EXAMEN DU RAPPORT PAR L'OFFICE

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques s'est réuni le jeudi 5 juin 2025 afin d'examiner le projet de rapport sur Protéines et alimentation, présenté par M. Philippe Bolo, député, et M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteurs.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - En octobre 2023, la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale a saisi l'Office d'une demande d'étude sur les protéines dans l'alimentation. Le sujet est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Il s'agit en effet de s'intéresser aux protéines consommées en alimentation humaine, mais aussi d'analyser toute la chaîne alimentaire et de s'intéresser à ce que mangent les animaux de ferme, qui certes nous apportent des protéines, mais ont aussi besoin, pour cela, d'en consommer eux-mêmes.

Le sujet est au croisement d'enjeux sanitaires, environnementaux et technologiques, puisque les protéines alternatives suscitent un intérêt croissant. Nous avons été amenés à nous intéresser aux technologies qui permettent de les produire - fermentation de précision, culture cellulaire, etc. - et aux cultures marginales qui pourraient se développer dans le futur - fermes d'insectes et cultures d'algues.

La réflexion sur les protéines est une porte d'entrée vers une réflexion plus large consacrée à l'alimentation de demain. En effet, nous ne mangeons pas des protéines, mais des aliments qui en contiennent, au même titre que d'autres composants comme les lipides, les glucides, les minéraux, les vitamines ou les oligoéléments.

Le choix des sources de protéines que nous allons manger n'est pas neutre, ni pour notre santé ni pour l'environnement. Nous devons nous interroger sur les conséquences de la répartition entre protéines animales et protéines végétales, qui est aujourd'hui, en France, de deux tiers et un tiers respectivement. Nous devons aussi nous interroger sur la répartition au sein des protéines animales - viandes rouges, viandes blanches, lait, oeufs, poissons. L'objectif est d'aller vers une diversification des sources de protéines et une alimentation plus pertinente du point de vue nutritionnel et environnemental.

Le chemin proposé devra être socialement acceptable, car il existe une forte inertie en matière de comportements alimentaires. Changer les habitudes prend du temps. Néanmoins, les pouvoirs publics disposent de certains outils pour inciter les consommateurs, comme les producteurs, à le faire.

Notre rapport aborde tous ces sujets à travers quatre parties consacrées aux protéines et à la santé, aux protéines et à l'environnement, aux nouvelles technologies de fabrication de protéines alimentaires, ainsi qu'aux rapports de la société à l'alimentation, sous l'angle des protéines.

Avant d'aborder la question de l'impact sur la santé de la consommation de protéines, donnons quelques repères sur les productions et consommations alimentaires dans le monde et sur les inquiétudes quant à notre capacité à nourrir correctement toute la planète.

La réflexion sur les protéines s'inscrit en effet dans un contexte : la crainte de ne pas pouvoir approvisionner une population mondiale croissante, qui passera de 7,9 à 8,6 milliards d'habitants entre 2022 et 2032 pour probablement atteindre 9 milliards en 2050. De surcroît, en s'enrichissant, elle devrait renforcer son alimentation en viande et en lait. On anticipe ainsi une hausse de 0,7 kilogramme par habitant et par an de la consommation de viande. Or la production de protéines animales nécessite de mobiliser d'importantes ressources. Une vache laitière consomme de 4 à 6 tonnes d'aliments par an. Un porc charcutier en consomme de 350 à 400 kilogrammes durant ses six mois de vie.

Pour produire un kilogramme de protéines animales, il faut 5 kilogrammes de protéines végétales. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 70 à 75 % des terres agricoles dans le monde sont consacrées à l'alimentation des animaux. En France, on estime que les deux tiers de la surface agricole lui sont dédiés.

L'équation d'une population en hausse, nourrie de davantage de protéines animales nécessitant de mobiliser encore plus de terres ne paraît pas possible à résoudre, y compris en raison de son impact environnemental.

En France, nous consommons chaque jour de l'ordre de 1,4 gramme de protéines par kilogramme de poids corporel, ce qui est presque deux fois supérieur à ce qui est jugé nécessaire par les experts, soit 0,83 gramme par kilogramme de poids corporel. Les nourrissons, les enfants et adolescents, les femmes enceintes et les personnes âgées ont des besoins un peu plus élevés, mais qui restent largement en dessous de la consommation moyenne. Nous avons donc des marges de manoeuvre.

Les deux tiers des protéines que nous consommons proviennent de sources animales. L'étude individuelle nationale des consommations alimentaires dite INCA 3, menée en 2017 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), indiquait qu'elles étaient issues de viandes rouges pour 20 à 21 % - boeuf, porc et agneau - de produits laitiers, notamment le fromage, pour 18 à 20 %, de viandes de volaille pour 11 à 12 %, d'oeufs pour 4 à 5 % et de poissons et fruits de mer pour 6 %.

Le tiers restant est apporté par les végétaux, principalement les céréales, qui représentent 50 à 60 % des apports végétaux. Pourtant très riches en protéines, les légumineuses ne représentent que 10 % des protéines végétales que nous consommons.

