III. L'INDUSTRIE FRANÇAISE SURCLASSÉE PAR SA CONCURRENTE ALLEMANDE

Alors que l'Allemagne a une structure sociale proche de celle de la France, elle est parvenue à conserver une position très favorable dans les échanges mondiaux . Avec seulement 82 millions d'habitants, ce pays demeure le deuxième exportateur mondial, devant les États-Unis et derrière la Chine qui ne l'a dépassée que depuis 2009. La mission s'est rendue à Stuttgart, capitale du Land de Bade-Wurtemberg, afin de mieux appréhender le « modèle » allemand.

A. LA FRANCE MAL PLACÉE EN EUROPE

La dégradation relative des résultats de l'industrie française est manifeste, pas seulement vis-à-vis de l'Allemagne.

Le rapport publié à l'occasion des États généraux de l'industrie 35 ( * ) le souligne : le secteur manufacturier pèse moins désormais dans la valeur ajoutée en France que dans la plupart des autres pays européens. Il représente 16 % de la valeur ajoutée marchande alors que la moyenne dans les pays de la zone euro s'établit à 22,4 % et que cette proportion se maintient à 30 % chez notre voisin d'outre-Rhin.

Comme le montre le graphique précédent, le recul de la part de l'industrie manufacturière dans la valeur ajoutée marchande (- 6 points) a été plus marqué en France, depuis 1999, que chez tous nos partenaires de l'Union européenne. Ce pourcentage est aujourd'hui le plus faible (avec celui du Royaume-Uni) de tous les pays concernés.

En même temps, le recul de l'emploi industriel dans l'ensemble de la population active touche davantage la France que la plupart des autres États européens.

Concernant l'évolution de nos échanges extérieurs, le solde de notre balance des biens est devenu déficitaire en 2000 et le reste depuis (seuls les biens d'équipement et les industries agro-alimentaires dégagent un excédent).

La part, sur notre marché intérieur, des produits français est passée de 76 % en 1995 à 67 % en 2005.

Cette évolution, en soi, n'est pas anormale : mise à part l'Allemagne, tous les grands pays industrialisés sont confrontés à une baisse de leur part de marché à l'exportation face à la concurrence des pays émergents.

Mais c'est l'accélération de cette tendance qui est préoccupante dans le cas de la France ainsi que le fait que nos performances soient inférieures à celles non seulement de l'Allemagne mais aussi de l'ensemble des pays de la zone euro, soumis aux mêmes contraintes de taux de change.

Comme le montre le graphique suivant, les exportations françaises représentent, en effet, une part décroissante de celles de la zone euro, même en ne prenant pas en considération l'exception allemande.

Un recul continu des parts de marché français à l'exportation par rapport à la zone euro même hors Allemagne


* 35 Jean-François Dehecq, Diagnostic de l'industrie française , Problèmes économiques, 29 septembre 2010.

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