d) L'étude de l'Association nationale des télévisions câblées
Une étude parue en 1998 menée par cette association dans quatre universités américaines montre que le problème de la violence est plus aigu que jamais :
-
1? les scènes de violence sont de plus en plus violentes aux heures de
grande écoute ;
2? les enfants sont particulièrement exposés à une violence souvent " désirable, nécessaire et sans douleur " ;
3? la violence continue d'être valorisée et aseptisée : 40 % des personnages agressifs sont des héros présentés de façon positive ; pire encore, les personnages " méchants " ne sont punis que dans 40 % des cas.
e) Un risque de désensibilisation
L'agressivité est la principale conséquence de
l'exposition répétée à la violence
télévisuelle ; elle est aussi la plus repérable, mais
elle n'est pas la seule. La désensibilisation pour être moins
visible n'en est pas moins grave. On parle de désensibilisation
lorsqu'une exposition prolongée à un stimulus engendre une
réaction émotionnelle réduite à ce stimulus et une
accoutumance. Dans son livre célèbre " Le viol des foules
par la propagande ", Serge Tchakhotine, disciple de Pavlov, l'a
parfaitement illustré en analysant les méthodes de propagande des
dictatures de l'entre-deux-guerres.
Dans le cas de la télévision, il est possible aussi qu'une
exposition coutumière à la violence diminue la sensibilité
de l'individu à la violence, le prive du sentiment de compassion et le
rende indifférent à son spectacle. La télévision et
le cinéma violents conduisent nos contemporains à accepter un
monde réel violent et à devenir indifférents aux violences
réelles dont ils sont témoins dans la rue ou dans le métro.
Le troisième effet de la violence dans les médias est la peur. La
télévision violente conduit le spectateur à faire
coïncider ses perceptions de la réalité avec celles du monde
irréel de l'image télévisée. Il s'agit ici aussi de
la peur de devenir victime de la violence. La répétition de
scènes violentes à la télévision entretient un
climat de peur et provoque le repli sur soi ou sur le " chez-soi ".
Il s'agit sans doute là de l'un des éléments du
" cocooning " apparu au cours des années 80. Des individus
acquièrent l'idée d'un monde peuplé de dragons à
visage humain et développent une véritable paranoïa. Les
jeunes téléspectateurs qui ont moins d'expérience de la
vie réelle y sont encore plus sensibles. Il est presque criminel de leur
présenter une image aussi dégradée du monde dans lequel
ils vont entrer et dans lequel ils aspirent à prendre place.