2. Les moyens de la BERD et l'efficacité de ses interventions

Le doublement du capital de la Banque, décidé en avril 1996, correspondait -pour les raisons évoquées ci-dessus- à une évidente nécessité pour lui permettre de poursuivre son action dans les prochaines années, dès lors qu'elle aurait atteint dès 1997 le chiffre d'engagements correspondant à son capital initial (10 milliards d'écus).

Mais l'ampleur des défis de l'avenir et l'accroissement prévisible de la demande conduisent à formuler quelques interrogations ou suggestions :

- en premier lieu, le passage de 10 à 20 milliards d'écus du capital de la Banque suffira-t-il ? Le Président de la BERD a estimé que cet accroissement lui permettrait de ne pas solliciter à nouveau ses actionnaires. Mais force est de constater que, si tel était le cas, la Banque ne pourrait guère accroître le montant de ses engagements annuels au-delà de 2,5 milliards d'écus au tournant du siècle. Cela signifie, à titre d'exemple, que, si la Russie est destinataire de 30 % de ses interventions, elle bénéficiera au maximum de 750 millions d'écus d'engagements annuels. Quel que puisse être l'effet d'entraînement et le rôle mobilisateur de la BERD, on peut craindre que ses interventions restent finalement relativement marginales au regard de l'ampleur des besoins ;

- faut-il ensuite considérer a priori que la BERD n'aura plus aucune vocation à intervenir dans les pays d'Europe centrale et orientale dès lors qu'ils auront adhéré à l'Union européenne ?
C'est naturellement la logique dès lors que la BERD a pour mission d'accompagner et de favoriser la transition. Plusieurs questions se posent néanmoins qui paraissent de nature à justifier une réflexion approfondie sur le sujet : la signature d'un traité d'adhésion à l'Union -qui devra au demeurant prévoir des périodes importantes de transition- signifiera-t-elle ipso facto que le processus de transition économique sera achevé dans les pays concernés ? Une telle perspective n'est-elle pas d'ailleurs de nature à retarder l'entrée de certains pays ? La BERD n'a-t-elle pas des actions spécifiques et de longue haleine à conduire dans ces pays qui ne seront pas achevées dans quelques années ? Enfin, les interventions de la Banque dans les pays les plus avancés renforcent désormais son bilan : leur arrêt brutal déséquilibrerait le portefeuille de la BERD et, de ce fait même, affaiblirait paradoxalement ses capacités vis-à-vis des pays moins avancés ;

- ne peut-on enfin améliorer l'efficacité de l'action de la BERD par une meilleure coordination de ses interventions avec l'Union européenne et les institutions financières internationales ? S'agissant de ces dernières, il y a certes, au plan des principes, complémentarité des actions ; ne pourrait-on toutefois sur le terrain mieux coordonner les interventions ? En ce qui concerne surtout les relations avec l'Union européenne, les relations entre la Banque et la Commission de Bruxelles, qui met en particulier en oeuvre les programmes Phare et Tacis, paraissent parfois se heurter à des lenteurs bureaucratiques qu'il serait sans doute possible de corriger. Une clarification paraît également nécessaire sur les rôles respectifs de la BERD et de la BEI (Banque européenne d'investissements) à l'égard des pays d'Europe centrale et orientale candidats à l'adhésion à l'Union européenne.

Une réponse satisfaisante à ces questions serait, aux yeux de votre rapporteur, de nature à conforter le rôle pivot que joue la BERD dans l'action des organisations internationales vis-à-vis des pays de l'Est. Le déroulement harmonieux de la transition économique dans ces pays constitue une extraordinaire mutation, décisive pour l'avenir du continent européen. C'est l'intérêt bien compris de la France et de ses partenaires que de se donner les moyens nécessaires pour contribuer à sa réussite.

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