b) ... dont les termes se brouillent quand on considère le long terme
Ce clivage sur les effets de court terme des dépenses publiques est beaucoup moins présent quand le long terme est abordé . Le rôle des dépenses publiques sur le partage structurel entre consommation et épargne n'est pas réellement considéré par les économistes qui semblent ne pas s'intéresser directement à une question qui, pourtant, les divise fortement quand ils analysent le temps court.
On peut d'abord se demander pourquoi, si la relation établie à court terme qui attribue à une augmentation des dépenses publiques une hausse du taux d'épargne est vraie, on ne vérifie pas que des pays connaissant des niveaux différents de dépenses publiques n'ont pas systématiquement des taux d'épargne disparates.
La réponse à cette interrogation renvoie à l'idée que les comportements d'épargne sont déterminés par des préférences structurelles.
- En premier lieu, le théorème d'Haavelmo , qui repose sur une relation négative entre augmentation des dépenses publiques et taux d'épargne, n'est valide qu'à court terme . Une fois que le niveau de la production a augmenté suite à une hausse des dépenses publiques, les revenus supplémentaires distribués aux agents sont l'objet d'un arbitrage entre épargne et consommation qui répond à des comportements structurels.
Le taux d'épargne des agents antérieur à l'augmentation des dépenses publiques résulte d'une préférence structurelle et il doit augmenter après une baisse qui n'aura été que transitoire et due à l'augmentation de court terme du poids des dépenses publiques.
- En second lieu, les déterminants de l'épargne sont divers, et discutés, mais, lorsqu'on les envisage d'un point de vue structurel 72 ( * ) , ils ne comportent jamais de liaison univoque et directe avec les dépenses publiques .
Ce n'est qu'en empruntant des cheminements indirects qu'on suppose une telle relation, qui, en toute hypothèse, n'est jamais exclusive.
Tout invite donc à examiner l'impact des dépenses publiques sur le taux d'épargne en fonction de considérations concrètes relatives, d'une part, à la nature des dépenses publiques (consommation, investissement, transferts...), et, d'autre part, à leur effet sur le niveau et la distribution du revenu plutôt que d'attribuer abstraitement aux dépenses publiques un effet négatif sur le taux d'épargne comme le font les approches théoriques mentionnées plus haut.
On peut illustrer le bien-fondé d'analyses plus empiriques à partir de quelques exemples suivants.
* 72 Par opposition au point de vue conjoncturel qui tient compte d'éventuels déséquilibres économiques.