2. Tirer pleinement parti du rôle positif du sport à l'école
Le sport scolaire joue un rôle essentiel dans le développement des activités physiques et sportives en France. Débutant à l'école maternelle et élémentaire, il est dispensé aux élèves tout au long de leur scolarité, sans distinction de sexe.
Outre qu'ils constituent le plus souvent la première forme d'initiation des enfants à la pratique sportive, les cours d'éducation physique et sportive ont en outre la particularité d'être dispensés simultanément à des élèves des deux sexes, ce qui en fait un laboratoire de la mixité .
Malgré cette approche a priori très favorable à l'égalité entre les sexes, les filles tendent à décrocher du sport à l'école, comme des activités sportives en général, davantage que les garçons.
Une politique volontaire en la matière semble nécessaire afin notamment d'enrayer ce décrochage et de tendre vers l'égalité entre les femmes et les hommes dans ce domaine.
a) Le sport en milieu scolaire : un laboratoire de l'égalité et de la mixité...
En France, les cours d'éducation physique et sportive (EPS) sont mixtes comme le reste des enseignements dispensés à l'école et les élèves ne font pas l'objet de différence de traitement en fonction de leur sexe.
L'Union nationale du sport scolaire (UNSS), qui compte un million d'élèves licenciés et environ 9 500 associations sportives dans les collèges et les lycées, propose également à ses adhérents de nombreuses activités sportives sur la base de la mixité.
Il faut tirer parti du rôle positif joué par le sport à l'école en incitant les acteurs du monde sportif à s'inspirer de ce « laboratoire de la mixité » pour étendre la pratique mixte de certains sports au-delà du cadre scolaire et parascolaire .
Ce faisant, la délégation tient à réaffirmer son attachement au principe de mixité dans les cours d'éducation physique et sportive à l'école .
Elle admet cependant que cette position de principe ne doit pas conduire à proscrire l'organisation ponctuelle d'ateliers séparés. Dans des disciplines athlétiques où les performances des filles et des garçons peuvent souvent différer, l'organisation de courses distinctes pourra par exemple permettre à une fille de connaître aussi la fierté d'arriver la première.
b) ... à préserver de la désaffection des jeunes filles au fur et à mesure de leur avancée dans le cursus scolaire
Pour que le sport scolaire soit un laboratoire de l'égalité, il paraît nécessaire que les filles et les garçons s'y impliquent dans les mêmes proportions.
Cependant, une enquête de 2003 montre qu'au fur et à mesure de leur avancée dans le cursus scolaire, les filles abandonnent l'activité sportive. Ce déséquilibre est particulièrement accentué dans les milieux défavorisés.
Cette désaffection des filles est assez flagrante, comme le présente le document suivant :
Graphique réalisé à partir des
chiffres communiqués par
M. Laurent Petrynka lors de son
audition.
Plusieurs explications ont pu être données à ce phénomène : le poids de la position sociale de la famille, les pressions culturelles ou les problèmes psychologiques et physiologiques notamment dus à la perception de leur corps par les adolescentes.
Ce décrochage nuit nécessairement à l'égalité, il paraît donc indispensable de le prendre en compte et de proposer des solutions pour y remédier.
La délégation recommande de renforcer l'implication des élèves, et en particulier des filles, dans le sport scolaire, en encourageant la labellisation des associations et des clubs sportifs qui s'impliquent dans le sport féminin , et en organisant des championnats au niveau des écoles, des collèges et des lycées .
La labellisation des associations et des clubs sportifs qui s'impliquent dans le sport féminin et proposent des activités « fémino-compatibles » est un projet intéressant actuellement envisagé par l' UNSS dans son programme pour 2012-2016. Pour obtenir ce label, les associations devront non seulement présenter un bilan quantitatif suffisant (pourcentage de jeunes filles licenciées) mais aussi qualitatif : la carte des sports proposés par l'association doit pouvoir être « fémino-compatible » , c'est-à-dire répondre aux demandes des pratiquantes, en leur proposant notamment du step, de la danse...
La création de championnats au niveau des écoles, des collèges et des lycées permettrait de renforcer l'implication de leurs élèves
Ces championnats permettraient non seulement aux élèves d'être fiers de défendre leur école mais seraient également motivants pour les pratiquants. Ils permettraient, comme c'est le cas aux États-Unis, de constituer un vivier de jeunes joueurs pour les championnats professionnels.
Dans le même esprit, M. Fernand Duchaussoy a présenté l'expérience menée conjointement par la Fédération française de football (FFF) et l'UNSS dans le Nord-Pas-de-Calais de créer un championnat inter-lycées de football féminin. Le résultat a été plus que concluant puisqu'ils ont été « débordés de demandes et [que] le foot est devenu le sport n°1 [dans la région] ».
Il serait en outre intéressant de recenser les expériences positives mises en place par les différents intervenants dans ce domaine, et notamment par les fédérations sportives, dans un guide des bonnes pratiques pour l'égalité des femmes et des hommes dans le sport, à l'image de la liste dressée par l'UNSS et qui figure en annexe 3 du présent rapport 31 ( * ) .
* 31 Annexe 3 de la deuxième partie : p. 335