b) Les associations de supporters, régulatrices de violence ?
Selon certaines analyses 28 ( * ) , grâce aux liens sociaux qu'elles contribuent à produire, les associations sont capables d'exercer un rôle préventif des dérives violentes du supportérisme 29 ( * ) . La ritualisation des formes de discrédit qu'elles pratiquent en direction de l'adversaire pourrait constituer un frein aux agressions réelles. Il apparaît qu'en Angleterre la faible structuration des associations a favorisé la formation de bandes de hooligans. En Italie, il semble également que l'étiolement de certains mouvements « ultras » se soit accompagné d'affrontements de moins en moins ritualisés. Ces mécanismes de régulation et de contrôle endogène ne s'exercent toutefois que si les cadres des associations sont suffisamment anciens et légitimes pour assumer un pouvoir moral sur les troupes. La difficulté de certaines associations pour renouveler les membres fondateurs, peut déboucher sur des scissions, voire sur l'éclatement des organisations, ce qui provoque souvent des conflits entre les nouveaux groupes de supporters.
Il ressort de cette analyse que les associations de supporters sont dans le monde du football des acteurs sociaux incontournables avec lesquels les pouvoirs publics peuvent et doivent négocier. Outre leurs fonctions sociales, elles peuvent en effet constituer de précieux auxiliaires, compte tenu du contrôle qu'elles exercent sur leurs éléments les plus extrémistes. Rien de plus difficile à contrôler en effet pour les forces de police que les individus isolés utilisant les manifestations sportives de masse pour rendre anonymes leurs actes de violence (voir supra , la figure du « casual »).
Ce qui est vrai au niveau du monde du football l'est également au niveau des liens entre les collectivités territoriales et les supporters des équipes locales. Il est important pour un maire de connaître les clubs de supporters et leurs dirigeants, notamment pour des raisons de sécurité, mais surtout parce que ces associations peuvent jouer un rôle important dans le dynamisme social et la notoriété de la ville.
* 28 Voir notamment, O. Le Noé, « Football et violence », Regards sur l'actualité, Juillet/Août 1998.
* 29 Thierry D., le hooligan repenti auditionné par le groupe de travail le 18 avril 2007, a reconnu qu'il avait quitté à deux reprises des associations de supporters, au sein desquelles son souhait d'affronter systématiquement les supporters adverses n'était clairement pas réalisé.