IV. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR
Au terme de cette rapide analyse, votre rapporteur souhaite, en guise de conclusion, formuler trois observations principales sur les activités de la BERD et l'avenir de la transition économique dans les économies est-européennes.
A. SUR LE DÉROULEMENT DE LA TRANSITION ET SON ACCOMPAGNEMENT PAR LA BERD
1. L'enjeu historique de la transition
La transition -vers l'économie de marché mais
aussi vers la démocratie politique- dans les pays d'Europe centrale et
orientale et dans les Etats issus de l'ex-Union soviétique constitue
un enjeu historique
pour l'avenir de notre continent. Cette
extraordinaire mutation représente un double défi pour
l'Europe :
- le défi de l'élargissement
de l'Union européenne
aux
pays d'Europe centrale et orientale candidats, avec l'empressement
que l'on sait, à l'adhésion ; or il va de soi que le
succès de cet élargissement très difficile -même si
chacun le considère aujourd'hui comme un objectif incontournable-
suppose une profonde transformation des économies en cause pour que ces
pays soient en mesure de satisfaire aux exigences de l'appartenance à la
Communauté ; des progrès ont été accomplis,
considérables dans certains pays, plus modestes dans d'autres, mais pour
tous beaucoup reste à faire ; la tâche ne sera pas facile et
prendra du temps ;
-
le défi,
ensuite,
de favoriser
le formidable
bouleversement que constitue
l'adaptation des Etats de l'ancienne URSS
à l'économie de marché après des
décennies de collectivisme ; car l'Europe de demain doit être
ouverte sur l'extérieur et assumer ses responsabilités
régionales et mondiales ; elle doit mettre en place un partenariat
solide avec ces pays, et d'abord avec la Russie, car il y va de la
stabilité géopolitique de notre continent.
Pour l'heure, ces paris ne sont pas gagnés. Certes,
l'ensemble de la
région évolue dans un sens globalement positif.
En moins de
six ans, des avancées considérables et des transformations
profondes, parfois radicales, ont été réalisées.
Les bases mêmes du fonctionnement de l'économie ont
été modifiées. L'évolution va dans le bon sens,
quoiqu'à des rythmes très différents, et est à cet
égard encourageante.
Mais
l'essentiel du chemin reste à parcourir,
au moins pour les
pays de la CEI. Les réformes qui doivent y être encore mises en
oeuvre sont les plus complexes et exigeront beaucoup de temps, qu'il s'agisse
de la mise en place d'un système juridique sûr et moderne, de
l'indispensable réforme du secteur financier et bancaire ou des
privatisations et restructurations nécessaires.
Ces bouleversements ont ensuite un
coût social élevé.
Et on ne peut aujourd'hui exclure, au moins dans certains pays qui ne sont
pas encore parvenus à sortir de la récession, que des
réactions sociales qui pourraient être compréhensibles
n'affaiblissent la volonté politique d'aller de l'avant et finalement
compromettent, voire interrompent, le processus de transition dans son ensemble.
C'est pourquoi
votre rapporteur hésite pour sa part à partager
l'optimisme relatif
exprimé par les institutions financières
internationales et par la BERD elle-même, particulièrement en ce
qui concerne la situation économique en Russie.
Ce constat et ces incertitudes elles-mêmes ne font toutefois que
renforcer l'importance de la mission et du rôle confiés à
la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.