B. LA DURÉE DU TRAVAIL ET LE CHÔMAGE
· Il ne semble pas y avoir de
corrélation
significative
entre le niveau de la durée annuelle du travail et le
niveau du taux de chômage. En particulier, le taux de chômage est
très faible, aussi bien dans des pays où la durée annuelle
du travail est relativement élevée (États-Unis,
Royaume-Uni, Japon), que dans des pays où la durée annuelle du
travail est réduite (Pays-Bas, Norvège, Suisse).
· Pourtant le taux de chômage et
la durée du travail
sembleraient devoir
évoluer
en sens inverse l'un de l'autre. D'un
côté, il semble ainsi que la durée moyenne du travail tende
à augmenter lorsque le taux de chômage diminue (en raison d'une
sollicitation accrue des salariés en place) et lorsque les gains de
productivité -donc de salaire horaire- sont faibles (en raison de
l'aspiration des salariés à la hausse de leurs revenus, ce qui
pourrait être le cas des États-Unis et du Royaume-Uni). De
l'autre, le taux de chômage pourrait décroître lorsque le
contenu de la croissance en emplois
est accru par une réduction
de la durée du travail. Ainsi, les pays où la croissance de
l'emploi a été supérieure à 1 % par an sur la
période 1983-1995 se caractérisent, ou bien par des gains de
productivité horaire faibles (de l'ordre de 1 % par an aux
États-Unis), ou bien par une baisse de la durée du travail proche
de 1 % par an qui réduit d'autant la productivité par
tête (Pays-Bas, Japon).
· Au total, les relations entre la durée moyenne du travail, la
productivité horaire
du travail, la fréquence des
bas
salaires
et le
taux d'emploi
de la population d'âge actif
pourraient se schématiser de la manière suivante :
- Les
pays anglo-saxons
et le
Japon
mobilisent une fraction
importante -près des trois quarts- de la population en âge de
travailler. Toutefois, les salaires offerts à une partie des actifs sont
relativement faibles et la productivité horaire du travail est
réduite, ce qui requiert une durée du travail moyenne
élevée, mais permet des transferts sociaux plus faibles.
- A l'inverse, d'autres pays comme la Belgique, l'Espagne,
la
France
, l'Italie et, dans une moindre mesure, l'Allemagne, ne mobilisent
que la fraction la plus efficace de la population en âge de travailler
(le reste étant au chômage ou inactif). De ce fait, la proportion
des bas salaires est faible, la productivité horaire du travail est
élevée, ce qui permet une durée du travail moyenne faible,
mais requiert des transferts sociaux élevés.
Entre ces deux configurations extrêmes, qui correspondent à des
durées de travail moyennes par personne en âge de travailler
respectivement supérieure à 1200 heures par an et
inférieure à 1000 heures par an, la situation des
pays
scandinaves
apparaît médiane
15(
*
)
, tandis que les
Pays-Bas
présentent une évolution singulière,
caractérisée par le dynamisme de l'emploi et par la baisse rapide
de la durée moyenne du travail par actif occupé, en raison
notamment du développement rapide du travail à temps partiel.