C. DES MODES DE FINANCEMENT EN PLEINE ÉVOLUTION

Le financement de l'entreprise de demain n'est pas qu'un enjeu quantitatif. Au-delà du volume de financements nécessaire, se pose aussi la question de la pertinence des modèles actuels de financement pour orienter de manière adéquate les ressources vers les besoins.

L'économie française est caractérisée par la prépondérance du financement bancaire, incontournable pour les TPE et PME, mais l'on sait déjà que ce type de financement ne suffira pas pour remplir l'ensemble des besoins : il finance peu le risque et donc l'innovation ; l'investissement immatériel ou encore dans le capital humain.

Toutefois, une part croissante de l'offre de financement est assurée par des acteurs non bancaires, tendance qui s'est accentuée au cours des dernières années à la faveur d'un durcissement du cadre réglementaire applicable aux établissements bancaires. Désormais incontournables dans le paysage du financement des entreprises, les acteurs du capital-investissement, notamment, auront un rôle important à jouer dans le renforcement des fonds propres des entreprises. Mais le recours au capital-investissement reste encore bien moins développé en France qu'aux États-Unis ou au Royaume-Uni par exemple, alors qu'il y a joué un rôle clef dans le développement des écosystèmes d'innovation.

Le financement sur les marchés de capitaux reste inaccessible à de nombreuses entreprises car trop coûteux et trop complexe, en dépit des simplifications réglementaires boursières opérées au cours des dernières années, notamment au profit des PME de croissance.

Comme le résumait Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l'Autorité des marchés financiers (AMF), lors de son audition par la commission des Finances du Sénat le 3 avril dernier, « les financements bancaires traditionnels répondent en partie [aux besoins collectifs de transition], mais le diagnostic est clair : nous avons besoin de développer d'autres modes de financement, qui passent par les marchés de capitaux et les fonds d'investissement. L'évolution reste aujourd'hui modeste en Europe sur ce point ». Pour ces trois sources de financement, on peut interroger la capacité des financeurs à s'engager à long terme auprès des entreprises pour financer des investissements de long terme, à la rentabilité éloignée voire incertaine.

L'émergence d'une « finance verte », notamment, a fait l'objet de nombreux travaux et textes au cours des dernières années. Le présent rapport ne détaillera pas cet aspect, traité en profondeur au cours des dernières années en France (notamment dans le cadre des travaux législatifs autour du projet de loi « Industrie verte » ou par le Conseil économique social et environnemental13(*)) comme à l'échelon européen (« Taxonomie » de la finance durable, obligations vertes, fonds de long terme...).

Enfin, à la faveur d'une sensibilité plus forte des consommateurs et des épargnants en faveur de projets entrepreneuriaux innovants et engagés, le financement participatif s'est significativement développé au cours de la dernière décennie. Si sa contribution reste encore marginale dans le paysage global du financement des entreprises, le succès de ces plateformes semble offrir des perspectives intéressantes pour inciter les Français à investir dans les entreprises et orienter l'épargne vers des entreprises mal financées par les acteurs traditionnels.


* 13 Voir notamment les rapports du Conseil économique social et environnemental (CESE) « Financer notre Stratégie Energie-climat : donnons-nous les moyens de nos engagements » (2023) ; et « Demain, la finance durable : comment accélérer la mutation du secteur financier vers une plus grande responsabilité sociale et environnementale ? » (2019).

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