtus par l`élargissement, qui sont
comptés en termes de bénéfices et pertes. Lesquels en sont
les plus importants ?
Et avec ça, je passerai à quelques
considérations concernant les démarches d`adhésion de la
Roumanie. Notre pays est fermement engagé sur la voie de
l`intégration européenne le plus tôt possible. Même
s`il n`y a que trois ans depuis la décision d`Helsinki marquant le
commencement de nos négociations, nous avons enregistré des
avancements impressionnants dans l`accomplissement des critères
d`adhésion.
Dans le même temps, la méthode
d`approche de la partie finale des négociations reste un défi.
Nous sommes très rapprochés du moment où tous les
chapitres des négociations seront ouverts, c`est à dire que lors
du début de la Présidence danoise notre objectif majeur deviendra
le bouclage de ces chapitres. Malgré cela, nous ne devons pas devenir
les prisonniers des statistiques : je ne pense pas que le niveau de
préparation de notre pays doive être mesuré dans le nombre
des chapitres ouverts ou fermés. Nous avons fait de notre mieux pour
avancer dans les négociations, prenant, dans le même temps, des
mesures concrètes en vue de l`adoption et de l`implantation de l`acquis
communautaire. Nous estimons qu`un calendrier de parcours plus clair et une
date précise pour l`adhésion donneront une impulsion à nos
préparations pour l`intégration.
A l`heure actuelle nous
suivons un calendrier que nous avons fixé par notre propre initiative,
en essayant d`ouvrir tous les chapitres d`adhésion avant la fin de cette
année, pour les boucler dans les premiers mois de 2004, au plus tard.
Toutes ces évolutions nous permettront de signer le
Traité d`Adhésion avant les élections pour le Parlement
européen. Ceci devrait permettre, normalement, à la Roumanie de
participer à ces élections, ainsi qu`à la
Conférence Intergouvernementale pour l`Avenir de l`Europe et aux
débats sur les perspectives financières d`une l`Union
élargie, sur des positions égales avec les autres Etats
candidats.
Le slogan « de Copenhague à Copenhague »
fut choisi par la future présidence danoise en guise de la finalisation
du processus d`élargissement. Compte tenu du fait qu`à
présent 12 Etats sont en train de négocier l`adhésion
à l`UE, j`espère bien que la Présidence danoise
établira un calendrier très clair d`adhésion à
l`adresse de la Roumanie et une perspective plus concrète pour son
adhésion à l`UE.
Quelques mots, donc, sur les
préoccupations et les attentes concernant la future Union
européenne.
Le financement de la future Union.
En moins de dix ans, l`Europe que nous connaissons changera et
l`Union européenne élargie à 25, 27, 28 ou 30 Etats
membres s`entrevoit comme un véritable défi à l`adresse de
la cohésion européenne. Il y a un décalage
économique considérable entre les Etats candidats et les Etats
membres de l`UE. Le rapport sur la cohésion économique et sociale
présenté par la Commission européenne fin janvier
préconise une baisse significative du PIB de l`Union après
l`adhésion des 12 Etats candidats.
Tant pour les citoyens des
Etats membres de l`UE, que pour ceux des Etats membres, le processus
d`intégration suscite de la préoccupation. Pour certains d`entre
eux c`est la crainte d`une plus grande concurrence sur le marché de
l`emploi ou des coûts plus élevés pour le soutien de
l`entrée des nouveaux Etats membres. Pour d`autres, l`impact
économique et social de l`élargissement est calculé dans
les termes des défis à l`adresse de l`avenir : du chômage,
de nouveaux standards et des conditions de production, le partage de la
capacité de décision avec les institutions de Bruxelles ou avec
d`autres partenaires de l`UE.
Une des plus importantes questions que
nous sommes appelés à résoudre est le financement de nos
politiques communes.
Même si les débats à cet
égard ne sont qu`au commencement, je ne peux ignorer que les discussions
sont trop axées sur des calculs très concrets, tendant à
perdre de vue les principes de base de l`Union : la solidarité et
l`égalité entre tous les Etats membres.
Si le besoin se
présente d`une réforme des mécanismes financiers de
certaines politiques communes majeures, telle la Politique Agraire Commune ou
les politiques structurelles, j`estime que les Etats de l`UE, actuels et futurs
devraient chercher conjointement des solutions. J`estime qu`un débat sur
la réforme de cette politique doit être ouvert compte tenu de
certaines conditions :
• La réforme doit être en
corrélation avec le résultat du Round du Millénaire tenu
dans le cadre de l`Organisation Mondiale du Commerce ;
• Ce processus
ne doit pas devenir un nouvel obstacle pour le processus d`élargissement
;
• La réforme doit représenter le résultat d`un
débat commun et d`une décision des Etats membres actuels et
futurs (UE 27).
Les préparations pour l`Union Economique et
Monétaire.
L`économie roumaine avance
aujourd'hui dans la bonne direction et les derniers résultats nous
permettent d`envisager l`avenir avec plus d`optimisme. Le Programme
économique de pré-adhésion, adopté par le
Gouvernement au mois d`octobre dernier, ainsi que ses éléments de
mise à jour, de 2002, représentent des instruments de
planification et d`implantation des politiques appropriées pour la
transformation de l`économie de la Roumanie en une économie de
marché viable, à même de faire face à la pression
concurrentielle de la part de l`UE. En 2001 la croissance économique de
la Roumanie a atteint le niveau de 5,3% et nous espérons pouvoir
maintenir cette évolution les années à venir.
Nous
sommes parfaitement conscients qu`il y a un lien fondamental entre
l`accomplissement des critères économiques fixés à
Copenhague et les exigences de l`UE, et que ce lien a un impact important sur
nos politiques économiques. D`un certain point de vue les
critères économiques représentent la partie la plus facile
du processus, lorsqu`ils sont comparés aux exigences du statut de membre
auxquels nous aurons tous à faire.
Force est, aussi, de prendre
en considération, dès maintenant, des progrès
significatifs possibles dans l`accomplissement des objectifs du Processus de
Lisbonne.
