B. DES MESURES QUI REPOSENT SUR DES POSTULATS ERRONÉS ET DES CONSTRUCTIONS INACHEVÉES
En second lieu, les mesures présentées par le gouvernement reposent sur des postulats erronés tels que la faiblesse de la taxation de l'épargne en France ou l'absence de risques de sorties de capitaux, et des constructions inachevées : la réforme des prélèvements obligatoires et la problématique du capital risque.
1. DES POSTULATS ERRONÉS
a) La faiblesse de la taxation de l'épargne en France
La diversité des mécanismes de prise en compte des revenus rend difficile toute comparaison des différentes fiscalités de l'épargne. A cet égard, le rapport précité de l'OCDE souligne la nécessité de procéder avec beaucoup de prudence.
Par ailleurs, il est important de distinguer l'imposition nominale des revenus du patrimoine, qui est celle résultant de la réglementation en vigueur, de l'imposition réelle qui dépend, d'une part, du degré plus ou moins grand de civisme des citoyens et, d'autre part, des obligations déclaratives mises à la charge des établissements financiers. A cet égard, la France est sans doute le pays qui a repoussé le plus loin les limites du secret bancaire et de ce fait a des taux d'imposition effectifs vraisemblablement assez proches des taux d'imposition nominaux. En sens contraire, il est de notoriété publique que l'imposition effective de l'épargne dans des pays comme l'Allemagne ou l'Italie est très inférieure à l'imposition nominale.
Enfin, il faut prendre en compte le fait que généralement, et sous réserve des conventions internationales, chaque pays accorde un traitement fiscal très privilégié aux non-résidents et apparaît ainsi comme un paradis fiscal vis à vis de tous les autres.
Il n'est pas dans les ambitions du présent rapport de dresser un panorama exhaustif de la fiscalité comparée des quinze pays européens. Toutefois, et sous les réserves qui viennent d'être indiquées, il semble possible de penser, en prenant pour exemples l'imposition des plus-values et celle des dividendes, que l'épargne française n'est pas globalement mieux traitée que dans les autres pays de l'Union européenne (voir tableaux ci-après).
Fiscalité des dividendes
France |
imposition actuelle
:
avoir
fiscal non libératoire de 50 %
et
imposition au
barème
de l'IR au
taux maximum de 39 %
(prélèvements sociaux inclus)
|
Allemagne |
Retenue à la source non libératoire de
26,9 %
(25 % + majoration exceptionnelle de 7,5 % depuis le 1er
janvier 1990)
|
Belgique |
Prélèvement libératoire de 25,75
%
(25 % + majoration conjoncturelle de 3 %)
|
Espagne |
Retenue à la source non libératoire de
25 %
(restituable en cas de non imposition)
|
Italie |
retenue à la source non libératoire de
10 %
|
Pays-Bas |
Retenue à la source de 25 % non
libératoire
|
Royaume-Uni |
Taux marginal d'imposition
(taux minimum 25
%, taux
maximum 40 %
)
|
Source : Centre de recherche sur l'épargne
Fiscalité des plus-values mobilières appliquées aux résidents
France |
imposition actuelle
: taxation forfaitaire
libératoire de 20,9 % (prélèvements sociaux inclus) avec
effet de seuil. A compter de l'imposition des revenus de 1996, le seuil de
cession déclenchant l'imposition des revenus est fixé à
100.000 francs. Imposition dans tous les cas s'il y a cession de participation
substantielle (il y a participation substantielle lorsque le cessionnaire, son
conjoint, ascendants, descendants, détiennent ou on t détenu au
cours des cinq années précédentes, directement ou
indirectement, plus de 25 % des droits aux bénéfices de la
société - article 160 CGI)
|
Allemagne |
exonération sauf :
|
Belgique |
exonération sauf :
|
Espagne |
Taux marginal d'imposition avec un seuil d'exonération
de 500.000 ptas par an
|
Italie |
avant 1996 exonération
|
Pays-Bas |
exonération sauf en cas de participation substantielle ou d'opérations spéculatives |
Royaume-Uni |
Taux marginal d'imposition (taux minimum 25 %, taux maximum 40 %) abattement de 6.000 livres par an (12.000 livres pour un couple) |
b) L'absence de risques de sorties de capitaux
Si l'on admet que l'épargne serait désormais plus taxée en France que dans le reste des pays européens, un risque réel de sorties de capitaux existe. Ce risque a été souligné par l'ensemble des personnes auditionnées par votre commission.
