4. Le consensus social allemand écorné
L'une des clefs du modèle social allemand, la cogestion , a sans doute permis les réformes courageuses de 2001 et les adaptations de 2004. En revanche, à partir de cette date et, en particulier, à partir de la décision de 2007 de reporter l'âge légal de départ à la retraite, le consensus social s'est gravement effrité .
Les échanges avec les représentants des syndicats, du patronat et du ministère fédéral des affaires sociales et du travail ont en effet révélé de profondes divergences de vues entre les partenaires sociaux .
La Confédération allemande des syndicats (DGB) a rappelé que les syndicats, bien qu'étant opposés sur le fond à la réforme « Riester », ont fait preuve de leur sens des responsabilités et renoncé à protester. Les modifications du système de retraite se sont ensuite enchaînées sans qu'ils n'aient réellement eu leur mot à dire. Ainsi, le relèvement de l'âge légal a été acté par l'exécutif, sans véritable concertation avec les syndicats, qui y étaient d'ailleurs fermement opposés. La méthode de réforme, à l'oeuvre depuis le début des années 2000, est ouvertement critiquée par les organisations professionnelles de salariés qui la jugent créatrice de « stress permanent » pour les assurés.
Les représentants du patronat , pour leur part, ont admis qu'il n'y a pas eu de consensus possible entre les syndicats et les employeurs sur la question du report de l'âge légal et qu'en conséquence, le passage en force de l'exécutif était inéluctable. Depuis, chacun campe sur ses positions.
Les interlocuteurs au ministère du travail ont estimé que l'âge légal de départ à la retraite est un sujet de clivage profond entre les partenaires sociaux et que toutes les tentatives de parvenir à un consensus de la part des pouvoirs publics ont été vaines. Alors que les employeurs ont immédiatement apporté leur soutien à la mesure, les syndicats l'ont combattue avec force. D'ailleurs, leur résistance à cette mesure perdure aujourd'hui puisqu'ils proposent d'y revenir et de mettre en oeuvre d'autres solutions pour garantir la pérennité financière du système de retraite, telles que le relèvement du plafond de taux de cotisations ou l'élargissement de l'assiette des cotisations.
De l'avis des représentants du ministère, le seul consensus qui existe actuellement entre le gouvernement et les partenaires sociaux en matière de retraite porte sur la nécessité de promouvoir l'emploi des seniors .