Dans le même temps, nos politiques économiques,
en tant qu`Etats membres, devront aborder des objectifs doubles - il y en a qui
diront voire divergents - de la convergence réelle et de la
préparation de l`adhésion à l`Union monétaire. Nous
avons eu l`occasion de discuter ces questions il y a trois mois, à
Barcelone. Cette réunion-là nous a donné l`occasion de
comprendre le fait que les Etats candidats sont en train de dépasser
l`étape de la traduction et de la mise en oeuvre de l`acquis
communautaire et se dirigent vers l`étape de sa formation
effective.
Notre réunion de Barcelone a visé à
mettre en exergue la dimension sociale de l`Union Economique et
Monétaire. Elle nous a attiré l`attention que les Etats membres
et ceux qui le deviendront doivent continuer à améliorer la
situation sociale, parce que nombre des problèmes du passé se
sont avérées plus difficiles à résoudre que l`on
n`y croyait au début ; les réformes structurelles doivent
être conçues et mises en oeuvre de manière à ce
qu`elles produisent des résultats
immédiats.
L`implantation de l`acquis - notamment dans
l`infrastructure - génère de nouveaux besoins financiers qui ne
peuvent plus être satisfaits uniquement par le financement en provenance
de l`UE, même pas par un programme d`assistance
pré-adhésion.
L'Europe sociale.
Compte tenu de tous ces aspects, je vous prie de me permettre
de me concentrer sur le principe de la solidarité au niveau
européen. Le maintien de la cohésion économique et sociale
à l`intérieur de l`Union européenne représente un
des défis de l`élargissement. Nous savons tous que les
coûts de l`élargissements seront considérables.
Malgré cela, ce ne peut pas être une raison pour empêcher
que soit imposé un étalon financier clair aux Etats membres et
aux futurs membres et remettre sine die l`adhésion des Etats qui ne
seront pas capables de devenir membres en 2004.
Quelque difficile que
paraisse la résolution des problèmes posés par
l`élargissement, je pense que ce processus représente une
occasion extraordinaire tant pour les Etats candidats, que pour les membres.
L`élargissement peut devenir un facteur clé pour une croissance
économique viable en Europe, telle que fut proclamée à
Lisbonne, Stockholm et Barcelone. Ce processus sera le plus grand marché
des pays développés, disposant d`une population de presque 500
millions et de la possibilité de la création de 300.000 nouveaux
emplois dans le cadre des Etats membres et de plus de 2 millions dans les Etats
candidats.
Nous nous sommes rendu compte de l'ampleur du projet
européen. Maintenant il faut réfléchir à la voie
à suivre. Nombre d`Européens estiment que l`Union paraît
avoir l`air fatigué. De nombreux projets ont perdu leur contact avec la
réalité et ont besoin d`une forte impulsion.
L`une des nos
missions futures est d`établir une véritable union
économique. Il y a quelques mois, à Barcelone, nous avons
assisté à la tentative de revigorer le processus de Lisbonne,
ainsi que l`intégration économique de l`Europe.
Notre
position dans ce domaine est claire : nous appuyons pleinement ce projet, avec
toutes ses composantes.
En Roumanie nous ressentons une attraction
à part envers ce modèle économique parce que nous estimons
la valeur d`une démarche suivant les difficultés qu`elle
soulève. La création de l`UEM s`avérera encore plus
difficile. L`UEM sera, cependant, bénéfique pour notre
économie.
C`est pourquoi nous soutenons le renforcement du
rôle de la Commission européenne dans le domaine économique
non seulement parce qu`elle se trouve dabs une position optimale d`offrir des
conseils à la plus grande économie du monde, mais aussi parce
qu`elle peut trouver une position d`équilibre entre les besoins des
économies les plus développés de l`Europe et celles qui
émergent à peine dans les zones de l`est du continent.
Du
point de vue économique, l`élargissement amènera la
perspective d`un marché plus grand, d`un nombre plus grand d`emplois
dans le cadre de l`Union, une nouvelle dynamique pour les compagnies de l`UE.
Les Etats candidats bénéficieront d`une période de
croissance soutenue, accélérant ainsi le taux de croissance de
l`UE. L`élargissement représentera aussi un défi à
l`adresse de la cohésion de l`Union. Voilà pourquoi notre
objectif majeur est une Europe Sociale et Unie. Voilà pourquoi la
dimension sociale de l`élargissement a une aussi grande importance pour
nous.
A cet égard, je tiens à faire deux
remarques.
Avant tout, nous avons besoin de développer la
dimension des ressources humaines des instruments structuraux, y compris par la
mise en place d`un fonds de développement technologique, de
manière à ce que nos politiques pour l`emploi soient enrichies de
la dimension du transfert de technologie.
Deuxièmement je tiens
à parler de la manière dont nous pourrons redéfinir nos
politiques d`immigration. Nous soutenons une approche plus
intégrée de l`immigration, Mais, malgré cela, toute
tentative de réforme dans ce domaine doit être conjuguée
avec les politiques structurelles et de cohésion.
Justice et affaires intérieures.
Je tiens à saluer l`initiative italienne de proposer
une étude de faisabilité concernant l`élaboration d`une
politique commune pour ce qui concerne les frontières extérieures
de l`UE. La Commission européenne a élaboré depuis peu de
temps un rapport intéressant à ce sujet.
Pour l`Union, le
contrôle des frontières extérieures représente un
élément crucial de la liberté, de la
sécurité et de la justice. Dans le même temps, pour la
Roumanie la mission d`assurer un contrôle efficace des frontières
et de surveiller la frontière de l`est, en tant que partie de la future
frontière de la future Union, représente une priorité
absolue et un défi significatif.
A mon sens, la mise en place
d`une police commune des frontières, devrait représenter une
première étape dans l`élaboration d`une politique commune
sur l`immigration. De cette perspective, la responsabilité de la
consolidation des frontières extérieures de l`UE
représente une mission commune de tous les Etats membres, actuels ou
futurs. Dans la mise en place de cette nouvelle politique nous sommes
appelés à commencer par explorer davantage de domaines, dont ceux
législatif, institutionnel et financier, sans ignorer la formation de
ces fonctionnaires de police.
