2. Préserver et valoriser le patrimoine naturel des Antilles
Comme l'indique Atout France, l'enjeu de la préservation et de la valorisation du patrimoine naturel est essentiel dans une optique de tourisme durable : « on entend par développement du tourisme durable toute forme de développement de cette activité touristique qui respecte, préserve et met en valeur à long terme les ressources naturelles , culturelles et sociales d'un territoire » 116 ( * ) .
Il est tout d'abord indispensable de trouver un équilibre entre protection de l'environnement et fréquentation touristique , car comme l'indique Mme Stéphanie Bessière, « le tourisme est sans conteste une menace importante pour l'environnement naturel » 117 ( * ) .
Pour l'heure cependant, les personnalités rencontrées par votre rapporteur au cours de ses travaux ont, à l'exemple de Mme Agnès Weil, directrice du développement durable du Club Med, souligné que le tourisme antillais n'a pas atteint un développement tel qu'il ferait peser une menace sur les sites naturels .
Si certains sites paraissaient à l'avenir menacés par une surexploitation touristique, votre rapporteur estime qu'il pourrait être utile d'en limiter l'accès en rendant ce dernier payant , comme l'a évoqué lors de son audition en Martinique M. Johann Villeronce.
S'agissant de la mise en valeur du patrimoine naturel, votre rapporteur estime que des progrès restent à faire : cette mise en valeur reste en effet insuffisante .
Il apparaît notamment que la mise en valeur et l'entretien des plages sont insuffisants, comme l'ont souligné les socioprofessionnels de la Guadeloupe ainsi que M. Jean-Jacques Jérémie, président du Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement (CCEE) du même département lors de leur audition par votre rapporteur.
De même, il apparaît que le patrimoine naturel du Nord de la Martinique est insuffisamment mis en valeur, comme l'ont noté les universitaires martiniquais rencontrés par votre rapporteur. Atout France le souligne également « l'offre touristique dans le Nord de l'île souffre d'un manque de mise en valeur : de nombreux sites sont non aménagés ou manquent d'entretien, les sites et les acteurs travaillent peu en réseau, peu de boutiques et restaurants » 118 ( * ) .
Votre rapporteur tient cependant à noter que des actions sont menées, certes sans coordination, par différents acteurs, à l'exemple notamment du Conservatoire du littoral, qui mène une action importance de mise en valeur du patrimoine naturel .
Le credo du Conservatoire, créé en 1972 dans une optique de sauvegarde des espaces naturels et des paysages, est le suivant : « protection et développement ne sont pas nécessairement antagonistes, mais peuvent et doivent se réconcilier dans une recherche permanente d'équilibres » 119 ( * ) .
En outre-mer, il mène une politique importante de reconquête du littoral : sur les 250 kilomètres de côtes qui lui ont été confiés depuis 2003, les deux tiers sont en voie de reconquête, comme l'a souligné M. Jérôme Bignon, président du conseil d'administration du Conservatoire, lors de son audition par votre rapporteur.
De même, le Conservatoire mène une action importante de mise en valeur des mangroves : il « a engagé dans chaque DOM des actions pilotes en faveur de la découverte de ces milieux et de la pédagogie de l'environnement (parcours de découverte, fascicules pédagogiques, animations...). Ces aménagements très fréquentés (35 000 visiteurs annuels en Martinique), permettent de diversifier l'offre de détente pour les touristes, par des activités de culture technique et scientifique de pleine nature » 120 ( * ) .
Cette action a donc un impact important en matière de tourisme : les enquêtes menées en Martinique soulignent que les touristes, quel que soit le type de tourisme qu'ils pratiquent, sont friands des sites du Conservatoire.
L'action du Conservatoire est jugée essentielle tant par M. Eric Legrigeois, directeur de l'équipement, de l'aménagement et du logement (DEAL) en Martinique, que par M. Jean-Jacques Jérémie, président du CCEE de Guadeloupe.
Votre rapporteur salue l'action menée par le Conservatoire du littoral : elle pourrait utilement s'intégrer davantage dans la stratégie touristique de chacun de ces départements .
Votre rapporteur note par ailleurs qu'un décret du 28 octobre 2010 121 ( * ) devrait également assurer une meilleure mise en valeur du littoral : ce décret devrait permettre l'interconnexion des sentiers littoraux et l'accès des touristes à la plage. Comme l'indique le Conservatoire du littoral, désormais « les départements d'outre-mer (...) peuvent se doter de programmes ambitieux d'aménagement des sentiers du littoral. Beaucoup de secteurs littoraux privés étant restés jusqu'à présent totalement fermés aux visiteurs » 122 ( * ) .
Cette évolution positive est à rapprocher de la mobilisation des conseils généraux des deux départements en matière d'entretien des sentiers de randonnée, dans le cadre des plans départementaux des itinéraires de promenade et de randonnée pédestre (PDIPRD), soulignée lors de leurs auditions respectives par nos collègue Claude Lise et Jacques Gillot.
Enfin, votre rapporteur note qu'afin d'assurer une réelle mise en valeur du patrimoine naturel, encore faut-il que ce patrimoine soit connu des touristes, mais aussi de la population .
Votre rapporteur a été stupéfait de constater qu'à l'heure actuelle, aucun inventaire des sites remarquables, tant naturels que culturels, n'existe en Guadeloupe et en Martinique.
La mise en place d'un tel inventaire est indispensable notamment car, du point de vue de la population, « ne pas se connaître, c'est se perdre » , comme l'a indiqué lors de son audition par votre rapporteur, M. Daniel Chomet, président du Parc naturel régional de Martinique.
Lors de son audition, M. Jean Crusol, président de la commission des affaires économiques du conseil régional de Martinique a ainsi souligné la nécessité d'un tel outil, tandis que Mme Yvette Gallo, membre du conseil d'administration du Comité martiniquais du tourisme, estimait nécessaire de mettre en place un « référentiel » des lieux de visite et des sites.
Votre rapporteur a été particulièrement séduit par la proposition formulée par notre collègue Claude Lise, alors président du conseil général de la Martinique : ce dernier, prenant en exemple l'outil mis en place par le conseil général de l'Eure, a estimé qu'il serait utile de mettre en place un « carnet du territoire » .
Aux yeux de votre rapporteur, un « carnet du territoire » permettrait de mettre en avant outre les sites et les paysages remarquables, les espèces et les biotopes caractéristiques, tels que la mangrove, les parcs naturels, le patrimoine culturel tel que l'architecture coloniale, la culture créole ou encore les lieux de mémoire.
Recommandation n° 11 : assurer une meilleure valorisation du patrimoine naturel des Antilles, par exemple via la réalisation d'un inventaire des sites naturels remarquables. |
* 116 Ibid., p. 9.
* 117 Contribution écrite transmise à votre rapporteur.
* 118 « Du diagnostic à la mise en oeuvre : priorités d'actions pour chaque destination », Ibid., p. 66.
* 119 « La Martinique entre terre et mer », Dakota Éditions, p. 5.
* 120 Contribution écrite transmise à votre rapporteur.
* 121 Décret n° 2010-1291 du 28 octobre 2010 pris pour l'extension aux départements d'outre-mer des servitudes de passage des piétons sur le littoral.
* 122 Contribution écrite transmise à votre rapporteur.