B. DEUXIÈME AXE : FAIRE DE LA CULTURE INDUSTRIELLE, DE L'INNOVATION ET DE L'ÉCONOMIE VERTE UN AVANTAGE COMPÉTITIF DÉCISIF
La mission a reçu de nombreux témoignages, au cours de ses auditions comme de ses déplacements, portant sur la désaffection pour les études techniques ainsi que sur la perte de prestige des formations industrielles face aux carrières dans le domaine financier pour les jeunes ingénieurs français. À l'inverse, l'industriel Robert Bosch GmBH, rencontré en Allemagne, a indiqué que le prestige de l'entreprise leur permettait de parvenir toujours à attirer les jeunes techniciens ou ingénieurs.
Il paraît donc urgent à la mission de restaurer la culture industrielle qui a permis, parfois grâce à de brillants inventeurs et entrepreneurs, parfois sous l'impulsion d'un État stratège, de développer des secteurs d'excellence qui constituent aujourd'hui encore les fondements de son industrie.
Cette culture industrielle doit se fonder sur la formation et les liens entre l'entreprise et le secteur de l'éducation, notamment via l'apprentissage.
De même, la recherche et plus largement l'innovation apparaissent comme des paramètres essentiels de la compétitivité industrielle, qu'il s'agisse d'inventions ou de perfectionnements technologiques, mais aussi d'améliorations de processus ou de protection des brevets et des savoir-faire.
Enfin, parmi les secteurs innovants, l'économie verte apparaît dotée d'un avenir particulier. Stratégique pour l'évolution du climat comme pour l'indépendance énergétique nationale, elle peut être porteuse d'emplois et créatrice de valeur. Grâce aux capacités de la France en matière de recherche et aux champions nationaux dont elle dispose déjà dans certains secteurs, les éco-industries peuvent, si on leur en donne les moyens, assurer la mission de génération d'innovation et d'exportation qui a toujours été le rôle même de l'industrie.
C. TROISIÈME AXE : LES TERRITOIRES AU CENTRE DES POLITIQUES INDUSTRIELLES
Comme son intitulé l'indique, la mission, fidèle au rôle de représentation des collectivités locales du Sénat, s'est particulièrement intéressée aux liens entre l'industrie et les territoires.
Si l'État conserve un rôle normatif et d'impulsion, la décentralisation a confié aux territoires la responsabilité de leur propre développement. Non seulement la politique industrielle doit être adaptée aux territoires, mais elle doit être fondée sur la prise en compte de leur action propre.
Les entreprises considèrent, dans leurs choix d'implantation, les avantages compétitifs que peut leur apporter chaque territoire. Ceux-ci sont de plusieurs natures :
- les avantages financiers : la compétitivité dépend des coûts de production, de la fiscalité ;
- les avantages non financiers : par le système de formation, la qualité de la main d'oeuvre ou la tradition industrielle locale, certaines régions et certains pays sont plus favorables que d'autres à l'innovation.
La concurrence joue ainsi entre les pays : l'Allemagne a amélioré sa compétitivité en maîtrisant ses coûts de production mais aussi en augmentant la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ce qui permettait de réduire la part relative des entreprises dans le financement des dépenses collectives.
Les territoires offrent également des effets d'agglomération, décrits par l'économiste Alfred Marshall : la proximité physique des fournisseurs, des clients et d'un personnel qualifié au sein d'un même bassin de vie permet de réaliser des économies d'échelles au sein d'une filière.
La mission a ainsi pu constater au cours de ses déplacements que la filière aéronautique en Midi-Pyrénées, les pôles de compétitivité dans l'ensemble de la France, les « districts industriels » en Italie sont des lieux de rencontre où les PME, les établissements de recherche ou de formation peuvent se rencontrer pour engager une dynamique de développement par la mutualisation des moyens.