Les caractéristiques principales
de cette force de police doivent être identiques à celles de la
Force de Réaction Rapide : une structure d`unités nationales qui
seront déployées notamment dans les régions deviendront
des régions intérieures de l`UE, à la suite de
l`élargissement vers l`est et vers la
Méditerranée
Cette formule est à souhaiter aussi de
point de vue budgétaire, évitant la croissance de la pression sur
le budget commun.
L`Europe en tant qu`acteur global.
L`approche des politiques d`immigration et du contrôle
des frontières ne veut pas dire pour autant que l`image que je projette
sur l`Europe est celle de la « Forteresse Europe ». Au contraire,
l`UE bénéficie de l`une des sociétés les plus
ouvertes, prenant son origine dans l`héritage culturel et la richesse de
ses nations, ce qui la rend encore plus ouverte vers les différentes
cultures du monde.
De nos jours, les peuples de l`Europe ont besoin de
plus d`union dans la diversité, tandis que le monde a besoin de
l`Europe. Nous nous trouvons au moment de la vérité parce que
l`alternative de l`intégration est la division et la diminution du
pouvoir de tous les Etats membres. La perspective de l`élargissement et
l`enjeu de la mondialisation représente pour nous tous un défi et
l`occasion de trouver un nouveau ballon d`oxygène pour l`Europe.
La politique extérieure et de sécurité commune
(PESC) s`est amplifiée d`une manière extraordinaire cette
dernière décennie. Le point fort de la PESC est
représentée par son ouverture multilatérale, car ses
positions et actions adoptées dans ce cadre représentent le
résultat d`une négociation entre « les Quinze ». Dans
le même temps, l`Europe bénéficie d`une brèche
unique d`opportunité de revenir en première ligne des affaires
internationales, mais, cette fois-ci, d`une manière complètement
différente de celle d`il y a un siècle.
Il y a, cependant, une série de risques qui jettent de
l`ombre sur ces perspectives lumineuses. Avant tout, cette fenêtre
d`opportunité ne va pas perdurer longtemps. J`estime que l`Union n`a
plus que quelques années pour s`affirmer en tant que vainqueur de la
scène globale. Deuxièmement, l`UE doit définir au plus
vite sa position en regard des autres centres de pouvoir. Quel est l`avenir de
la relation transatlantique, quelle sera la meilleure politique à
l`égard de la Russie, comment pouvons-nous aborder la Chine ? Comment
maintenir l`équilibre entre ces acteurs, notamment pour ce qui concerne
la Russie et les USA ? Troisièmement, comment l`Europe va-t-elle jouer
son rôle lors des différentes crises internationales ? J`estime
que ceux qui pourront amener la paix au Proche Orient deviendront quelques-uns
des futurs leaders du monde.
Située au carrefour de l`Europe de
l`est et des Balkans, la Roumanie contribue aux efforts de l`UE de projeter la
stabilité et la prospérité aux régions adjacentes,
notamment le Caucase et le Moyen Orient. La Roumanie est capable de contribuer
au développement de l`Union en tant qu`acteur global de la scène
internationale.
Placée sur la future frontière de l`UE, la
Roumanie aura une mission importante dans la surveillance de l`une des zones de
frontière les plus sensibles de l`Union, qui sera soumise à une
pression migratoire significative. La Roumanie a un rôle important dans
la promotion de la liberté, de la sécurité et de la
justice dans la zone de l`UE élargie ; la Roumanie est
déterminée à contribuer au maximum dans ce domaine
notamment pour stopper le flux d`immigrants illégaux, pour lutter contre
le crime organisé, bloquant les activités des réseaux de
trafic de drogues, d`êtres humains et d`armes.
A la suite du
développement de l`infrastructure et des réseaux européens
sur notre territoire national, la Roumanie devient un pont entre l`Europe et
les régions avoisinantes. Je suis fermement convaincu que la Roumanie,
une grande nation européenne, placée stratégiquement sur
la rive de l`ouest de la Mer Noire, peut jouer un rôle non
négligeable diffusant vers nos voisins de l`est les valeurs
européennes les plus profondes : rétablir le lien spirituel entre
les Balkans Occidentaux et l`Europe, accentuer la vocation européenne de
ses voisins du nord et de l`est, établir un pont entre l`Europe et le
Caucase.
Le concept récent de « sécurité
globale » est très intéressant et prometteur. J`estime que
l`Union se trouve dans une bonne position pour se situer parmi les sponsors de
cette approche. La communauté internationale a reconnu depuis
très longtemps que la sécurité internationale est
indivisible et inséparable. Actuellement, après les
événements du 11 septembre dernier, nous nous rendons compte de
plus en plus que la sécurité intérieure ne peut être
séparée de celle extérieure et qu`il faut identifier des
solutions viables pour les différentes crises du monde.
Au cas
où nous serions reçus membres en 2004 ou 2005, nous allons
soutenir ce concept dans tous les forums internationaux et userons de notre
position internationale afin de promouvoir, y compris dans le cadre du Conseil
de Sécurité de l`ONU.
La sécurité globale
suppose, également, de meilleures réponses aux effets
négatifs de la mondialisation. Du point de vue de l`UE, force est de se
rappeler le concept de mondialisation contrôlée, tellement cher au
commissaire Pascal Lamy. Dans une certaine mesure, la mondialisation
contrôlée reflète l`une des facettes de la
sécurité globale. Les actions extérieures de l`Union
doivent devenir viables, ce qui suppose l`intégration des politiques
commerciales, de développement et de sécurité.
Ceci exige une redistribution plus raisonnable des
responsabilités du Conseil de l`Europe, mais aussi un rôle plus
significatif pour le Haut Représentant de la PESC qui doit être
perçu non seulement en tant que ministre de l`étranger de l`UE,
mais aussi en tant que contre partie des leaders des tiers Etats.
Les évolutions institutionnelles.
Ce sujet m`amène à la dernière partie de
mon intervention, la structure institutionnelle de L`Union européenne et
les activités de la Convention européenne. Comme vous
n`êtes pas sans le savoir, le Conseil européen a
décidé à Nice que l`UE, pour pouvoir être capable de
présenter des résultats dans la formule à 27 membres, elle
doit réformer ses institutions ses politiques et ses mécanismes
de la prise des décisions.
