2. La progression de l'implantation syndicale
Le constat du déclin syndical doit néanmoins être nuancé par un examen de l'implantation syndicale, qui a, pour sa part, progressé . Ainsi, en 2005 :
- 56 % des salariés déclarent qu'un ou plusieurs syndicats sont présents dans leur entreprise ou leur administration, contre 50,3 % en 1996 ;
- 41 % des salariés des entreprises et des administrations déclarent être couverts par un syndicat sur leur lieu de travail, contre 37,5 % en 1996.
Par ailleurs, 90 % des salariés en France sont couverts par une convention collective , ce qui signifie que de nombreux salariés profitent des avantages du syndicalisme sans en payer le prix, le modèle français de représentation des salariés incitant à des comportements de « passagers clandestins ».
LA SYNDICALISATION DANS LE SECTEUR PRIVÉ (PÉRIODE 2001-2005)
% de salariés syndiqués |
% de salariés avec syndicat sur le lieu de travail |
|
Industrie |
6,1 |
53,4 |
BTP |
2,2 |
17,5 |
Commerce |
2,8 |
20,4 |
Transports, télécommunications |
5,6 |
44,4 |
Banque, assurance |
8,9 |
47,4 |
Services aux entreprises |
4,2 |
24,5 |
Éducation, santé, action sociale (secteur privé) |
7,0 |
37,9 |
Hôtels, cafés, restaurants, services aux particuliers |
4,6 |
11,8 |
Source : INSEE, DARES
Si la France a le plus faible taux de syndicalisation observé dans l'UE, le pourcentage de salariés pour lesquels un syndicat est présent dans l'entreprise (ou l'administration) y est en revanche supérieur à la moyenne européenne.
Les disparités de taux de syndicalisation en Europe, largement dépendantes des contextes historiques et juridiques nationaux, doivent donc être interprétés avec prudence.
Le faible taux de syndicalisation français résulte pour partie du fait que la France n'a pas opté pour un syndicalisme de services , comme celui des pays scandinaves et de Belgique, par exemple. Ainsi, en France, les syndicats négocient pour l'ensemble des salariés et non pour leurs seuls adhérents. Les règles de représentativité instaurées dans l'après guerre (1950), limitant le pluralisme syndical, et permettant la signature d'accords par des syndicats minoritaires, n'ont pas favorisé la recherche par les syndicats de nouveaux adhérents. Ceux-ci ont privilégié un développement par l'implantation dans le plus grand nombre d'entreprises, plutôt que par l'adhésion du plus grand nombre de salariés.
Aux facteurs économiques et sociaux du déclin syndical il faut donc ajouter les déterminants institutionnels, dont le rôle est probablement essentiel.