10. Audition de JACQUES THEYS, responsable de la mission prospective auprès de la délégation au développement durable du MEEDDAT et de NATHALIE ETAHIRI, adjointe à la mission
La maîtrise du phénomène urbain
n'est concevable
que dans le cadre de visions à 30 ou 50
ans
M. Jacques Theys présente les tâches de la mission prospective du Meeddat : animation de la prospective interne du Ministère, veille nationale et internationale, pilotage de programmes longs de prospective (fabrication de scenarii, travaux de recherches et organisation de colloques).
Pour M. Jacques Theys , les problématiques urbaines sont multiples avec des approches différentes qui ne sont jamais croisées entre elles : transports et mobilités, préoccupations climatiques, urbanisme et aménagement du territoire, quartiers, technologies du futur, attractivité, démographie et migration. Il n'y a pas de travail global de prospective sur les villes. En outre, le sujet est différent selon que l'échelle est mondiale, européenne ou française.
M. Jacques Theys estime que l'espace est facilement appréhendable dans le cadre des réflexions sur la ville post-carbone. Mais d'autres aspects, comme l'attractivité et la démographie, sont moins bien pris en compte.
M. Jacques Theys indique que les mégapoles mondiales vont créer dans les prochaines années un deuxième monde urbain avec l'arrivée en ville de 2 milliards d'êtres humains sans que ces phénomènes soient maîtrisés. La Chine tente bien de structurer ce développement par la planification urbaine, mais seuls quelques îlots de modernité en bénéficieront au milieu d'une prolifération spontanée. Aucune ville dans le monde n'est en réalité réellement parvenue à maîtriser le phénomène de la prolifération urbaine.
Certes les contraintes énergétiques seront des éléments régulateurs plus que ne pourraient l'être les règles de gouvernance. Le prix du pétrole après le pic pétrolier - qui interviendra dans les deux prochaines décennies -, les contraintes carbones - du fait des modifications climatiques - et les problèmes des ressources en eau seront de puissants facteurs de limitation du développement des villes. Mais la maîtrise de ces tendances n'est concevable que dans le cadre de visions à 30 ou 50 ans.
Pierre Veltz a bien montré les causes de la prolifération urbaine : la ville est une assurance contre les incertitudes du travail, au Nord comme au Sud. Mais d'autres phénomènes sont aussi à prendre en compte comme la mobilité du travail et du logement, l'une et l'autre étant plus ou moins subies en fonction du coût du foncier, ou comme l'évolution des modes de vies et la prise en compte du temps.
A l'issue de cette audition, il est décidé d'envisager la poursuite de ces réflexions dans le cadre de réunions qui pourraient être organisées par la mission prospective du MEEDDAT avec des spécialistes connus de la mission. Ces réunions informelles permettraient, d'une part, d'approfondir les analyses existantes et, d'autre part, d'examiner les interrelations entre ces différentes variables. Il ne s'agirait pas à proprement parler de construction de scenarii alternatifs, faute de temps, mais plutôt d'une analyse en tendance à partir d'une approche global de l'avenir du phénomène urbain dans le monde.