L`avantage essentiel de la «
méthode conventionnelle», au regard des négociations
diplomatiques classiques, est celui d`inciter à une réflexion
sérieuse qui permettra à tous les membres de passer outre les
opinions subjectives et de considérer les missions de l`Europe du point
de vue du « bien être public». Afin de ne pas rater cette
chance, nous n`avons pas à imposer nos propres visions ou à
proposer des solutions immédiates, mais à ménager à
tous un délai de réflexion et de dialogue.
La Roumanie
envisage une Union constituée en tant que fédération
d'Etats-nations. Nous soutenons la consolidation de la dimension communautaire,
notamment de la Commission européenne.
La question la plus
complexe pour ce qui concerne l`Union européenne n`est pas la
compétence, mais sa gestion. Les principaux acteurs, les
présidents des commissions et du Parlement européen, les chefs
d`Etat et de gouvernement de l`Union ont des pouvoirs limités à
ce niveau-là. On a suggéré même la création
de la fonction de président de l`UE. Il y en a qui pensent que cette
fonction devrait remplacer celle de président de la Commission
européenne. Une telle idée doit être analysée
très attentivement, compte tenu de toutes les implications concernant le
fonctionnement du Conseil, de la Commission européenne et de l`Union
dans son ensemble. Pour cette nouvelle fonction il faut définir de
nouvelles missions et compétences. Finalement, mais non pas en dernier
lieu, force est de réfléchir aux modalités
concrètes d`élire le «Président de l`Europe» :
par le biais du Parlement européen, des «électeurs»
(selon le modèle américain) ou du suffrage universel. Toutes ces
questions nécessitent des réponses solides qui doivent prendre en
considération la voix des citoyens de l`Europe.
Nous avons aussi
besoin d`un pilier intergouvernemental restructuré, ceci signifiant une
restructuration, respectivement, une rationalisation des fonctions
exécutives et législatives du Conseil, tout comme un
réajustement et une mise à jour des rôles des parlements
nationaux. D`autre part, le Conseil européen doit assumer le rôle
d` «instance suprême» lors du processus de la prise des
décisions dans le cadre de la communauté et finaliser son action
de «médiateur » entre les différents Conseils
horizontaux.
Nous estimons nécessaire de consolider la
composition parlementaire du système institutionnel européen,
afin de remédier aux dysfonctionnements démocratiques et pour
consolider la démocratie dans le cadre de l`Union. De ce point de vue,
il faut assurer un rôle consolidé aux parlements nationaux dans le
cadre du processus législatif communautaire. Une telle approche peut
être confirmée par la mise en place d`un «Comité des
parlements nationaux», suivant le modèle du Conseil
économique et Social ou du Comité des régions. Un possible
rôle consultatif de cet organisme peut être
généré par le futur modèle constitutionnel de
l`Union.
Ce ne sont que quelques remarques concernant notre vision sur
le rôle de la Roumanie dans le cadre de l`Union européenne. Je
voudrais conclure mon intervention en disant qu`il y a cinquante ans une
génération de politiciens visionnaires a ouvert la voie,
après la seconde guerre mondiale, vers une réconciliation et le
progrès à travers notre continent, par la mise en place des
Communautés européennes. De nos jours, une autre
génération de politiciens, bénéficiaires de cet
héritage, est appelée à répondre de nouveau
à un énorme défi : celui de donner une nouvelle forme
à l`Europe. L`intégration européenne ne représente
pas un but en soi, mais un moyen de promouvoir les valeurs fondamentales pour
tout le monde, les démocraties pluralistes, la prospérité
commune et la concurrence économique.
Je vous remercie pour
votre attention !
ANNEXE IV
VISITE EN ROUMANIE
INTERVENTION DE LA MINISTRE DELEGUEE AUX AFFAIRES EUROPEENNES,
MME NOELLE LENOIR, A L'OCCASION DE LA REUNION ANNUELLE DES AMBASSADEURS DE ROUMANIE
(Bucarest, 6 septembre 2002)
Monsieur le Premier ministre,
Monsieur Petre Roman,
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Madame la Ministre de l'Intégration européenne,
Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honorée d'avoir été conviée par M. Mircea Geoana à participer à la session d'ouverture de votre réunion annuelle des ambassadeurs de Roumanie. Je sais que c'est la première fois que vous invitez ainsi des hôtes étrangers à prendre la parole et j'en suis très flattée. Vous m'avez demandé, Monsieur le Ministre, d'apporter un témoignage sur le processus d'intégration européenne de la Roumanie et je le fais avec beaucoup de plaisir.
N'en doutez pas, la France est déterminée à assurer la pleine réussite de l'élargissement. Dans cette perspective, j'ai conscience que les efforts des pays d'Europe centrale et orientale dans leur transition vers la démocratie et l'économie de marché sont sans précédent. C'est vrai de la Roumanie, comme d'ailleurs de la Bulgarie, qui s'inscrivent dans le même processus d'élargissement que les autres candidats, même si le calendrier n'est pas tout à fait le même. Nous ne voulons pas décevoir l'espérance européenne de vos pays car ce serait prendre le risque de régressions économiques ou politiques dont les conséquences se répercuteraient sur chacun d'entre nous. Nous en avons parfaitement conscience.
L'élargissement est, pour nous tous Européens, une grande ambition et une chance immense. Cette chance, dans des circonstances hélas dramatiques, vient de trouver à s'illustrer à travers la solidarité de l'Europe à l'égard des victimes des inondations et face aux dégâts causés à notre héritage culturel commun. Que ce soit à Prague ou à Dresde, dans les pays de l'Union ou les pays candidats, cette solidarité a été la même.
La solidarité est en effet au coeur du projet européen. A ce propos, je dois vous faire part, avec toute la franchise qu'autorise une longue amitié, du sentiment qu'a ressenti la France à la suite de la signature par la Roumanie d'un accord bilatéral avec les Etats-Unis mettant les ressortissants de ce pays à l'abri de toutes poursuites de la Cour pénale internationale. Nous avons pensé que vous auriez pu attendre la définition d'une position commune de l'Union européenne et des pays candidats, comme l'avait proposé la présidence danoise. La France s'est toujours fait l'avocate de la Roumanie auprès de ses partenaires européens. Cette fois-ci, la France et l'Europe avaient besoin de la Roumanie, afin que nous demeurions unis.
