C. SUR LE RÔLE À VENIR DE LA BERD
La
question centrale pour la stratégie de la BERD
est celle du rôle qui lui sera assigné pour l'avenir à
moyen et à long terme, dès lors que sa mission est d'accompagner
le processus de
transition
-par définition temporaire- dans son
champ de compétences et que le
caractère
" additionnel "
de ses interventions lui impose de
n'intervenir
que dès lors que le secteur privé ne peut le faire lui-même
à des conditions raisonnables et d'envisager de se retirer d'une
opération dès lors qu'elle a réussi.
Deux observations, au demeurant liées entre elles, peuvent être
à cet égard formulées sur l'évolution
géographique des actions de la BERD et sur l'accroissement de son
capital.
1. L'évolution de la répartition géographique des interventions de la Banque
Si la BERD envisage de maintenir dans les prochaines
années une couverture complète des différentes
catégories de pays, la part relative de chaque catégorie de pays
est appelée à subir une double évolution :
-
la réduction du pourcentage d'opérations consacrées
aux pays les plus avancés,
-
et la progression des opérations en Russie et dans les pays les
moins avancés.
La première évolution tient compte des progrès importants
accomplis par le processus de transition économique dans les pays les
plus avancés (notamment les pays de Visegrad) et de l'expansion soutenue
que connaissent désormais la plupart d'entre eux (en particulier la
Pologne, la République tchèque, la Hongrie et la Slovénie).
Elle pose, en revanche, à plus long terme, la question de
savoir si
ces pays sont appelés à disparaître de l'horizon de la BERD
dans la perspective de leur adhésion à l'Union européenne.
Il est à cet égard clair que, dans les années qui vont
précéder leur entrée dans l'Union, la situation de ces
pays justifiera encore une action substantielle de la BERD. Beaucoup
d'améliorations restent en effet à accomplir, notamment en
matière de restructuration d'entreprises, dans le secteur financier et
bancaire, ou dans le domaine de l'environnement dans lequel la Banque a, de par
ses statuts, une mission spécifique à accomplir. Le
Président de Larosière a, par ailleurs, souligné devant
notre commission que la BERD prêtant au taux du marché pour toutes
les opérations privées, ses interventions n'étaient pas de
nature à créer une quelconque distorsion.
L'accroissement programmé des opérations de la BERD en Russie
(20 % des opérations de la Banque en 1995, environ 30 % en l'an
2000) est d'autre part, selon votre rapporteur, d'autant plus
nécessaire
que l'évolution économique dans ce pays
reste très préoccupante, malgré un certain optimisme
officiel.
L'essentiel du chemin reste à accomplir pour progresser dans le
processus de transition économique, notamment pour renforcer
l'infrastructure et la sécurité juridiques, accompagner les
privatisations, améliorer la gestion des entreprises et conforter le
système bancaire. Les difficultés sont considérables
compte tenu de l'ampleur du problème et de la dimension du pays, sans
parler du caractère douteux, selon certains observateurs, de certains
groupements industriels et financiers apparus en Russie.
Mais il va de soi qu'accompagner la transition en Russie doit désormais,
en raison de sa mission même, figurer au premier rang des
priorités de la BERD, pour conduire effectivement ce pays sur la voie
d'une économie concurrentielle et pluraliste. Encore faut-il qu'elle
dispose de moyens à la hauteur de l'enjeu...