3. Encourager les fédérations à davantage de mixité
La mixité est l'une des clefs de l'égalité. Or, la plupart des fédérations, qu'elles soient unisport ou multisports, présentent un important déséquilibre dans leurs effectifs de l'un et l'autre sexe.
La mixité, outre le fait d'apprendre à vivre ensemble, présente un certain nombre d'avantages qui ont incité certaines fédérations à la favoriser par des politiques volontaristes.
a) Une répartition entre les sexes déséquilibrée
Lorsque l'on consulte les statistiques établies par le ministère en charge des sports, il est assez frappant de constater, notamment compte tenu de la proportion de femmes licenciées, que la mixité est loin d'être une réalité.
Part des licences par genre dans les fédérations unisports les plus importantes
Part des licences par genre dans les
fédérations multisports les plus importantes
(pour lesquelles
des données par genre sont disponibles)
Graphiques réalisés à partir des
statistiques des Chiffres clés du sport,
Ministère des
sports, décembre 2010
b) L'intérêt d'un rééquilibrage
Un rééquilibrage sexué des licenciés dans les fédérations présenterait un certain nombre d'avantages.
Dans les fédérations à dominante féminine (comme la Fédération française d'éducation physique et de gymnastique volontaire), les hommes constituent un marché à conquérir en termes de licences mais aussi pour prendre des responsabilités au sein du club ou de la fédération. Il en est de même pour les fédérations à dominante masculine (comme le football).
Un réservoir de licences et de personnes qui pourraient se porter candidates pour l'encadrement et les responsabilités constitue un appoint intéressant. Certaines fédérations l'ont compris et mènent aujourd'hui des politiques pour séduire les pratiquants du genre le moins représenté.
Les femmes, mères de licencié(e)s jouent un rôle dans le choix des activités sportives de leurs enfants. En effet, dans la mesure où, aujourd'hui encore, ce sont elles qui assument la majorité des tâches parentales, ce sont souvent elles qui inscrivent les enfants aux activités sportives et qui se chargent de les y accompagner.
C'est ainsi que le président Albert Ferrasse, ancien président de la Fédération française de rugby, au départ réservé quant à la présence de femmes dans ce sport, avait fini par reconnaître, devant la baisse de la pratique dans les écoles, qu'il était utile de mieux faire connaître cette discipline aux mères pour qu'elles encouragent leurs enfants à le pratiquer.
Ces considérations peuvent être renforcées par les encouragements financiers apportés par le ministère des sports, dans le cadre des conventions d'objectifs, en faveur de la féminisation du sport. En 2010, les subventions versées à ce titre se sont élevées à 5,4 millions d'euros.
c) Les actions volontaires des fédérations
Conscientes de ces avantages, ou désireuses d'accéder à plus de mixité dans leurs sports, certaines fédérations innovent, afin d'attirer dans leurs clubs sportifs le genre jusqu'alors peu représenté. Deux exemples sont donnés ici. Le premier est celui d'une fédération qui souhaite s'ouvrir davantage aux femmes ; le second celui d'une fédération qui souhaite recruter des participants masculins.
La Fédération française de football (FFF) ne compte, parmi ses licenciés, que 2,7 % de femmes. Pour s'efforcer de remédier à ce déséquilibre, elle a créé il y a deux ans une commission de féminisation, avec un double objectif : « plus de filles derrières les ballons, [et] plus de femmes aux responsabilités au sein des fédérations ».
Cette démarche s'est appuyée notamment sur :
- une campagne de communication publicitaire et internet avec une double démarche : « casser les préjugés et recruter ». Un site internet est consacré au travail de la FFF sur ce sujet ( http://www.fff.fr/footballaufeminin/ ). Des visuels ont été réalisés et transmis sous forme de kits pour la communication ;
- des enquêtes quantitatives et qualitatives, suivies éventuellement d'entretiens sur les souhaits des femmes footballeuses (vers toutes les familles du football, puis, plus spécifiquement vers les dirigeantes). Les résultats de ces enquêtes et de ces entretiens feront l'objet de préconisations puis d'un plan de féminisation sur plusieurs années ;
- une obligation de créer des clubs féminins assortie, le cas échéant, de sanctions 32 ( * ) .
La Fédération française d'éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV) très majoritairement féminine dans le recrutement de ses licenciées, s'efforce, sous l'impulsion de sa présidente Françoise Sauvageot, de procéder à un rééquilibrage de son recrutement et de son encadrement.
Une application stricte de la loi du 6 juillet 2000 et du décret du 7 janvier 2004 garantissant, par sexe, une proportionnalité entre le nombre de licenciés et le nombre de sièges dans les instances de direction, aurait abouti à ce que la fédération ne compte qu'un seul homme au sein de son comité-directeur. Considérant qu'un homme isolé ne pouvait à lui seul représenter les aspirations des hommes, et recherchant un meilleur équilibre entre les sexes au sein des instances de direction, la présidente de la fédération a souhaité, par dérogation à la règle de proportionnalité, que le comité-directeur comporte 20 % du sexe le moins représenté - le sexe masculin en l'occurrence - par référence au quota de 20 % recommandé par le CIO.
Relevant que certains hommes, intéressés par la pratique de la gymnastique, pouvaient éprouver des réticences à la pratiquer dans un environnement presque exclusivement féminin, la fédération a constitué des associations masculines pour amorcer un retour des hommes dans ses effectifs.
* 32 Article 33 des Règlements généraux de la FFF