Cela étant, j'aimerais souligner les multiples aspects positifs de notre partenariat franco-roumain. Ainsi, avant d'aborder la candidature de la Roumanie à l'Union et les perspectives européennes des prochains mois, permettez-moi d'évoquer les liens particuliers qui unissent nos deux pays.
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Au sein de l'Europe, certaines nations ont des relations privilégiées, reposant sur des liens anciens et profonds. C'est le cas de la Roumanie et de la France. Or notre coopération déjà ancienne doit se renforcer dans l'Europe de demain. Les liens qui unissent la France et la Roumanie sont ancrés dans l'histoire, depuis le XVIIIème siècle. Mais c'est au XIXème siècle, lorsque Napoléon III apporta son soutien à l'émancipation des principautés danubiennes, que naquit une véritable amitié entre nos deux peuples. Et les voyages des fils de grands boyards en France achevèrent de faire connaître en Roumanie les écrivains, les penseurs et les artistes français. Depuis cette époque, nos deux cultures n'ont cessé de se féconder mutuellement. J'en veux pour exemple l'architecture de nombreux édifices de Bucarest, comme la banque nationale roumaine, l'Athénée ou le palais de justice, construits au XIXème siècle sur les plans d'architectes français, l'oeuvre du grand peintre Nicolae Grigorescu, inspiré par l'école de Barbizon, ou les "Légendes" du grand poète Vasile Alecsandri, animées du souffle de Victor Hugo. L'influence roumaine sur la culture française n'est pas moindre, tant sont nombreux les artistes roumains qui ont choisi la France, et la langue française, comme seconde patrie. Qu'il me suffise d'évoquer ici les noms de Tristan Tzara, l'inventeur du dadaïsme, d'Eugène Ionesco, dont "La Cantatrice chauve" tient sans interruption l'affiche depuis février 1957 au théâtre de la Huchette à Paris, d'Emile Cioran qui, "Sur les cimes du désespoir", nous introduit, par son pessimisme tonique, à une philosophie de la vie, ou du sculpteur Constantin Brancusi dont l'atelier, reconstitué sous le parvis de Beaubourg, accueille aujourd'hui les visiteurs dans les mystères de sa création.Frères d'armes pendant la Première Guerre Mondiale, nos deux pays virent prospérer leurs échanges dans tous les domaines pendant l'entre-deux-guerres. Leur vigueur ne s'est jamais démentie. Il faut reconnaître qu'elle a pris un élan nouveau depuis décembre 1989. Nos échanges reposent sur quatre piliers : le dialogue politique, le partenariat économique et commercial, la coopération culturelle, la coopération militaire et de défense.
Le partenariat entre nos deux pays est d'abord politique. Au plus haut niveau, nos gouvernements entretiennent un dialogue privilégié, comme en témoigne le rythme intense et régulier des visites bilatérales. Ainsi, mon collègue du gouvernement, M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, était encore à Bucarest la semaine dernière, sa visite faisant suite à celle de son homologue roumain, M. Ioan Rus, à Paris au mois de juillet. Au-delà des visites gouvernementales, l'étroitesse des liens entre nos deux pays s'exprime également au niveau des élus français qui se rendent régulièrement en Roumanie. Et je suis heureuse d'être venue aujourd'hui avec M. le Sénateur Revol et M. le Député Kert.
Notre partenariat est également économique. En progression régulière, nos échanges commerciaux dépassent aujourd'hui 2 milliards d'euros par an. Les exportations françaises ont augmenté de 24% par rapport à 2000. Et la France est ainsi devenue le troisième partenaire commercial de la Roumanie.
De la même façon, les investissements français en Roumanie ont connu une remarquable accélération. Ils représentent aujourd'hui plus d'un milliard d'euros. Ce qui fait de notre pays le premier investisseur étranger sur votre territoire. Aux côtés de Renault qui, renouant une coopération historique, s'est associée à Dacia pour créer la deuxième marque du groupe, Orange Romania, la Société générale, Lafarge, Carrefour, Danone, Michelin, Eurocopter sont, avec d'autres, les acteurs de notre présence et de notre coopération. Les petites et moyennes entreprises contribuent également, et de plus en plus, à intensifier ce partenariat.
Quant à notre coopération culturelle, elle est aussi intense. Pour ne parler que de ces dix dernières années, nos deux pays ont réalisé de multiples actions pour promouvoir la langue et la culture françaises et organiser en outre des échanges universitaires. Dans ce cadre, le programme de coopération culturelle, scientifique et technique adopté par la Commission mixte franco-roumaine pour les années 2001-2004 s'est fixé trois objectifs principaux : soutenir la francophonie, moderniser l'image de la France et contribuer à la formation des cadres.
La Francophonie constitue notre engagement commun au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie. Rappelons que cinq millions de Roumains, soit près d'un sur quatre, parlent français, ce qui fait de la Roumanie le premier pays francophone parmi ceux dont le français n'est ni la langue maternelle ni la langue officielle. L'enseignement du français fait toujours preuve ici d'un réel dynamisme ; en effet, le français est la première langue étrangère apprise à l'école, puisque 47 % des élèves roumains choisissent de l'étudier en première ou deuxième langue, devant l'anglais et l'allemand. Ce succès, la France le doit aussi à la grande compétence des 14 000 professeurs de français qui exercent à travers tout le pays. Notre réseau culturel est le plus dense parmi ceux qu'a tissés la France en Europe. Et il faut s'en féliciter. Les deuxièmes journées franco-roumaines de l'audiovisuel, qui se sont tenues en juin, attestent, s'il en était besoin, de l'enthousiasme de tous ceux qui animent cette action culturelle.
Notre réseau culturel s'efforce par ailleurs de faire découvrir nos créations contemporaines comme nos auteurs classiques. Je pense en particulier à la célébration du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, qui a donné lieu en Roumanie à des manifestations variées : représentations théâtrales, projections cinématographiques, expositions, conférences. Le concours "Allons en France", organisé chaque année pour permettre à des lycéens roumains de découvrir la France, s'est associé lui aussi cette année à cette commémoration.
