N° 787
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2024-2025
Enregistré à la Présidence du Sénat le 25 juin 2025
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des affaires sociales (1) sur
l'état des
lieux
de la santé mentale
depuis la crise du
covid-19,
Par MM. Jean SOL, Daniel CHASSEING et Mme Céline BRULIN,
Sénateurs et Sénatrice
(1) Cette commission est composée de :
M. Philippe Mouiller, président ;
Mme Élisabeth Doineau,
rapporteure
générale ; Mme Pascale Gruny, M. Jean Sol,
Mme Annie Le Houerou, MM. Bernard Jomier, Olivier Henno, Dominique
Théophile, Mmes Cathy Apourceau-Poly, Véronique Guillotin,
M. Daniel Chasseing, Mme Raymonde Poncet Monge,
vice-présidents ; Mmes Viviane Malet, Annick Petrus, Corinne
Imbert, Corinne Féret, Jocelyne Guidez, secrétaires ;
Mmes Marie-Do Aeschlimann, Christine Bonfanti-Dossat, Corinne
Bourcier, Céline Brulin, M. Laurent Burgoa,
Mmes Marion
Canalès, Maryse Carrère, Catherine Conconne, Patricia Demas,
Chantal Deseyne, Brigitte Devésa, M. Jean-Luc Fichet,
Mme Frédérique Gerbaud, MM. Xavier Iacovelli,
Khalifé Khalifé, Mmes Florence Lassarade, Marie-Claude
Lermytte, Monique Lubin, Brigitte Micouleau, M. Alain Milon,
Mmes Laurence Muller-Bronn, Solanges Nadille, Anne-Marie
Nédélec, Guylène Pantel, M. François Patriat,
Mmes Émilienne Poumirol, Frédérique Puissat,
Marie-Pierre Richer, Anne-Sophie Romagny, Laurence Rossignol, Silvana Silvani,
Nadia Sollogoub, Anne Souyris, M. Jean-Marie Vanlerenberghe.
L'ESSENTIEL
Trois ans après la fin de crise sanitaire, la commission constate que la dégradation de la santé mentale est une tendance de fond et s'inquiète de l'explosion des troubles psychiques chez les jeunes.
Elle constate l'impérieuse nécessité de réduire les inégalités territoriales dans l'accès aux soins et de mobiliser l'ensemble des acteurs pour garantir une prise en charge graduée et de proximité aux patients.
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I. LA DÉGRADATION DE LA SANTÉ MENTALE : UNE TENDANCE DE FOND, PARTICULIÈREMENT ALARMANTE CHEZ LES JEUNES
A. LA DÉGRADATION DE LA SANTÉ MENTALE SE POURSUIT
Les enquêtes épidémiologiques, comme les constats empiriques des professionnels de santé, font ressortir une dégradation de la santé mentale des Français depuis 2020.
Source : Commission des affaires sociales, données Santé publique France (Coviprev)
La crise sanitaire coïncide donc avec un moment de rupture dans l'état de santé mentale de la population. Toutefois, si elle produit, sans aucun doute, des effets d'hystérèse, il est difficile d'identifier sa part exacte de responsabilité dans cette détérioration. En tout état de cause, il ne faut pas y voir le seul facteur explicatif ; elle semble plutôt avoir joué un rôle d'accélérateur des tendances de fond qui préexistaient.
L'isolement social grandissant des individus occupe une place prépondérante parmi ces déterminants tout comme l'évolution du contexte économique : la précarité est un facteur de vulnérabilité aux troubles dépressifs. Le contexte politique et géopolitique anxiogène peut aussi être un facteur explicatif à court terme ; l'association SOS Amitié a par exemple noté un nombre important d'appels liés à la guerre en Ukraine au début du conflit.
Enfin, il convient de ne pas négliger l'effet produit par la déstigmatisation des troubles psychiques et le meilleur repérage de ces derniers. Les campagnes d'information des pouvoirs publics, tout comme les initiatives de la société civile, portent leurs fruits.
La consécration de la santé mentale comme « grande cause nationale » permet, en 2025, une médiatisation du sujet encore jamais atteinte, dont on peut se réjouir. Toutefois, les rapporteurs partagent la crainte des associations oeuvrant dans le champ de la santé mentale que cette mise en lumière ne soit qu'éphémère.