La prépondérance des protéines animales dans notre alimentation s'explique par les qualités qu'on leur attribue. Dans notre rapport, nous avons cherché à approfondir cette notion. Les protéines sont constituées d'acides aminés, dont notre organisme a besoin pour les synthétiser. Elles jouent des rôles très variés mais essentiels dans notre corps. Certaines ont des fonctions enzymatiques, d'autres des fonctions structurales, d'autres encore un rôle hormonal ou moteur.

Nous fabriquons en permanence des protéines à partir de celles qui nous sont apportées par l'alimentation, en réarrangeant les acides aminés. Un individu de 70 kilogrammes est composé de 10 kilogrammes de protéines, surtout présentes dans les muscles. Chaque jour nous détruisons, puis synthétisons de 250 à 300 grammes de protéines.

Nous savons que nous disposons largement de la quantité de protéines dont nous avons besoin, mais toutes les protéines se valent-elles ? Prises isolément, ce n'est pas le cas. En effet, les protéines issues de différents aliments n'ont pas la même teneur en acides aminés. Il en existe vingt, mais neuf sont essentiels, car l'organisme humain est incapable de les synthétiser.

Les protéines animales contiennent généralement l'ensemble des acides aminés, en quantité adéquate. À l'inverse, les protéines végétales ont souvent un acide aminé essentiel limitant. Pour le blé, il s'agit de la lysine. Pour les légumineuses, qui sont plus riches en protéines que les céréales, c'est la méthionine. Par ailleurs, les protéines animales sont globalement plus digestes et donc mieux assimilées. Tous ces éléments conduisent à attribuer un score qualitatif moins bon aux protéines végétales. Je vous renvoie au rapport pour des explications concernant le calcul du PDCAAS (Protein Digestibility Corrected Amino Acid Score) et du DIAS (Digestible Indispensable Amino Acid Score).

Plus complètes sur le plan des acides aminés que les protéines végétales - c'est leur premier avantage -, les protéines animales, ou plus exactement les aliments d'origine animale riches en protéines, sont aussi plus riches en micronutriments (oligoéléments, minéraux, vitamines). Par exemple, la viande rouge contient du fer héminique qui est nécessaire à la synthèse des globules rouges. Les oeufs apportent eux aussi des bienfaits nutritionnels qui leur sont propres.

Est-ce à dire que la protéine animale est préférable à la protéine végétale pour la santé du consommateur ? Ce serait là un raccourci contestable. Tout d'abord, la protéine n'est que l'un des composants d'un aliment. Elle n'est pas ingérée toute seule. Il faut donc prendre en compte les autres apports, en lipides, glucides et micronutriments. Certains sont bénéfiques, comme les acides gras polyinsaturés à longue chaîne (oméga-3 et oméga-6), qui sont apportés par les poissons et fruits de mer, les fruits à coque ou certaines huiles végétales. En revanche, d'autres peuvent poser un problème s'ils sont ingérés en trop grande quantité.

La question des quantités ingérées n'est pas neutre. Ainsi, la consommation excessive de viande est associée, de façon épidémiologique, à une augmentation des cancers colorectaux et des maladies cardiovasculaires, conduisant le programme national nutrition santé (PNNS) à recommander de ne pas consommer plus de 500 grammes de viande rouge par semaine.

Classer les protéines de la plus qualitative à la moins qualitative en fonction des acides aminés présents est aussi largement critiquable, parce que les déficits en acides aminés se compensent par une alimentation variée et la possibilité de mélanger les sources de protéines, y compris dans un régime végétarien. La lysine est abondante dans les légumineuses. En les consommant, au cours d'un même repas, avec des céréales, elles peuvent compenser les insuffisances d'apport dans le blé par exemple.

Se focaliser sur la qualité des protéines prises individuellement ne constitue pas une bonne approche. L'élément décisif est la matrice alimentaire, ce qui nécessite de s'intéresser aussi aux conditions de préparation, en particulier de cuisson, et aux différents composants de l'alimentation, comme les fibres.

Nous concluons notre analyse des effets sur la santé des protéines dans notre alimentation en estimant que toutes les sources de protéines peuvent être utiles, en veillant à équilibrer les apports des autres composants de l'alimentation. Un régime végétarien est tout à fait possible et peut apporter des protéines en qualité et en quantité suffisantes. Il faut seulement rester vigilant pour éviter d'éventuelles carences en micronutriments.

M. Philippe Bolo, député, rapporteur. - S'agissant des enjeux environnementaux associés aux protéines, quelques chiffres permettent de se convaincre de l'impact du contenu de nos assiettes.

La production agricole qui nous apporte les fameuses protéines animales et végétales représente 22 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, 11 % au niveau européen et 20 % au niveau national. Malgré une réduction de 18 % depuis les années 1990, elle reste le deuxième poste d'émissions en France, après le transport.

