E. AUDITION DE M. MARC DEBY, DIRECTEUR GÉNÉRAL ET DE M. CHRISTIAN DE THUIN, ADJOINT AU CHEF DU SERVICE TECHNIQUE DE L'INSTITUT NATIONAL DE LA CONSOMMATION (INC)
M. Claude HURIET, rapporteur - Comment
fonctionnez-vous ?
Quel est votre sentiment concernant l'objet de notre mission ?
M. Marc DEBY - Je voulais vous remercier d'entendre l'INC ; nous avons
essayé de borner notre champ mais nous pensons que, vis-à-vis des
consommateurs, l'aspect grand public de ces questions sur la veille sanitaire
et sur le contrôle des médicaments nous a limités à
un certain nombre de questions plus proprement techniques.
Nous avons proposé également d'ouvrir sur un certain nombre de
thèmes pour nous éloigner de l'aspect proprement alimentaire des
questions, tout en abordant l'alcoolisme, le tabagisme, la consommation des
médicaments psychotropes.
Nous avons l'impression que nous sommes bien dans le champ d'investigation qui
est celui de votre mission mais en même temps, nous avons souhaité
le limiter à l'aspect grand public.
Nous avons souhaité traiter les questions de veille, les questions de
pharmacovigilance, plus accessoirement de réactovigilance, et les
questions de matério-vigilance.
J'aborderai quelques questions de santé publique dans mon introduction,
qui me paraissent tout à fait importantes pour les consommateurs. Nous
en viendrons ensuite aux contrôles des produits thérapeutiques.
L'INC est un établissement public national dont les deux tiers du
financement proviennent de la vente de son journal. Nous avons constaté
une forte diminution de l'engagement des pouvoirs publics que nous regrettons,
car nous pensons être un intermédiaire très important entre
les producteurs et les distributeurs qui se livrent d'âpres batailles et
les consommateurs dont nous cherchons à préserver au maximum les
intérêts. Nous pensons que les pouvoirs publics pourraient
envisager un retrait plus lent de leur financement, ce qui nous permettrait de
mieux remplir nos missions.
Le premier point concerne la veille accident. Il nous apparaît que le
dispositif législatif et réglementaire répond actuellement
aux exigences de santé publique en termes de préventions
d'accidents et, en conséquence, que l'organisation de l'Agence du
médicament répond à ce dispositif.
Cependant, l'alerte sur les produits est souvent quelque chose d'inopiné
et elle devrait être systématiquement effectuée en temps
réel. Maintenant que des moyens électroniques existent, il
devrait y avoir une obligation d'équipement des officines pour chacun de
ces moyens d'alerte. Nous avons constaté une hausse dans le signalement
de ces accidents. Bien sûr, il y a un renforcement de la
réglementation, qui peut constituer un facteur incitatif au signalement
des laboratoires, mais il y a aussi une certaine hausse du nombre des
décisions de retrait de lots. Or, si cette hausse démontre que
les risques sont bien réels, en revanche, nous nous interrogeons sur les
raisons pour lesquelles ces hausses de signalement interviennent. De ce point
de vue, nous constatons une certaine opacité des causes sur les
accidents survenus. On ne donne pas actuellement les motivations du retrait des
lots de médicaments ; or, il faut savoir que 2 à 3 fois par
semaine, nous constatons sur le Minitel approprié un rythme de 2
à 3 retraits.
On peut peut-être aussi se demander si les pharmaciens inspecteurs du
corps de la santé font des contrôles suffisants. C'est un point
que nous laissons à votre appréciation sachant que nous sommes
attachés au rôle que jouent ces contrôles en termes de
prévention des accidents.
Sur la pharmacovigilance, nous avons un fondement juridique qui est tout
à fait opérationnel et le système français nous
paraît tout à fait excellent. Le problème réside
plus dans l'application des textes qui n'est pas toujours effective sur le
terrain. Je développerai deux points, d'une part la sensibilisation des
professionnels de santé à la pharmacovigilance, qui nous
paraît vraiment insuffisante ; d'autre part, l'information
générale des consommateurs sur le système d'information
qui n'existe pas.
Concernant le premier point, vous constaterez que la sensibilisation des
professionnels à la pharmacovigilance est purement anecdotique, en
dépit des efforts des pouvoirs publics qui ont édité un
guide de bonne pratique et un guide de pharmacovigilance qui n'a pas
suscité suffisamment d'intérêt.
