2. La répartition des opérations directes et indirectes
A côté des
opérations directes
"classiques"
, la Banque a développé des
opérations
dites "indirectes"
qui représentent aujourd'hui le quart de ses
engagements.
a) Les 75 % d'
opérations directes
se répartissent en
24
% de prêts au secteur public, 38 % au secteur privé, 10 % en
prises de participation et 3 % en engagements de garanties.
Si les
prêts
constituent l'essentiel des opérations de la
Banque, les
opérations en capital
en représentaient ainsi
à la fin 1995 une part non négligeable appelée encore
à croître dès 1996 (20 % selon les estimations
réalisées en septembre).
La Banque apporte les capitaux sous forme de
prêts ou
de
participations à long terme
que le marché n'offre pas.
Elle permet ainsi d'importantes opérations de restructuration (par
exemple, celle du plus gros constructeur russe de camions Kamaz). Sa
qualité de créancier privilégié fait qu'une
intervention de sa part, même minime, peut inciter des opérateurs
privés à s'engager dans une opération qu'ils auraient
considérée comme trop risquée.
La
prise de participation
au capital donne à la BERD, comme
à tout actionnaire privé, le droit de siéger au conseil
d'administration -où elle possède d'ailleurs souvent une
influence qui va au-delà de sa part dans le capital-. Son
représentant a ainsi la possibilité de suivre au jour le jour
l'évolution de l'entreprise, diffusant progressivement les règles
d'une bonne gestion dans ses aspects les plus élémentaires
(comptabilité, répartition des actifs, réorganisation,
souci du marché et de l'équilibre d'exploitation, etc). La prise
de participation se traduit ainsi par une
action diffuse
, coûteuse
en temps mais qui peut exercer un rayonnement bien au-delà de
l'entreprise ou du secteur. On comprend dans ces conditions
l'intérêt de sélectionner avec soin chaque opération
afin que l'
effet d'exemplarité
soit le plus grand possible.
Le but de la Banque n'est pas cependant de détenir sur le long terme une
fraction du capital d'une entreprise, fut-ce pour l'aider à
évoluer :
il est de faciliter la transition
. La "
sortie du
capital
" est donc l'un des points envisagés dès l'origine du
projet, même si le moment ne saurait être déterminé
avec précision. Très souvent, la Banque s'efface dès
qu'elle a trouvé un "investisseur stratégique" susceptible de
prendre le relais et de s'impliquer dans le secteur. Tel fut le cas par exemple
pour un de ses investissements dans une entreprise du secteur pharmaceutique en
Hongrie.
Les
prêts au secteur public
ne sont pas négligeables mais
ils ont tendance à décroître au fur et à mesure du
développement de l'économie, dans le respect du critère
d'"additionalité". La BERD pèsera donc en direction d'un
financement privé des équipements publics même si, par
définition, il ne pourra s'agir que d'investissements à
très long terme où son engagement sera décisif. Tel est le
cas par exemple du financement de réseaux autoroutiers à
péage où la Banque a permis d'ores et déjà
d'obtenir des résultats concrets (en Hongrie en particulier).
De même, ces prêts au secteur public ou bénéficiant
d'une garantie souveraine ne signifient pas pour autant que la Banque
s'éloigne de ses objectifs. Ils peuvent être un moyen de
"démarrer" le processus. Telle est la vocation des mécanismes
dits "pyramidaux", utilisés par exemple en Asie centrale. La BERD
prête à une institution publique, par exemple la Banque centrale,
à charge pour celle-ci de rétrocéder les sommes à
des banques locales, choisies selon des critères précis, pour
qu'elles les reprêtent à leur tour selon des règles
également préétablies.
b) Bien que quantitativement moins importantes,
les opérations dites
"indirectes"
sont particulièrement intéressantes car
elles
regroupent toute une série de nouveaux produits
générés par la Banque au cours des dernières
années.
L'idée qui sous-tend ces modes d'interventions est que la BERD ne peut
espérer atteindre les "couches profondes" de l'économie qu'en
recourant à
des intermédiaires financiers
qui
présentent un triple avantage :
- la
démultiplication de ses interventions
(elle peut
prêter par exemple à une ou plusieurs banques à charge pour
celles-ci de prêter à des clients qu'elles auront
elles-mêmes identifiés mais qui n'auraient pu prétendre
à un accès à la BERD). Ces opérations sont aussi un
élément d'amélioration de la productivité de ses
interventions ;
- un
effet pédagogique
car pendant toute la durée de
l'opération, l'intermédiaire financier travaille en quelque sorte
"en double commande" et ainsi peut s'effectuer un transfert
d'expertise
progressif ;
- une
réduction des risques
dès lors qu'elle ne s'engage
pas directement dans un milieu qu'elle connaît mal ou dont les structures
ne sont pas encore stabilisées.
L'engagement peut cependant aller plus loin et consister par exemple dans la
création de fonds régionaux d'investissement -notamment en
Russie- qui permet de choisir les entreprises petites et moyennes qui ont
besoin d'un apport en capital et de l'expertise afférente. Ces fonds
peuvent être des fonds de capital-risque mais aussi des fonds de
restructuration ou des fonds de postprivatisation.
Cette approche indirecte peut d'ailleurs être combinée avec la
mobilisation d'autres ressources publiques, par exemple en provenance du
programme " Phare " de l'Union européenne (opérations
d'économie d'énergie ou d'action sur l'environnement).
La BERD a aussi lancé en 1995 un nouveau produit dit
"multiproject
facility"
qui lui permet de s'engager avec un partenaire privé pour
un ensemble d'opérations, de répartir les risques mais aussi
d'améliorer l'efficacité globale de ses interventions. Ces
"multiprojects facilities" peuvent être l'une des voies d'intervention
pour l'amélioration de la gestion des services publics locaux. Ainsi,
parmi les quatre "multiprojects" signés en 1995, l'un concerne la
gestion de l'eau et des déchets.
Au total, le plus grand nombre des
25 % d'opérations indirectes
s'étaient effectuées début 1996 à travers des
intermédiaires financiers sous forme de
lignes de crédit
(18 %), de
fonds d'investissement
(1 %) et de
financements
destinés au développement du commerce (1 %), tandis que 2 %
servaient à financer des
opérations dites Multi Project
Finance
(MPF) et 2 % de prises de
participation à haut
risque.
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