III. UN SYSTÈME DE RETRAITE GLOBALEMENT PEU REDISTRIBUTIF ET QUI ENGENDRE DE LA PAUVRETÉ

Le taux de remplacement offerts par les trois piliers du système de retraite semble, on l'a indiqué, se comparer avec celui des pays de l'OCDE où les régimes de retraite sont plutôt publics .

Cependant , ce taux est un taux estimé sur la base d'agrégats et ne rend compte que d'une situation moyenne .

Les caractéristiques du système de retraite américain , qui n'est universel que pour une partie minoritaire de ses engagements, laisse à penser que la distribution des revenus qu'il dispense est, au mieux, neutre au regard du critère de redistributivité et qu'il engendre des situations de pauvreté .

A. UN SYSTÈME AU MIEUX NON REDISTRIBUTIF

La redistributivité du système est probablement au mieux nulle. En fait, il y a tout lieu de soupçonner que le système est anti-redistributif pour des raisons expliquées ci-dessous.

Le premier pilier , le pilier public , est certes très nettement redistributif . Cependant, les deux autres piliers sont plutôt anti-redistributifs : les fonds de pension versent des prestations en lien avec les cotisations (excepté pour les fonds à prestations définies qui avantagent certains salariés quand les prestations sont prévues sur des bases trop optimistes) ; les produits de l'épargne individuelle sont probablement progressifs avec le revenu dès lors que la propension à épargner augmente avec le revenu.

L'essentiel des propriétés antiredistributives des deux derniers piliers du système vient de ce qu'ils ne sont pas universels. Leurs bénéfices, marqués par des inégalités, sont , pour une partie importante, liés à des contingences - la carrière professionnelle, le niveau de revenu - qu'elles amplifient .

Les systèmes privés de retraite se différencient des systèmes publics par un moindre degré de tutelle exercée par les pouvoirs publics : l'obligation d'assurance en est allégée ce qui renforce sans doute la liberté mais il est aussi notable que celle-ci ne profite pas également à tous .

B. UN SYSTÈME QUI PRODUIT DE LA PAUVRETÉ

De ces particularités, il résulte que non seulement le système de retraite des États-Unis est probablement globalement non (voire anti) redistributif, mais encore qu'il est à l'origine de phénomènes de pauvreté.

TAUX DE PAUVRETÉ RELATIF DES PERSONNES ÂGÉES (2000)

Source : OCDE

Une particularité très forte de la situation des retraités aux États-Unis doit être soulignée afin de saisir la dimension redistributive du système de prévoyance du « risque » de retraite dans ce pays : la très forte place qu'occupent les salaires dans l'équilibre financier des ménages comportant un retraité .

REVENUS DES RETRAITÉS PAR ORIGINE (EN %)

Canada

Allemagne

Pays-Bas

Norvège

Suède

Royaume-Uni

États-Unis

Ménages comptant un retraité entre 65 et 74 ans

Salaire

20,1

17,5

5,3

28,2

14,9

18,9

39,2

Investissement 1

11,8

7,5

6,2

7,7

8,9

12,5

15,1

Pension de retraite 2

28,6

13,1

40,5

14,7

14,5

24,3

15,3

Prestations sociales 3

39,5

62,0

48,0

49,4

61,8

44,3

30,3

Ménages comptant un retraité de + de 75 ans

Salaire

6,0

5,7

7,4

7,7

2,9

10,6

21,8

Investissement 1

17,1

9,0

5,6

9,7

8,3

11,9

18,9

Pension de retraite 2

28,8

16,1

33,3

15,2

11,8

19,7

16,6

Prestations sociales 3

48,1

69,3

53,7

67,4

76,9

57,1

42,7

1 Revenus du patrimoine individuel
2 Revenus du deuxième pilier du système de retraite
3 Revenus du système public de retraite

Source : Steven Prus et Robert Brown, 2006 « Income inequality over the Later-life course : A comparative analysis of seven OECD Countries », WP 435, Luxembourg Income Studies.

Le premier pilier du système de retraite des États-Unis assure moins de la moitié des revenus des ménages comptant un retraité et que les deux autres piliers du système représentent environ un tiers de ces revenus , à peu près moitié-moitié.

Aussi, les ménages avec un retraité de 65 à 74 ans doivent compter sur les salaires d'activité pour environ 40 % de leur revenu.

Les prestations sociales , où figurent parmi d'autres allocations les pensions du régime public de retraite, ne représentent que moins d'un tiers de ce revenu , tandis que les pensions de retraite d'entreprise et les produits du patrimoine individuel forment un dernier tiers.

Ces chiffres incluent le salaire des conjoints qui peuvent ne pas être retraités. Ainsi, si on ne peut en déduire systématiquement que les retraités doivent maintenir une activité aux États-Unis pour compenser la faiblesse du niveau des prestations de vieillesse, il n'empêche que la comparaison avec les autres pays et le maintien pour les ménages comptant un retraité au-delà de 75 ans d'un niveau élevé de revenus salariaux confirment la contrainte financière que subissent globalement les ménages américains âgés, du fait du faible niveau de leurs retraites, ou du moins de certains d'entre eux.

Cette contrainte financière conduit à nuancer les conclusions auxquelles conduit le constat d'une relative homogénéité globale du niveau total des dépenses de retraite aux États-Unis et du taux de remplacement de ces systèmes avec le reste de l'OCDE.

Le développement des piliers privés de retraite profite sans doute beaucoup plus inégalement à la population que les systèmes publics ne le font .

Malgré un niveau total de dépenses de l'ordre de celui de l'OCDE, le système de retraite aux États-Unis s'accompagne, en effet, de performances sociales qui paraissent très inférieures aux autres pays, du moins sous l'angle de la pauvreté.

Le taux de pauvreté relatif des personnes âgées aux États-Unis en 2000 est à peu près le triple de ce qu'il est en France et en Allemagne .

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