Les émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture française présentent une particularité par rapport à celles des autres secteurs. En effet, elles sont majoritairement d'origine biologique et composées non pas de CO2, mais à 49 % de CH4 et à 30 % de N2O. Le CH4 ou méthane est issu de la fermentation entérique des ruminants, tandis que le N2O, c'est-à-dire le protoxyde d'azote, correspond aux réactions métaboliques microbiennes de la matière organique présente dans les fumiers et dans les lisiers.

En 2016, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) avait réalisé une expertise scientifique collective portant sur les impacts climatiques de l'agriculture. Elle montrait que les productions animales représentaient deux tiers des émissions du secteur, avec des variabilités selon les espèces - les bovins ont un poids plus important que les granivores -, les systèmes d'alimentation et la génétique. En fonction des systèmes d'alimentation, la réduction des émissions peut atteindre 25 %. Le gain possible est de 15 % avec la génétique.

Pour produire un kilogramme de protéines animales, il faut 5 kilogrammes de protéines végétales, ce qui nécessite de disposer de toujours plus de surfaces agricoles. Dans certaines régions du monde, notamment en Amérique du Sud, ce besoin peut déboucher sur des phénomènes de déforestation. Il est, en revanche, important de préciser que 80 % des protéines végétales nécessaires à l'alimentation animale - 90 % pour les ruminants - ne sont pas celles que nous pourrions consommer.

Jusqu'à présent, j'ai abordé les effets négatifs de la production des protéines d'origine animale, mais il existe également des impacts positifs. Les ruminants, par exemple, vivent dans des prairies qui favorisent la biodiversité et le stockage du carbone.

L'élevage bovin contribue ainsi fortement au réchauffement climatique, et donc notre consommation de ses produits aussi, surtout lorsqu'elle est en quantité excessive. Toutefois, une telle conclusion n'est pas neutre. Elle a des conséquences sociales et économiques importantes pour les territoires concernés. Nous ne devons pas les prendre à la légère.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - J'en viens à la question des protéines alternatives - sujet qui intéresse plus les médias que l'équilibre de nos assiettes - et au développement des technologies qui permettent de les produire.

Les protéines alternatives intéressent de plus en plus, à la fois pour l'alimentation animale et pour l'alimentation humaine. L'Académie des technologies a récemment publié un rapport à ce sujet, tout comme le service de recherche du Parlement européen.

Nous avons auditionné les acteurs du secteur, afin d'en savoir plus sur le degré de développement des nouveaux procédés et sur leurs perspectives. Notre rapport s'est concentré sur quatre domaines : la fermentation de précision, la culture cellulaire - ce terme est à privilégier par rapport à celui de viande de synthèse, car la viande est un produit musculaire qui a maturé, ce qui n'est pas le cas des cultures cellulaires -, les insectes et les algues.

Concernant la fermentation de précision, il faut noter que cette technologie n'est pas nouvelle. L'idée est, en revanche, de l'appliquer à la production de certaines protéines présentant un intérêt, comme la caséine, principale protéine du lait, qui sert à faire des fromages. Le principe consiste à inscrire les bonnes informations génétiques dans un micro-organisme qui vit dans un milieu de culture contrôlé et va synthétiser la protéine cible de manière très rapide. Il permet de ne produire que la protéine cible et de créer des ingrédients qui pourront constituer des solutions alternatives au lait et aux oeufs par exemple.

Plusieurs start-up se sont lancées sur ce marché et des progrès ont déjà été réalisés en matière de coût, de vitesse de production et de maîtrise des risques. Elles revendiquent un impact environnemental moindre que l'élevage d'animaux, même s'il conviendrait de réaliser une analyse plus complète du cycle de vie pour s'en assurer. Leur défi est toutefois de réussir le passage à l'échelle industrielle et la commercialisation, ce qui suppose de satisfaire les étapes réglementaires d'autorisation de mise sur le marché.

Concernant la culture cellulaire, les sénateurs Olivier Rietmann et Henri Cabanel ont publié un excellent rapport en 2023 qui en explique les principes et les limites. Des start-up poursuivent leurs efforts de recherche et développement, par exemple pour imiter le foie gras de canard ou proposer des homologues au poulet. Toutefois, bien que la commercialisation de certains produits ait été autorisée à Singapour et aux États-Unis, la technologie n'est pas totalement mature.

Ses promoteurs mettent en avant les avantages pour l'environnement et le bien-être animal. La possibilité de s'affranchir du sérum de veau foetal pour constituer le milieu de culture, qui posait de graves problèmes éthiques et économiques, accroît l'acceptabilité et la faisabilité de la culture cellulaire. Toutefois, à l'inverse de la fermentation de précision, il s'agit de fabriquer un aliment complet et non un amas de protéines identiques. Par conséquent, les procédés sont plus compliqués et plus coûteux.

Les aliments cellulaires ne peuvent pas encore concurrencer les produits naturels du point de vue de la texture et du goût. Ils ont en outre un coût de production très élevé, supérieur aux aliments conventionnels. Même si ces deux obstacles étaient levés, il resterait à convaincre le consommateur de s'orienter vers de tels produits, qui, selon les sondages, suscitent une certaine méfiance en Europe. Enfin, comme pour la fermentation de précision, des étapes réglementaires seraient à franchir avant la mise sur le marché.