Là aussi, faut-il incriminer la pratique quotidienne des
médecins ? Je ne sais pas, mais il y aurait aussi un effort
à faire dans la pratique quotidienne des médecins. La plupart du
temps, les professionnels de la santé ont estimé que les effets
secondaires déjà connus ou répertoriés ne
présentaient pas d'intérêt pour la pharmacovigilance, son
but étant plutôt perçu comme un moyen de dépister
des effets et uniquement cela.
On nous explique que le temps de consultation ne permet pas de faire allusion
au système de pharmacovigilance. Peut-être la procédure
est-elle synonyme de paperasserie et il y aurait des efforts de communication
à faire. L'INC propose que nous en arrivions à une
rémunération forfaitaire du signalement. Peut-être
faudrait-il prévoir des stages de formation sur le sujet. On constate
que les cours de pharmaco-thérapeutique ne sont pas suffisamment
dispensés.
Concernant l'absence d'information des patients, c'est absolument patent. Elle
engendre une passivité complète du consommateur qui ne pense pas
signaler les effets secondaires de ces spécialités. C'est quelque
chose de préoccupant et pourtant, cela devrait permettre de favoriser
l'observance thérapeutique, mais il n'y a pas identification des effets
secondaires par les malades, du moins nous ne l'avons pas constaté dans
les courriers nombreux que nous recevons sur les questions d'utilisation des
médicaments.
D'une certaine façon aussi, les informations elles-mêmes ne sont
pas transparentes. Il est impossible de connaître aujourd'hui les risques
quantifiés ou réels de tel ou tel principe actif, de disposer
même d'une valeur comparative. Nous aimons bien faire des tests
comparatifs à l'INC mais nous ne disposons pas de valeurs comparatives
de certains principes actifs par rapport à certains équivalents
thérapeutiques.
Nous constatons aussi que beaucoup de principes anciens sont parfois
utilisés dans certaines spécialités pharmaceutiques et
perdurent alors même qu'ils ne sont probablement plus nécessaires
au fonctionnement du médicament.
Nous pourrions également améliorer la transparence par une
représentation accrue des usagers -peut-être de l'INC- dans la
Commission nationale de pharmacovigilance, c'est un point organique à
signaler également.
J'en viens à la phytovigilance, c'est le problème des produits
à base de plantes qui disposent d'une autorisation sur le marché
et qui relèvent, pour la veille sanitaire, de ce système de
pharmacovigilance. Personne ne reparlera du douloureux épisode du Germe
André qui a montré que la communication entre les systèmes
de pharmacovigilance des Etats membre de l'union devrait être fortement
améliorée.
On peut dire également que les produits qui sont actuellement sur le
marché français sont vendus avec des livrets d'informations ou
des dépliants, mais ces produits, alors que ce ne sont pas des
médicaments, sont considérés souvent comme tels par les
consommateurs en raison de la présentation de ces produits. Des
gélules, des comprimés, une posologie indiquée etc. font
penser à des médicaments. Il était d'ailleurs question
d'un décret qui devait en venir à réglementer ces
compléments alimentaires, mais ce décret n'a pas
été publié. Je pense qu'il faudrait envisager qu'il soit
pris.
Concernant la réactovigilance, on envisage qu'un simple enregistrement.
Je pense qu'il y a une nuance et que peut-être demande-t-on moins
d'exigences de la part de ces réactifs, alors qu'on prévoit pour
les médicaments une autorisation de mise sur le marché. C'est un
point qu'il faudrait peut-être soulever.
J'en viens à la matério-vigilance qui concerne essentiellement
les dispositifs médicaux. Nous pourrions renforcer la veille sanitaire
en élargissant la notion de dispositifs médicaux. Certains
équipements n'entrent pas dans la classification des dispositifs
médicaux, par exemple, les lentilles colorées présentent
des risques pour les utilisateurs. Il y aurait, d'après les
renseignements que nous avons du Conseil national de la consommation, un risque
significatif d'accidents oculaires non répertoriés, car aucune
structure ne s'occupe de centraliser ces problèmes sanitaires.
On pourrait également améliorer la matério-vigilance en
rendant obligatoires toutes les procédures quelle que soit la cause des
accidents. En effet, les textes réglementaires indiquent que les
signalements mettant en cause un dispositif médical doivent être
faits. Or, le signalement n'est que facultatif dans certaines
hypothèses, comme par exemple tout dysfonctionnement ou toute
altération des caractéristiques ou des performances d'un
dispositif médical, ou tout indication erronée, toute omission
dans la notice d'instruction d'emploi ou le manuel de maintenance. Je pense
qu'il faudrait rendre obligatoires toutes ces procédures.
