B. DSA ET LAD, DES ENJEUX IMPORTANTS DE LA PROCHAINE LPM
La défense sol-air (DSA) et la lutte anti-drones (LAD) constitueront des enjeux importants de la prochaine LPM.
1. Les défis de la protection face aux menaces saturantes
La guerre du Haut-Karabagh doit nous inciter à anticiper des situations dans lesquelles nos forces en opérations extérieures seraient la cible d'actions semblables à celles précédemment décrites, impliquant l'emploi de drones et de munitions télé-opérées.
Il s'agit de se prémunir non seulement des menaces conventionnelles, qui se renforcent, mais également d'attaques combinant ces menaces conventionnelles avec des éléments plus « rustiques » et plus nombreux tels que les drones et les munitions télé-opérées. Cette combinaison viserait notamment à démasquer et à perturber les systèmes de défense et à en diminuer graduellement les capacités.
La combinaison des drones, en nombre important, et de moyens plus classiques pose de nombreux défis en termes de détection, de neutralisation et de coordination de la défense.
S'agissant de la détection, les radars de nouvelle génération permettent de détecter un grand spectre de menaces tout en assurant une grande résilience à la saturation. On peut citer en exemple le radar SEAFIRE pour le naval ou le GM200 et bientôt le GF300 du système SAMP/T NG de l'armée de l'air et de l'espace. Ces radars améliorent le délai de préavis face aux nouvelles menaces : ils permettent de limiter les impacts en alertant les troupes (défense passive), de mener des actions d'interception sur les menaces prioritaires (défense active) et d'avoir dans certaines conditions une action réactive pour neutraliser l'ennemi.
S'agissant de la neutralisation, des évolutions des moyens de défense surface air basse couche (SABC) sont nécessaires pour leur donner des capacités accrues face aux menaces saturantes les plus probables en OPEX comme sur le territoire national. Une analyse capacitaire étendue a été engagée par la Direction générale de l'armement (DGA) à ce sujet. Elle s'appuiera sur les capacités existantes - déjà plus performantes que les moyens de DSA utilisés dans le conflit du Haut-Karabagh - en les complétant.
Ce sera un enjeu essentiel de la prochaine LPM.
2. La lutte anti-drones
La lutte anti-drones (LAD) vise à répondre à une problématique un peu différente de celle soulevée par le conflit du Haut-Karabagh : il s'agit de répondre à la menace que constituent les drones issus du commerce, de petite taille, évoluant à faible vitesse et basse altitude. Ces drones prolifèrent et constituent une menace tant pour nos forces en OPEX que sur le territoire national.
De premières acquisitions de moyens de protection ont été engagées en 2014. Dans le cadre du marché MILAD (Moyens Mobiles de Lutte Anti-Drones), la DGA acquiert des moyens de détection et de neutralisation qui ont vocation à équiper les forces terrestres, aériennes et navales en métropole ou sur les théâtres d'opérations. Des expérimentations sont menées par ailleurs sur d'autres systèmes (BASSALT, conçu par une filiale d'Aéroports de Paris, et AR LAD sur des véhicules VAB).
Les armées sont également progressivement dotées de moyens mobiles de diverses natures tels que des fusils brouilleurs.
La LAD doit désormais répondre à la problématique de l'autonomie croissante des drones qui les rend invulnérables au brouillage.
S'agissant des défenses aériennes et de la lutte anti-drones, la réponse ne repose toutefois probablement pas que sur des solutions technologiques : la supériorité s'acquiert aussi par saturation de l'espace aérien, ce qui renvoie à la problématique de la haute intensité.