b) Mettre en place un système public de garantie du débiteur

Jusqu'à présent, les systèmes publics d'assurance-crédit ne fonctionnent qu'au profit du créancier. C'est le cas notamment du prêt d'accession sociale, garanti par le Fonds de garantie à l'accession sociale (FGAS), financé par l'État. Il n'est proposé aux débiteurs en difficulté que des systèmes curatifs.

La réforme de l'accession sociale à la propriété mise en place par l'ancien ministre du logement, Monsieur Pierre-André Périssol, comprenait initialement un volet de sécurisation, que celui-ci considérait comme l'indispensable complément de l'instauration du prêt à taux zéro. Il envisageait de faire financer ce projet par la participation des employeurs à l'effort de construction, mais le recours massif à cette dernière pour financer le prêt à taux zéro lui-même (1 milliard de francs en 1995 et 1996, 7 milliards de francs en 1997 et 1998) l'a empêché de mener ce projet à son terme.

Or, l'absence de ce deuxième pilier prive l'accession sociale d'un filet de sécurité absolument indispensable, des ménages extrêmement modestes ayant commencé à accéder à la propriété à partir de fin 1995, avec des durées de remboursement très longues (jusqu'à 21 ans). Comment penser qu'aucune difficulté ne touchera ces ménages, accédant aujourd'hui à la propriété par dizaines de milliers ?

Il est donc urgent de mettre en place un système de sécurisation, financé par l'État, et qui pourrait s'appuyer sur les entreprises d'assurance et les organismes d'HLM.

Plusieurs pistes peuvent être explorées.

Il s'agit tout d'abord de la mise en place d'une assurance contre les difficultés de paiement occasionnées par le chômage . Le précédent gouvernement envisageait deux séquences de garantie qui auraient pu concerner les prêts à taux zéro associés à des prêts d'accession sociale :

- réduction d'un tiers de la mensualité à partir du dixième mois de chômage ;

- relogement prioritaire dans le parc HLM comme locataire après le vingt-sixième mois de chômage.

Les réflexions sur ce sujet devraient être reprises. Elles pourraient être étendues aux autres causes exogènes de difficultés : décès, mobilité professionnelle, problèmes familiaux.

On peut imaginer d'autres dispositifs. L'assurance-chômage proposée par les compagnies d'assurance représente environ un demi point de taux d'intérêt, et s'adresse surtout à ceux qui courent faiblement ce risque. Il serait envisageable de créer un crédit d'impôt sur le revenu (dont bénéficieraient les ménages non imposables, à la différence d'une réduction d'impôt) correspondant au coût de cette assurance , la rendant accessible aux ménages fragiles.

Certains établissements de crédit (le Crédit immobilier de France et le Crédit foncier) offrent à leur client une garantie de rachat , assortie de conditions. On peut imaginer une prise en charge partielle du coût de ce type de garantie par l'État.

La réintégration dans le parc HLM des copropriétés dégradées et en situation financière difficile doit également être envisagée, leurs occupants devenant locataires. Bien entendu, une telle solution ne pourrait que s'accompagner d'importantes contreparties pour les organismes.

Enfin, il paraît nécessaire de reprendre la réflexion sur le remboursement anticipé des emprunts immobiliers, de façon à ne pas pénaliser les ménages contraints par les difficultés de la vie d'effectuer un tel remboursement. Ces derniers, conduits à rembourser du fait du chômage, d'un décès, d'une mobilité professionnelle, devraient être exemptés de toute indemnité.

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