Concernant les insectes, il faut noter qu'une partie de la population mondiale en consomme régulièrement. En Afrique ou en Asie, ils font partie des produits alimentaires ordinaires. Ils sont riches en protéines, au même titre que la viande, et bien dotés en micronutriments. Cependant, ils peuvent comporter des substances toxiques, qui doivent être éliminées avant la consommation, des substances antinutritionnelles, qui peuvent les rendre difficilement digestibles, ou des allergènes. Par ailleurs, leur production n'est pas exempte de risques microbiologiques.

Bien préparés, les insectes sont néanmoins tout à fait consommables. Leur production est plutôt vertueuse du point de vue environnemental. Ils ont besoin d'eau et de chaleur, se nourrissent de coproduits et résidus agricoles, voire de déchets, et se développent rapidement, avec un bon rendement de conversion des intrants alimentaires en protéines.

Leur utilisation en alimentation humaine se heurte encore à des obstacles de nature psychologique, même si quatre espèces ont été autorisées dans l'Union européenne. Pour le moment, le débouché principal des protéines d'insectes est donc l'alimentation animale, notamment les farines alimentaires pour les poissons d'élevage. Il existe également un marché de niche pour l'alimentation des carnivores domestiques.

Plusieurs start-up ont développé la production d'insectes en France, comme InnovaFeed, •nsect ou Agronutris, mais elles peinent à trouver un modèle économique. •nsect est en redressement judiciaire et InnovaFeed rencontre des difficultés. Tant que les farines de poissons - qui soulèvent d'ailleurs une question environnementale - seront moins chères que les farines d'insectes, la situation restera compliquée. Il est toutefois important de ne pas abandonner cette filière, car les conditions économiques de rentabilité pourraient être atteintes dans le futur.

Concernant les algues, un potentiel de développement a été clairement identifié. Elles sont riches en protéines et surtout en nutriments associés. À l'exception des micro-algues qui sont cultivées à terre dans des bassins, elles s'inscrivent dans un modèle de cueillette. Elles sont ramassées en mer ou sur les côtes. Leur bilan carbone est très favorable, même s'il est alourdi par une nécessaire transformation industrielle.

Les algues pourraient enrichir l'alimentation humaine, en fournissant une alternative aux aliments d'origine terrestre. Elles présentent aussi un intérêt pour l'alimentation animale. Si leur prix devient plus compétitif, elles pourraient par exemple remplacer les tourteaux de soja.

Le marché des protéines alternatives devrait se développer, mais surtout constituer un complément aux sources actuelles de protéines. Néanmoins, les technologies ne sont pas encore stabilisées et matures et les modèles économiques restent très incertains. Les promoteurs des protéines alternatives se heurtent à deux difficultés.

La première difficulté concerne la mobilisation de financements pour le passage à l'échelle. Dans son rapport, l'Académie des technologies pointait cette faiblesse. Au-delà des phases d'amorçage, qui peuvent être soutenues par des capitaux privés ou publics, les start-up ont du mal à lever des fonds capables de prendre le relais. Le marché est plus étroit en Europe qu'aux États-Unis ou en Asie.

La deuxième difficulté est celle du franchissement des obstacles réglementaires. Les nouveaux aliments - dits Novel Food - sont soumis à la réglementation européenne. La Commission européenne doit autoriser leur introduction sur le marché, après examen technique des dossiers par l'Autorité européenne de sécurité des aliments. Théoriquement, cette procédure doit se faire en neuf mois, mais en pratique, les délais peuvent être bien plus longs et l'état d'esprit des Européens est considéré comme frileux. Les start-up préfèrent donc commencer par obtenir des autorisations en Asie et aux États-Unis, où elles estiment avoir une oreille plus attentive des agences sanitaires.

En tout cas, notre rapport appelle à ne pas abandonner la voie des protéines alternatives, qui ne doivent pas effrayer. Elles seront certainement un complément utile aux sources traditionnelles de protéines et constituent un marché futur que nous aurions tort de négliger.

M. Philippe Bolo, député, rapporteur. - La dernière partie de notre rapport est consacrée au changement des habitudes alimentaires. Dans ce domaine, les évolutions dépendront des arbitrages réalisés par les consommateurs.

Comme l'a souligné Arnaud Bazin, les protéines ne sont pas consommées seules. Par conséquent, leurs défauts ou leurs qualités doivent être appréciés en prenant en compte la composition totale de l'assiette.

Au cours des dernières années, des évolutions sont déjà intervenues. Tout d'abord, le budget consacré à l'alimentation par les ménages a diminué, puisqu'il ne représente plus que 14 % du total, contre 35 % dans les années 1960. La consommation des protéines animales s'est également modifiée. Le lait semble à un niveau constant, mais cette stabilité apparente traduit en fait une baisse du lait liquide, compensée par l'engouement pour les fromages. Les oeufs augmentent considérablement. En revanche, la viande recule, passant de 90 kilogrammes par an et par habitant en 1990 à 83 kilogrammes aujourd'hui.

