C. POUR UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DE LA FÉMINISATION DE LA PROFESSION AGRICOLE
1. Dans le cadre de la formation initiale et continue
25. La délégation estime nécessaire que les structures destinées à héberger des jeunes filles , que ce soit dans les internats de l'enseignement agricole ou lors de stages ou de formations en alternance, soient conçues de la manière la plus adaptée possible (vestiaires et sanitaires séparés...). Dans cette perspective, elle encourage une politique concertée d'aménagement des lieux d'accueil (écoles et entreprises) et, le cas échéant, l'attribution d'aides spécifiques pour contribuer à l'installation de ces équipements. Elle préconise aussi de prendre en compte la présence des jeunes filles dans la mise en place de structures d'accompagnement social au sein des internats de l'enseignement agricole (infirmerie et assistance sociale). 26. La délégation estime que la formation , tant initiale que continue, devrait favoriser l'autonomie des futurs agriculteurs et agricultrices , a fortiori pour celles et ceux qui, ne venant pas du milieu agricole, n'ont pas pu acquérir, dans l'exploitation familiale, de compétences en matière de techniques d'utilisation des outils et matériels agricoles. Elle considère que des stages et ateliers d'initiation à la conduite et à la maintenance des matériels agricoles devraient être proposés, tant dans le cadre de l' enseignement agricole que dans celui de la formation continue, à l'attention d'agriculteurs et agricultrices déjà installés ou en amont de leur installation. Elle suggère que ces modules soient organisés dans des groupes de niveaux homogènes pour que les débutant-e-s s'y sentent à l'aise et non stigmatisé-e-s. 27. La délégation considère que l'accès à la formation continue des agricultrices est indispensable, non seulement dans une logique d'égalité entre femmes et hommes et de renforcement de leur efficacité professionnelle, mais aussi pour contribuer à la mise en place de réseaux d'agricultrices . Elle encourage donc VIVÉA à continuer à favoriser l'augmentation du taux d'accès des agricultrices aux stages de formation et à considérer avec intérêt les suggestions concernant une organisation des stages davantage compatible avec d'importantes contraintes horaires (réduction du temps de présence, séquences de formations à distance, etc.) La délégation préconise par ailleurs la mise à l'étude, par la MSA, de chèques emploi services prépayés , à l'instar de ce qui existe dans certaines entreprises, pour financer le recours à une aide à domicile pendant le temps d'absence lié à la formation. Elle recommande que celles (et ceux) qui participent à un stage de formation puissent ainsi choisir entre une journée de remplacement professionnel et une journée d'aide-ménagère. |
2. Pour une adaptation de l'ergonomie
28. La délégation encourage la généralisation de l'adaptation ergonomique des outils, matériels et équipements agricoles à la morphologie féminine , de sorte que la force physique ne soit plus un critère discriminant, notamment au niveau de l'apprentissage ou des stages. 29. La délégation considère comme un progrès à encourager le fait que les agricultrices puissent disposer de vêtements de travail spécialement conçus pour elles. Elle estime que cette évolution, loin d'être anecdotique, peut avoir des effets positifs en termes d'image, de bien-être au travail et de confiance en soi et permettre de confirmer que l'agriculture est incontestablement aussi un milieu ouvert aux femmes. |
3. Pour une meilleure intégration des enjeux de la santé des femmes
30. La délégation suggère la mise en oeuvre d'une évaluation scientifique des conséquences, sur la santé maternelle et infantile et plus généralement sur l'organisme féminin , de la manipulation de tous les produits (pesticides, etc.) et médicaments vétérinaires utilisés dans l'agriculture et l'élevage. Elle recommande que les effets, sur la femme enceinte et sur le foetus, des maladies touchant les animaux fassent également l'objet d'une recherche scientifique. Elle préconise une large diffusion des résultats de ces recherches et la formation et la sensibilisation de tous les professionnels concernés (vétérinaires, industriels, agriculteurs et agricultrices, etc.) aux nécessaires précautions à adopter pour manipuler les produits en cause. Elle souhaite enfin la mise à l'étude d'un congé pour grossesse pathologique afin de protéger la santé des agricultrices enceintes exposées à tout risque sanitaire, par exemple une contamination par les animaux. |
31. Elle estime nécessaire que les agriculteurs et agricultrices soient formés aux bonnes pratiques permettant d'éviter les troubles musculo-squelettiques ou TMS (stages « gestes et postures - prévention des risques liés à l'activité physique ») et sensibilisés à l'importance d'éviter le conditionnement des diverses fournitures (semences, etc.) en volumes excessifs (sacs de 50 kg, par exemple).
32. La délégation souhaite que l'offre de soins gynécologiques soit systématiquement prise en compte dans le cadre des maisons de santé pluri-professionnelles. Elle invite aussi les agences régionales de santé (ARS) à mettre en place, pour compenser une offre de soins éclatée selon les territoires, des solutions innovantes tels que des bus itinérants équipés pour qu'il y soit procédé aux examens de dépistage des cancers du sein et du col de l'utérus et à des consultations en matière de contraception.
4. Pour une amélioration de l'accueil des femmes victimes de violences en milieu rural
33. La délégation se félicite de la mise en place par la MSA d'une cellule de crise et d'écoute dédiée aux violences faites aux femmes en milieu rural . Elle souhaite que cette initiative fasse l'objet d'une large communication et que les agricultrices soient systématiquement informées de l'existence de ce recours. Afin de favoriser une mise en réseau des différents intervenants susceptibles d'être mobilisés pour lutter contre les violences conjugales en milieu rural, la délégation estime souhaitables la désignation et la formation de référent-e-s agissant comme les relais des associations spécialisées . Elle recommande donc la formation au repérage, à l'accueil et à l'orientation des victimes de violences , en lien avec les associations spécialisées et avec les délégations départementales et régionales aux droits des femmes, des travailleurs sociaux et des personnels socio-éducatifs. Elle est d'avis que cette formation doit s'étendre à tous les professionnels médicaux intervenant en milieu rural. Elle souhaite également que parmi les pistes à étudier dans certains territoires figurent la formation et la désignation, en tant que référent-e-s, de bénévoles d'associations bien implantées localement et dont l'objet se prêterait à cette extension de leurs missions, à condition toutefois que ces bénévoles soient volontaires pour ce type d'action, qu'ils y soient formés par des associations spécialisées et que les subventions allouées soient adaptées à cet élargissement de leur périmètre. La délégation recommande donc la mise en place d'un tel maillage territorial dans les territoires où aucune structure spécifique n'est prévue pour la prise en charge des violences conjugales, en lien avec les délégations départementales et régionales aux droits des femmes. Elle rappelle par ailleurs la priorité qui doit s'attacher à la sensibilisation des personnels de gendarmerie intervenant en zone rurale à l'accueil et à l'orientation des victimes de violences au sein des couples. |