Concernant le tabagisme, l'alcoolisme, nous avons demandé et nous
continuons de demander l'application la plus stricte de la loi Evin. Nous
pensons qu'une réflexion devrait être développée sur
l'accoutumance induite par la nicotine, et sur une amélioration de
l'étiquetage des cigarettes.
Sur la consommation des psychotropes, la France est un des pays où on en
consomme le plus ; il n'est que de rappeler les rapports divers. De ce point de
vue, il y a vraiment un effort très important à faire et il faut
améliorer tout ce qui concerne l'information dans les notices. Le fait
simplement, pour des produits qui ne sont pas forcément psychotropes,
mais pour des produits qui mettent en danger les conducteurs automobiles ou de
machines, il faut être encore plus net que dans une simple notice
d'emploi. Ce n'est pas suffisant.
Je voudrais également attirer votre attention sur
l'hépatite C, pour laquelle nous regrettions qu'il n'y ait pas de
dépistage. Sur une estimation de 600 000 personnes
contaminées, il y aurait actuellement 30 000
dépistés. Ce problème de l'hépatite C risque
de nous exploser à la figure dans quelques années.
M. Claude HURIET, rapporteur - On le sait.
M. Marc DEBY - Je n'entre pas plus dans le détail. Pour les maladies
sexuellement transmissibles, nous souhaitons attirer votre attention sur le
fait qu'il n'est plus prévu à partir de juin 1998 de
contrôle des préservatifs masculins par un organisme tiers.
Actuellement, le travail est fait par le LNE et le contrôle s'effectue
sur chaque lot.
C'est notamment à la suite des demandes de l'INC et de certains de ses
partenaires comme l'AFNOR que nous avons obtenu de la DGCCRF qu'elle prolonge
les systèmes de contrôle sur des lots et cela nous paraît
essentiel. Le climat de confiance que nous avons pu créer en rendant
hommage aux distributeurs/producteurs lorsque ceux-ci avaient
amélioré leurs produits -je rappelle que l'INC a fait des
contrôles sur les préservatifs depuis 1989, que ce contrôle
a donné lieu à la constatation que les produits n'étaient
pas au point et ensuite, nous avons pu obliger les producteurs à
remonter le niveau de qualité des préservatifs et le
problème de la porosité qui est maintenant bien
réglé- ; donc le niveau de confiance dans lequel nous sommes
pour ces produits n'exclut absolument pas le contrôle par lots, il faut
continuer. Or en juin 1998, il n'y en aura plus. Il faut donc absolument qu'une
instance indépendante continue à effectuer ces contrôles
par lots.
J'en viens au contrôle des produits thérapeutiques. Je traiterai
la question des autorisations de mise sur le marché. Pour l'INC, le
fondement juridique et les procédures de mise sur le marché des
médicaments actuels permettent d'assurer un bon contrôle de ces
produits, et en théorie, nous avons tous les éléments pour
assurer ce contrôle.
Cela dit, nous avons un écart important entre la théorie et la
pratique. D'abord, on sait que de très nombreuses
spécialités ont des autorisations de mise sur le marché
qui révèlent que l'efficacité de nombre de ces produits
est peu probante. Or, si ces autorisations de mise sur le marché sont
souvent accordées, en revanche il n'est jamais prononcé de
retrait des autorisations de mise sur le marché.
Il en découle que des spécialités anciennes demeurent sur
le marché national alors que le rapport entre le bénéfice
et le risque du produit n'est plus aussi satisfaisant que par le passé.
On citera le cas des fortifiants qui ont conservé une autorisation de
mise sur le marché et dont les effets sont souvent proches du placebo.
Au cours de ses nombreuses études sur les médicaments, l'INC a
souvent évoqué le problème des spécialités
qui changent de nom mais pas de composition. Les consommateurs, probablement du
fait de ce changement de nom, continuent d'utiliser ces médicaments
auxquels ils sont accoutumés. Peut-être faudrait-il changer la
dénomination commerciale, écrire plus clairement "nouvelle
formule" car "nouveau principe actif" c'est plus difficile car
le consommateur
n'est pas habitué à cette terminologie.
Sur les procédures européennes d'AMM, il faut être
vigilant, en particulier sur la procédure non centralisée qui
risque de niveler par le bas ces autorisations si les laboratoires formulent
leurs demandes auprès des Etat membre les moins exigeants. Il y a un
problème de niveau général et de normes
générales à maintenir.