La végétalisation de l'assiette est un phénomène qui se développe. Selon un sondage Ifop réalisé pour FranceAgriMer, 2,5 % de la population était concernée par des régimes végétariens et végétaliens. L'appétence pour ces régimes est plus forte chez les moins de 30 ans, mais une part croissante de nos concitoyens souhaitent passer d'un régime de protéines animales à un régime de protéines végétales. Ce changement est dicté par différents éléments, positifs ou négatifs.

Le prix est l'un des éléments positifs, car les protéines végétales sont moins chères que les protéines animales. Elles sont aussi perçues comme meilleures pour la santé et pour l'environnement. Toutefois, des freins persistent. Les consommateurs ne s'y retrouvent pas toujours. Les protéines végétales nécessitent des modes de préparation plus compliqués, qui obligent en tout cas à revoir les habitudes. Le poids de la culture et de l'histoire familiale est aussi très fort.

Pour lever les résistances et accélérer la transition dans nos assiettes, les légumineuses apparaissent comme une porte d'entrée intéressante. Les politiques publiques encouragent d'ailleurs leur découverte dans la restauration scolaire et collective.

Nous devons également faire changer les habitudes en matière d'alimentation des animaux. Ce propos peut sembler étrange, car a priori nous en avons la maîtrise. Il convient toutefois de rappeler que les animaux d'élevage consomment beaucoup d'aliments concentrés en protéines, afin d'améliorer les rendements. Or ils sont importés à 50 %, ce qui soulève la question de notre autonomie.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - Le sujet est foisonnant, mais nous avons identifié dix points de conclusion.

La consommation par l'homme de protéines d'origine animale nécessite d'importantes quantités de protéines végétales.

La généralisation à toute la planète de régimes alimentaires riches en protéines animales tels que nous les connaissons par exemple en France serait difficilement soutenable.

Des marges de manoeuvre existent pour s'adapter, car nous surconsommons globalement les protéines par rapport à nos besoins physiologiques.

Les technologies liées aux protéines alternatives pourront fournir un appoint dans des scénarios de transition alimentaire.

Les changements d'habitudes alimentaires sont difficiles à mettre en oeuvre. Ils ne se décrètent pas et ne s'imposent pas par le vote d'une loi.

La prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les comportements est réelle, comme le montrent la légère croissance des régimes végétariens, le développement des pratiques flexitariennes et l'intérêt de la population pour le bien-être et le respect des animaux.

La tendance à la réduction de la consommation de viande rouge est amorcée en France depuis plusieurs décennies.

L'approvisionnement en protéines animales de proximité est devenu nécessaire, afin d'éviter de favoriser indirectement la déforestation, d'ajouter des émissions liées au transport ou de dépendre de conditions d'élevage peu vertueuses.

Dans ce contexte, une autonomie protéique plus forte pour l'alimentation des animaux de ferme est prioritaire. La dépendance aux importations est un facteur de fragilisation des filières d'élevage et agroalimentaires françaises et européennes.

Enfin, il faut diversifier de manière parallèle la production et la consommation de protéines. La progression des solutions alternatives aux protéines animales dépend beaucoup des efforts qui seront faits pour diversifier l'offre alimentaire.

M. Philippe Bolo, député, rapporteur. - Au terme de ce panorama consacré à la place des protéines dans l'alimentation, plusieurs axes d'action paraissent prioritaires pour encourager en France et en Europe un approvisionnement en protéines à la fois performant et responsable. Nous proposons dix recommandations.

Nous devons affiner la connaissance de l'impact environnemental complet des aliments consommés. Des analyses de cycle de vie (ACV) sont déjà disponibles pour les protéines conventionnelles, mais il faudra également s'assurer que les promesses faites en matière de protéines alternatives, notamment concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, se concrétisent une fois qu'elles seront produites industriellement.

Nous devons nous fixer un objectif d'autonomie protéique de l'élevage à l'échelle européenne. Il convient de tirer les leçons de la faible efficacité des plans successifs en faveur des protéines, en associant le Parlement à l'évaluation de leurs atouts et de leurs faiblesses, prérequis à d'éventuelles réorientations permettant de gagner en effectivité et en efficacité.

Les pouvoirs publics doivent encourager plus fortement la production de légumineuses et leur sélection variétale. Les lentilles par exemple n'ont pas bénéficié des mêmes améliorations que d'autres semences, s'agissant du besoin en eau par exemple.

À rebours de l'idée d'interdire les innovations dans la production d'aliments, il convient de favoriser l'écosystème des protéines alternatives. Les technologies ne menacent ni nos paysages agricoles, ni notre culture culinaire et gastronomique. Elles constituent une autre branche de cette culture, porteuse d'avenir sur des marchés de niche ou des marchés extérieurs, sur lesquels la France doit se positionner, en vue d'un retour sur les investissements consentis pour l'émergence de nombreuses start-up.

