c) L'expérimentation canadienne
Des
observations particulièrement sérieuses ont été
faites par une Commission d'enquête dans l'Ontario (Canada).
C'était en 1975-1976.
Le rapport, exposant le résultat des recherches de cette Commission,
aboutit à une déclaration sans ambages, valable au premier chef
pour la télévision : les médias peuvent collaborer
à la propagation de la violence sociale, et cela, de trois
façons :
-
1? Tout d'abord, ils peuvent contribuer à un climat favorable à
la violence non seulement en créant des frustrations et des besoins,
qu'en particulier les adolescents ne peuvent satisfaire que par la violence,
mais aussi en présentant la violence comme un moyen assez normal en
notre monde et, en tout cas, facile, efficace, payant et
généralement impuni.
2? Ils peuvent, en deuxième lieu, avec une influence causale en enseignant des techniques de crime et de violence ou en déclenchant les mécanismes de l'imitation.
3? Enfin, ils peuvent exagérer ou aggraver les effets de la violence, soit en augmentant la peur et le sentiment d'insécurité, soit en affaiblissant par l'accoutumance, la sensibilité à l'anomalie que la violence constitue.
Dans le cas qui nous occupe, les résultats insuffisants des expérimentations n'entament pas les indications certaines de l'observation. Or, c'est précisément sur des résultats d'observations que les enquêteurs de l'Ontario ont fondé leurs conclusions. Ils ont procédé à des enquêtes concrètes, sur la vie même, au jour le jour. Ils ont recueilli des dizaines de milliers de témoignages, rencontré des milliers de personnes. Ils ont enregistré, à partir de lignes téléphoniques spéciales, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les réactions " à chaud ", quelques instants après l'événement. Non seulement ils ont fait le point de la question, en étudiant plus de deux mille livres, thèses, rapports ou articles, mais ils se sont mis, pendant des mois, à l'écoute de la vie.
Devant de tels constats, ne devrait-on pas réfléchir au cri d'alarme poussé par le professeur Libert de l'Université de New-York : " étant donné que nous exportons largement nos programmes violents dans toute l'Europe, nous sommes en voie de préparer avant vingt ans la planète entière à la barbarie. "