Sur l'évaluation pharmaco économique, on touche au
problème très important du caractère remboursable des
produits. A partir du moment où une spécialité
pharmaceutique dispose d'une autorisation de mise sur le marché, l'INC
considère que la spécialité doit pouvoir être
remboursable, et elle ne souhaite pas que les niveaux de remboursement varient
selon les médicaments. Il faut voir l'aspect désastreux que peut
avoir la notion de médicaments de confort dans l'esprit des
consommateurs pour ce que l'on peut appeler un principe très important,
celui de l'observance médicamenteuse. Si on vous prescrit un
médicament -même s'il est de confort- encore faut-il l'observer et
en suivre normalement les prescriptions. De ce point de vue, nous attirons
l'attention du Sénat.
Je voudrais également dire un mot de la publicité. Nous avons une
vision peut-être restrictive des choses, mais c'est dû à
notre prudence et à notre effort pour chercher à protéger
les consommateurs et leurs intérêts. Pour nous, la
publicité des médicaments auprès du grand public ne
devrait pas être autorisée. Je sais que c'est un débat
difficile qui met en jeu d'importants intérêts, mais je voudrais
quand même vous sensibiliser -je pense que vous l'êtes-, sur le
fait que cette publicité développe surtout notre réflexe
à consommer, et introduit d'une certaine façon une banalisation
du médicament.
Nous parlions du triste record dont nous sommes les titulaires qui est celui de
la consommation des psychotropes, je crois que c'est notamment dû
à ce développement du réflexe à consommer. Je dirai
même que cela peut aller aussi à l'encontre de la simple auto
médication quand elle est faite rationnellement.
Je voudrais demander à M. de Thuin, pour ce qui concerne la
publicité auprès des professionnels, de vous en montrer le
caractère extrêmement ambigu, même auprès des
professionnels. Un certain nombre de mentions obligatoires doivent figurer sur
ces publicités. Je vous défie, en les regardant, de lire les
mentions obligatoires ; on a l'impression de revenir aux vieilles
questions des contrats d'assurance avec les textes écrits en tout petit.
Je vous ai apporté des exemples de publicité, il y en a un dont
les mentions obligatoires sont tellement peu lisibles -elles ont
été imprimées dans un gris- que je n'arrive pas à
les lire. Voici ce que l'on appelle de la publicité pour des
professionnels. Faut-il vraiment maintenir cela ? Il y a une certaine
inadéquation d'ensemble du système.
Je voudrais plaider pour le bon usage des produits par le public et
développer trois points rapidement et de façon
générale : le problème de l'information qui doit
être donnée au public ; le problème de l'observance
médicale ; et le problème de l'automédication.
Sur l'information au public, nous regrettons que les notices d'instruction
d'emploi ne soient pas complètes et, parfois même, très
largement insuffisantes ; en tout état de cause, elles ne respectent pas
le texte de l'annexe 2 de l'AMM. Il y a eu un groupe de travail
présidé par le professeur Colin au début des années
90 qui avait favorisé les recherches et les réflexions sur ce
point. Ces travaux ont été interrompus faute de moyens ;
c'est dommage car de tels travaux avaient leur importance pour l'information du
public.
Sur l'observance médicale, cela nous paraît absolument insuffisant
mais il faut dire que la sensibilisation des consommateurs n'est pas, elle
aussi, facile à réaliser. Les comportements sont
influencés par des aspects psychologiques ou sociaux. Nous serions tout
à fait d'accord pour participer à un travail d'éducation
du consommateur, car c'est une des voies à mettre en place. Pour cela,
il faut une information adéquate sur les résultats cliniques des
produits en fonction de l'observance.
M. Christian de THUIN - Aux Etats-Unis, dans certaines notices d'emploi, il y a
des indications sur le pourcentage d'efficacité du produit
thérapeutique en fonction du respect de l'observance
médicamenteuse. Si le produit doit être utilisé tous les
jours, on peut s'attendre à tel pourcentage d'efficacité ;
par contre si on l'utilise très irrégulièrement on n'aura
que 10 % d'efficacité. Tout cela est tout à fait
pédagogique par rapport à une amélioration de l'observance
médicamenteuse.
Malgré le sérieux des études, on est dans le flou sur des
pourcentages exacts de respect des traitements thérapeutiques, mais des
initiatives très intéressantes ont eu lieu aux Etats-Unis avec
des patients notamment sous polymédication qui utilisaient un genre de
semainier : chaque fois qu'ils ouvraient ou fermaient la boite de
médicaments, un compteur permettait de savoir quand ils l'avaient
ouverte et fermée, afin d'évaluer de façon plus
chiffrée les résultats de ces observances médicamenteuses.