La fermentation de précision est une technologie qui approche de la maturité. Aussi, des efforts de pédagogie doivent être effectués dans la transparence, pour que les produits en étant issus deviennent des ingrédients ordinaires capables de s'hybrider avec des produits alimentaires classiques.

Les efforts de recherche et développement en matière de culture cellulaire doivent être poursuivis, en garantissant une information complète et non ambiguë du public, futur consommateur.

Aujourd'hui destinée principalement à l'alimentation animale, la production d'insectes ne doit pas être abandonnée, en dépit du modèle économique encore très fragile de cette filière. Le savoir-faire acquis doit être préservé.

Les choix alimentaires résultent d'une multitude de décisions individuelles dans lesquelles de nombreux paramètres interviennent : santé, prix, facilité d'utilisation, disponibilité, habitudes, etc. Le rôle des pouvoirs publics est de donner les bonnes informations et incitations aux consommateurs. De ce point de vue, les différents types de protéines sont encore mal connus et des préjugés tenaces persistent. Une communication plus percutante sur l'importance de la diversité des sources de protéines dans l'alimentation, sur la nécessité de varier les aliments et sur l'inutilité de la surconsommation de protéines devra être effectuée à l'occasion de la sortie du prochain PNNS.

Nous devons soutenir les offres alimentaires contenant des protéines d'origine variée. Je ne reviendrai pas sur ce point que nous avons déjà détaillé.

Enfin, la consommation de viande ne doit pas être diabolisée, car elle a ses vertus, notamment s'agissant des apports protéiques, et reste un pilier de la gastronomie. Elle aura donc toute sa place dans un nouveau système alimentaire, composé de 50 % de protéines animales et de 50 % de protéines végétales.

M. Stéphane Piednoir, sénateur, président de l'Office. - Que la part de l'alimentation dans le budget des ménages ait été divisée par deux en quelques décennies n'est pas forcément un bon signal. Cette évolution peut traduire une meilleure maîtrise des coûts, mais aussi une tendance à consommer des produits bon marché, de piètre qualité. Les ménages doivent également désormais faire face à d'autres postes de dépenses, qui n'existaient pas dans les années que vous avez mentionnées.

Même si elle ne relève pas de la loi, l'éducation à l'alimentation donne lieu à des plans nationaux, parce que les enjeux de santé publique sont importants. Des régimes trop riches ou déséquilibrés peuvent provoquer des cancers et d'autres maladies graves. Bien se nourrir est donc essentiel.

Je vous remercie néanmoins pour la dernière recommandation. En effet, il ne faut pas diaboliser la consommation de viande, qui est aussi une source de plaisir. Peu d'entre nous rêvent d'une alimentation certes parfaitement équilibrée mais qui consisterait à avaler quelques petites pilules. Il nous manquerait quelque chose d'essentiel dans nos vies. La nourriture donne en effet lieu à de bons moments en famille ou avec des amis.

Vous avez souligné que nous ne mangions pas les protéines seules et qu'elles étaient l'une des composantes des aliments, comme les glucides ou les lipides. Néanmoins, les régimes hyperprotéinés font l'objet d'une promotion très forte, en particulier auprès des personnes qui fréquentent les salles de fitness. Comment ces produits, qui ne sont pas naturels, sont-ils fabriqués ? Quels sont les risques encourus par ceux qui les consomment ? Ils sont facilement accessibles dans les magasins de sport, mais la communication sur les précautions d'utilisation semble très réduite.

Je n'ai jamais expérimenté les algues, mais j'ai eu l'occasion de goûter des insectes dans des pays d'Asie. Ce n'est pas très agréable à manger. En tout cas, nous n'avons pas cette habitude. Il faudra sans doute du temps pour qu'elle s'impose dans nos sociétés.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - Je ne suis pas médecin, mais tout de même vétérinaire. Je peux donc essayer d'apporter quelques précisions sur les dangers des régimes hyperprotéinés.

Ces régimes ont des adeptes parmi les utilisateurs des salles de fitness mais ont également été suivis - même si ce n'est pas dans les mêmes proportions - par des personnes qui souhaitaient maigrir.

Le risque principal est le déséquilibre de l'alimentation. Dans notre rapport, nous citons des travaux de l'Anses qui ne fixent pas de limite supérieure de sécurité pour l'apport protéique. Un tel plafond est difficile à définir, mais pourrait correspondre à la capacité maximale d'uréogenèse, c'est-à-dire la capacité des reins à transformer les protéines en azote, qui est ensuite excrété sous forme d'urée. De façon un peu empirique, on dit que l'azote finit par fatiguer les reins et peut être la cause de leur vieillissement prématuré, mais il faudrait quand même consommer beaucoup de protéines. Les taux contenus dans ces régimes ne semblent pas générer de problèmes directs.

