CHAPITRE PREMIER
LES ENSEIGNEMENTS DE LA MISSION
AU JAPON, EN
AUSTRALIE ET EN NOUVELLE ZELANDE
Bien qu'il s'agisse de contextes différents, l'analyse
des échanges commerciaux de la France avec le Japon, l'Australie et la
Nouvelle-Zélande, met en évidence une présence globalement
insuffisante de notre pays sur ces trois marchés, représentative
de notre difficulté à maîtriser les marchés
lointains. Or il s'agit pourtant de pays situés dans une région
Asie-Pacifique en pleine évolution.
Votre rapporteur a en outre pu constater que si la reprise de nos essais
nucléaires dans le Pacifique a incontestablement porté atteinte
à l'image de la France dans l'opinion publique de ces pays, il ressort
en revanche, qu'à l'exception de certains produits, nos ventes n'ont que
faiblement souffert.
I. DES CONTEXTES D'ÉCHANGES TRÈS CONTRASTÉS
Ces trois pays présentent, par rapport à la
France deux situations d'échanges bien distinctes, tant en termes de
solde extérieur qu'en termes de structure par produit. Ces
réalités traduisent et influent en même temps sur l'image
que donne notre pays sur ces différents marchés.
Dans le cas du Japon, nous sommes en effet fortement déficitaires et la
structure de nos échanges traduit une image traditionnelle. Dans le cas
de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, nous sommes en revanche
légèrement excédentaires, la structure de nos
échanges révélant une image moderne.
A. LA FRANCE AU JAPON : UNE IMAGE TRADITIONNELLE DOUBLÉE D'UN IMPORTANT DÉFICIT
Perçu comme "le pays des marchandises de luxe et des produits de la vigne", la France enregistre, avec le Japon, un de ses principaux déficits bilatéraux.
1. Le constat
La principale donnée qui ressort de l'observation des
chiffres de notre commerce extérieur avec le Japon tient à
l'importance et au caractère structurel de notre déficit
commercial
avec ce pays. Bien que ce déséquilibre se soit
réduit et qu'il ne constitue plus
en 1995
notre premier
déficit bilatéral, il
reste avec
19,97 milliards
de francs notre deuxième déficit par pays
après celui
enregistré avec les Etats-Unis d'Amérique
(- 22,8 milliards de francs).
La réduction progressive de l'importance du déséquilibre
qui caractérise nos échanges commerciaux avec le Japon doit
cependant être soulignée.
L'importante réduction du déficit enregistré en 1993 a en
effet été confirmée et amplifiée en 1994 et 1995.
Cette amélioration de près de 9,5 milliards de francs en
trois ans de notre solde commercial avec le Japon
est d'autant plus
remarquable, qu'à la différence de 1993 elle provient, en 1994 et
1995, surtout d'une
progression de nos exportations
.
La poursuite de cette tendance à la réduction du
déficit que nous enregistrons avec le Japon dépendra cependant
largement de notre aptitude à renforcer notre présence
commerciale sur des "créneaux" moins traditionnels.
Au Japon, la France est en effet le plus souvent perçue comme un pays de
grande culture où règne une philosophie du savoir-vivre. Cette
perception est très largement confirmée par la
réalité puisque nos exportations restent concentrées sur
les
produits de consommation destinés aux particuliers
qui, en
s'élevant à 14,4 milliards de francs en 1995,
représentent
plus de 51 % de nos ventes totales au Japon.
Au sein de ces produits, il convient de souligner l'importance des produits
textile-habillement, parmi lesquels les vêtements féminins
représentent 1,2 milliard de francs de ventes, ainsi que la
parfumerie (1,2 milliard de francs de ventes) et la maroquinerie.
Les produits agro-alimentaires représentent dans ce domaine un autre
point fort de l'offre française au Japon avec près de
4,4 milliards de francs de ventes sur ce marché, dont
1,4 milliard de francs grâce aux
ventes traditionnelles de
Cognac
, produit qui
représente à lui seul près
de 6 % des exportations totales au Japon.
Si le Japon constitue un débouché essentiel pour les producteurs
français de ces secteurs, la progression du volume global de nos ventes
dépendra cependant largement de la promotion des dimensions
industrielles et technologiques de notre économie.
2. Les enseignements
Le maintien de nos fortes positions sur ces produits
"traditionnels" doit bien entendu rester un objectif fondamental,
d'autant plus
qu'elles subissent des concurrences de plus en plus affirmées. La plus
notable d'entre elles provenant d'Italie, dont les exportations progressent
fortement dans le domaine des vins, de l'habillement ou de la maroquinerie.
Le renforcement de notre présence commerciale au Japon passe
néanmoins essentiellement par une
promotion des capacités
industrielles et technologiques de notre économie
.
Celles-ci sont en effet souvent
très faiblement connues ou
présentes sur le marché japonais
. Il suffit, pour s'en
convaincre, de citer quelques exemples.
Les ventes d'automobiles représentent traditionnellement moins de
2 % de nos ventes au Japon, soit trois fois moins que celles de
cognac.
Ces ventes ne s'élèvent en effet qu'à
9.265 véhicules en 1995, dont 4.035 pour Peugeot, 3.768 pour
Citroën et 1.462 pour Renault. Les ventes d'Airbus n'ont
représenté, quant à elles, que 2,1 milliards de
francs en 1995 pour sept appareils, soit plus de deux fois moins que les ventes
de produits agro-alimentaires.
Si les opérateurs français enregistrent par ailleurs de bons
résultats sur certains postes, tels que la chimie de base, les
matériels électriques, les matériels de travaux publics ou
les matériels ferroviaires roulants, il n'en reste pas moins vrai que
notre pays se doit de mieux faire connaître son industrie et ses
technologies
.
Tel est en grande partie l'objectif de la
campagne "Le Japon, c'est
possible"
, lancée en 1992 pour trois ans, puis reconduite pour la
même durée en 1995. Destinée en même temps à
stimuler l'intérêt des entreprises françaises pour le
marché japonais, cette campagne se traduit notamment par la promotion de
l'image industrielle de la France au Japon. Ce plan de communication mis en
oeuvre par le ministère de l'industrie, en relation avec l'ambassade de
France et la chambre de commerce et d'industrie française au Japon,
permet de présenter le potentiel technologique et industriel de notre
pays. Le point d'orgue de cette démarche se situe en 1998,
"Année de la France au Japon"
, qui devrait conclure et
couronner
les efforts réalisés pour moderniser l'image des produits
"made in France".