3. Quelle diplomatie française à l'égard de la Russie ?
L'attitude de la diplomatie française à l'égard de la Russie suscite des interprétations contradictoires . Certains évoquent une forme de complaisance à l'égard des manquements à la démocratie et aux droits de l'homme en Russie, alors que d'autres déplorent, au contraire, la timidité des autorités françaises à l'égard de ce pays.
L'opposition conjointe de la France, de l'Allemagne et de la Russie, à l'intervention militaire américaine en Irak, a également suscité des interrogations chez plusieurs de nos partenaires européens. Certains ont évoqué à cette occasion l'apparition d'un axe « Paris-Berlin-Moscou », susceptible de jouer le rôle de contrepoids à la diplomatie américaine, voire de concurrencer la construction européenne.
A contrario , l'annonce par le Président de la République d'une éventuelle réintégration de la France dans la structure militaire intégrée de l'OTAN en 2009, a donné lieu à des inquiétudes du côté russe. Or, cette décision n'a pas empêché l'opposition de la France et de l'Allemagne, soutenus par les quatre autres « pays fondateurs » de la Communauté européenne (la Belgique, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas), au rapprochement de l'Ukraine et de la Géorgie vers l'OTAN, lors du dernier Sommet de l'OTAN de Bucarest.
En réalité, pour être efficace, la politique étrangère de la France à l'égard de la Russie ne peut que reposer sur un équilibre entre la nécessité d'entretenir un dialogue étroit avec ce pays, qui joue un rôle de premier plan sur la scène internationale, et le rappel non moins nécessaire et sans complaisance de nos valeurs. En effet, isoler la Russie serait contre-productif. C'est au contraire en poursuivant le dialogue et la coopération que l'on pourra renforcer son ouverture et éviter des tensions avec le monde occidental. De même, il ne s'agit pas pour la France de choisir entre l'alliance avec Moscou ou Washington, mais, comme le disait déjà le Général de Gaulle, lors de sa visite à Moscou le 30 juin 1966, de « faire en sorte que notre ancien continent, uni et non plus divisé, reprenne le rôle capital qui lui revient, pour l'équilibre, le progrès et la paix de l'univers ».
L'intérêt de la France est donc de développer une coopération étroite avec la Russie, sans pour autant renoncer à nos valeurs. Entre confrontation et complaisance, il y a un espace pour un discours plus franc avec la Russie.
Mais, pour être réellement efficace, l'action de la France doit nécessairement s'inscrire dans le cadre de l'Union européenne . En effet, c'est en parlant d'une seule voix, que les vingt-sept Etats membres parviendront à établir un véritable partenariat avec la Russie. Or, la France a un rôle important à jouer pour inciter ses partenaires européens à renforcer les relations avec la Russie, en vue d'établir un véritable partenariat stratégique.
A cet égard, la présidence française de l'Union européenne au deuxième semestre de l'année 2008 représente une réelle opportunité . En effet, c'est sous présidence française que devraient débuter les négociations sur le nouvel accord de partenariat. Le renforcement des relations avec la Russie devrait donc constituer une forte priorité de la prochaine présidence française de l'Union européenne, et, au-delà, de la politique étrangère de notre pays.