Ce dont il faut davantage se méfier, ce sont les molécules non autorisées qui sont ajoutées dans les produits pour en maximiser les effets. Avec les régimes hyperprotéinés, l'objectif est de faire grossir les muscles. Si vous ajoutez des stéroïdes anabolisants, les résultats seront plus visibles. Des contrôles antidopage ont déjà révélé leur présence. Or les personnes qui consomment ces produits n'ont pas forcément conscience qu'ils peuvent en contenir.

S'agissant des insectes, la priorité est l'alimentation animale. Dans le milieu naturel, les poissons consomment d'autres poissons et des arthropodes, qui sont de la famille des insectes. La farine d'insectes paraît donc un produit adapté. Malheureusement, elle coûte 1,5 fois plus cher que la farine de poissons. Pourtant, le prélèvement des poissons qui servent à la fabriquer - les poissons-fourrages - est très consommateur d'énergies fossiles et a des impacts négatifs sur la biodiversité marine. Pour devenir plus compétitive, la production de farines d'insectes devrait changer d'échelle, mais les entreprises n'ont pas les ressources nécessaires pour réaliser cette industrialisation. Nous estimons cependant qu'il ne faut pas se désintéresser du sujet.

M. Jean-Luc Fugit, député, vice-président de l'Office. - Votre rapport est impressionnant, car il ouvre de nombreuses pistes et nous amène à réfléchir, y compris sur notre propre manière de consommer.

Pensez-vous que la formation des médecins est suffisante en matière d'alimentation ? Peuvent-ils réellement accompagner nos concitoyens dans ce domaine ? Vous avez évoqué les régimes hyperprotéinés associés à l'activité physique. En tant que père d'un sportif professionnel en début de carrière, j'ai l'impression que certaines pratiques ne sont pas suffisamment encadrées. Les réponses qui sont apportées dans notre pays sont-elles vraiment à la hauteur des enjeux ?

M. Philippe Bolo, député, rapporteur. - Je m'étais posé une question similaire dans le cadre d'une mission précédente de l'Office, qui portait sur le microbiote intestinal. La recommandation de mieux former les médecins à ces nouvelles façons d'appréhender la santé humaine avait été envisagée et j'avais évoqué ce point avec un professeur de médecine.

Globalement, il m'avait répondu que les connaissances à acquérir dans un temps limité - même si la formation dure dix ans - étaient déjà très importantes. Il avait reconnu que le sujet était intéressant, mais je n'avais pas senti une volonté de faire évoluer la situation. Malgré tout, les médecins sont des professionnels et une fois qu'ils sont en activité, ils peuvent s'intéresser à ces dimensions et se les approprier s'ils le souhaitent.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - Sans pouvoir être très précis, je suis convaincu que l'alimentation est enseignée dans le parcours de formation des médecins. Elle l'est probablement au début du cursus. Les connaissances risquent, par conséquent, d'être un peu oubliées par la suite. Le conseil individuel ne me semble de toute façon pas être le plus efficace pour progresser. Nous devons rechercher une évolution massive des comportements, en nous appuyant notamment sur la restauration collective, scolaire ou universitaire.

Nous constatons que 15 à 20 % des étudiants demandent des repas végétariens dans les restaurants universitaires. Certes, ils ne représentent pas toute la population, mais cette proportion est tout de même importante.

Il est très difficile de faire changer des habitudes de consommation, parce qu'elles nous ont été inculquées par nos parents quand nous étions petits. La plupart d'entre nous trouvent les insectes répugnants, alors qu'ils sont considérés comme excellents en Afrique ou en Asie.

Pour modifier les comportements massivement, la restauration collective constitue un levier intéressant, mais nous devons également travailler sur la présentation des produits dans la grande distribution. S'ils sont mis en tête de gondole par exemple, ils sont valorisés et attirent davantage les consommateurs.

Dans la formation des vétérinaires, l'alimentation des animaux est une discipline à part entière, avec un examen en fin d'année. Une chaire d'enseignement existe dans chaque école. La question des protéines pour l'alimentation des animaux de rente est essentielle, car elle recouvre aussi un enjeu de diversification des sources de protéines et de diminution de notre dépendance aux importations. Le fait de nous approvisionner principalement à l'étranger est une fragilité et un facteur de déséquilibre de notre commerce extérieur.

M. Joël Bruneau, député. - Un plan européen en matière de protéines est évoqué depuis au moins trente ans. Pourquoi ne réussissons-nous pas à réduire notre dépendance vis-à-vis du soja brésilien ? A priori, notre sol et notre climat nous permettraient de développer cette production. Quelle est votre position à ce sujet ?

M. Philippe Bolo, député, rapporteur. - Il faut prendre en compte la géopolitique, les accords de commerce internationaux, les coûts, etc. Il est moins cher de nourrir nos animaux avec des protéines importées d'Amérique du Sud que de les produire en France.

La politique agricole commune permet d'apporter des corrections, mais les mesures prévues ne sont pas à la hauteur des enjeux. Nous recommandons donc que les parlementaires puissent se saisir du sujet, dresser un bilan et évaluer de manière approfondie la situation pour y apporter des solutions. Dans notre rapport, nous évoquons un mécanisme d'aides couplées qui permettrait d'infléchir la tendance.