N'oublions pas la formation des élites. Elle est cruciale pour nos pays confrontés à la modernité. Nombre d'étudiants roumains sont accueillis dans nos universités et nos grandes écoles, parfois avec des bourses d'enseignement supérieur. Ce n'est pas au ministre des Affaires étrangères de Roumanie que j'apprendrai l'importance de votre partenariat avec l'Ecole nationale d'administration puisqu'il en a été l'un des acteurs majeurs. A présent, le but est de développer la coopération entre cet établissement et l'Institut national d'administration roumain.
Au plan militaire, enfin, la coopération franco-roumaine doit aider la Roumanie dans son effort d'adaptation de son outil de défense. L'Ecole d'application des officiers de gendarmerie de Rosu, dont les nouveaux bâtiments vont être prochainement inaugurés, mais qui a déjà permis de former une promotion, illustre notamment ce partenariat. Mais celui-ci prend d'autres formes, comme l'accueil de près de 200 officiers roumains qui se rendent chaque année en France pour participer à des formations.
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Je voudrais maintenant aborder le vif du sujet : l'entrée future de la Roumanie dans l'Union européenne.
En décembre 1989, le peuple roumain a reconquis sa liberté. Il s'est doté d'institutions libres et démocratiques au sein d'un Etat de droit enfin rétabli. Par deux fois, en 1996 et en 2000, les Roumains ont fait le choix de l'alternance politique lors d'élections régulières. Les fondements d'une économie de marché ont été reconstruits. La société roumaine, dont les forces vives avaient été bridées, a pu retrouver sa liberté d'expression et de création et s'ouvrir sur le monde extérieur. Face à de tels changements, il était naturel que l'Europe ouvrît ses portes : telle a été depuis le début la position de la France. C'était d'ailleurs une aspiration ancienne du peuple roumain, puisque l'historien et homme politique roumain Mihail Kogalniceanu, l'un des artisans de l'Union des Principautés, déclarait de façon prémonitoire en 1859 : "Prouver que nous sommes dignes de la liberté que l'Europe nous a reconnue, signifie rattraper le temps perdu, de sorte que la nation acquière la place qu'elle mérite dans la grande famille européenne".
Toutefois, l'entrée dans l'Union de douze ou treize nouveaux membres de cette famille représente un grand défi. Les progrès considérables accomplis par votre pays sur la voie de l'adhésion ont été reconnus par le Conseil européen de Séville. Si la candidature de votre pays s'inscrit dans un calendrier un peu différent de celui des dix pays candidats les plus avancés, elle n'en relève pas moins du même processus d'élargissement.
Face à ce défi, le soutien que la France apporte à la Roumanie dans sa préparation à l'adhésion est sans faille, sur le plan politique et comme d'un point de vue opérationnel.Un soutien politique d'abord. Dès 1997, la France a appuyé avec force et constance la candidature roumaine, d'abord au stade de l'inclusion de la Roumanie dans la liste des pays candidats, puis à celui de la décision d'engager les négociations d'adhésion.
Sur la question politiquement sensible de la levée de l'obligation de visa de court séjour pour les ressortissants roumains se rendant dans l'espace Schengen, le soutien de la France lors de sa présidence de l'Union européenne en 2000 avait permis de progresser. Les autorités françaises ont accueilli avec satisfaction l'entrée en vigueur de cette mesure le 1er janvier dernier.
Depuis lors, il faut admettre que de sérieuses préoccupations se sont exprimées en France face aux agissements de quelques ressortissants roumains se livrant au vol, à la mendicité ou à la prostitution. Certes, il serait injuste que les méfaits d'un petit nombre conduisent à pénaliser l'ensemble des citoyens roumains. Aussi refusons-nous le rétablissement de l'obligation de visas pour les ressortissants roumains désireux de se rendre en France. Cela dit, le problème des délinquants roumains dans notre pays n'est pas uniquement un problème français. C'est aussi un problème roumain. C'est pourquoi il est heureux que des solutions aient été recherchées en commun, lors de la toute récente visite à Bucarest du ministre français de l'Intérieur.
Quant à la place de la Roumanie dans les institutions communautaires, elle est maintenant fixée. La Roumanie sera représentée par 33 sièges au Parlement et disposera de 14 voix au Conseil des ministres, chiffres qui sont en harmonie avec son poids démographique et politique.
L'appui de la France revêt également un important aspect opérationnel, au niveau de la préparation de votre adhésion. Le gouvernement français se montre particulièrement attaché au dispositif des jumelages institutionnels, dans le cadre du programme PHARE. Grâce aux choix effectués par les autorités roumaines, la France a participé ou participe à 28 de ces jumelages, dont 25 en tant que chef de file. Nous sommes, là encore, le premier partenaire de la Roumanie dans ce mécanisme de coopération qui s'étend à des domaines aussi variés que la modernisation de la fonction publique, la justice des mineurs et l'aide à l'enfance, les finances publiques, l'éducation, l'agriculture, l'environnement ou les transports routiers.
Membre de la Conférence européenne, forum de dialogue politique qui préfigure l'Union élargie, votre pays a engagé les négociations d'adhésion sur 27 chapitres, dont 13 sont clos provisoirement.
Je veux ici rendre hommage à la détermination des autorités roumaines dans la poursuite et l'intensification de leurs préparatifs d'adhésion. Ceux-ci prennent la forme de mesures concrètes, comme la nomination, en juillet dernier, de la conseillère française pour les Affaires européennes auprès du Premier ministre roumain, M. Adrian Nastase, qui en avait exprimé la demande lors de sa visite officielle en France en novembre 2001. Et nous saluons votre effort pour ouvrir les trois derniers chapitres de négociation d'ici la fin de la présidence danoise.
Je veux également mentionner la présence à Bucarest de neuf conseillers de pré-adhésion français et l'arrivée prochaine de deux autres, dans le domaine phytosanitaire.
Cependant, beaucoup d'efforts seront encore nécessaires pour venir à bout de toutes les difficultés. Et nous sommes prêts à vous aider à résoudre certaines d'entre elles.