Pour M. Jean-Paul Betbeze , directeur des études économiques et financières au Crédit Lyonnais, l'épargne deviendra de plus en plus mobile dans un contexte "post" monnaie unique, et l'on peut redouter des sorties de capitaux . Ces sorties de capitaux auront lieu essentiellement au moment des restructurations d'entreprises, restructurations qui affectent non seulement les grandes mais aussi les petites et moyennes entreprises. Il a également considéré que des mouvements frontaliers se produiront et que des officines pourront se créer afin de drainer l'épargne vers les pays où elle est le mieux rémunérée en termes nets de fiscalité, tels que la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis voire l'Allemagne (pour des raisons spécifiques de déclaration bancaire).
Pour M. Baudouin Prot , directeur général de la Banque nationale de Paris, la fiscalité française se situe à un niveau de prélèvement parmi les plus élevés d'Europe et, dans ces conditions, le risque est grand de voir l'épargne se délocaliser .
Pour M. Jean Arvis, président de la fédération française des sociétés d'assurance, la diffusion instantanée de l'information financière ne peut qu'accélérer la mondialisation de l'épargne, phénomène comportant un risque de sortie des capitaux français à l'étranger, d'autant plus fort dans la perspective du passage à la monnaie unique. Selon lui, seul un dispositif de retenue à la source à l'échelle européenne, voire mondiale, permettrait d'éviter des sorties massives de capitaux. Il a regretté que la liberté de circulation des capitaux ait été instituée, avant que ne soient mis en place des dispositifs permettant d'assurer l'égalité des épargnants devant les obligations fiscales et que de ce point de vue, l'on avait mis "la charrue avant les boeufs".
Enfin, pour M. André Babeau, directeur général du centre de recherche sur l'épargne, le rôle d'auxiliaire du fisc, imposé aux établissements financiers français, joue clairement en leur défaveur dans un contexte où les capitaux peuvent circuler librement. Cela permet à des établissements étrangers, notamment luxembourgeois, de venir démarcher des épargnants français en leur promettant le secret fiscal ( voir fac-similé reproduit ci-après ). Il a également indiqué que globalement, la fiscalité de l'épargne était plus lourde en France que dans les autres pays européens, en raison de la superposition d'impositions sur la détention, la cession, la transmission et les revenus de l'épargne et a souligné l'importance de l'écart entre le statut fiscal des résidents et des non-résidents et la nécessité d'introduire un minimum d'harmonisation européenne.
Exemple de prospectus distribué aux épargnants français
INVESTIR SANS PAYER D'IMPÔTS, C'EST ATTRAYANT ET CELA CHANGE !
FAC SIMILÉ
Toute stratégie patrimoniale digne de ce nom doit comporter aujourd'hui au moins une assurance-vie pour préparer judicieusement l'avenir.
La raison principale ? Des avantages dont il faut saisir l'opportunité dès à présent... avant une nouvelle réforme de la fiscalité. Jugez vous-même de leur intérêt, quels que soient vos objectifs (capital retraite, transmission...).
Exonération totale des droits de
succession
|
Exonération totale d'impôt
|
LA PLACE DE LUXEMBOURG : UN
ENVIRONNEMENT
ÉCONOMIQUE ET FISCAL IDÉAL
Contrat de droit luxembourgeois,
WinFirst vous fait bénéficier des avantages
réservés aux investissements
réalisés au
Luxembourg
Stabilité économique sociale et politique |
Discrétion obligatoire |
|
Notoriété d'une place financière
moderne et sûre, avec une
|
La loi du 19.12.1993 offre à
|
|
Législation privilégiant
|
|
Pourquoi ne pas
En effet, lors du
|