CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
10 CONCLUSIONS
1. La consommation par l'Homme de protéines d'origine animale nécessite des quantités importantes de protéines végétales.
Toutefois, plus de 80 % des aliments donnés aux animaux ne sont pas consommables en alimentation humaine. Une réduction de la production de protéines animales (viande et lait), en particulier si elle se concentre sur celle issue de ruminants, ne libèrera donc pas d'immenses étendues de terres agricoles pour les productions végétales.
2. La généralisation de régimes alimentaires riches en protéines animales (lait, viande) et en poissons est probablement difficilement soutenable.
Si, dans un contexte de croissance démographique et de progression des niveaux de vie, le modèle d'alimentation riche en protéines animales se diffusait à l'échelle planétaire, on manquerait certainement de terres pour produire suffisamment d'aliments pour les animaux. En outre, l'élevage contribuant à émettre environ 12 % de l'ensemble des gaz à effet de serre sur la planète, principalement à cause des ruminants, toute augmentation du cheptel se traduirait par des hausses significatives des émissions, à rebours des objectifs d'atténuation du réchauffement climatique.
3. Des marges de manoeuvre existent pour s'adapter.
Les pays riches ont une alimentation globalement surabondante avec une part de protéines animales élevée puisque celles-ci représentent deux-tiers des apports, alors que les recommandations nutritionnelles sont moindres : 50 % de protéines d'origine animale suffiraient. Une trajectoire de réduction des apports en protéines animales est donc possible.
4. Les technologies liées aux protéines alternatives pourront fournir un appoint dans des scénarios de transition alimentaire.
Les quantités produites grâce à ces technologies alternatives resteront toutefois limitées dans un premier temps, celles-ci n'étant pas totalement matures.
5. Les changements d'habitudes alimentaires sont difficiles à mettre en oeuvre.
Il existe une forte inertie des comportements de consommation. Ceux-ci ne se modifient vraiment que lorsque l'on passe d'une génération à une autre, comme en témoigne le fossé entre les pratiques végétariennes des jeunes et celles de leurs ainés.
6. La prise de conscience de la nécessité de faire évoluer ces comportements est réelle.
La sensibilité accrue aux questions environnementales ou de bien-être animal comme le souci de ne pas mettre en danger sa santé en surconsommant ou en mangeant mal font évoluer les mentalités.
7. La tendance à la réduction de la consommation de viande rouge est amorcée en France depuis plusieurs décennies.
Cette tendance se fait surtout au profit d'autres protéines animales. Le scénario d'une lente décrue, qui prolongerait les tendances actuelles, constitue aujourd'hui une perspective vraisemblable.
8. L'approvisionnement en protéines animales de proximité est devenu nécessaire.
Afin d'éviter de favoriser indirectement la déforestation, d'ajouter des émissions liées aux transports, ou encore de dépendre de conditions d'élevage peu vertueuses, l'approvisionnement en protéines animales de proximité apparait comme une priorité.
9. Une autonomie protéique plus forte pour l'alimentation des animaux de ferme semble prioritaire.
La dépendance aux importations est un facteur de fragilisation des filières d'élevage et agroalimentaires françaises et européennes.
10. Le lien entre production et consommation de protéines est une réalité.
Il est donc possible de diversifier de manière parallèle la production et la consommation de protéines. La progression des alternatives aux protéines animales dépend beaucoup des efforts qui seront faits pour diversifier l'offre alimentaire.