La question des mineurs est attentivement suivie par nos opinions publiques, sous ses divers aspects : justice spécifique aux mineurs, protection de l'enfance et adoption internationale. Sur ce dernier sujet particulièrement délicat, gardons-nous des jugements hâtifs et attachons-nous à remédier aux causes de la situation actuelle, notamment en prévenant les abandons et en améliorant les conditions d'accueil dont disposent les familles. La stratégie du gouvernement roumain, fondée sur la prévention et la réinsertion dans les familles, rencontre le plein soutien de la France. J'indique que le gouvernement français a mis à disposition de votre ministère des Affaires sociales deux assistantes techniques ainsi qu'un conseiller de pré-adhésion.
En matière d'éducation et de formation, secteurs anciens de coopération franco-roumaine, un jumelage est en cours sur la reconnaissance des diplômes afin d'assurer à vos jeunes diplômés des débouchés européens.
La protection de l'environnement est devenue, à juste titre, une préoccupation planétaire. En ce domaine, un jumelage est en cours concernant la gestion des ressources en eau et le retraitement des eaux usées. Notre attachement au développement durable est aujourd'hui au premier rang des priorités communautaires, comme le président Chirac l'a fortement rappelé au Sommet de Johannesburg.
Dans le domaine de l'agriculture, le champ de notre coopération est très vaste. Plusieurs jumelages ont été consacrés à la préparation de l'agence SAPARD, qui vient d'être accréditée et permettra à la Roumanie de disposer pendant la période 2000-2006 d'un important financement - 1,5 milliard d'euros - destiné à préparer la mise en oeuvre sur son territoire des mécanismes de la politique agricole commune.
Comment, à l'issue de ce survol de notre partenariat bilatéral, ne pas se réjouir de son ampleur et de son intensité dans la perspective de l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne ?
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En guise de conclusion, permettez-moi de formuler quelques remarques plus générales sur les perspectives européennes des prochains mois : à savoir l'élargissement, d'une part, et la réforme des institutions, d'autre part. J'aimerais en effet replacer la candidature de la Roumanie dans ce contexte.
Comme vous le savez, jusqu'au Conseil européen de Copenhague en décembre, les prochains mois seront décisifs pour l'élargissement de l'Union européenne. La plupart des problèmes techniques pour les dix pays les plus avancés dans leurs négociations d'adhésion (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Chypre, Malte, Lituanie, Lettonie, Estonie) sont aujourd'hui résolus ou en passe de l'être. Restent sur la table un nombre limité de problèmes, bien évidemment les plus difficiles à résoudre : le cadrage financier de l'élargissement, l'agriculture et la question de Chypre. Sans compter le second référendum irlandais en octobre sur la ratification du Traité de Nice et les discussions avec la Russie sur l'enclave de Kaliningrad.
Le calendrier est très serré. Une étape cruciale sera la présentation par la Commission, le 16 octobre, avant le Conseil européen de Bruxelles fin octobre, des "rapports de progrès" pour chacun des treize pays candidats, y compris la Turquie avec laquelle les négociations ne sont pas encore ouvertes. Ces rapports devraient identifier les pays candidats prêts à adhérer.
Sur le volet agricole, nous avons aujourd'hui devant nous deux problèmes distincts : d'une part, la question de l'octroi des aides directes aux agriculteurs des pays candidats, d'autre part, le risque de télescopage entre les négociations d'élargissement et la revue à mi-parcours du fonctionnement de la politique agricole commune, prévue en 1999 par les accords de Berlin.
Sur le premier point, la France soutient la proposition de la Commission, présentée en janvier dernier, d'accorder progressivement les aides directes, qui font partie de l'acquis communautaire, aux agriculteurs des pays candidats. Cette proposition est conforme à l'équité car elle pose le principe de l'intégration des pays candidats au sein de la PAC tout en restant compatible avec les plafonds des perspectives financières de Berlin. Elle ne préjuge en outre pas des évolutions futures de la politique agricole commune.
Sur le second point, nous estimons que la PAC ne doit pas être la variable d'ajustement de l'élargissement, sauf à vouloir rouvrir tout le paquet de Berlin, avec la politique régionale et le chèque britannique, auquel la France est le premier contributeur. La Présidence danoise l'a bien compris et est, sur cette ligne, très claire.
Sur la question de Chypre, la perspective de l'adhésion constitue une occasion unique de parvenir à un règlement politique afin de mettre un terme à la division de l'île. Cela exigera un effort aussi bien des deux côtés à Nicosie qu'à Ankara. En même temps, il faut tenir un langage de vérité à la Turquie qui demande une date pour l'ouverture de négociations d'adhésion : seule l'application effective des réformes constitutionnelles engagées permettra de progresser vers le respect des critères politiques de Copenhague qui constituent un préalable et les seuls critères pour l'ouverture de négociations. A cet égard, la loi d'harmonisation européenne votée le 3 août dernier par le parlement turc, qui prévoit notamment l'abolition de la peine de mort et l'autorisation de l'usage de la langue kurde dans les médias et l'éducation, constitue un pas sérieux dans la bonne direction.
Sur Kaliningrad, nous devons faire preuve d'imagination afin de parvenir à une solution pragmatique conciliant le principe de liberté de circulation des citoyens russes à l'intérieur de leur territoire et celui de l'application de l'acquis Schengen par les futurs membres.
Enfin, et ce point vous intéresse tout particulièrement, il conviendra de reconnaître à Copenhague les progrès accomplis par la Roumanie et la Bulgarie sur la voie de l'adhésion et de donner à vos deux pays tous les encouragements et toutes les garanties nécessaires.
Soyez en sûrs, nous ne relâcherons pas nos efforts en faveur des candidatures roumaine et bulgare après Copenhague et vous pouvez compter sur l'engagement de la France. Ainsi le Conseil européen de décembre devrait être l'occasion d'actualiser votre feuille de route et d'adopter une stratégie de pré-adhésion révisée et renforcée. Ces nouveaux engagements pourraient être assortis d'une augmentation de l'aide financière de pré-adhésion et, si le rythme actuel des négociations est maintenu, d'un calendrier plus précis pour le processus d'adhésion. Les demandes roumaine et bulgare pour des dates fermes de conclusion des négociations et d'adhésion devront être examinées dans cette perspective.