On s'est aperçu que tout ce que l'on jugeait à peu près
par des enquêtes faites auprès des patients se
révélait exact à savoir que, suivant les catégories
de médicaments ou de patients, entre 30 et 70 % des patients ne
respectent pas les traitements prescrits. Il y a un problème entre
l'intérêt de la prescription et l'efficacité réelle,
l'effet thérapeutique attendu.
M. Marc DEBY - Dernier point, la question de la distribution des
médicaments. Nous sommes favorables à l'existence d'un droit de
substitution des pharmaciens, mais dans des conditions précises
d'existence de listes positives des médicaments génériques
qui devront avoir les mêmes qualités
pharmaco-thérapeutiques que les molécules originales.
Enfin sur la distribution, nous sommes très préoccupés par
le développement des achats de médicaments par le système
Internet qui nous préoccupe considérablement avec l'achat de ces
produits sans contrôle dans des pays : rappelons l'affaire de la
mélatonine, tout ceci nous paraît absolument dommageable.
M. Claude HURIET, rapporteur - Merci de votre rapport extrêmement
intéressant sous un point de vue que nous n'avions pas toujours
envisagé.
Très peu de questions, car votre présentation a été
exhaustive. Cependant, puisque dans les deux volets que vous avez
abordés, celui de la vigilance et celui de la sécurité des
produits, vous avez parlé d'absence d'information des patients et
d'absence de transparence, je vois une certaine difficulté
d'adéquation entre ce souhait d'avoir une meilleure information et une
information plus transparente, et la densité des mentions obligatoires
dont vous nous avez montré des exemples assez spectaculaires.
Comment concilier les deux avec la sécurité des usagers, puisque
c'est le point essentiel de la mission de la Commission des affaires
sociales ?
Vous avez évoqué à titre de suggestion une
rémunération pour les professionnels de santé pour
favoriser la vigilance. Je ne suis pas du tout d'accord. Cela me choquerait que
l'on soit amené à envisager une indemnisation pour la
déclaration des événements. J'attache plus d'importance
à la formation initiale et continue des professionnels de santé
pour attirer leur attention sur une vigilance qui doit être une attitude
constante et en comptant davantage sur eux que sur les patients
eux-mêmes. En effet, l'évocation d'effets secondaires risque chez
certains patients de susciter des effets secondaires ; c'est un
phénomène sûr mais cette partie de votre exposé m'a
beaucoup intéressé, tout comme ce que vous avez dit de la
matério-vigilance, car au point où nous en sommes, nous
considérons que c'est un domaine qui n'est pas bien traité, tant
pour les dispositifs que pour les biomatériaux.
M. Marc DEBY - Sur le problème de l'indemnisation, c'était une
simple suggestion et j'ai commis le petit péché de vous proposer
cette solution sans imaginer qui pourrait en être le payeur. J'ai
davantage insisté sur la nécessaire formation des professionnels
de la santé : il faut, dans le cursus universitaire des
médecins, des professionnels de santé, insister davantage sur la
pharmacothérapeutie et la pharmacovigilance. Il y a une piste de fond
à privilégier.
M. Claude HURIET, rapporteur - Dans quelles conditions est
réalisée la publicité grand public pour les
médicaments ?
M. Marc DEBY - A mon avis, elle n'est pas bien fait.
M. Claude HURIET, rapporteur - Quels médicaments ?
M. Marc DEBY - Tous ceux qui ne sont pas soumis à prescription,
remboursable ou non remboursable. J'insisterai sur le risque en termes
d'hygiène de vie ; il y a un risque important et le dernier exemple
que nous avons est une publicité où on voit un élu qui
visite sa circonscription. Il vient serrer les mains et comme il est sur un
marché, on lui offre des fruits, à boire, une choucroute, puis
des aliments sucrés etc. Il est d'ailleurs suivi par un jeune conseiller
technique qui n'a pas les mêmes capacités ...
M. Claude HURIET, rapporteur - ...c'est pourquoi il est conseiller technique et
pas élu !
M. Marc DEBY - Absolument ! Le jeune est malade mais heureusement,
l'élu a pris un médicament qui lui permet de ne respecter aucune
hygiène de vie. Or, ce n'est pas bon de prendre des produits à
n'importe quelle heure pour faire plaisir. Nous pensons que certains produits
et publicités peuvent entraîner un manque d'hygiène de vie.
La publicité pourrait dire que certains médicaments peuvent
aider, mais qu'il faut commencer par bien manger et bien dormir.