2. Une hiérarchisation renforcée par la rigidification des flux
La persistance de ces hiérarchisations ne s'explique toutefois pas seulement par la seule force des représentations, mais également par la logique de rigidification des flux tenant à des considérations administratives : le nombre de classes ouvertes dans chaque filière ne varie qu'à la marge et à moyen terme.
Cette rigidité de l'offre d'éducation à court terme pèse ainsi d'autant plus sur les choix des élèves que les chefs d'établissement hésitent souvent à maintenir des divisions désertées dans des filières moins prestigieuses, alors que l'ouverture de classes dans les séries les plus demandées se fait beaucoup plus naturellement.
Lorsqu'ils se combinent, ces deux facteurs conduisent à des situations tout à fait étonnantes : que le lycée Lakanal de Sceaux, qui héberge quatre classes de khâgne, ne propose qu'une seule division littéraire en terminale, contre six divisions pour la série scientifique, ne laisse pas de surprendre, tant l'on aurait pu attendre qu'un certain tropisme littéraire puisse régner dans cet établissement ou à défaut, qu'il n'existe pas une telle disproportion entre l'éventail des filières secondaires offertes et celui des formations supérieures accueillies.
Cette même rigidité se constate s'agissant des filières technologiques, dont les effectifs évoluent de manière parallèle à ceux des séries générales, sans qu'aucun transfert significatif de l'une à l'autre ne s'observe à court terme. Une telle stabilité témoigne sans doute de la manière dont l'offre de formation commande pour une part l'orientation effective des élèves.
Données : Ministère de l'éducation nationale
La situation pourrait toutefois évoluer avec la rénovation des filières technologiques tertiaires, celle des filières industrielles tardant à s'opérer alors même qu'elles sont à la fois victimes de la concurrence de la série scientifique générale et de référentiels désormais un peu datés.
En tout état de cause, les contraintes administratives pesant sur l'ouverture et la fermeture de classes contribuent à rendre un peu plus difficile encore le rééquilibrage des filières. Une politique volontariste semble donc s'imposer de ce point de vue.