Il a longtemps été de mise, dans les cercles européens, d'opposer l'élargissement et l'approfondissement, ou de faire du second un préalable au premier. Je tiens à vous dire que cette opposition est dépassée. Les deux objectifs doivent en effet être poursuivis de manière simultanée. A cet égard, la Convention sur l'avenir de l'Europe, qui doit déboucher à l'horizon 2004 sur un texte de portée constitutionnelle, constitue une occasion à ne pas manquer pour refonder une Europe plus proche des citoyens, plus simple, plus légitime, plus efficace et plus forte. Nous vivons en effet dans un monde incertain et dangereux, marqué par les menaces nouvelles qu'a révélées le 11 septembre. Il est important que les représentants de la Roumanie, dont nous avons souhaité à Nice qu'ils soient pleinement associés à la Convention, prennent une part active à ses débats.
La Convention a achevé la première étape de ses travaux, la "phase d'écoute", à la fin du mois de juin. L'étape qui s'ouvre le 12 septembre revêt une grande importance puisqu'elle est celle des propositions et de la rédaction des conclusions. A cette fin, la Convention a constitué en son sein au mois de juillet des groupes de travail sur des thèmes précis, tels que la subsidiarité, l'intégration de la Charte dans le futur traité constitutionnel, la personnalité juridique de l'Union ou le rôle des parlements nationaux. A ces premiers groupes, vont s'ajouter quatre groupes portant sur des questions cruciales : la politique étrangère, l'Europe de la défense, la coopération judiciaire et policière, la rédaction d'une constitution.
La France a déjà avancé un certain nombre d'idées en proposant notamment la création d'un poste de Président du Conseil européen, afin de donner une direction politique claire, un visage, à l'Europe élargie. Ces premières propositions témoignent de notre ambition pour l'Europe. Nous préparons d'ailleurs des contributions détaillées sur les principales questions institutionnelles qui se posent.
Notre souci est de maintenir l'équilibre entre les trois institutions politiques - Conseil, Commission et Parlement - tout en renforçant leur capacité d'action réciproque. Nous voulons aussi assurer à l'Europe davantage d'unité dans les trois domaines où elle doit pouvoir agir avec efficacité : la politique économique et monétaire, pour gérer au mieux notre monnaie unique ; la diplomatie et la défense, pour que les Européens puissent peser sur les affaires du monde ; la justice et la police, pour nous permettre de faire face à l'immigration illégale et aux réseaux, si puissants hélas, du crime organisé. Enfin, le système institutionnel doit selon nous être soumis à un réel contrôle démocratique auquel devront être associés les parlements nationaux.Dans le monde d'aujourd'hui, nous devons de plus en plus penser notre sécurité à l'échelle du monde. Il ne s'agit plus seulement de répondre à une menace aux frontières, qui s'est estompée, mais surtout de prévenir, de juguler ou de gérer des crises qui peuvent directement ou indirectement nous affecter.
Ainsi, l'affirmation d'une politique étrangère et d'une politique de défense européennes, crédibles et efficaces, constitue-t-elle l'un des principaux enjeux pour les années à venir. Plutôt que de vouloir étendre à la politique étrangère les procédures communautaires appliquées au marché intérieur ou à la politique de concurrence, ce qui irait contre les réalités nationales, nous pourrions, comme l'a proposé le président de la République, définir, dans une déclaration solennelle, les grands axes de la politique extérieure de l'Union pour les prochaines années prenant le mieux en compte l'intérêt européen dans les situations de crise. D'autre part, afin de mieux identifier les responsabilités entre le Conseil et la Commission et de veiller à une utilisation cohérente des moyens financiers de l'Union, l'Europe pourrait se doter d'une sorte de ministre des Affaires étrangères qui exercerait, auprès du président du Conseil européen tel que l'a proposé le président de la République, les fonctions qui sont aujourd'hui celles du Haut représentant pour la PESC et du Commissaire pour les relations extérieures.
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La construction européenne n'a rien d'inéluctable. Elle repose sur une volonté partagée, une vision, un engagement de confiance et de solidarité. Que la volonté s'affaiblisse, que la vision s'estompe, que la confiance se perde ou que la solidarité vienne à manquer, et l'édifice patiemment bâti commence à se déliter. Comme le rappelait avant la Seconde guerre mondiale le grand historien Nicolas Iorga, dans son ouvrage Byzance après Byzance, les principautés roumaines furent après la chute de Constantinople en 1453 les dépositaires d'une part essentielle de l'héritage européen. La France, dont la culture a été fécondée par tant d'artistes roumains tels Eugène Ionesco, Emile Cioran ou Constantin Brancusi, sait à quel point l'idée de l'Europe, enrichie de sa diversité culturelle, est vivante dans votre pays. Ainsi, grâce à vous, notre Union deviendra davantage encore "européenne".
La Roumanie peut ainsi compter sur la France pour l'accompagner sur le chemin qui la mènera à l'adhésion. Sur ce résultat, je n'ai aucun doute. Je n'ai pas plus de doute sur la force de l'amitié franco-roumaine. Une amitié plus que jamais présente au rendez-vous que l'histoire fixe aujourd'hui à cette nouvelle Europe que nous construisons ensemble.
Je vous remercie de votre attention.
La Roumanie a été écartée du prochain élargissement qui devrait voir entrer dix nouveaux pays dans l'Union au 1 er mai 2004. Les autorités roumaines se fixent donc pour objectif de conclure les négociations d'adhésion en 2004 pour être en mesure d'adhérer à l'Union européenne en 2007.
Toutefois, la principale source de préoccupation tient moins aux négociations proprement dites qu'à l'insuffisante capacité administrative et judiciaire de ce pays à mettre en oeuvre l'acquis communautaire.
Ainsi, si le soutien appuyé de la France à la candidature de la Roumanie doit être poursuivi, il doit avoir pour contrepartie l'engagement du Gouvernement roumain à redoubler d'efforts dans ses préparatifs à l'adhésion.