2. Selon le secteur ? Une incidence moindre qu'attendu
Vos rapporteurs ne peuvent que rejoindre les conclusions de la mission d'information 146 ( * ) sur le mal-être au travail et la commission des affaires sociales du Sénat, selon lesquelles « le phénomène du mal-être est général .
« Il est répandu tant dans le secteur public que dans le secteur privé et touche les salariés de l' industrie comme des services . Il concerne les jeunes , qui rencontrent souvent des difficultés d'insertion professionnelle, comme les seniors , dont la capacité de résistance peut être émoussée.
« La situation des agriculteurs est l'une des mieux étudiée au travers de l'enquête Eva (Vieillissement en agriculture), menée par la mutualité sociale agricole (MSA) auprès des salariés agricoles. Elle a établi un lien entre l'insuffisance ressentie de la reconnaissance du travail accompli, la consommation de psychotropes et la fréquence des consultations médicales.
« Le mal-être ne concerne pas seulement les salariés mais également les chefs d'entreprise , qui peuvent eux-aussi être soumis à un stress intense ou épuisés par le travail ».
Si l'industrie se prête plus spontanément que les services à des organisations du travail en flux tendu, l' application des principes toyotistes au secteur tertiaire a effectivement tendu à se généraliser depuis les années quatre-vingt-dix ( supra ).
Il en résulte aujourd'hui, suivant une terminologie adoptée par certains observateurs, un nouveau « taylorisme des services », dont les centres d'appel fournissent une illustration emblématique. La standardisation y passe généralement par l'obligation faite aux salariés de suivre un script pendant leurs conversations avec les clients, leur expression se trouvant dépersonnalisée et « mécanisée », parfois jusqu'à l'absurde 147 ( * ) .
3. Selon l'appartenance socio-professionnelle ? Un déséquilibre d'ampleur comparable
Il semble qu'employés et cadres soient potentiellement tout aussi vulnérables, le curseur étant simplement placé différemment sur l'échelle de l'autonomie et des contraintes organisationnelles et de performance.
Toutes les catégories de personnels peuvent souffrir des conséquences de la « lean production », avec un rapport « contraintes de résultat et organisationnelles / autonomie » également défavorable, numérateur et dénominateur tendant à se trouver simultanément majorés pour les cadres.
Cependant, ces derniers sont plus particulièrement amenés à souffrir du stress résultant de la superposition des contraintes professionnelles, qui tendent en outre, pour ces derniers, à engendrer une certaine confusion des temps sociaux. En revanche, seuls les ouvriers et les employés du tertiaire peuvent être amenés à composer avec une organisation taylorienne
* 146 Rapport d'information n° 642 (2009-2010) de M. Gérard DÉRIOT, fait au nom de la Mission d'information sur le mal-être au travail et de la commission des affaires sociales du Sénat, déposé le 7 juillet 2010
* 147 Rapport op. cit. de M. Gérard DÉRIOT.