b) Un contenu différencié

L'approche de la pénétration des importations par le quotient M/PIB fait perdre de l'information sur les motifs et les incidences économiques des importations. En effet, quand on la suit, on néglige en premier lieu de prendre en compte des situations très différenciées selon le type de produit.

Si l'on souhaite évaluer la pénétration d'un produit en particulier, il convient d'inclure au dénominateur, outre les agrégats C, G et I se rapportant au produit, les consommations intermédiaires (CI) de ce produit. Ces dernières peuvent être massives en cas de transformation intérieure et, sans les prendre en compte au dénominateur, on aboutirait à des taux de pénétration excédant 100 % concernant certains intrants ne se prêtant pas directement à une consommation finale 16 ( * ) .

Dans l'étude annexée, l'OFCE calcule ainsi un taux de pénétration par produit , qui rapporte les importations d'un produit k à la somme de la consommation finale des ménages (C k ), de la consommation publique (G k ), de l'investissement (I k ) et des consommations intermédiaires (CI k ) de ce produit.

Les taux de pénétration ainsi calculés ne doivent pas être directement rapprochés du taux général de pénétration (avoisinant 27 % en 2006), mais plutôt du rapport entre les importations et la demande (consommation des ménages et des administrations, investissement et exportations) adressée en France (21 % en 2006). Il faut encore rappeler que ce dernier rapport est obtenu sans inclure les consommations intermédiaires au dénominateur. Ainsi, la moyenne des taux de pénétration calculés pour l'ensemble des produits importés, une fois pondérée, qui colle de plus près à la destination finale des importations, ne saurait lui être comparée sans garder à l'esprit cette dernière propriété ( infra ).

Les données permettant le calcul de l'OFCE figurent sur le « tableau d'entrées-sorties » (TES) de la Comptabilité nationale. Sur le TES répertoriant 40 branches -le « TES 40 » 17 ( * ) -, 13 groupes de produits ont été identifiés par l'OFCE et, sur la base du « TES 118 », 22 groupes de produits.

Les taux de pénétration observés pour ces groupes de produits (cf. graphiques 1a et 1b en annexe) font apparaître deux ensembles de produits : d'une part, l'agriculture et l'industrie alimentaire , avec des taux qui gravitent autour de 8 % à 10 % et d'autre part, l' ensemble des autres produits , avec des taux le plus souvent compris entre 20 % et 40 % (par exemple, à peine plus de 20 % pour les meubles, plus de 35 % pour l'automobile et près de 40 % pour les produits textiles). Pour les produits industriels , la part des produits importés excède généralement le tiers .

* 16 L'exemple le plus net est celui des hydrocarbures : la comptabilité nationale distingue le secteur de l'extraction d'hydrocarbures et celui du raffinage. Dans le secteur de l'extraction d'hydrocarbures, la quasi-totalité des ressources provient des importations, et la quasi-totalité des emplois s'effectue en consommations intermédiaires, puisque la consommation concerne les produits raffinés. Sans tenir compte des consommations intermédiaires au dénominateur, on obtiendrait donc un taux de pénétration très élevé. Au niveau sectoriel fin, il est donc préférable de prendre en compte les consommations intermédiaires pour ne pas trop biaiser le calcul du taux de pénétration dans les secteurs produisant un taux élevé de produits bruts à usage de consommation intermédiaire.

* 17 Le tableau d'entrées-sorties (TES) est l'un des tableaux constitutifs des comptes nationaux. Il analyse chacun des produits de la nomenclature selon son origine (production nationale ou importations) et sa destination (consommation intermédiaire, consommation finale, exportation ou, investissement). En outre, pour chaque branche, le TES établit la valeur ajoutée, égale à la production moins les consommations intermédiaires. Les comptes nationaux produisent un TES subdivisé en 40 branches et un TES subdivisé en 118 branches. On rappelle qu'une branche (ou branche d'activité) regroupe des unités de production homogènes, c'est-à-dire qui fabriquent des produits (ou rendent des services) qui appartiennent à la même catégorie de la nomenclature d'activité économique considérée (à l'inverse, un secteur regroupe des entreprises classées selon leur activité principale).

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