M. Pierre Henriet, député, premier vice-président de l'Office. - FranceAgriMer a lancé un plan en faveur des protéines. Avez-vous pu en évaluer l'impact ?

Vous vous appuyez beaucoup sur des études internationales, qui peuvent être en décalage avec les réalités françaises. Je ne vous en fais pas le reproche, car d'autres données ne sont pas toujours disponibles. Avec Daniel Salmon, nous avions été confrontés au même problème dans le cadre de la préparation de l'audition publique sur les conséquences pour le monde agricole du réchauffement climatique et des pertes de biodiversité. Néanmoins, les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de boeuf n'ont rien à voir dans un modèle très intensif américain ou dans le modèle très extensif du Marais poitevin par exemple.

M. Philippe Bolo, député, rapporteur. - Au-delà de leur disponibilité, nous prenons également en compte le caractère récent ou non des données.

Les émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture représentent 22 % au niveau mondial, 11 % au niveau européen et 20 % au niveau français. Ces différences sont liées à l'alimentation des ruminants, à la génétique, et à d'autres facteurs. L'expertise scientifique collective de l'Inrae date de 2016, il y a pratiquement dix ans, et d'autres données étaient plus récentes. Nous devons faire des compromis entre l'ancienneté des données, leur représentativité par rapport à nos réalités nationales, etc.

Concernant les plans en faveur des protéines, nous les avons évoqués dans notre rapport. Un plan avait été lancé par Stéphane Le Foll, puis un autre par Julien Denormandie. Il y a eu récemment aussi le projet Cap Protéines. Beaucoup de fonds publics sont mobilisés. Ils se chiffrent parfois en centaines de millions d'euros. Ces initiatives nationales s'ajoutent aux politiques européennes, mais elles se confrontent aux accords de libre-échange qu'il nous arrive d'examiner dans nos hémicycles respectifs.

L'échec des plans en faveur des protéines mis en place à l'échelle nationale peut aussi s'expliquer par la nature des objectifs qui leur sont fixés. Ils sont trop spécifiques - comme l'augmentation des surfaces semées en légumineuses - pour résoudre des problèmes systémiques. Il faut réaliser des évaluations et avoir une vision globale. Le sujet a une forte dimension stratégique. Si toutes les sommes qui sont consacrées aux importations l'étaient à investir chez nous, elles n'auraient pas le même rendement, au-delà du simple effet sur le déséquilibre de la balance du commerce extérieur.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - L'évaluation des plans en faveur des protéines est l'une de nos recommandations. Elle est essentielle pour comprendre les raisons de leur incapacité à produire les résultats attendus.

Pour revenir sur une remarque du président Piednoir, les régimes végétariens ne constituent pas forcément une punition. Ils demandent des efforts de préparation auxquels nous ne sommes pas habitués, mais il est possible de les rendre appétents, y compris pour des adolescents de 11 à 15 ans. Dans le département que j'ai eu l'honneur de présider, il existe une école pour les chefs qui préparent les repas des collèges. Ils sont formés pour intégrer les protéines végétales dans l'alimentation et ils y parviennent. Il ne faut pas avoir une image triste et peu avenante de ces aliments, même si cela ne doit pas nous empêcher d'apprécier aussi la viande.

M. Stéphane Piednoir, sénateur, président de l'Office. - Les émissions de gaz à effet de serre d'une usine se constatent aisément, ce qui n'est pas le cas des émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture. Voir une vache dans un champ ne suscite pas les mêmes réflexes qu'une cheminée noire de fumée. Pourtant, le méthane et le protoxyde d'azote restent dans notre environnement bien plus longtemps que le dioxyde de carbone. Leurs effets sont moins visibles, mais plus durables. Par conséquent, il est essentiel d'agir. La baisse tendancielle de la consommation de viande témoigne d'une prise de conscience. Elle concerne principalement les jeunes générations, mais elle se diffuse progressivement dans leur cellule familiale.

Je retiens toutefois qu'il faut être attentif aux carences qui pourraient être liées à des régimes entièrement végétariens. Nous ne devons pas passer d'un extrême à l'autre ou chercher à adopter les habitudes alimentaires d'autres régions du monde, comme les régimes à base d'insectes. En effet, le corps humain développe des immunités en fonction de ce qu'il consomme de manière régulière et pourrait avoir des difficultés à gérer une transition trop rapide.

M. Arnaud Bazin, sénateur, rapporteur. - Il n'y a pas de risques de carence chez les végétariens, qui consomment du fromage, du lait et des oeufs. En revanche, pour les végétaliens, qui ne consomment aucun produit d'origine animale, avoir un régime équilibré en protéines nécessite un peu de connaissance et de vigilance. Une supplémentation en vitamine B12 est notamment nécessaire.

M. Stéphane Piednoir, sénateur, président de l'Office. - Je vous remercie pour ce travail et propose de passer au vote.

L'Office adopte à l'unanimité le rapport sur les protéines et l'alimentation et autorise sa publication.

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