3. La composition des ressources des jeunes est un facteur d'inégalités
Les jeunes ont peu de revenus d'activité et de revenus du patrimoine. Ils ne bénéficient que très faiblement des dispositifs de minima sociaux. Les aides parentales constituent la principale ressource des étudiants avant 24 ans. |
Les jeunes (18-24 ans) bénéficient en moyenne d'un revenu annuel moyen avant impôt qui s'élève à 17 608 euros. Ce revenu est constitué à 83 % de revenus d'activité, à 9,1 % de prestations familiales et logement, à 2,2 % de minima sociaux et à 1,5 % de revenus du patrimoine. Par comparaison, pour l'ensemble de la population, les revenus du patrimoine représentent 10,8 % d'un revenu annuel moyen égal à 35 885 euros.
On observera que les enquêtes sur les revenus fiscaux et sociaux, réalisées par l'INSEE, qui permettent également d'établir les taux de pauvreté monétaires mentionnés plus haut, n'incluent toutefois pas dans leur champ les ménages dont la personne de référence est étudiante , car leurs ressources sont jugées difficiles à appréhender par le prisme des déclarations fiscales.
Composition du revenu avant impôt selon
l'âge de la personne de référence du ménage
(revenu annuel moyen avant impôt en euros)
Note de lecture : Le revenu considéré n'inclut pas la prime pour l'emploi qui varie, en moyenne, entre 0,1 et 1,0 % du revenu selon le type de ménage. Les pensions incluent les retraites mais aussi les pensions d'invalidité et les pensions alimentaires nettes (déduction faites des pensions versées) et les rentes viagères (à titre gratuit et onéreux). Dans les minima sociaux, il y a le minimum vieillesse, l'AAH, le RMI et l'API.
Champ : ménages vivant en France métropolitaine dont la personne de référence n'est pas étudiante et dont le revenu déclaré est positif ou nul.
Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2006.
Pour pallier les lacunes des données issues des sources fiscales et sociales, une enquête spécifique avait été réalisée en 1997 par l'INSEE (enquête « Jeunes et Carrières »). Elle avait permis d'établir l'importance des aides familiales 65 ( * ) , notamment pour les ménages étudiants : entre 19 et 24 ans, neuf ménages étudiants sur dix bénéficiaient alors d'une aide régulière de leur famille. D'après cette enquête, les aides de la famille étaient la principale source de revenu des ménages étudiants (à hauteur de 73 %, y compris aides au logement et à l'alimentation, parfois versées en nature), alors qu'elles ne représentent que 19 % du revenu des chômeurs ou inactifs, davantage tributaires des revenus sociaux (à hauteur de 35 % de leur revenu total). Cette enquête ancienne (1997), qui concerne l'ensemble des ménages jeunes, ne permet toutefois pas de prendre la mesure des évolutions qui se sont produites au cours de la dernière décennie, notamment l'augmentation du travail étudiant.
Si la situation des étudiants fait l'objet d'enquêtes, de la part de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE), la situation des jeunes non étudiants est aujourd'hui beaucoup plus difficile à évaluer .
S'agissant des étudiants, les enquêtes triennales de l'OVE permettent d'évaluer leurs conditions de vie. Ainsi, en 2006 :
- un peu plus du tiers des étudiants déclarent percevoir un revenu régulier de la part de leur famille durant toute l'année ;
- un quart ne perçoit, en revanche, aucun versement.
Par ailleurs, 27 % des étudiants jugent leurs ressources insatisfaisantes.
D'après cette étude, les versements parentaux représentent 34 % des ressources mensuelles des étudiants, soit 196 euros par mois sur un total de 582 euros par mois en moyenne . La première source de revenu des étudiants est le travail rémunéré (225 euros par mois). Les aides de la collectivité s'élèvent en moyenne à 161 euros par mois.
La part des versements parentaux décroît avec l'âge : elle constitue le premier poste de ressources des étudiants avant 24 ans.
Pour la tranche d'âge 16-25 ans, les versements parentaux sont donc bien la première source de revenus des étudiants.
L'origine des ressources des étudiants (tous âges confondus)
Note : Aide de la collectivité = bourse sur critère sociaux + allocation d'études + allocation logement
Source : OVE
L'origine des ressources des étudiants en fonction de leur âge
Source : OVE
LES LACUNES DE LA MESURE DU NIVEAU DE VIE DES JEUNES La pauvreté monétaire n'est pas un outil complètement pertinent pour repérer les jeunes les plus défavorisés : - En premier lieu, l'enquête n'inclut pas dans son champ les individus appartenant à des ménages dont la personne de référence est étudiante. Il est en effet extrêmement difficile de mesurer le niveau de vie réel des étudiants à partir du moment où ils ont leur propre logement, tout en faisant largement budget commun avec leurs parents. Les déclarations fiscales indiquent des montants de transferts qui dépendent davantage des règles fiscales en vigueur que de réels transferts monétaires. C'est pourquoi l'étudiant personne de référence de son ménage est exclu du champ de l'enquête revenus fiscaux. - Par ailleurs, jusqu'à très récemment, les revenus du patrimoine étaient mal couverts par l'enquête « Revenus fiscaux », ce qui conduit à sous-estimer les inégalités. Les jeunes ayant relativement peu de revenus du patrimoine, la part des personnes jeunes au sein des ménages situés sous le seuil de pauvreté est sous estimée. - Enfin, la jeunesse est une période de modifications rapides : le niveau de vie des jeunes est par conséquent sujet à de fortes fluctuations au cours d'une même année. De façon générale, les études sont une période d'investissement pendant laquelle on peut accepter de vivre provisoirement avec des revenus faibles, en contrepartie de la perspective d'un salaire élevé. Même si l'indicateur de pauvreté monétaire était exhaustif, on ne pourrait pas comparer la situation des étudiants et celle des jeunes qui ont dû interrompre leurs études faute de moyens pécuniaires, alors même que ces derniers peuvent avoir provisoirement un niveau de vie supérieur à celui des jeunes en cours d'études. Des enquêtes spécifiques sont donc utiles. En 1997, l'INSEE avait réalisé l'enquête « Jeunes et carrières », qui n'a pas été renouvelée depuis cette date. Pour les étudiants, l'Observatoire de la vie étudiante réalise des enquêtes tous les trois ans. En revanche, il est beaucoup plus difficile de connaître précisément la situation des non étudiants. |
* 65 « Les étudiants sont les plus aidés par leur famille » (Isabelle Robert-Bobée, INSEE Première, n° 826, février 2002).